Antoine-Jérôme Balard. L'homme - article ; n°338 ; vol.91, pg 251-264

Colette Charlot, Jean Flahaut

Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 2003 - Volume 91 - Numéro 338 - Pages 251-264
Antoine-Jérôme Balard. The man.
Antoine-Jérôme Balard, who was the discoverer of bromium, had a private life impressed of large success but also of many difficult events. From the beginning to the end of his life (1802-1876) he showed often unexpected behaviors, always with large originality, simplicity and generosity.
Antoine-Jérôme Balard, qui découvrit le brome à l'âge de 23 ans, eut une vie personnelle marquée de grands succès, mais aussi de multiples difficultés. Du début à la fin de sa vie (1802-1876), il manifesta des comportements souvent inattendus, marqués d'une grande originalité, de simplicité et de générosité.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DE_LA_PHARMACIE
• Publié le: 01 janvier 2003
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Colette Charlot
Jean Flahaut
Antoine-Jérôme Balard. L'homme
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 91e année, N. 338, 2003. pp. 251-264.
Abstract
Antoine-Jérôme Balard. The man.
Antoine-Jérôme Balard, who was the discoverer of bromium, had a private life impressed of large success but also of many
difficult events. From the beginning to the end of his life (1802-1876) he showed often unexpected behaviors, always with large
originality, simplicity and generosity.
Résumé
Antoine-Jérôme Balard, qui découvrit le brome à l'âge de 23 ans, eut une vie personnelle marquée de grands succès, mais aussi
de multiples difficultés. Du début à la fin de sa vie (1802-1876), il manifesta des comportements souvent inattendus, marqués
d'une grande originalité, de simplicité et de générosité.
Citer ce document / Cite this document :
Charlot Colette, Flahaut Jean. Antoine-Jérôme Balard. L'homme. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 91e année, N. 338,
2003. pp. 251-264.
doi : 10.3406/pharm.2003.5517
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_2003_num_91_338_5517251
Antoine-Jérôme Balard
par Colette L'hommeChariot* et Jean Flahaut** D I V
La vie scientifique d'Antoine- Jérôme Balard se concentre sur une
découverte prodigieuse, faite alors qu'il était encore étudiant. Nous
avons cherché à comprendre la vie et la pensée de cet homme qui l'ont
préparé à cette action d'éclat. Dans ce qui suit, nous ne décrirons pas ses tr
avaux successifs, déjà présentés en détail en d'autres circonstances * 8. Nous
nous pencherons surtout sur l'enfant, le jeune homme, le jeune scientifique
brillamment appelé aux plus hautes charges et comblé d'honneurs.
L'aspect humain du personnage apparaît peu dans les études historiques
modernes consacrées essentiellement à ses travaux chimiques - à l'exception
de la remarquable exposition de documents sur « sa vie, son uvre, son
temps », organisée à l'occasion de la journée Balard d'octobre 1976 au Musée
montpelliérain de la pharmacie.
Nous nous sommes principalement appuyés sur de nombreux documents
extraits des archives locales et sur les quatre hommages qui lui ont été rendus
peu après son décès 2' 3- 4> 5.
On voit se manifester, dans le comportement quotidien d'Antoine- Jérôme,
tout à la fois, les influences :
- de son origine humble et de sa pauvreté initiale ;
- du soutien généreux qui lui fut apporté au cours de son démarrage dans
la vie ;
- de sa réussite scientifique et professionnelle ;
- de certains moments, complexes et parfois dramatiques, de sa vie familiale.
Tout semble expliquer un parcours inattendu et parfois surprenant, faisant
d'Antoine- Jérôme un homme hors du commun.
* Musée d'histoire de la pharmacie, avenue Charles-Flahault, 34060 Montpellier cedex
** 5 impasse du Marché, 92330 Sceaux
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, LI, N° 338, 2e TRIM. 2003, 251-264. 252 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
Arrivée au monde d'Antoine- Jérôme Balard
Les parents d'Antoine- Jérôme Balard appartenaient à un modeste milieu.
Son père, Jean Balard, dit cultivateur sur l'acte de naissance de son fils,
appartenait à une famille de vignerons, de la banlieue de Montpellier. Sans for
tune, celui-ci cultivait lui-même ses vignobles, très laborieusement, mais sans
grands revenus. Sa mère, née Jeanne Gras, originaire de l'Aveyron, est indi
quée sur le contrat de mariage comme étant au service de la cuisine de Madame
Vincent née Catherine Chambon de Montredon ; elle n'a pu signer ce contrat,
ayant déclaré « ne le savoir ». Elle était donc d'origine très humble.
