Autour de la musique des Néo-Calédoniens. - article ; n°2 ; vol.2, pg 93-107
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1946 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 93-107
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Albert Villard
Patrick O'Reilly
Autour de la musique des Néo-Calédoniens.
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 2, 1946. pp. 93-107.
Citer ce document / Cite this document :
Villard Jean-Albert, O'Reilly Patrick. Autour de la musique des Néo-Calédoniens. In: Journal de la Société des océanistes.
Tome 2, 1946. pp. 93-107.
doi : 10.3406/jso.1946.1522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1946_num_2_2_1522AUTOUR DE LA MUSIQUE
DES NÉO-CALÉDONIENS
UNE AUDITION DE MUSIQUE VOCALE
NÉO-CALÉDONIENNE
M. Jean- Albert Vittard, élève d'orgue et de composition musicale, écrivit la note suivante à la
suite de l'audition, en novembre îgâb ,de chants donnés à Paris par une quinzaine de soldats
néo-calédoniens du Bataillon du Pacifique. Cette petite étude, bien que l'œuvre d'un jeune artiste
sans connaissances particulières de musique primitive, et bien qu'écrite après une seule audition
de chorals calédoniens particulièrement «modernes» , nous a paru une contribution utile dans un
sujet où la documentation n'abonde pas. Nos lecteurs apprécieront la clarté, la sobriété et la net
teté remarquable de l'analyse musicologique.
Avant de quitter la France pour leur pays natal, quinze Néo-Calédo-
niens, soldats du Bataillon du Pacifique, vont faire entendre des chants
de chez eux. v.
En la salle de la Société de Géographie, à Paris, amis et curieux,
anciens colons, parents de colons, amateurs de musique exotique, com
posent un auditoire déjà bienveillant.
Les notes qui suivent ont été prises au cours de cette soirée.
Les chants qui y ont été exécutés ne représentant pas toute la musique
vocale néo-calédonienne. Quelque dix ou onze chorals ne sauraient suff
ire même à la résumer. D'autre part, et il faut insister sur ce point capital,
cette étude se propose de dire en termes européens du xx€ siècle ce que,
même pour leur plus grand plaisir, ont entendu des oreilles européennes
du xxe siècle. Chercher ici un aperçu d'esthétique musicale et vocale néo
calédonienne ou tout autre chose ayant trait à la seule poésie exotique
serait aller à rencontre du but qu'on s'est proposé, à savoir une étude h SOCIÉTÉ DES OCÉANISTBS. 9
peut-être partielle mais aussi objective que possible de l'harmonisation,
du contrepoint, de la mélodie, du rythme, de l'art du chant et de la décla
mation de la musique vocale néo-calédonienne.
On regrette que l'audition des chants néo-calédoniens se soit passée
sans qu'un programme déterminé en ait été dressé et distribué. Les
présentes notes n'ont donc guère alors pour sujet et pour objet que la
seule musique dès chants entendus, à l'exclusion de tout commentaire
linguistique.
Harmonisation.
Dès les premières mesures ce fut une surprise. On attendait, écoutant
des primitifs, une musique monodique. On entendit d'authentiques chorals
à trois et à quatre parties. Point de mélopées, point de ces motifs pure
ment mélodiques où le texte poétique est simplement enjolivé de musique.
Mais bien nettement des chants harmonisés à la manière européenne. Ces
indigènes, depuis, plus d'un siècle, sont en contact avec des missionnaires
catholiques ou protestants, et n'ont pu moins faire que d'être influencés
par les chants qu'ils entendirent dans leurs différentes églises.
L'harmonisation de ces chants est évidemment simple. Accords parfaits,
accords de septième de dominante, leurs renversements; emploi de l'accord
de sixte en déplacements parallèles.
Notons d'abord la résolution parfaitement régulière des accords de sep
tième. Si la sensible ne figure pas toujours dans l'accord de septième de
dominante, ou que la quinte en soit absente, la résolution ne s'en effectue
pas moins normalement. Sa préparation n'est peut-être pas aussi rigou
reuse que Lulli le voulait. Les cadences dont la Renaissance et tout le
Classicisme étaient friands se retrouvent intactes : parfaites ou plagales.
