Article défini, théorie de la localisation et présupposition existentielle - article ; n°1 ; vol.57, pg 87-105
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Description

Langue française - Année 1983 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 87-105
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Kleiber
Article défini, théorie de la localisation et présupposition
existentielle
In: Langue française. N°57, 1983. pp. 87-105.
Citer ce document / Cite this document :
Kleiber Georges. Article défini, théorie de la localisation et présupposition existentielle. In: Langue française. N°57, 1983. pp.
87-105.
doi : 10.3406/lfr.1983.5158
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1983_num_57_1_5158Georges Kleiber
Université de Metz
ARTICLE DEFINI,
THÉORIE DE LA LOCALISATION
ET PRESUPPOSITION EXISTENTIELLE
Introduction : de la théorie de la notoriété
à la théorie de la localisation
Toute description sémantique de l'article défini ' doit répondre à la
question L'article défini a-t-il un sens rêférentiel ou non? Autrement dit,
l'utilisation de l'article défini dans (1) pour référer à un individu précis
fait-elle partie du sens de l'article ou non?
(1) L'homme est rentré chez lui
Le débat n'est pas nouveau. Tantôt la balance penche du côté fonctionnel,
tantôt du côté de l'option non référentielle.
On sait que les conceptions classiques sont essentiellement réfé-
rentielles, dans la mesure où elles accordent à tout syntagme nomin
al un statut rêférentiel. Rappelons simplement que logiciens « dis-
tributionalistes », comme Keynes 2, par exemple, et tenants de la théorie
de l'actualisation, Bally 3, par reconnaissent à tout déte
rminant une fonction de désignation. Dans un tel cadre théorique, une
fois que l'on a pris soin de mettre à part l'emploi générique, le sens de
l'article défini est alors clair. Par opposition à l'article indéfini, qui a
un sens réel « indéterminé » 4, dans la mesure où tout en actualisant
1. Plusieurs travaux cités portent sur l'article défini en anglais et en allemand, mais les raiso
nnements mis en avant se laissent appliquer au français. Il va de soi cependant que nous n'établissons
pas pour autant d'équivalence entre l'article défini en anglais ou en allemand et l'article défini en
français.
2. Studies and exercises in Formai Logic (1906), cité par P. T. Geach, 1962, p. 4.
3. Linguistique générale et linguistique française (1944, pp. 77-83). Voir également la Grammaire
de Port-Royal (pp. 41-42, 58). Pour une présentation critique, se reporter à 0. Ducrot (1973) et C. Blanche-
Benveniste et A. Chervel (1966, pp. 17-20).
4. H. Bonnard, 1950, p. 65.
87 le substantif il ne l'identifie pas, l'article défini se voit attribuer un sens
réel « déterminé 5 » : il réfère à des individus déjà identifiés ou déjà connus.
Cette thèse référentielle de la « familiarité » (P. Christopherson, 1939) ou
de la « notoriété » (J. Damourette et E. Pichon) se trouve contredite par
les analyses existentielles des syntagmes avec article défini, à l'origine
desquelles sont les logiciens, principalement Russell et sa théorie des
descriptions définies. Disons simplement que le sens référentiel fait place
à un sens, asserté ou présupposé, — cela est l'objet d'un autre débat 6,
existentiel. O. Ducrot (1972) a ainsi démontré que le contenu sémantique
de l'article défini le était constitué par une présupposition existentielle
d'unicité (« II y a un et un seul tel-et-tel ») et non par un trait fonctionnel
référentiel. Cette thèse non référentielle de l'article défini, largement
répandue, se heurte toutefois au problème de la représentation formelle
de l'unicité reconnue au SN défini par le. Il est clair, dans le cas de
l'exemple (1), qu'il n'y a pas qu'un et un seul individu le monde
qui soit homme et qui puisse donc être décrit comme étant le seul « tel-
et-tel ». Il faut donc supposer un mécanisme réducteur qui à un niveau
donné ou à un autre rende compte de façon satisfaisante de cette unicité
existentielle. Les solutions sémantiques proposées se laissent répartir en
quatre types, une représentation en termes de traits (cf. + défini, ou
Spécifique 7), une version transformationnelle qui fait de le la forme de
surface de l'article indéfini un 8, une représentation par un adjoint res
trictif présent ou récupérable 9 et, enfin, un essai d'intégration de points-
de-référence 10. Ces diverses tentatives sémantiques connaissent cependant
toutes l'échec n, de telle sorte que l'on peut se sentir fondé, comme
M. Galmiche (1979) ou O. Grannis (1972, p. 288), qui constate que l'ut
ilisation de l'article défini « can probably be best handled in non formal
terms », à délaisser la description non référentielle pour se tourner de
nouveau vers une approche fonctionnelle de l'article défini.
