Athènes, Délos et Delphes d après une peinture de vase à figures rouges du Ve siècle avant J.-C. - article ; n°1 ; vol.100, pg 291-298
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Athènes, Délos et Delphes d'après une peinture de vase à figures rouges du Ve siècle avant J.-C. - article ; n°1 ; vol.100, pg 291-298

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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1976 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 291-298
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 71
Langue Français

Extrait

Hubert Gallet de Santerre
Athènes, Délos et Delphes d'après une peinture de vase à
figures rouges du Ve siècle avant J.-C.
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 291-298.
Citer ce document / Cite this document :
Gallet de Santerre Hubert. Athènes, Délos et Delphes d'après une peinture de vase à figures rouges du Ve siècle avant J.-C. In:
Bulletin de correspondance hellénique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 291-298.
doi : 10.3406/bch.1976.2045
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1976_num_100_1_2045DÉLOS ET DELPHES ATHÈNES,
D'APRÈS UNE PEINTURE DE VASE À FIGURES ROUGES
DU Ve SIÈCLE AVANT J.-C.
Mlle Giuliana Riccioni a publié et commenté, il y a quelques années, une très
intéressante scène figurée sur une pyxis attique à figures rouges découverte à Spina1.
Comme l'auteur l'a bien souligné, ce document apporte une nouvelle — et impor
tante — contribution à la connaissance du culte d'Apollon délien. On y voit Léto,
Apollon et Artémis en train de se préparer à offrir une libation sur une sorte d'autel
bas, qui est placé entre les deux Létoïdes et d'où s'échappent des fumées. Artémis
avec une torche attise le feu sacré. Les trois divinités sont bien reconnaissables à
leurs attributs, cithare pour Apollon, carquois pour Artémis, palmier près de Léto.
Hermès est, comme assez fréquemment dans les représentations analogues, associé
à la scène dans laquelle il ne joue pas un rôle précis. Mais le personnage le plus inté
ressant est assurément la figure féminine assise sur un omphalos et tendant une
phiale; une inscription nous donne son nom2 : c'est Délos personnifiée. Devant elle,
l'olivier sacré; derrière Hermès, le trépied apollinien; entre Léto et le palmier, un
faon (fig. 1-4).
L'œuvre se rattache à une série bien connue, celle où interviennent des ôpfernde
Gôtter3; attribué par J. D. Beazley au « Peintre de Marlay »4, ce vase a été fabriqué
vers 440-430, « au moment où s'achevaient les travaux du Parthenon » et, de fait,
il est tout imprégné de l'atmosphère parthénonienne5.
La scène est évidemment localisée à Délos : le fait est prouvé d'abord par la
présence de Δήλος personnifiée qui assiste parmi les dieux et au même titre qu'eux
aux préparatifs de la libation, dont il est possible qu'elle soit l'objet. Nous savons en
(1) « Delos e i Letoidi offerenti in una pyxis di Spina », Arte antica e moderna, 1966 (nos 34-35-36), p. 173-
181, pi. 70-72. Tombe 27 c de Spina (Valle Pega), Musée archéologique de Ferrare.
(2) Pas plus que les flammes de l'autel, cette inscription n'est visible sur les photographies ; les unes et
l'autre apparaissent sur le dessin, G. Riccioni, I.e., fig. 1.
(3) E. Simon, Ôpfernde Goiter (1953).
(4) ARV*, p. 1277, n° 22 (bibl. compl. dans G. Riccioni, I.e., p. 178-179, n. 1 et 6).
(5) G. Riccioni, ibid., p. 174 ; cf. aussi Mostra deWEtruria Padana e délia cilla di Spina, I, 1960, p. 361,
n» 1166 (v. 450-440). HUBERT GALLET DE SANTERRE [BCH 100 292
effet que Délos recevait un culte, à vrai dire assez mal attesté, sur l'île même6. Cette
représentation, à cause de sa rareté, révèle donc chez le peintre une connaissance
exacte de la mythologie et du rituel déliens et c'est aussi en raison de son caractère
exceptionnel qu'il a pris soin de désigner nommément Délos par une inscription :
pareille précaution n'était pas nécessaire pour les autres personnages, plus banals et
aisément identifiables. Le palmier de Léto, associé aux plus vénérables légendes
déliennes, et l'olivier, son substitut d'origine athénienne7, nous orientent dans la
même direction. Que l'autel embrasé sur lequel les Létoïdes vont répandre leur