De nos jours encore, nombre de passages ont conservé une saveur quelque
peu Palestrinienne, successions d'accords qui sonnent « la fausse relation
de triton ». L'usage de pédales, aussi bien supérieures qu'inférieures, est
un procédé parfaitement européen. La rencontre des accords caractéris
tiques du ton avec les notes réelles de la mélodie, sont de chez nous.
L'affirmation permanente du ton et du mode le sont également. Maintien
du mode majeur, maintien de la tonalité initiale, ce qui prouve, en musi
que, chez les néo-calédoniens un goût de la stabilité' et du positif qui
n'est pas pour déplaire. La chute est heureuse, pour l'oreille européenne,
des accords parfaits de tonique, de sous dominante et de dominante sur
les temps dits forts de la mesure, cette convention tyrannique, mais com
mode, inventée en Europe. Si, à l'origine, la musique vocale néo-calédo
nienne ignorait le chant harmonisé à l'européenne, il faut reconnaître MUSIQUE NÉO-CALÉDONIENNE. 95
qu'elle se Test, sinon approprié, puisqu'elle en connaissait déjà une forme
embryonnaire, du moins définitivement et sérieusement assimilé. Aujourd
'hui, en effet, il n'est pas rare de rencontrer des pièces chorales mises
spontanément, intuitivement, en partie à la façon occidentale, sur des
paroles françaises, à l'occasion; et d'ailleurs d'une naïveté charmante.
Toute assimilée que soit aux néo-calédoniens l'harmonisation enseignée
par les européens, elle est demeurée dans sa forme moderne, matière
d'importation, j'allais dire artificielle ou contre-nature.
Contrepoint.
Chaque partie vocale constituant pour elle-même et en elle-même une
mélodie, non seulement de façon à ne pas choquer l'oreille par des ren
contres sonnant mal, mais surtout formant un chant réel, harmonieux,
donne naissance à un contrepoint. C'est un fait remarquable que les pri
mitifs, voulant jouer ou chanter en parties, font instinctivement usage
du contrepoint plutôt que de l'harmonisation pure, et simple ; contraire
ment à la réaction naturelle d'un européen. Il n'est que d'écouter une
improvisation, l'une de ces fameuses jam session des noirs d'Amérique,
ou bien les contre-chants mélodiques des arabes ou des hindous.
On trouve donc cette tendance instinctive au contrepoint chez les néo
calédoniens, dans les pièces chorales qu'ils ont inventées eux-mêmes. Sans
doute, l'harmonisation est inspirée, toujours, de celle que les européens
leur ont apprise; mais alors les partiesxvocales intermédiaires deviennent
bien plus un contrepoint qu'une partie d'harmonisation. H s'ensuit que
la pièce en question est plus vivante et surtout bien plus originale
venant de néo-calédoniens, que l'imitation servile du vieux choral protes
tant. Ce sens du contrepoint, il est vrai, n'a pu trouver son épanouisse
ment et son plein exercice qu'au contact de la musique européenne du fait
de la mise systématique d'une œuvre en parties. De là, aussi, la souplesse
des parties de basse, en opposition avec celles des chorals chrétiens que
les missionnaires avaient enseignés.
Là est l'une des notes réellement personnelles de la. musique vocale
néo-calédonienne.
Mélodie.
Aussi bien quand il s'agit de pièces d'origine européenne que lorsqu'il
s'agit de pièces proprement néo-calédoniennes, la mélodie est simple. Ce
n'est point le lieu de traiter de la mélodie des chorals de chez nous. Il
faut plutôt parler des mélodies authentiques exotiques.
BtVIE OS8 OCEAMhlES. TOME II. . 4 96 SOCIÉTÉ DES OCÉA.N1STE8.
Deux influences se disputent le pas. Tantôt un souvenir lointain de mo-
nodie, tantôt l'attrait de la mélodie européenne. Dans- le premier cas, la
ligne du chant est d'une grande simplicité, mais bien plus vivante; le
débit des syllabes est alors le moyen suprême d'expression. Dans le second-
cas, elle est également simple, mais policée, contenue, d'une allure plus
régulière, plus soignée également.
La mélodie dépasse rarement l'intervalle de quinte. Son contour e

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