Il est un fait que depuis quelques années l'hypothèse du sens réfé
rentiel de l'article défini regagne du terrain. Il ne s'agit toutefois pas
d'un simple retour aux conceptions antérieures. Les hypothèses référen-
tielles actuelles, que l'on peut toutes réunir sous le nom, formulé par
J. A. Hawkins (1978) de théorie de la localisation, ont profité des versions
sémantiques à source logique et évitent ainsi les défauts trop voyants des
théories de la « familiarité ». Mais constituent-elles vraiment un progrès
par rapport aux options sémantiques non référentielles? Notre propos
sera de montrer que non. La théorie de la localisation ne se révèle
finalement pertinente ni d'un point de vue sémantique, ni, chose plus
surprenante, d'un point de vue pragmatique. En l'état actuel des connais
sances, l'hypothèse sémantique la plus satisfaisante s'avère encore être
5. H. Bonnard, 1950, p. 65.
6. G. Kleiber, 1981, pp. 194-210.
7. Cf. par exemple, F. G. Droste, 1975.
8. S. Annear, 1965 et B. Robbins, 1968.
9. Z. Vendler, 1967.
10. Cf. par exemple, D. Lewis, 1972. Voir également à ce sujet O. Dahl (1975).
11. Cf. G. Kleiber (1981a, pp. 212-220) et plus particulièrement, pour ce qui concerne les essais
de représentation de B. Robbins et de Z. Vendler, l'excellente démonstration de M. Galmiche (1979). celle de la présupposition existentielle. Notre première partie sera consa
crée à la théorie de la localisation, à ses insuffisances sémantiques et
pragmatiques, la seconde insistera surtout sur les vertus pragmatiques
de l'option sémantique non référentielle retenue. Nous essaierons de
montrer qu'elle prévoit de façon satisfaisante la distribution pragmatique
de l'article défini et, plus particulièrement, qu'elle est apte à résoudre le
problème troublant de l'utilisation anaphorique et la curieuse question
de la différence de répartition pragmatique suivant la distinction SN en
position référentielle /SN en position attributive.
1. La théorie de la localisation : sémantique et pragmatique
A. Présentation
Comme les thèses référentielles plus anciennes, la théorie de la
localisation élaborée par J. A. Hawkins (1976, 1977a, 1977b et 1978)
accorde un sens référentiel à l'article défini en en faisant un introducteur
de réfèrent pour l'interlocuteur. La nouveauté de l'hypothèse de Hawkins
réside dans le processus d'identification de ce réfèrent. Alors que dans
les versions référentielles classiques, l'identification se fait directement,
Hawkins introduit un palier intermédiaire dans le processus référentiel.
La reconnaissance du réfèrent passe en effet par l'identification préalable
d'un ensemble d'objets. Ce n'est qu'ensuite que s'effectue, à l'intérieur
de l'ensemble en question, la localisation du réfèrent. « Identification de et localisation du réfèrent » sont ainsi pour Hawkins (1978,
p. 129), « caractéristiques de tous les usages de le ». L'ensemble d'objets,
ou domaine de quantification (cf. E. Keenan, 1972 et J. A. Hawkins, 1977b,
p. 22), indispensable pour que l'interprétation de l'article défini puisse
se faire, est commun (ou du moins présumé comme tel par le locuteur)
au locuteur et à l'interlocuteur, d'où son nom &1 ensemble

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