Le mariage de Jean Balard et Jeanne Gras eut lieu le 5 frimaire an X
(26 novembre 1801). Les profondes relations d'amitié qui existaient entre la
jeune mariée et sa patronne, Madame Vincent, conduisit cette dernière à lui
faire don de la somme de trois cents francs « en augmentation de dot » sur le
contrat de mariage daté du 24 brumaire an X (15 novembre 1801).
Les époux vécurent alors dans la demeure du père de Jean Balard en péri
phérie de Montpellier, rue du Faubourg FigueroUes. Ils y restèrent toute leur
vie. Ils y décédèrent, elle, à l'âge de 81 ans, le 22 mars 1861, lui, à l'âge de 84
ans, six mois plus tard, le 20 septembre.
Peu après leur mariage, le 8 vendémiaire an XI (30 septembre 1802), les époux
Balard eurent un fils : Antoine-Jérôme. La naissance eut Ueu dans la « Maison
Montredon », au 27 rue de l'Argenterie, où habitait Madame Vincent et qui était cer
tainement plus confortable et beaucoup plus riche que celle des jeunes parents. D est
de plus possible que Jeanne Balard ait ressenti la douleur de l'enfantement alors
qu'eUe travaiUait en ces Ueux. Sur l'acte de naissance figure, en marge, la mention
« nourri par sa mère ». La marraine d'Antoine- Jérôme fut Madame Vincent.
Il faut d'entrée présenter cette dame Vincent qui était en relations étroites avec
les Balard et eut un rôle essentiel dans la jeunesse et dans la vie montpelliéraine
d'Antoine- Jérôme. Catherine Hélène Anne Chambon de Montredon appartenait
à une famille bourgeoise très aisée. Son père était mousquetaire. Elle épousa
Monsieur Vincent. Celui-ci semble être décédé fort jeune et les époux Vincent
n'eurent pas de descendance. Madame Vincent décédera le 31 mai 1837.
Dans les études biographiques portant sur Balard, ainsi que dans les actes
notariés intervenant entre Antoine- Jérôme et sa marraine, celle-ci est désignée
soit sous le nom de Vincent (par exemple, réf. 5 et 6), soit sous celui de
Chambon (par exemple réf. 1 ou dans les actes notariés).
Antoine- Jérôme avait une sur, Marie-Hélène, née en 1804. Un grand silence
entoure celle-ci. Elle n'est jamais citée dans les biographies (2 à 5) qui seront
consacrées à Antoine-Jérôme. Nous savons qu'elle épousa le 22 novembre
1826, Nicolas-Pascal Jeanjean, marchand. Antoine- Jérôme sera témoin à ce
mariage. Et, quelque cinquante ans plus tard, dans le testament rédigé par ANTOINE-JEROME BALARD 253
Antoine- Jérôme Balard
Musée de la pharmacie
Montpellier REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 254
Antoine- Jérôme, sa sur figurera parmi ses héritiers, recevant la maison du
Faubourg FigueroUes, où elle avait probablement passé sa jeunesse auprès de
ses parents. Ces actes prouvent que, malgré l'absence de traces écrites, le frère
et la sur durent conserver d'étroites relations.
Nous ne connaissons pas les conditions dans lesquelles fut élevée Marie-
Hélène. On peut supposer qu'elle resta avec ses parents dans la maison familiale.
L'enfance d'Antoine- Jérôme
Pendant sa petite enfance, Antoine- Jérôme vécut avec ses parents rue du
Faubourg FigueroUes. Puis, dès qu'il alla en classe, il fut confié à sa marraine,
Madame Vincent - qui est décrite par plusieurs auteurs comme sa seconde
mère (Dumas, 1879), ou même sa mère adoptive (Schutzenberger 1876, Fabre
1876, Wurtz 1876).
Il se présente ici des interrogations auxquelles nous ne pouvons répondre.
Pourquoi cet attachement véritablement maternel de Madame Vincent à ce
jeune garçon ? Il est possible que celle-ci, sans mari et sans enfant, ait trouvé
avec lui le moyen d'avoir une famille.
De plus, pourquoi cet apparent désintérêt des parents Balard envers leur
fils ? Leur pauvreté ne peut tout expliquer. Il faut cependant admettre bien
que cela n'apparaisse pas dans les documents consultés - que Jeanne Balard
devait continuer le service de la cuisine de Madame Vincent, et qu'elle devait
donc voir son fils quotidiennement.
Madame Vincent se chargea de l'éducation d'Antoine- Jérôme. Elle l'inscri
vit au lycée, prenant en charge ses droits scolaires. Elle l'y conduisait et l'en
ramenait chaque jour. Ces trajets donnaient lieu à des conversations au cours des
quelles étaient échangées des informations pleines d'attention et de tendresse. Et,
dira Jean-Baptiste Dumas, « on n'a point oublié à Montpellier avec quelle sol
licitude la bonne dame, comme on l'appelait, veillait sur son protégé » 5.
Une pr