Analyse des réponses - article ; n°7 ; vol.3, pg 14-55
43 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Analyse des réponses - article ; n°7 ; vol.3, pg 14-55

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
43 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Médiévales - Année 1984 - Volume 3 - Numéro 7 - Pages 14-55
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jérôme Baschet
Christine Lapostolle
Monsieur Michel Pastoureau
Yvonne Regis-Cazal
Analyse des réponses
In: Médiévales, N°7, 1984. pp. 14-55.
Citer ce document / Cite this document :
Baschet Jérôme, Lapostolle Christine, Pastoureau Michel, Regis-Cazal Yvonne. Analyse des réponses. In: Médiévales, N°7,
1984. pp. 14-55.
doi : 10.3406/medi.1984.969
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1984_num_3_7_969QUESTION 1
Après avoir succinctement présenté vos thèmes de recherches,
pourriez-vous exposer, au-delà même de leur intérêt scientifique,
les motifs personnels pour lesquels ils vous retiennent ?
a) Cette question est la seule à laquelle tout le monde ait répondu,
du moins dans sa première partie. Présenter ses thèmes de recherches
n'effraie ni ne déroute personne. En revanche, le concept « thème de
recherches » est fortement élastique : pour deux chercheurs dont les
préoccupations et les enquêtes sont fort voisines, les réponses peuvent
être aussi éloignées que « la littérature médiévale » d'une part, et « la
branche VIII du Roman de Renart » de l'autre. Dans bien des cas, en
effet, il semble que les thèmes de recherches ne peuvent être que ceux
en cours — thèse, livre, article même — et de ce fait ils sont énoncés
de manière relativement réductrice.
Pour savoir qui est qui, qui fait quoi et pour établir quelques
statistiques, il nous a donc fallu parfois extrapoler et enquêter au-delà
des questionnaires et de ce qu'ils nous appprennent. Etudiants et
jeunes chercheurs, notamment, préfèrent dire avec précision ce sur
quoi ils travaillent actuellement, plutôt que de se présenter comme
archéologues, linguistes ou historiens de tel ou tel domaine. Timidité
certes. Mais aussi souci vivificateur de faire tomber les barrières entre
les disciplines et, parfois, de donner la priorité à la problématique
sur les documents. La différence est ici nette entre les générations :
les plus âgés se dotent volontiers d'étiquettes ; les plus jeunes les
refusent.
A ce jeu des étiquettes, spontanément revendiquées ou bien attr
ibuées d'office, les « littéraires », au sens large, sont majoritaires. Plus
de la moitié (20) des personnes ayant répondu à notre questionnaire
peuvent en effet être considérées comme telles, qu'il s'agisse de lin
guistes, de philologues ou d'historiens de la littérature proprement
dite. Viennent ensuite les historiens des structures sociales, ceux des
mentalités et de la sensibilité, ceux de la vie religieuse ; puis les
historiens d'art et les spécialistes de l'image. Les archéologues ferment
la marche. Toutefois, le développement de l'anthropoloie historique
enlève souvent à ces découpages toute pertinence, notamment pour les
recherches qui sont le fait des plus jeunes. L'archéologue s'affirme, à juste titre, «historien de la civilisation matérielle» et le philologue
« historien des phénomènes littéraires ou linguistiques ».
b) La seconde partie de cette première question a souvent été
escamotée, soit qu'on l'ait purement et simplement sautée, soit qu'on
se soit contenté d'un laconique « c'est ça qui me plaît et que j'aime »
(R. H. Bloch) ou d'un énigmatique « le Moyen Age était un âge raison
nable qui ne cherchait pas à tout compliquer par la raison (H. Nied-
zielski). Les réponses aux questions 4 et 6 et, surtout, à la question 7
compensent heureusement cette lacune. On est toujours plus bavard,
moins méfiant ou moins susceptible à la fin d'un questionnaire qu'en
son début.
Plusieurs personnes ont avoué être incapables de dire exactement
pourquoi elles avaient été attirées par tel ou tel thème de recherches :
« On ne sait jamais bien la raison d'être de ce qui nous occupe...
