Autour d'Isis : acquis et nouvelles perspectives ; n°2 ; vol.22, pg 153-164

Antonio Gonzales

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Dialogues d'histoire ancienne - Année 1996 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 153-164
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• Publié par: DIALOGUES_D-HISTOIRE_ANCIENNE
• Publié le: 01 janvier 1996
• Nombre de lectures: 24
• Langue: Français

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Monsieur Antonio Gonzales
Autour d'Isis : acquis et nouvelles perspectives
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp. 153-164.
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Gonzales Antonio. Autour d'Isis : acquis et nouvelles perspectives. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 22 N°2, 1996. pp.
153-164.
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AUTOUR D'ISIS :
ACQUIS ET NOUVELLES PERSPECTIVES
Antonio GONZALÈS
ISTA, CNRS - Université de Franche-Comté
Les "Ediciones clásicas", émanation de la volonté d'universi
taires espagnols de faire connaître par une association - ARYS
(Antiquité, religions et sociétés) -, aujourd'hui ouverte à des
chercheurs étrangers, les travaux sur les liens entre religions et
organisations sociales, viennent de nous livrer un volume (n° 4 de la
série ARYS) ayant pour thème les nouvelles perspectives relatives
au culte d'Isis1.
Edités par Rebeca Rubio, les Actes de ce Colloque, tenu en 1988,
n'ont pu voir le jour qu'en 1996. Hommages au professeur Angel
Alvarez de Miranda, les communications recueillies dans cet ouvrage
portent sur la mise en perspective comparatiste et géographique du
culte d'Isis.
1. Isis : entre syncrétisme et contestations.
La question du syncrétisme religieux du culte d'Isis avec
d'autre divinités est abordée par Maria Cruz Marin - Les relations
entre Isis et Astarté : quelques remarques - qui traite du processus de
1. Isis. Nuevas perspectivas. Hommages au Professeur Alvarez de Miranda, Rebeca
Rubio (éd.), Madrid, Ediciones clásicas, 1996, 153 p. 154 Antonio Gonzalès
syncrétisme entre diverses divinités féminines et de l'influence
exercée par la religion égyptienne sur le monde phénicien, tout
particulièrement dans le domaine de la superstition comme le prouve
l'abondance des amulettes et des scarabées d'inspiration égyptienne
dans la sphère géographique et culturelle syro-palestinienne .
Si des divinités égyptiennes sous la forme des triades Osiris-
Isis-Horus et Bastet-Ptah-Apis reçoivent des cultes en tant que
divinités égyptiennes non syncrétiques, le culte d'Isis offre de toute
évidence une singularité étonnante dans ce panthéon. S'appuyant sur
une étude approfondie de ces réseaux d'influences, l'auteur met en
évidence les paramètres conduisant au syncrétisme entre Isis-Hathor
et Astarté, mais également au avec Tinnit. Ce
syncrétisme fait suite à une première phase qui aurait mis en
relation Hathor avec la déesse de Byblos, Baalat Gebal - Maîtresse
de Byblos. L'étude de ces liens est renforcée par la mise en évidence
des connexions iconographiques entre les représentations d'Isis et des
divinités évoquées, telle la fameuse statuette datée du IVème siècle
avant J.-C. représentant l'intronisation d'Isis et d'Horus mais dont la
base est dédiée à Astarté, connexions qui seraient la preuve de son
assimilation. L'iconographie joue de ce point de vue un rôle essentiel
dans la constitution de modèles syncrétiques, tels ceux de la déesse
Isis allaitant Horus enfant ou le protégeant sur le lotus. La mise en
place des modèles permet à ce syncrétisme de perdurer dans la
culture carthaginoise et de se diffuser dans son empire comme semble
l'attester la présence de types iconographiques mettant en relation
le modèle d'Isis avec ceux d'Astarté et de Tinnit dont on peut
observer quelques productions aux Iles Baléares.
La question du syncrétisme et de l'assimilation des traits les
plus marquants d'Isis est également évoquée, diachroniquement et
paradigmatiquement, par Arminda Lozano, qui nous donne dans sa
communication sur Les antécédents païens du culte mariai, une
description des paradigmes cachés dans le processus d'assimilation
