Apollon, les Étrusques et Lipara - article ; n°2 ; vol.96, pg 557-578
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1984 - Volume 96 - Numéro 2 - Pages 557-578
Giovanni Colonna, ~~Apollon, les Étrusques et Lipara~~, p. 557-578. En valorisant sur le plan historique l'aition de Callimaque qui a pour sujet le sacrifice de ~~Theudotus Lipariensis~~, l'A. parvient à reconstruire une page importante des relations étrusco-grecques, centrée sur le siège et la prise de Lipara par les Étrusques, vers 485-475 av. J.-C. La victoire, remportée avec l'aide d'Apollon, aurait été célébrée avec l'envoi à Delphes du trépied, dont on a depuis longtemps retrouvé la base devant le temple, inscrite au nom des Tyrrhènes. L'auteur de la victoire et de la dédicace serait le tarquinien Velthur Spurinna, qui, à en croire son éloge, aurait conduit le premier une armée en Sicile. Suivent des remarques sur le culte étrusque d'Apollon.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Giovanni Colonna
Apollon, les Étrusques et Lipara
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°2. 1984. pp. 557-578.
Résumé
Giovanni Colonna, Apollon, les Étrusques et Lipara, p. 557-578.
En valorisant sur le plan historique l'aition de Callimaque qui a pour sujet le sacrifice de Theudotus Lipariensis, l'A. parvient à
reconstruire une page importante des relations étrusco-grecques, centrée sur le siège et la prise de Lipara par les Étrusques,
vers 485-475 av. J.-C. La victoire, remportée avec l'aide d'Apollon, aurait été célébrée avec l'envoi à Delphes du trépied, dont on
a depuis longtemps retrouvé la base devant le temple, inscrite au nom des Tyrrhènes. L'auteur de la victoire et de la dédicace
serait le tarquinien Velthur Spurinna, qui, à en croire son éloge, aurait conduit le premier une armée en Sicile. Suivent des
remarques sur le culte étrusque d'Apollon.
Citer ce document / Cite this document :
Colonna Giovanni. Apollon, les Étrusques et Lipara. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 96, N°2. 1984. pp.
557-578.
doi : 10.3406/mefr.1984.1424
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_2_1424LES ÉTRUSQUES
GIOVANNI COLONNA
APOLLON, LES ÉTRUSQUES ET LIPARA*
Dans le dossier restreint des textes littéraires qui sont à même de
jeter quelque lumière sur l'histoire politique et religieuse des Étrusques, il
y en a un qui est resté jusqu'ici presque inconnu et qui, en tout cas, n'a
pas été du tout utilisé par ses destinataires authentiques, les étruscolo-
gues et, en général, les historiens de l'antiquité. En le rencontrant, tout à
fait par hasard, j'avoue avoir ressenti un coup au cœur comme, il y a
vingt ans, devant les lamelles de Pyrgi qui venaient de sortir de terre :
c'est-à-dire la perception immédiate d'un bond en avant de nos connais
sances, dans un domaine où il y a peu de faits et trop d'hypothèses. Je
suis heureux de l'invitation que M. Humbert m'a adressée, car elle me
donne la chance de communiquer mes premiers commentaires à vous,
mes amis français, que je sens si passionnés de l'Italie, ancienne et
moderne.
Le texte dont je parle est Yaition de Callimaque que R. Pfeiffer a inti
tulé Theudotus Liparensis (frg. 93) : un aition du IVe livre où le poète de
Cyrène prenait son inspiration d'un fait déconcertant, un sacrifice hu
main consommé non au temps des dieux ou des héros, mais en plein âge
historique, par les Étrusques au lendemain de la conquête de Lipara1. La
* Cet article est dédié à Jacques Heurgon, qui a compris le premier la valeur
historique des elogia Tarquiniensia en 1950, et à Georges Vallet, qui, avant de quit
ter Rome, a été un précieux trait d'union entre les étruscologues, la Sicile et Del
phes. Il a fait l'objet d'une communication, donnée le 23 mars 1984 à l'Institut de
droit romain de l'Université de Paris, sur invitation de Michel Humbert, que je
tiens à remercier encore une fois. Le texte français a été revu, avec son habituelle
générosité, par Michel Gras. Les dessins ont été exécutés, selon mes indications,
par Sergio Barberini de l'Université de Rome La Sapienza. Les photos du cippe de
Delphes m'ont été procurées par le Centre du C.N.R. dirigé par M. Cristofani, que
je remercie vivement.