Ou bien on aime ce que l'on fait, et on voit mal qu'on aille écrire
des pages sur les raisons pour lesquelles on le fait, alors que le
plaisir suffit... Ou bien on n'est pas satisfait de ce que l'on fait, et
alors cela vaut la peine de se chercher des justifications pour
continuer. Mais ce sont des justifications et non des raisons. Et de
plus c'est bien triste » (J. Baschet).
Ou encore : « Des motifs réels de mon attachement aux lettres
médiévales, au-delà des avatars d'une formation universitaire, je ne
sais ou ne puis rien dire » (J.-C. Huchet). D'autres ont fait dès cette
première question appel à leurs souvenirs d'enfance (voir question 4),
ou bien ont mis en avant l'influence d'un maître (cas fréquent à
l'étranger, plus rare en France), d'un grand historien, voire d'un seul
livre (L'automne du Moyen Age de J. Huizinga est plusieurs fois cité).
L'attrait pour l'inconnu, l'exotique, le féerique, l'imaginaire est une
dizaine de fois présenté comme un motif catalysateur, à l'époque où
l'on était encore sur la ligne de départ. Il en sera longuement parlé
à propos des questions suivantes. Signalons toutefois ici que le mot
imaginaire, qu'il soit adjectif ou substantif, est probablement au long
des sept questions celui qui revient le plus fréquemment, et à tout
propos, sous la plume de nos interlocuteurs. On rêve encore aujour
d'hui la façon dont on a rêvé ou dont on voudrait avoir rêvé le Moyen
Age lorsque l'on était plus jeune, il y a dix ans, vingt ans, cinquante ans.
Il en va de même du plaisir et du jeu qui peuvent expliquer, ou en
tout cas justifier, tel ou tel type de recherches : on y fait ici une
timide allusion (ainsi A. Boureau : « j'y trouve en effet... l'exaltation
ludique de l'enquête où jouent alternativement la découverte et
l'attente... et le plaisir d'engendrer, d'animer ce qui semblait comme
mort, oublié, dépourvu de sens... »), mais on préfère reprendre et
développer de tels motifs dans la réponse à la question 7. Ici, ils ne
semblent guère avouables. aux motivations plus intellectuelles, elles sont souvent Quant
présentées de manière très banale, au moyen de mots et de formules
galvaudées : « j'ai souhaité faire parler le passé » ; « j'ai été attiré par
la nouveauté de ces problèmes » ; « j'ai cherché à atteindre la pensée
profonde et les sentiments vrais des hommes du Moyen Age ». Il faut
donc chercher plus loin les véritables motivations spéculatives ayant
suscité telle ou telle pratique ou telle ou telle recherche.
Plusieurs chercheurs, enfin, ont reconnu qu'ils n'étaient pas person
nellement à l'origine de leur spécialité actuelle, mais que la paternité
en revenait à des professeurs ou à des collègues, à une institution, à
une équipe dont ils ont fait partie, au hasard, à Dieu même... 1?
QUESTION 2
Dans la même optique, pourriez-vous parler de votre attachement
au Moyen Age dans son ensemble, ou à Tune des périodes particul
ières du Moyen Age ?
Cette deuxième question est celle qui a suscité les réponses les
plus courtes. Probablement était-elle maladroitement posée. Notre
« dans la même optique », notamment, n'a pas été compris, et beau
coup de nos interlocuteurs se sont contentés d'énumérer les siècles
ou les groupes de siècles qu'ils aimaient sans vraiment nous dire
pourquoi. En outre, six personnes n'ont pas répondu à la question,
et six autres ont répondu qu'elles n'avaient pas de période de prédil
ection. Parmi ces dernières, deux seulement ont justifié cet attache
ment d'ensemble par une explication d'ordre intellectuel et non pas
par une vague affection, molle ou marécageuse. Ainsi Alain Boureau :
« J'aime le Moyen Age dans son ensemble ; mon type de recherche
me promène d'un bout à l'autre de la période, et cette mobilité
déjoue la lassitude ou l'accoutumance... Le Moyen Age, globalement,
m'attire en ce qu'il mêle, plus que toute autre période, l'étrangeté
et la familiarité, la clôture (des temps et des documents) et l'ouver
ture (les indéfinis réseaux à parcourir). Au plus près de l'espace et
de la culture, il

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents