Amélioration des conditions de travail et efficacité du système de production - article ; n°1 ; vol.10, pg 114-121
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1979 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 114-121
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

P.-L. Remy
Amélioration des conditions de travail et efficacité du système
de production
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 10. 4e trimestre 1979. pp. 114-121.
Citer ce document / Cite this document :
Remy P.-L. Amélioration des conditions de travail et efficacité du système de production. In: Revue d'économie industrielle. Vol.
10. 4e trimestre 1979. pp. 114-121.
doi : 10.3406/rei.1979.1075
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1979_num_10_1_1075Amélioration des conditions de travail et
efficacité du système de production
P.-L. RÉMY
Rapporteur du Groupe Prospective du Travail
et Évolution de la société du VIII Plan
L'histoire des mouvements ouvriers est tout à la fois exigence d'un emploi sta
ble, correctement rémunéré, mais aussi contestation de l'insécurité, de l'insalu
brité et de la dureté excessive du travail.
Et de fait, l'amélioration des conditions de travail répond d'abord à une
demande et à une revendication individuelle et collective des salariés. Chacun de
ses membres réclame, à juste titre, à toute société organisée de lui offrir des
garanties minimales de son intégrité physique, dans la rue, dans sa vie quoti
dienne, mais aussi dans son travail.
Mais cette exigence n'est pas seulement le fait individuel de personnes, elle est
aussi une demande collective du corps social, que l'insécurité met en situation de
dépendance.
Cela est particulièrement sensible à l'occasion du travail dans la mesure ou une
meilleure protection de l'intégrité physique passe souvent par une plus grande
maîtrise de son travail et donc de son mode de production.
Cette exigence individuelle et collective, morale et sociale, se traduit dans le
fait que les modes privilégiés d'intervention dans ces domaines de la protection
de l'intégrité physique et de l'amélioration des conditions de travail du salarié
sont la loi, la lutte et la négociation.
La loi, c'est-à-dire l'obligation imposée par la puissance publique, dépositaire
du pouvoir de police, de respecter un certain nombre de normes. La lutte, c'est-à-
dire l'expression de l'exigence dans un rapport de force. La négociation, c'est-à-
dire la tentative de traduire dans une norme provisoire l'état de ce rapport de
force.
L'économie apparaît donc, de prime abord, ne présenter qu'un lointain rap
port avec les conditions de travail, seulement à travers les coûts des mesures que
la loi, la négociation ou la prévention du conflit rendent nécessaires. « La santé
n'est pas à vendre », comme l'ont écrit sur leurs banderoles les syndicats italiens,
puis français.
Et pourtant, il serait paradoxal qu'un élément important de la gestion de
l'entreprise, le travail, échappe totalement à la rationalité économique qui la gou
verne.
114 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10,4' trimestre 1979 En effet, l'amélioration des conditions de travail implique des coûts qui doi
vent s'intégrer dans la programmation et la logique des dépenses de l'entreprise,
et l'immobilisme, l'absence d'initiative dans ce domaine, sont également fac
teurs de coûts ; l'accident du travail peut entraîner un arrêt de production et
l'accroissement d'une cotisation sociale.
L'état des conditions de travail ne relève pas seulement de la sphère de la satis
faction de l'homme à son travail. Il touche aussi à l'efficacité économique de
l'entreprise, le comportement de la main-d'œuvre, qui n'est pas indépendant de
la nature et des conditions de son travail, est un élément important de la product
ivité. De façon générale, le travail est un facteur de production et les caractéristi
ques de ce travail reflètent l'état de la combinaison productive.
A refuser d'examiner le problème des conditions de travail, sous cet éclairage,
on risque d'en rendre plus lent et plus difficile le traitement. En effet, ne pas
expliciter les aspects économiques, c'est faire, en général, l'hypothèse implicite
que l'amélioration est toujours plus coûteuse que le statu quo.
L'ambition des quelques lignes qui suivent est de proposer quelques voies
d'approche pour éviter ce contre-sens.
La première perception du lien entre les conditions de travail et l'économie se
révèle peut être dans le domaine de la sécurité du travail.
En effet, dans de nombreux pays, l'indemnisation des victimes est prise en
charge par les employeurs et tout accident est donc, directement ou indirectement
source de coûts pour les entreprises.
Et les charges du système ont en France presque triplé dans les dix dernières
années, c'est-à-dire ont augmenté à un rythme sensiblement plus rapide que le
coût de la vie et l'évolution des heures travaillées, pas tant à cause d'une dégradat
ion de la sécurité, pas seulement à cause de l'évolution du coût du système de
santé, mais aussi à cause de l'extension de la protection juridique du salarié dans
son travail.
Car ce type de dépenses, lié à la réparation et à l'indemnisation d'atteinte à
l'intégrité physique des salariés, dépend profondément — et c'est une caractéris
tique importante — de l'état de la législation en vigueur. A mesure que la pres
sion et le consensus social conduisent la puissance publique et la négociation col
lective à élargir la protection du salarié, à mesure aussi qu'est étendue la respons
abilité de l'entreprise dans la prise en charge des conséquences de l'insécurité du
travail, les coûts imputables aux atteintes à l'intégrité physique augmentent pour
l'entreprise. Ainsi, en R.F.A., plusieurs dizaines de milliers de salariés sont
atteints chaque année de maladies professionnelles, alors qu'en France leur nomb
re est inférieur à 4 500. Cela ne signifie probablement pas un écart important
entre les situations de travail en France et en Allemagne, mais c'est une consé
quence des différences des modalités juridiques de reconnaissance de la maladie
professionnelle des deux côtés du Rhin.
La responsabilité de l'entreprise pourrait aussi, progressivement, être étendue
dans une autre direction, celle de l'organisation de la reconversion de l'accidenté
ou de celui dont les facultés ont été diminuées par son travail.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 10, 4* trimestre 1979 115 C'est là une voie peu à peu ouverte contractuellement, par exemple dans la
reconversion en postes de journée de travailleurs postés après un certain âge,
mais encore timidement. La plupart des dépenses de ce type formation, recherche
d'emploi sont pris en charge par l'État (1). Il y a là un champ immense, surtout
dans la mesure où il est avéré que certains travaux entraînent l'usure prématurée
de certaines facultés : c'est ainsi qu'on rencontre très peu de personnel de plus de
35 ans dans les ateliers de micro-montage et de plus de 45 ans au volant des poids
lourds.
L'exigence légitime d'une protection légale du travailleur est la première source
de coûts pour l'employeur qui néglige les conditions de travail ; dans la mesure
où elle tend régulièrement à s'affermir, ses conséquences risquent d'être de plus
en plus lourdes si subsistent l'insécurité, l'insalubrité et, de façon générale, de
mauvaises conditions de travail.
Mais les charges n'ont pas seulement cette origine. L'accident du travail
entraîne une désorganisation du travail, une détérioration du matériel, des
débrayages spontanés... dont le coût peut être très élevé, 3 à 4 fois celui lié à la
protection légale, selon des estimations françaises.
On touche là à deux autres sources de coûts, liés à l'état des conditions de tra
vail dans l'entreprise, qui elles-mêmes fondent deux nouvelles approches de
l'évaluation économique : les coûts liés au comportement de la main-d'œuvre,
les défauts d'efficacité de la combinaison productive.
Par rapport au schéma théorique de fonctionnement d'un appareil de product<

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