^.Pfeiffer, Callimachus, I, Oxford, 1949, p. 99 sq. Les vers 1-7 également
dans C. A. Trypanis, Cambridge-Londres, 1975, p. 70-73. Tandis que
l'on a beaucoup discuté sur Yaition du romain Gaius (frg. 106 sq.), sur celui qui
nous occupe on ne peut citer que de très rapides remarques de A. La Penna, dans
MEFRA - 96 - 1984 - 2, p. 557-578. 558 GIOVANNI COLONNA
pièce nous est parvenue largement incomplète et mutilée par de vastes
lacunes : le peu qui reste nous a été gardé par deux morceaux d'un papy
rus d'Oxyrrhynchos, qu'en 1941 E. Lobel a réuni2. Déjà en 1934, néan
moins, la publication du papyrus milanais avec les diégèses de Callima-
que, qui venait d'être mis au jour à Tebtynis, avait donné à Pfeiffer l'occa
sion de deviner, avec beaucoup de finesse, le thème du récit3. En raison
des mots-clef Liparaiofn] et Tyrsên[ ], survivants dans un texte lui
aussi gravement mutilé, le philologue allemand a établi le rapprochement
avec quelques scholies à l'Ibis d'Ovide, jusqu'alors assez négligées par les
savants, où il est question d'Étrusques et de Liparéens. Ces précieuses
scholies, dont la plus ancienne date du XIe siècle, résument ce que ni la
pièce de Callimaque ni sa diégèse, dans leur misérable état, sont à même
de nous apprendre. La plus étendue d'entre elles affirme :
Tyrrheni fcodd. Terpeni) obsidentes Liparium castrum promiserunt
Apolloni, si faceret eos victores, fortissimum Liparensium ei sacrificare.
Habita autem victoria, promissum reddiderunt immolantes ei quendam
nomine Theodotum4.
Le sacrifice humain était évoqué dans un distique de Cornelius Gal-
lus, lui aussi tout à fait oublié5, que les mêmes scholies nous ont fait
connaître :
SCO, VI, 1957, p. 124; E. Secci, dans SMSR, XXX, 1959, p. 100-103; G. Capovilla,
Callimaco, II, Roma, 1967, p. 158-160; S. Mazzarino, II pensiero storico classico2, II,
2e éd., Bari, 1968, p. 259. Pas un mot dans Le délit religieux, Rome, 1981 (où le côté
étrusque a été traité par M. Torelli), et dans Le sacrifice dans l'antiquité, Vandœu-
vres-Genève, 1981 (où le sacrifice humain a été étudié par A. Heinrichs).
2 E. Lobel, C. H. Roberts, E. P. Wegener, The Oxyrrhyncus Papyri, XVIII, Lond
res, 1941, p. 4 sq., n°2170, frg. 1.
3 Dans Philologus, 89, 1934, p. 384 et, avec plus de- détails, dans Sitz. Bayer.
Akad., 1934, 10, p. 12-14.
4 Cf. les éditions de R. Ellis, Oxford, 1881, p. 80 sq., et de F. W. Lenz, Turin,
1937, p. 130. Le texte le plus ancien (B) est donné tel qui suit par Lenz: Tyrrheni
cum cepissent Liparium - castrum est - fortissimum illorum de castro Ph(o)ebo
mactaverunt, nomine Theodotum. Le nom Phoebus, rapporté aussi par G et Mure,
ainsi que par Gallus et Ovide, était déjà dans Callimaque (v. 14).
5 Sur Gallus, en dernier lieu: G. D'Anna, dans Athenaeum, LIX, 1981, p. 284-
298; D. N. Levin, dans ANRW, II, 30, 1, 1982, p. 449-465; N. B. Crowther, dans
ANRW, II, 30, 3, 1983, p. 1622-1648; E.Evrard, dans Les études classiques, LU,
1984, p. 25-39. Sur sa dépendance de Callimaque : M. Puelma, dans Mus. Helveti-
cum, 39, 1982, p. 221-246 et 285-304; J. F. Miller, dans ANRW, II, 30, 1, p. 378 sqq.
Je ne comprends pas pourquoi tout le monde affirme que le seul vers du poète
arrivé jusqu'à nous, avant les récentes découvertes d'Egypte, serait le pentamètre
Morel n°99 (p.e. A. La Penna, L'integrazione difficile, Turin, 1977, p. 23). LES ÉTRUSQUES ET LIPARA 559 APOLLON,
Theodotus captus Phoebo datur hostia, quamvis
Nequaquam sit homo victima grata deo.
Le sacrifice était enfin rappelé dans le distique de l'Ibis d'Ovide, qui
par une heureuse chance pour nous a été commenté par les scholiastes :
Victima vel Phoebo sacras macteris ad aras,
Quant tulit a saevo Theudotus hoste necem 6.
Nous apprenons donc d'une source ancienne et digne de foi que les
Étrusques jadis ont assiégé et conquis Lipara. L'histoire des relations
entre Grecs et Étrusques s'éclaircit d'un coup, en gagnant en extension et
en crédibilité. Ce que les Étrusques n'avaient pu réaliser à Cumes, en vain
attaquée en 524 et en 474, ils le firent à Lipara, dans les eaux de Sicile,
comme ils l'avaient fait auparavant à Aléria. Lipara et Aléria, aux deux
bouts de la mer Tyrrhénienne, sont les deux cités grecques qui, seules, ont
connu la défaite face aux Étrusques, bien que de manière et avec des
conséquences très différentes. Nous savons qu'Aléria a été vaincue vers
540, mais nous ignorons tout de la chute de Lipara. L'hostilité entre
Étrusques et Liparéens est un leitmotiv dans l'histoire de la colonie cni-
dienne, attesté au VIe ainsi qu'au Ve et peut-être aussi au IVe siècle av.
J.-C.7. Heureusement il nous est donné de sortir de l'impasse en utilisant
une autre source demeurée jusqu'à ce moment inexploitée. Dans ses Chi-
liades en vers, le savant byzantin Jean Tzétzès nous dit

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