Alain Bouchard, chroniqueur breton - article ; n°3 ; vol.36, pg 496-527
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Description

Annales de Bretagne - Année 1924 - Volume 36 - Numéro 3 - Pages 496-527
32 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1924
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Etienne Port
Alain Bouchard, chroniqueur breton
In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 3, 1924. pp. 496-527.
Citer ce document / Cite this document :
Port Etienne. Alain Bouchard, chroniqueur breton. In: Annales de Bretagne. Tome 36, numéro 3, 1924. pp. 496-527.
doi : 10.3406/abpo.1924.1594
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1924_num_36_3_1594PORT ETIENNE
ALAIN BOUCHARD, CHRONIQUEUR BRETON
Les Grandes Chroniques, publiées par Alain Bouchard en
1514, furent le premier ouvrage écrit en français sur l'histoire
de Bretagne. Gela seul devrait suffire pour assurer à cet
écrivain une place dans notre histoire littéraire. Il est cepen
dant oublié par plus d'un bibliographe. D'autre part les histo
riens de la Bretagne — qui tous ont utilisé son œuvre —
"n'ont parlé de lui qu'assez légèrement. C'est un inutile
historien, disait il y a peu de temps un savant hagiographe;
ce qui serait, à vrai dire, exact pour la première partie de
son ouvrage, compilation chronologique sans critique, mais
c'est, pour ce qui concerne l'histoire de son temps, une appréc
iation fort injuste, car il s'y est montré écrivain original.
Et c'est de plus un titre sérieux que d'avoir, à une époque
troublée, écrit le récit de faits contemporains. Il mérite mieux
que le dédain marqué à son égard par les historiens bretons
du XVIIe et du XVIIIe siècles, plus savants et d'esprit év
idemment plus critique, mais coupables eux-mêmes de bien
graves erreurs.
Sans examiner pour le moment la valeur historique de ses
Chroniques, je voudrais apporter 'à sa biographie presque
totalement inconnue quelques renseignements nouveaux, —
en avouant très simplement que depuis longtemps je les ai
recherchés avec une sympathie vive pour ce breton de pays
gallou, mais au cœur passionnément bretonnant, autant que
quiconque de ceux qu'il appelle les « bretons tonnans .»(*).
(1) Alain Bouchard, Grandes Chroniques, IV, 235. — Ce terme s'applique
aux bretons de Basse-Bretagne. BOUCHARD, CHEONIQUEUB,- BRETON 497 ALAIN
1. — Son aïeul et son frère.
Il est singulier que la vie d'Alain Bouchard ait laissé si peu
de traces. Son nom a été des plus répandus de son temps,
car ses Chroniques, passant en toutes mains, ont été très
lues et quatre fois rééditées au XVIe siècle; il a occupé des
situations officielles, joué un rôle important à la oour ducale
et n'a pas été inconnu de Charles VIII, ni de Louis XII, ni
surtout d'Anne de Bretagne. Cependant à peine avions-nous
jusqu'ici deux ou trois dates auxquelles il fût fait mention de
son nom, si bien que, pour tenter de restituer sa personnalité,
il nous faut reprendre tout d'abord ce que nous savons de
sa parenté et rassembler des présomptions. Ce n'est qu'à son
âge mûr que nous parviendrons à le saisir avec quelque
précision.
Les rares écrivains qui se sont occupés de lui W n'hésitent
pas à l'apparenter à Nicolas Bouchard dont le nom est resté
populaire dans cette partie de la région guérandaise qu'on
appelait au moyen âge « l'isle de Baas » et qui comprenait
toute la côte du Groisic au Pouliguen. Il était « capitaine » de
ce territoire en 1355, ayant été désigné pour ce commande
ment par le roi d'Angleterre, — « d'où l'on peut inférer, a
dit Lobineau, que les Anglais s'en étoient rendus maîtres, à
moins qu'il ne le fist comme tuteur du jeune comte de
Montfort » <2).
(1) L'étude la plus impartante est celle de Bizeud, dans la Biographie bre
tonne, reproduite en tête de l'édition des Chroniques, publiée en 1886 par
la Société des Bibliophiles bretons (Nantes, Forest). — Voir aussi Dela-
porte, Recherches sur la Bretagne, Rennes, 1819, t. II, p. 476. — Brocé-
■liande, par B. du Taya (1839), où se trouve, dans les Additions, une nott
sur Alain Bouchard. — Lejean, La Bretagne et ses historiens (p. 79-84). —
Ogée, Dictionnaire (p. 699-704). — Caillo, Notes sur le Croisic (p. 280-285).
