À propos du pressoir à huile : de l'archéologie industrielle à l'histoire - article ; n°1 ; vol.96, pg 379-421

Amouretti Marie-Claire, Comet Georges, Ney Claude, Paillet Jean-Louis

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1984 - Volume 96 - Numéro 1 - Pages 379-421
Marie-Claire Amouretti, Georges Comet, Claude Ney et Jean-Louis Paillet, ~~À propos du pressoir à huile : de l'archéologie industrielle à l'histoire~~, p. 379-421. Le relevé ethno-archéologique de deux moulins à huile encore utilisés récemment au Portugal a permis l'étude de deux filiations techniques de l'antiquité à nos jours : celle du moulin à arbre et à vis, qui se maintient, en bois, avec toute une série d'aménagements, celle du moulin à vis directe qui doit résoudre le problème de la résistance du bâti. La diversité des solutions employées suivant les lieux et les époques comme la permanence, sur la longue durée de ces machines efficaces oblige à réviser certaines affirmations trop vite acceptées en histoire des techniques : le «blocage des techniques» est-il vraiment un concept opératoire? et n'est-ce pas la méthode même qu'il faudrait repenser pour une histoire des techniques un peu vite mésestimée par les historiens?
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1984
• Nombre de lectures: 52
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Extrait

Marie-Claire Amouretti
Georges Comet
Claude Ney
Jean-Louis Paillet
À propos du pressoir à huile : de l'archéologie industrielle à
l'histoire
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°1. 1984. pp. 379-421.
Résumé
Marie-Claire Amouretti, Georges Comet, Claude Ney et Jean-Louis Paillet, À propos du pressoir à huile : de l'archéologie
industrielle à l'histoire, p. 379-421.
Le relevé ethno-archéologique de deux moulins à huile encore utilisés récemment au Portugal a permis l'étude de deux filiations
techniques de l'antiquité à nos jours : celle du moulin à arbre et à vis, qui se maintient, en bois, avec toute une série
d'aménagements, celle du moulin à vis directe qui doit résoudre le problème de la résistance du bâti. La diversité des solutions
employées suivant les lieux et les époques comme la permanence, sur la longue durée de ces machines efficaces oblige à
réviser certaines affirmations trop vite acceptées en histoire des techniques : le «blocage des techniques» est-il vraiment un
concept opératoire? et n'est-ce pas la méthode même qu'il faudrait repenser pour une histoire des techniques un peu vite
mésestimée par les historiens?
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Amouretti Marie-Claire, Comet Georges, Ney Claude, Paillet Jean-Louis. À propos du pressoir à huile : de l'archéologie
industrielle à l'histoire. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°1. 1984. pp. 379-421.
doi : 10.3406/mefr.1984.1411
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_1_1411MARIE-CLAIRE AMOURETTI, GEORGES COMET,
CLAUDE NEY ET JEAN-LOUIS PAILLET
À PROPOS DU PRESSOIR À HUILE :
DE L'ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE À L'HISTOIRE *
Les bâtiments industriels du XIXe et du début du XXe siècle revien
nent à la mode : le Musée d'Orsay s'installera dans le hall de la gare du
même nom et fera place aux rapports de l'art et de l'industrie; l'Éco-
musée du Creusot l'avait précédé sur cette voie et son succès prouve qu'il
existe aux yeux du public une curiosité et un intérêt pour ce patrimoine
trop délaissé. À un niveau plus modeste les restaurations locales de petits
bâtiments industriels se multiplient (ainsi le Musée du papier à Fontaine
de Vaucluse avec la remise en marche du moulin à papier de type médiév
al). Comme le Musée des arts et traditions populaires avait lancé le sau
vetage des vestiges d'une culture paysanne en train de disparaître, ces
restaurations se développent au moment où l'industrie traditionnelle en
tre dans une période de mutations radicales.
Ce mouvement ne peut laisser indifférent le monde scientifique : il
étend en effet le domaine de l'archéologie à des périodes pour lesquelles
les historiens semblaient se contenter de textes ou de statistiques. Lente
ment de petits groupes de recherche voient le jour : l'archéologie des
moulins, les monuments aux morts, les ex votos, le travail des mines,
viennent fournir des études sur la longue durée. La méthodologie varie
parfois, mais elle commence à susciter l'attention des archéologues de
formation1. D'autant plus que l'histoire des techniques, à laquelle beau-
* Origine des clichés : fig. 1 : Bibliothèque nationale, Paris ; fig. 3, 5 : Bureau
d'architecture antique, Pau; fig. 11 : Centre Camille Jullian; fig. 12 : Centre histori
