Banquiers de la Belle Époque, les dirigeants de la Société Générale vers 1900 - article ; n°3 ; vol.23, pg 411-432
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Histoire, économie et société - Année 2004 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 411-432
L'analyse de sources multiples et dispersées fait apparaître les grandes tendances du renouvellement des élites bancaires, au cours des vingt ans précédant 1914. Des hommes issus du rang, sans capital ni relations, mais compétents et meneurs d'hommes, prennent alors les commandes des grandes banques. Le talent remplace la naissance. Comme les autres grandes banques par actions, la Société Générale est en plein essor à la fin du XIXe siècle. Ses dirigeants ont parfois réalisé de belles ascensions sociales, tel Louis Dorizon; leur réussite s'explique moins par leurs origines que par leur formation et par leurs qualités humaines. Étaient-ils cependant réellement bien intégrés au monde de la Finance, réputé si clos?
The analysis of multiple and various sources let appear the trend of renewal in the bank elite, during the last twenty years before 1914. Some people, beginning as employees, without financial resources or relations, but competent and leaders, take control of the banks. Talent take the place of birth. Like the other big credit establishments, Société Générale knows a rapid expansion at the end of the 19th century. Its managers, as Louis Dorizon did, sometimes realised good social climb; their success could be explained less by their origins than by their vocational training and their human abilities. However, did they really become well integrated into the Finance world, told so closed?
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Chantal Ronzon-Bélot
Banquiers de la Belle Époque, les dirigeants de la Société
Générale vers 1900
In: Histoire, économie et société. 2004, 23e année, n°3. pp. 411-432.
Résumé
L'analyse de sources multiples et dispersées fait apparaître les grandes tendances du renouvellement des élites bancaires, au
cours des vingt ans précédant 1914. Des hommes issus du rang, sans capital ni relations, mais compétents et meneurs
d'hommes, prennent alors les commandes des grandes banques. Le talent remplace la naissance. Comme les autres grandes
banques par actions, la Société Générale est en plein essor à la fin du XIXe siècle. Ses dirigeants ont parfois réalisé de belles
ascensions sociales, tel Louis Dorizon; leur réussite s'explique moins par leurs origines que par leur formation et par leurs
qualités humaines. Étaient-ils cependant réellement bien intégrés au monde de la Finance, réputé si clos?
Abstract
The analysis of multiple and various sources let appear the trend of renewal in the bank elite, during the last twenty years before
1914. Some people, beginning as employees, without financial resources or relations, but competent and leaders, take control of
the banks. Talent take the place of birth. Like the other big credit establishments, Société Générale knows a rapid expansion at
the end of the 19th century. Its managers, as Louis Dorizon did, sometimes realised good social climb; their success could be
explained less by their origins than by their vocational training and their human abilities. However, did they really become well
integrated into the Finance world, told so closed?
Citer ce document / Cite this document :
Ronzon-Bélot Chantal. Banquiers de la Belle Époque, les dirigeants de la Société Générale vers 1900. In: Histoire, économie et
société. 2004, 23e année, n°3. pp. 411-432.
doi : 10.3406/hes.2004.2432
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_3_2432Banquiers de la Belle Époque,
les dirigeants de la Société Générale vers 1900
par Chantai RONZON-BÉLOT
Résumé
L'analyse de sources multiples et dispersées fait apparaître les grandes tendances du renouvel
lement des élites bancaires, au cours des vingt ans précédant 1914. Des hommes issus du rang, sans
capital ni relations, mais compétents et meneurs d'hommes, prennent alors les commandes des gran
des banques. Le talent remplace la naissance. Comme les autres grandes banques par actions, la So
ciété Générale est en plein essor à la fin du XIXe siècle. Ses dirigeants ont parfois réalisé de belles
ascensions sociales, tel Louis Dorizon; leur réussite s'explique moins par leurs origines que par leur
formation et par leurs qualités humaines. Étaient-ils cependant réellement bien intégrés au monde
de la Finance, réputé si clos?
Abstract
The analysis of multiple and various sources let appear the trend of renewal in the bank elite,
during the last twenty years before 1914. Some people, beginning as employees, without financial
resources or relations, but competent and leaders, take control of the banks. Talent take the place
of birth. Like the other big credit establishments, Société Générale knows a rapid expansion at the
end of the 19th century. Its managers, as Louis Dorizon did, sometimes realised good social climb;
their success could be explained less by their origins than by their vocational training and their hu
man abilities. However, did they really become well integrated into the Finance world, told so
closed?