par le culte mariai du culte isiaque. L'auteur montre que l'Eglise
chrétienne est à l'origine de ce détournement de sens et que son action
en faveur d'une récupération des traits signifiants du culte d'Isis sont
encore visibles dans les canons du culte de la Vierge Marie. Le carac
tère universel de la Vierge rappelle celui d'Isis. Horus rappelle Jésus
et occupe une place similaire vis-à-vis du dieu tutélaire qu'il
s'agisse de Dieu ou de Râ : la naissance supposée de Jésus un 25
décembre ne peut que contribuer au syncrétisme des traditions et à la
récupération-détournement opérée par l'Eglise chrétienne. Les
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caractéristiques du culte mariai trouvent alors dans Isis un certain
modèle que les multiples épiclèses de la Vierge ne peuvent que
confirmer. La Mater Dolorosa n'est-elle pas qualifiée ainsi pour la
première fois par Origène d'Alexandrie et ne rappelle-t-elle pas les
souffrances d'Isis devant le corps démembré d'Osiris ? Horus n'est-il
pas le fils comme Jésus est le fils de Marie plus que de Joseph
dans la tradition catholique ?
Pourtant, le christianisme développera, à ses débuts, un
discours anti-isiaque. C'est parmi les anciens païens que l'Eglise
chrétienne trouve les pourfendeurs les plus virulents du culte isiaque.
Ce fut, notamment, le cas de la pensée d'un converti de fraîche date,
Firmicus Maternus. Ce dernier, dans son De errore profanarum rel
igionům, écrit en 346 et dédié aux Augustes Constance et Constantin II,
conseille l'interdiction des cultes païens et la destruction des
idolâtres (XVI, 4). Sa critique qui ne veut pas céder "à la facilité" et
à la "routine" s'attache à condamner les rites mystériques. Il
n'hésite pas pour cela à s'appuyer sur des auteurs païens qui, tel
Sénèque, avaient ironisé sur la fiction des cultes à mystères. Son
œuvre est d'autant plus intéressante qu'elle se positionne en faveur
d'une réponse brutale vis-à-vis de la persistance de la liturgie
isiaque, au travers notamment, des fêtes du Nauigium Isidis et de
Ylnuentio Osiridis. Il ne faut pas oublier que ces fêtes sont encore
citées par le calendrier de Philocalos et que Rutilius Namatianus les
voit encore célébrées en 417. Une des critiques les plus virulentes est
adressée aux croyances polythéistes qui divinisent les quatre
éléments primordiaux sous les cultes rendus à Isis, Mithra, Cibèles et
luno Caelestis. Firmicus est tout particulièrement attentif à dénoncer
les cérémonies annuelles du Nauigium Isidis qui se concluaient par
l'adresse de uota, prononcés, par un scribe en faveur de l'empereur, du
sénat, de l'ordre équestre et du peuple romain. Contrairement aux
éditeurs de Firmicus Maternus (Heuten, Ziegler et Turcan), Santiago
Montero voit dans la version toute personnelle et unique de Firmicus
du mythe d'Isis, d'Osiris et de Typhon, le signe d'une condamnation
des moeurs égyptiennes - inceste et adultère - de son époque. Notre
auteur s'appuie pour défendre sa thèse sur un décret particulier de
Dioclétien afin de préserver les moeurs traditionnelles des Romains
et interdire les relations incestueuses entre frères et soeurs, ainsi que
les couples formés de ces unions qui existaient encore en Egypte. Face
aux mythes de résurrection et de ressourcement païens, seul le
christianisme peut rétablir une physica ratio qui échapperait au
renouveau pythagoricien du IVème siècle sous l'influence de
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Porphyre. Le culte d'Isis est un funus alienum que seul le
christianisme, uera uia salutis, est à même de combattre pour
rétablir l'immanence de la vérité.
L'attitude de Firmicus Maternus représente, d'une certaine
façon une radicalisation du christianisme, mais une radicalisation
qui ne peut être que momentanée. Nous avons vu que le culte mariai
trouve dans la figure d'Isis un modèle universaliste. Nous pourrions
dire également que nombre de nos saintes - et je pense tout
particulièrement à Bernadette Soubirous qui à Lourdes après la
vision de la Vierge permit à la cité d'acquérir son statut de station
thermale curative - pourraient trouver dans les vertus curatives de
la divinité