que et ethnologique de recherches sur les techniques, Aix.
Origine des dessins : fig. 2, 4, 6, 7, 8, 9, 10 : Bureau d'architecture antique,
Pau.
1 Pour la France les équipes sont actuellement dispersées. Signalons, parmi
d'autres, la nouvelle revue Technologie et culture animée par des ethnologues; la
MEFRA - 96 - 1984 - 1, p. 379-421. 380 MARIE-CLAIRE AMOURETTI, GEORGES COMET, CLAUDE NE Y ET JEAN-LOUIS PAILLET
coup de ces travaux pourraient se rattacher, est restée en France à l'écart
de l'histoire officielle, dont les grands pans demeurent l'histoire économiq
ue, sociale, l'histoire des mentalités, et même de nouveau l'his
toire politique. L'histoire des techniques est considérée en France comme
un domaine réservé aux scientifiques, comme un élément de vulgarisation
sur la vie quotidienne, ou encore une distraction pour érudits
locaux. Les savants qui s'y sont consacrés sont demeurés marginaux, plus
connus à l'étranger que de leurs pairs, comme C. Parain. Le Musée des
techniques du CNAM à Paris et les travaux des chercheurs comme Ber
trand Gille ont rencontré peu d'échos. Ceci est d'autant plus étonnant que
dès les années 1935 Marc Bloch montrait les directions que pouvait pren
dre une histoire des techniques et Fernand Braudel lui donnait une place
honorable dans ses ouvrages. Mais l'École des Annales ne les a pas sui
vis.
La conjoncture actuelle permet peut-être de reprendre la voie esquis
sée, en tenant compte des acquis fournis par les pays étrangers. L'archéol
ogie industrielle ouvre des perspectives nouvelles pour toutes les époques
de l'histoire. Les chercheurs des périodes contemporaines peuvent utili
ser avec fruits les méthodes pratiques d'investigations des archéologues
antiques (en profitant peut-être des querelles méthodologiques sans les
épouser . . .). Inversement les recherches contemporaines peuvent éclairer
un certain nombre de points sur l'histoire des techniques antiques et
médiévales. C'est ce parti que nous avons voulu suivre en utilisant un
relevé d'archéologie industrielle, celui d'un moulin à huile du Portugal. Il
nous a permis de poser autrement, et parfois de résoudre, une série de
problèmes liés à l'évolution de ce type de machine, de l'Antiquité à nos
jours.
revue R.AM.A.GE du Centre d'archéologie moderne de l'Université Paris Sorbon
ne ; les colloques organisés par M. Gast et F. Sigaut sur Les techniques de conservat
ion à long terme des grains, Paris, CNRS, 1979, 1981, 1983; les études publiées par
la Maison de la Méditerranée, dans le cadre du Groupement d'intérêt scientifique
«Sciences humaines sur l'aire méditerranéenne, programme techniques et technol
ogies», Techniques et technologies, sources documentaires, cahier n° 5, Aix-en-Pro-
vence, 1982 et actes du colloque Histoire des techniques et sources documentaires,
méthode d'approches et expérimentations en région méditerranéenne, à paraître,
juin 1984; le numéro spécial de Provence historique, consacré à l'histoire des tech
niques rurales en Provence, tome XXXIII, juin 1983. Ce numéro présente les résul
tats des recherches effectuées par le Centre historique et ethnologique de recher
ches sur les techniques, de l'Université de Provence; la rencontre sur les musées
d'agriculture tenue à Niort en 1983 et qui faisait une large place au machinisme
agricole ; J. L. Boithias et C. Mondin, Les moulins à papier et les anciens papetiers
d'Auvergne, 63340 Nonette, édition Créer, 1981. À PROPOS DU PRESSOIR À HUILE : DE L'ARCHÉOLOGIE INDUSTRIELLE À L'HISTOIRE 381
Précisons tout de suite : il ne s'agit pas de penser qu'une technique se
serait poursuivie depuis des siècles et qu'une enquête ethnographique
nous permettrait d'en trouver un exemple vivant. Les changements étant
incessants une telle vue immobiliste ne résiste pas à une rapide analyse.
Mais les problèmes que rencontre l'utilisateur contemporain, les solutions
données pour l'agencement des matériaux, les difficultés rencontrées
dans les modes de construction, dans les temps d'utilisation, permettent
d'envisager des reconstitutions plus fiables, de mieux cerner l'usage de
ces machines dans une société donnée.
C'est avec la même optique que nous envisageons l'iconographie
ancienne. La machine et l'outil y tiennent une place non négligeable,
avant même les travaux de l'Encyclopédie. Mais ces images médiévales et
modernes servent à illustrer un propos, rarement la technique en tant
que telle. Lorsque les illustrations sont délibérément techniques elles
visent à montrer des machines nouvelles, parfois inapliquables. Même
l'Encyclopédie s'intéresse peu aux mécanismes simples de la vie quoti
dienne. L'iconographie technique est pour n