libation soit le Δηλιακός (Δήλιος) βωμός, comme le suggère G. Riccioni8, ou non, cela
importe peu ici, car le cadre topographique est suffisamment bien indiqué.
La présence de symboles habituellement mis en liaison avec Apollon delphique,
l'omphalos et le trépied, est dans ces conditions de nature à surprendre quelque peu :
il ne peut s'agir que d'une erreur grossière ou d'une intention délibérée. Sans doute
des confusions de ce genre se sont introduites, à époque tardive, entre les deux cultes,
délien et delphique, d'Apollon, chez les poètes surtout qui ne se souciaient nullement
d'exactitude scientifique9; mais une telle explication ne paraît pas devoir être retenue
dans le cas d'une œuvre dont l'auteur, je viens de le noter, est si manifestement au
fait des réalités cultuelles et qui pouvait difficilement ignorer qu'omphalos et trépied
convenaient mal, au premier abord, à une scène célébrant la déesse Délos. Il faut
donc essayer d'approfondir un peu le problème.
Les raisons avancées par G. Riccioni, pour expliquer la représentation de
l'omphalos et du trépied sur la composition qu'elle a, par ailleurs, si finement com
mentée, ne semblent pas devoir emporter l'adhésion : le trépied n'aurait qu'une valeur
ornementale, celle d'un symbole général du culte apollinien, comme, en somme,
dans les textes poétiques auxquels j'ai fait allusion ci-dessus, et l'omphalos ne ferait
pas davantage difficulté : signe du pouvoir de vieilles divinités féminines, telles que
Ga et Thémis, desquelles Apollon l'a reçu ou auxquelles il l'a enlevé de force — mais
à Delphes10 — , il conviendrait aussi à la déesse Délos et indiquerait seulement que
(6) Comme cela résulte de l'interprétation correcte du texte de Callimaque, Hymne à Délos, v. 316 sqq. ;
cf. H. Gallet de Santerre, DPA, p. 178-180, 189-190. Sur le culte de Délos personnifiée, en dernier lieu,
Ph. Bruneau, Recherches sur les cultes de Délos, p. 23-24, 448-449, qui réunit les rares indices que nous possédons
à ce sujet. Le vase de Spina est connu de Ph. Bruneau, qui le cite, ibid., p. 18, mais ne l'utilise pas ensuite :
le document est pourtant intéressant, ne serait-ce que par sa date relativement haute.
(7) Sur les arbres sacrés à Délos, cf. DPA, p. 193-194. Notons que le peintre, apparemment bien renseigné
sur les cultes de Délos, n'a pas représenté le laurier, parfois cité à tort par les poètes latins, Virgile et Ovide,
à propos d'Apollon délien, sans doute à cause de la relation d'ordre général qui unissait cet arbre à la religion
apollinienne : il ne commet pas pareille méprise.
(8) L. c, p. 180, n. 19. Sa présence auprès de Délos personnifiée ne serait pas aberrante, puisque cet
autel, sans doute le même que le Kératinos Bomos, lui était au moins partiellement consacré ; cf. les réf. à DPA,
ci-dessus, n. 6, et Ph. Bruneau, I.e., p. 23-24. Pour une autre suggestion, ci-dessous, p. 297.
(9) Virgile, Enéide, III, v. 92, à propos de la consultation faite par Énée de l'oracle d'Apollon delien,
mentionne le trépied (cortina) ; de même, Lucain, Pharsale, VI, v. 425, parle de tripodasDeli, etc. Ces souvenirs
delphiques sont évidemment introduits par erreur dans le rituel d'Apollon délien et il n'y a rien à tirer de cela,
cf. DPA, p. 249 ; Ph. Bruneau, I.e., p. 146-148.
(10) G. Riccioni, I.e., p. 177. Sur les légendes primitives de Delphes et le remplacement, pacifique ou
non, des vieilles divinités chthoniennes par Apollon, v. notamment J. Defradas, Les thèmes de la propagande
delphique, en partie, ch. III et IV. ATHÈNES, DELPHES ET DELOS 293 1976]
Fig. 1-4. — Pyxis à figures rouges de Spina : Léto, Apollon, Artémis, Délos sur l'omphalos, Hermès, le trépied
(d'après Arte antica e moderna, 1966, nos 34-35-36, pi. 70 a, b et 71 a, b). HUBERT GALLET DE SANTERRE [BCH 100 294
« l'île est le centre cultuel des Cyclades »u. Mais, que l'île de Délos ait été considérée
dans l'antiquité comme le centre des Cyclades, voire même du monde (ce dernier
privilège étant plus fréquemment revendiqué par Delphes), cela n'implique en rien
qu'elle ait passé pour un ομφαλός θαλάσσης12.
Je croirais plutôt que la représentation de motifs évidemment delphiques13 au
sein d'une scène spécifiquement délienne, bien loin de résulter d'une méconnais

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