Vers 1900, les grands établissements de crédit sont en plein essor. E. Kaufmann '
cite les trois principaux, dans son ouvrage sur la banque en France paru en 1914, soit
par ordre d'importance: le Crédit Lyonnais (CL), la Société Générale pour favoriser le
développement du commerce et de l'industrie en France (SG) - à ne pas confondre
avec la société générale de Crédit Industriel et Commercial (CIC) - et le Comptoir
National d'Escompte de Paris (CNEP, l'un des ancêtres de l'actuelle BNP-Paribas).
Quelques fusions sont opérées avec des banques locales ou régionales, mais la résis-
1. E. Kaufmann, La banque en France, Paris, Giard et Brière, 1914.
n° 3, 2004 412 Chantai Ronzon-Bélot
tance que celles-ci opposent aux grandes institutions de crédit freine encore ce mouve
ment de concentration, au tournant du XXe siècle. Les grandes banques anonymes par
actions se distinguent aussi des «maisons» familiales de la haute banque traditionnelle
(Rothschild, Mallet, Hottinguer...) par leur forme juridique, par le volume de leurs
capitaux, par l'éventail de leurs opérations, quoique des syndicats communs se forment
entre eux, dans le but de garantir les placements de titres. De monumentaux et luxueux
hôtels bancaires, véritables «palais d'argent» 2 sont alors érigés, tel celui de l'agence
centrale et du siège social de la Société Générale, sur le boulevard Haussmann, entrepris
en 1905 et terminé en 1912. C'est là une manifestation de leur réussite éclatante.
Entre 1894 et 1914, en ces temps de «seconde industrialisation» 3 où naît le cinéma,
où se transforme l'industrie chimique, où s'intensifient l'éclairage électrique des villes,
la distribution de l'eau, la circulation des tramways, les banques participent à la reprise
économique car le besoin de capitaux est fort. L'Exposition internationale de 1900
apparaît comme la nouvelle impulsion au développement économique 4. Sa préparation
représenta une aubaine pour les grandes banques par actions. Elles installent des
pavillons aux pieds de la Tour Eiffel. Les métiers de la banque évoluent; la complexité
des opérations induit en effet une plus grande spécialisation. Pour faire face à l'accroi
ssement de la demande, il a fallu promouvoir des agents capables et motivés.
Le contexte forme une toile de fond d'autant plus favorable que l'élection de Casimir
Périer à la présidence de la République en 1894 est significative de l'accès d'une élite
financière au sommet de l'État. Les ministres des Finances Maurice Rouvier, banquier
lui-même, et Joseph Caillaux, inspecteur des Finances, ne sont pas non plus étrangers
à une telle faveur. Les relations avec le pouvoir politique 5 sont fortes. La distinction
entre banques de dépôts et banques d'affaires n'est pas encore totalement définie en
1914; cette confusion prête le flan à la critique. Les reproches, orchestrés par des
campagnes de publications, s'amplifient au moment des scandales et des difficultés
internationales. C'est le cas pour la Société Générale en 1905, lors de la crise des
sucres6; c'est alors que Louis Dorizon se démet de ses fonctions d'administrateur dans
d'autres sociétés que sa banque. Avec la montée du nationalisme, en 1911 et surtout
en 1914, cette banque est accusée de «cosmopolitisme», c'est-à-dire de ne pas partici
per suffisamment à la promotion des entreprises françaises. La nécessité de répondre à
de telles attaques contribue à une prise de conscience d'un nouveau milieu bancaire à
haut risque; des manifestations de soutien et de solidarité expriment, par-delà leurs
divergences, l'unité grandissante des grandes institutions de crédit.
Ces grands «bazars financiers»7 modernes sont relativement récents; chacun a sa
spécificité, qui réside essentiellement dans son histoire. Instituée par décret impérial
2. Titre de l'exposition tenue en 1992 au musée d'Orsay. Voir le catalogue de Jean-François Pinchon,
Les Palais d'Argent, l'architecture bancaire en France de 1850 à 1930, Paris, Réunion des musées natio
naux, 1992.
n° 4, 3.Les Maurice Éditions Lévy-Leboyer, ouvrières,1979. «Le patronat de la seconde industrialisation», Cahier du Mouvement social,
4. Voir notre thèse, préparée sous la direction d'Alain Plessis, soutenue en 2000 à l'université de Paris
X-Nanterre: Banquiers de la Belle Époque, les dirigeants des trois grands établissements de crédit en
France au tournant du XXe siècle.
5. Raymond Poidevin, Finances et relations internationales, 1887-1914, Paris, Armand Colin, coll.
«Collection U», 1970.
6. Samir Saul, La France et l'Egypte de 1882 à 1914, intérêts économiques et implications politiques,
thèse d'État, 1991 (Paris, Comité pour l&#

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