Ch. du Calan, La Bretagne et les Bretons au XVIe siècle, Rennes, 1908
(2) Le titre de nomination « Litterae brèves Eduardi III, datte sub anno 29
cfuibus constituit Me. Bochart capitaneum insulae de Baas in Britannia »
(Tour de Londres), est reproduit par D. Morice (Pr., I, 1500), gui l'appelle
Nicolas Burchart, et par D. Lobineau (I, 351), qui l'appelle Nicaise. 498 ALAIN BOUCHARD, CHRONIQUEUR BRETON
On sait que la Bretagne, et particulièrement le comté
nantais, furent en ce temps ravagés par une guerre qui dura
plus de vingt années/Nicolas Bouchard avait su sans doute
se faire remarquer dans sa capitainerie, — qui n'était pas
uniquement militaire, mais comportait le gouvernement de
la communauté avec le concours d'un conseil de bourgeois et
d'élus, — car il fut nommé par Montfort amiral de Bretagne
et lui prêta dans sa lutte contre Charles de Blois un concours
précieux.
C'est précisément l'auteur des Grandes Chroniques, assez
sobre de détails sur son pays, qui nous a signalé les actions
de son aïeul, sans déclarer toutefois sa parenté. Au début des
hostilités, alors que Montfort, voulant libérer d'ennemis la
côte sud de la Bretagne, a repris déjà ses châteaux de Sucinio
et de La Roche-Derien et assiège Auray, il l'investit par a bon
numbre de na\ires du liàvre du Croisic qu'avoit amenez
messire Nicolas Bouchard, lors sous le dit Montfort admirai
de Bretagne, lequel avec ses navires tenoit le siège par mer
devant la place » W. M. de la Borderie a justement signalé
que tous nos historiens ont omis de relever ce fait pourtant
assez curieux <2). Alain Bouchard a d'ailleurs souligné l'im
portance du rôle joué par l'amiral au moment où les Anglais
vinrent au secours de Montfort « et se rendirent par mer
devant Aulray avecques l'armée que l'admirai messire Nicolas
Bouchait y tenoist pour Monseigneur le conte de Montfort...
et descendirent à terre les gens d'arme qui la mer gardoient
avecques leur admirai et se joignirent à ceulx qui en l'ost
estoient. dont. il fut moult fortifflé et estoient touz certains
que par la mer ilz n'auroient aucun destourbier » (3>.
La bataille d'Auray mit fin à la lutte. Alors « le conte de
Montfort se retira en la ville du Croisic et là se estoit par
mer rendu son admirai messire Nicolas JBouchart auquel le
conte ordonna qu'il fist faire quelque chasteau et place forte
au Croisic, ce que le dit messire Nicolas Bouchart fist faire
bien voulentiers, pour ce qu'il estoit natif du dit Croisic, et
(1) Alain Bouchard, Grandes Chroniques, liv. IV, 1.31.
(2) Hisl. de Bret., III, 581.
(3) Alain Grandes IV, 128. ALAIN BOUCHARD, CHRONIQUEUR BRETON 499
y fist édilïier le chasteau qui encores a présent y est » W. Alain
Bouchard écrivait cela en 1514; actuellement il n'est plus trace
de cette fortification. Le souvenir seul en est resté dans ce
nom de la Barrière que porte encore la partie de la route de
Batz au Groisic enserrée entre la mer et les marais <2).
Presqu'à la même époque, l'amiral faisait aussi « bastir et
edifïîer à Piremil, au bout des ponts de Nantes, quelques
forteresses, pour garder ci deffendre l'entrée desdits ponts :
à ceste cause y fist l'admirai faire une grosse et haulte tour,
qui encores à présent y est », nous dit le chroniqueur (3), et
dont la ruine subsistait au siècle dernier (*). Destinée à couvrir
Nantes de ce côté, cette citadelle pouvait en cas d'invasion
faciliter la fuite du duc par le Poitou où campaient alors des
alliés anglais.
(1) Alain Bouchard, Grandes Chroniques, IV, 128. — D'Argentré dit à ce
propos : « lequel [chasteau] il deffendit si bien depuis qu'il l'eust basty que
Charles de Blois n'eust le moyen de le prendre et servit bien l'opportunité
d'iceluy au secours du duc pour avoir la mer à commandement pour faire
venir du dehors vivres et faire retraicte, recueillir les secours venans par
mer et autres nécessitez. » (Hisl. de Bret., VI, ch. I.) — Ce fut par un impôt
du vingtième sur chaque. muid de sel, pour les gens du « terrouer », et du
dizième pour « touz autres forains » du duché que fut réalisée la somme
nécessaire à la construction, et Jean V, rappelant qu' « il pleu

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