Anticléricalisme et politique dans l Ouest de la France à la fin du XVIIIe siècle - article ; n°2 ; vol.9, pg 243-258
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Description

Histoire, économie et société - Année 1990 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 243-258
Abstract : Long before 1789, the «bourgeois élites» in the Western part of France, had partly sided with the anticlerical, not to say antichristian movement. Public figures, such as Volney and La Revellière-Lépeaux, had prepared for a long time what was eventually to lead to the great political and religious break : the «constitution civile» of the clergy. Their writings, along with those of André Collinet and Mercier du Rocher attest to that deep-seated hostility against Catholicism in the years before and durintgthe Revolution. Thus can we aptly question the existence of a so-called «slippage» which might supposedly have led the protagonists of the first revolution to get involved against their own will, as it were, in the process leading to the setting-up of the «Constitution civile».
Résumé : Bien avant 1789, les élites bourgeoises, dans l'Ouest de la France, sont en partie gagnées à l'anticléricalisme, voire à l'antichristianisme. Des personnages comme Volney et La Revellière-Lépeaux ont préparé, de longue date, ce qui constituera la grande fracture politique et religieuse : la Constitution civile du clergé. Leurs écrits, comme ceux d'André Collinet et de Mercier du Rocher, témoignent de cette profonde hostilité au catholicisme, avant et pendant la Révolution. On peut donc légitimement douter de l'existence d'un prétendu «dérapage» qui aurait contraint les acteurs de la première révolution à s'engager, comme malgré eux, dans le processus menant à la Constitution civile.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Durand
Anticléricalisme et politique dans l'Ouest de la France à la fin du
XVIIIe siècle
In: Histoire, économie et société. 1990, 9e année, n°2. pp. 243-258.
Résumé : Bien avant 1789, les élites bourgeoises, dans l'Ouest de la France, sont en partie gagnées à l'anticléricalisme, voire à
l'antichristianisme. Des personnages comme Volney et La Revellière-Lépeaux ont préparé, de longue date, ce qui constituera la
grande fracture politique et religieuse : la Constitution civile du clergé. Leurs écrits, comme ceux d'André Collinet et de Mercier
du Rocher, témoignent de cette profonde hostilité au catholicisme, avant et pendant la Révolution. On peut donc légitimement
douter de l'existence d'un prétendu «dérapage» qui aurait contraint les acteurs de la première révolution à s'engager, comme
malgré eux, dans le processus menant à la Constitution civile.
Abstract : Long before 1789, the «bourgeois élites» in the Western part of France, had partly sided with the anticlerical, not to say
antichristian movement. Public figures, such as Volney and La Revellière-Lépeaux, had prepared for a long time what was
eventually to lead to the great political and religious break : the «constitution civile» of the clergy. Their writings, along with those
of André Collinet and Mercier du Rocher attest to that deep-seated hostility against Catholicism in the years before and durintgthe
Revolution. Thus can we aptly question the existence of a so-called «slippage» which might supposedly have led the protagonists
of the first revolution to get involved against their own will, as it were, in the process leading to the setting-up of the «Constitution
civile».
Citer ce document / Cite this document :
Durand Yves. Anticléricalisme et politique dans l'Ouest de la France à la fin du XVIIIe siècle. In: Histoire, économie et société.
1990, 9e année, n°2. pp. 243-258.
doi : 10.3406/hes.1990.2382
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1990_num_9_2_2382ANTICLERICALISME ET POLITIQUE DANS L'OUEST
DE LA FRANCE A LA FIN DU XVIIIe SIECLE
par Yves DURAND
Résumé :
Bien avant 1789, les élites bourgeoises, dans l'Ouest de la France, sont en partie gagnées à
l'anticléricalisme, voire à l'antichristianisme. Des personnages comme Volney et La Revellière-Lépeaux
ont préparé, de longue date, ce qui constituera la grande fracture politique et religieuse : la Constitution
civile du clergé. Leurs écrits, comme ceux d'André Collinet et de Mercier du Rocher, témoignent de cette
profonde hostilité au catholicisme, avant et pendant la Révolution. On peut donc légitimement douter de
l'existence d'un prétendu «dérapage» qui aurait contraint les acteurs de la première révolution à s'engager,
comme malgré eux, dans le processus menant à la Constitution civile.
Abstract :
Long before 1789, the «bourgeois élites» in the Western part of France, had partly sided with the
anticlerical, not to say antichristian movement. Public figures, such as Volney and La Revellière-Lépeaux,
had prepared for a long time what was eventually to lead to the great political and religious break : the
«constitution civile» of the clergy. Their writings, along with those of André Collinet and Mercier du
Rocher attest to that deep-seated hostility against Catholicism in the years before and durintgthe
Revolution. Thus can we aptly question the existence of a so-called «slippage» which might supposedly
have led the protagonists of the first revolution to get involved against their own will, as it were, in the
process leading to the setting-up of the «Constitution civile».
