Âge et migrations dans la France rurale traditionnelle : une étude à partir du recensement de l an VII à la Roche-Guyon - article ; n°3 ; vol.19, pg 307-330
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Âge et migrations dans la France rurale traditionnelle : une étude à partir du recensement de l'an VII à la Roche-Guyon - article ; n°3 ; vol.19, pg 307-330

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Description

Histoire, économie et société - Année 2000 - Volume 19 - Numéro 3 - Pages 307-330
Abstract Contemporary scholarly literature overwhelmingly recognizes the huge amount of internal migration and movement in traditional rural societies. In France, because the information generally available does not lend itself to such an investigation, the age of people when they move has been hardly studied. This article intends to examine the question of when during their life people moved, by using a census taken during the Revolution in a village in the Vexin. The census asks for both the age of the inhabitant and when they began living in the commune. This study confirms the acknowledged importance of movement at the beginning of adulthood linked to marriage and occupation. It also shows the undeniable fact of older people migrating; especially among those inhabitants belonging to the village elite. The relationships between mobility, time of life, and social position thus appear more complicated than supposed.
Résumé La littérature scientifique admet aujourd'hui largement le grand poids des mobilités et migrations à l'intérieur des sociétés rurales traditionnelles. L'âge auquel ces mouvements se produisaient a cependant été peu étudié en France faute de documentation adaptée. Cet article entend explorer cette question en utilisant un recensement de la période révolutionnaire (dressé dans un village français) qui indique à la fois l'âge des habitants et leur date d'entrée dans la commune. L'étude confirme l'importance supposée des migrations du début de l'âge adulte lié au mariage et à l'établissement professionnel. Mais elle montre aussi l'existence non anecdo- tique de migrations de personnes plus âgées, en particulier parmi les habitants appartenant à l'élite villageoise. Les relations entre mobilité, cycle de vie et condition sociale se révèlent ainsi plus complexes qu'il n'était attendu.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Vincent Gourdon
Marion Trévisi
Âge et migrations dans la France rurale traditionnelle : une
étude à partir du recensement de l'an VII à la Roche-Guyon
In: Histoire, économie et société. 2000, 19e année, n°3. pp. 307-330.
Résumé La littérature scientifique admet aujourd'hui largement le grand poids des mobilités et migrations à l'intérieur des
sociétés rurales traditionnelles. L'âge auquel ces mouvements se produisaient a cependant été peu étudié en France faute de
documentation adaptée. Cet article entend explorer cette question en utilisant un recensement de la période révolutionnaire
(dressé dans un village français) qui indique à la fois l'âge des habitants et leur date d'entrée dans la commune. L'étude confirme
l'importance supposée des migrations du début de l'âge adulte lié au mariage et à l'établissement professionnel. Mais elle montre
aussi l'existence non anecdo- tique de migrations de personnes plus âgées, en particulier parmi les habitants appartenant à l'élite
villageoise. Les relations entre mobilité, cycle de vie et condition sociale se révèlent ainsi plus complexes qu'il n'était attendu.
Abstract Contemporary scholarly literature overwhelmingly recognizes the huge amount of internal migration and movement in
traditional rural societies. In France, because the information generally available does not lend itself to such an investigation, the
age of people when they move has been hardly studied. This article intends to examine the question of when during their life
people moved, by using a census taken during the Revolution in a village in the Vexin. The census asks for both the age of the
inhabitant and when they began living in the commune. This study confirms the acknowledged importance of movement at the
beginning of adulthood linked to marriage and occupation. It also shows the undeniable fact of older people migrating; especially
among those inhabitants belonging to the village elite. The relationships between mobility, time of life, and social position thus
appear more complicated than supposed.
Citer ce document / Cite this document :
Gourdon Vincent, Trévisi Marion. Âge et migrations dans la France rurale traditionnelle : une étude à partir du recensement de
l'an VII à la Roche-Guyon. In: Histoire, économie et société. 2000, 19e année, n°3. pp. 307-330.
doi : 10.3406/hes.2000.2121
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2000_num_19_3_2121AGE ET MIGRATIONS DANS LA FRANCE RURALE
TRADITIONNELLE : UNE ÉTUDE À PARTIR DU RECENSEMENT
DE L'AN VII À LA ROCHE-GUYON,
par Vincent GOURDON et Manon TRÉVISI
Résumé
La littérature scientifique admet aujourd'hui largement le grand poids des mobilités et
migrations à l'intérieur des sociétés rurales traditionnelles. L'âge auquel ces mouvements se
produisaient a cependant été peu étudié en France faute de documentation adaptée. Cet article