Le débat sur les rapports entre les Lumières et la Révolution française n'est pas
prêt de s'achever. Pour les uns, la Révolution est le fruit du complot des philosophes
conjurés : «De Diderot jaillit Danton». La presque totalité des Français aurait conservé
une foi catholique fervente à la veille de la Révolution et l'Ancien Régime serait mort
assassiné.
Pour d'autres, la Révolution ne dépend en rien des philosophes, puisque Voltaire,
Rousseau, d'Alembert, Diderot, Condillac, Mably et d'Holbach sont morts avant son
explosion, que jacobins et royalistes se sont ensemble réclamés de la pensée de Rous
seau et que beaucoup de disciples des philosophes eurent à pâtir des événements ré
volutionnaires, que certains enfin émigrèrent comme Rivarol et Suard, quand ils ne
montèrent pas sur l'échafaud, tels André Chénier et les Girondins1. A l'appui de cette
thèse, on peut ajouter les déclarations de d'Holbach sur le peuple dangereux2,
l'admiration de Saint- Just en 1791 pour la nouvelle constitution monarchique, forme
parfaite résultant de la conjonction des trois formes pures de gouvernement, enfin
plusieurs conversions au catholicisme de voltairiens persécutés par la Révolution. 244 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
C'est ainsi que La Harpe, le «premier lieutenant de Voltaire» achèvera sa vie en
traduisant les psaumes. A l'inverse Robespierre n'eut que mépris pour les encyclopéd
istes, des « charlatans ambitieux [...] fiers dans leurs écrits et rampants dans les
antichambres».
Cette vision des choses peut se combiner avec la théorie moderne du «dérapage»
de la première révolution, dont le moment capital reste l'adoption de la Constitution
civile du clergé en juillet 1790. A partir de ce tournant, la grande rupture est consom
mée ; des provinces entières vont basculer dans la contre-révolution et la spirale terro
riste se met en place.
Les tenants du dérapage soutiennent que les pères de la Constitution civile n'ont
pas souhaité de tels bouleversements, qu'ils ont seulement engagé un processus dont
les conséquences leur ont échappé. C'est l'opinion de François Furet : «La Constitu
tion civile du clergé n'a pas été l'œuvre d'anticléricaux acharnés à détruire l'Eglise
catholique [...] Si elle est bien le point à partir duquel la Révolution et se
séparent et vont devenir des adversaires sans merci, les hommes du printemps 1790
ne le savent pas encore»3. Jacques Godechot l'avait naguère exprimé d'une façon
quasi identique : «II est fort probable qu'aucun constituant n'avait, en juillet 1789,
l'intention de modifier en quoi que ce fut l'organisation de l'Eglise de France. Mais les
réformes politiques, économiques et sociales que l'Assemblée entreprit dès le début
d'août rejaillirent automatiquement sur l'Eglise»4.
C'est peut-être oublier que certains ont annoncé - et voulu - des transformations
religieuses profondes, dès le milieu du XVIIIe siècle. En 1754, le marquis
d'Argenson avait prophétisé en ces termes :
«L'on assure que tout se prépare en France à une grande réforme dans la religion, et
sera bien autre chose que cette réforme grossière, mêlée de superstition et de liberté,
qui nous arriva d'Allemagne au XVIe siècle. Toutes deux sont venues par les excès de
tyrannie et d'avarice des prêtres mais, comme notre nation et notre siècle sont bien au
trement éclairés que celui de Luther, on ira jusqu'où l'on doit aller : l'on bannira tout
prêtre, tout sacerdoce, toute révélation, tout mystère...»5
Les responsables de la première révolution sont-ils donc étrangers à la conception
et à l'adoption de la Constitution civile du clergé ? Certains d'entre eux n'avaient-ils
pas, avant 1789, une telle hostilité envers l'Eglise qu'ils ne pouvaient que chercher à
détruire ses structures traditionnelles ? Ont-ils affiché leurs intentions avant la Révolut
ion ? Ont-ils agi, par la suite, conformément à ces intentions ?
Nous pouvons joindre au dossier quatre témoignages de révolutionnaires origi
naires de l'Ouest de la France, deux angevins et deux bas-poitevins. Il s'agit d'un ar- ANnCLEMCAUSMEETTOIJTIQUE 245
mateur sablais, André Collinet, d 'un administrateur jacobin de la Vendée, Mercier du
Rocher, et de personnalités mieux connues : Volney et La Revellière-Lépeaux.
Nous ne prétendons naturellement pas généraliser, à partir de ces quelques
exemples, à l'ensemble de la bourgeoisie urbaine de l'ouest atlantique. On sait bien
que dans le monde médical de cette même rég

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