entend explorer cette question en utilisant un recensement de la période révolutionnaire (dressé
dans un village français) qui indique à la fois l'âge des habitants et leur date d'entrée dans la
commune. L'étude confirme l'importance supposée des migrations du début de l'âge adulte lié
au mariage et à l'établissement professionnel. Mais elle montre aussi l'existence non anecdo-
tique de migrations de personnes plus âgées, en particulier parmi les habitants appartenant à
l'élite villageoise. Les relations entre mobilité, cycle de vie et condition sociale se révèlent ainsi
plus complexes qu'il n'était attendu.
Abstract
Contemporary scholarly literature overwhelmingly recognizes the huge amount of internal
migration and movement in traditional rural societies. In France, because the information
generally available does not lend itself to such an investigation, the age of people when they
move has been hardly studied. This article intends to examine the question of when during
their life people moved, by using a census taken during the Revolution in a village in the Vexin.
The census asks for both the age of the inhabitant and when they began living in the commune.
This study confirms the acknowledged importance of movement at the beginning of adulthood
linked to marriage and occupation. It also shows the undeniable fact of older people migrating;
especially among those inhabitants belonging to the village elite. The relationships between
mobility, time of life, and social position thus appear more complicated than supposed.
Un oubli historiographique : l'âge de la migration
L'image de sédentarité longtemps attachée au monde rural d'avant les grands
bouleversements du XIXe siècle fait aujourd'hui l'objet d'une remise en cause au
sein de l'historiographie. Les analyses des migrations saisonnières et de la
micro-mobilité liée pour l'essentiel à la notion d'aire matrimoniale restreinte l,
tout en cherchant à rester fidèles à l'idée d'un enracinement fondamental des
1. Sur ce point, voir Jean-Pierre Poussou, «Mobilité et migrations», dans Jacques Dupâquier (dir.),
Histoire de la population française, t. II, Paris, PUF, 1988, p. 99-143; Jean-Pierre Poussou, «Migrations et
mobilité de la en Europe à l'époque moderne», dans Bardet et Jacques Dupâquier
(dir.), Histoire des populations de l'Europe, t. I, Paris, Fayard, 1997, p. 262-286; Scarlett Beauvalet-Bou-
touyrie, La démographie de l'époque moderne, Paris, Belin, 1999, p. 74-85. 308 Histoire Économie et Société
ruraux, prenaient déjà acte de la multiplicité des mouvements qui sillonnaient
les campagnes anciennes; elles tendaient cependant à relativiser d'autres dépla
cements, à savoir les migrations définitives à plus longue échelle (à l'exclusion
du peuplement des colonies ou des fuites devant les persécutions politiques et
religieuses). L'étude récente effectuée par Paul- André Rosental sur la France du
XIXe siècle critique le présupposé théorique des travaux précédents, en les accu
sant de préserver artificiellement la vision d'une sédentarité primordiale. Au
contraire, l'auteur valorise l'importance des migrations à longue distance au sein
du monde rural, sans les confondre avec une nécessaire attraction des grandes
villes «tentatrices». À ses yeux, c'est le mouvement et non la sédentarité qui
caractérise les campagnes anciennes, ce qui rend nécessaire la mise en place
d'un nouveau paradigme explicatif qui est le thème central de son ouvrage2.
Quoi qu'il en soit de ce débat, il est absolument acquis que l'on ne peut se
contenter du mythe ancien - souvent véhiculé par les ruraux eux-mêmes - de
populations villageoises composées pour la très grande majorité de natifs du
lieu issus de familles présentes depuis des générations dans la localité, et
« complétées » à la marge par quelques « horsains » ou épouses venant de com
munes proches. Le renouvellement des familles et des patronymes dans les
communautés villageoises est une évidence pour les historiens qui travaillent
sur une longue période. La compréhension des sociétés rurales suppose donc
la prise en compte des mobilités 3. Ce n'est sans doute pas un hasard si cet
aspect constitue désormais en France un sujet porteur en démographie histo
rique - discipline pourtant restée longtemps attachée, pour des raisons tech
niques, aux populations sédentaires 4 - et plus généralement au sein de
l'histoire sociale 5. Il existe toutefois un thème négligé dans l'historiographie
française des migrations 6 : la question des âges auxquels celles-ci se produi
saient dans le monde rural traditionnel. Il s'agit là d'un désintérêt d'autant
plus regrettable que cet âge est susceptible de varier en fonction des différents
types de migrations et des motivations des acteurs.
2. Paul-André Rosental, Les sentiers invisibles. Espace, familles et migrations dans la France du XIXe
siècle, Paris, Éditions de l'EHESS, 1999.
3. Alain Croix, «L'ouverture des villages sur l'extérieur fut un fait éclatant dans l'ancienne France»,
Histoire et Sociétés Rurales, n° 1 1, 1er semestre 1999, p. 109-146. Par convention, la littérature scientifique
appelle « mobilité » les déplacements de domicile à courte distance et « migration », les mouvements à gran
de échelle.

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