Bilan d un colloque. Léger Félicité Sonthonax   ; n°1 ; vol.293, pg 537-544
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1993 - Volume 293 - Numéro 1 - Pages 537-544
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Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 11
Langue Français

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Bilan d'un colloque. Léger Félicité Sonthonax
In: Annales historiques de la Révolution française. N°293-294, 1993. pp. 537-544.
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Bilan d'un colloque. Léger Félicité Sonthonax . In: Annales historiques de la Révolution française. N°293-294, 1993. pp. 537-
544.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1993_num_293_1_3394COMPTES RENDUS
LÉGER FÉLICITÉ SONTHONAX
BILAN D'UN COLLOQUE
Les 7 et 8 septembre 1990, l'association Mémoire de Léger Félicité Sonthonax
a organisé un important colloque centré sur ce personnage oublié de la Révolution
française (1). Ce colloque était chronologiquement structuré autour de trois dates essent
ielles :
— Le 29 août 1793 : la proclamation par Sonthonax de l'abolition de l'esclavage
dans le nord de Saint-Domingue.
— Le 4 février 1794 : le vote par la Convention de de l'esclavage,
vote qui ratifie la décision de Sonthonax.
— Le 13 décembre 1989 : le transfert au Panthéon des restes de trois révolution
naires : l'abbé Grégoire, Condorcet et Monge. Trois révolutionnaires qui eurent à
connaître Sonthonax. L'abbé Grégoire et Condorcet étaient membres de la Société des
Amis des Noirs. Monge était ministre des Colonies en 1792.
Un transfert qui clôturait l'année du bicentenaire — une année qui avait « oublié »
Léger Félicité Sonthonax malgré la publication en 1984 de l'ouvrage de l'universitaire
américain Robert Louis Stein : Léger Félicité Sonthonax — The Lost Sentinel of the
Républic (2).
Aîné de cinq enfants, Sonthonax est né à Oyonnax le 7 mars 1763. Sa famille
est établie dans cette modeste bourgade — 1 012 habitants en 1780 — depuis le début
du xvme siècle. En trois générations, la famille Sonthonax est passée de la médiocrité
à l'aisance. Jules Sonthonax, son père, est l'homme le plus riche de la bourgade. Il
assure le négoce de la majorité des peignes et objets de buis fabriqués par les ouvriers
laboureurs de la région.
D'abord collégien à Nantua, le futur révolutionnaire étudie le droit à l'université
de Dijon. Le 17 juillet 1784, il obtient sa licence. Il gagne alors Paris où son père
lui achète une charge d'avocat au Parlement. La fréquentation de la plus haute cour
d'appel du pays le met en contact avec les milieux intellectuels.
Quand la Révolution éclate au printemps 1789, Sonthonax s'engage dans le jour
nalisme. Il écrit ses premiers articles dans Les Révolutions de Paris, un journal radical,
antiroyaliste et projacobin. Au début de l'année 1790, il adhère au club des jacobins.
Le 18 septembre 1790, il traite pour la première fois dans les colonnes de ce journal
(1) Le colloque a eu lieu dans les locaux du Musée des Arts africains et océaniens, à Paris, Porte Dorée.
(2) Robert Louis Stein, Léger Félicité Sonthonax. The lost Sentinel of the Republic, Fairleigh
Dickinson University Press. London and Toronto, Associated University Press, 1984, 234 pages.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1993 — Nos 3 et 4 538 COMPTES RENDUS
de la nécessité d'abolir l'esclavage. Le débat colonial agite en effet l'Assemblée consti
tuante. Deux groupes de pression jouent un rôle essentiel — la Société des Amis des
Noirs, favorable à une abolition graduelle — société où se retrouvent l'abbé Grégoire,
Condorcet, Brissot et Sonthonax et le club Massiac opposé à toute extension du droit
de citoyenneté dans les colonies, où se retrouvent Barnave et les principaux colons.
Le 15 mai 1791 le droit de vote est accordé de manière très restrictive aux hommes
de couleur et aux Noirs libres des colonies. Sonthonax est chargé de définir la position
du club des jacobins sur ce décret que refusent d'appliquer les colons dans les colonies.
La principale d'entre elles — Saint-Domingue — l'actuelle Haïti, connaît alors une très
profonde crise politique, économique et sociale.
Trois forces sont en présence : les 30000 colons blancs, les 35 000 mulâtres et
Noirs libres et les 450000 esclaves. Depuis le 23 août 1791 une part significative de
ces derniers est en insurrection.
Afin de faire appliquer la loi, l'envoi de commissaires civils est décidé. Le 29 avril
1792, grâce à l'intervention de Brissot, dont il est le protégé, Sonthonax est désigné
comme l'un des trois commissaires pour Saint-Domingue. A son arrivée dans l'île,
Sonthonax découvrira la complexité de la société coloniale.
Les grands colons blancs majoritairement royalistes militent pour l'autonomie
de l'île. Les petits blancs « patriotes » sont totalement opposés à l'extension du droit
de citoyenneté. Les mulâtres sont favorables à l'extension de leurs droits mais opposés
à l'abolition de l'esclavage. Les esclaves sont dans certaines régions en insurrection.
Face à cette situation, Sonthonax louvoie. Il déporte de nombreux colons, renforce
dans un premier temps le code noir, puis élargit les droits des mulâtres.
La déclaration de guerre à la Grande-Bretagne va totalement isoler Saint-Domingue.
Pendant près d'un an, les deux commissaires — Polverel et Sonthonax — doivent faire
face à un nouvel adversaire : les troupes britanniques. Les événements s'accélèrent.
Le 29 août 1793, Sonthonax proclame l'abolition de l'esclavage dans la région du Cap
Français. Puis le 31 octobre 1793 dans toute la colonie; Sonthonax adresse alors une
lettre à la Convention afin de faire légaliser sa décision — parallèlement il fait désigner
six députés — deux Noirs, deux Blancs et deux mulâtres — qui s'embarquent pour
la France le 4 octobre. Le 3 février 1794 ils sont admis à la Convention. Le lendemain,
l'un des députés, Louis Pierre Dufay s'adresse à la Convention. Il lit la proclamation
de Sonthonax. Sous les ovations, il propose à la Convention de faire sienne la décision
de Le 4 février 1794 la France abolit l'esclavage.
L'acte d'abolition ne rétablit pas la situation des deux commissaires. Le 11 juin
1794, les Anglais se rendent maîtres de Port-au-Prince, alors que les Espagnols occupent
solidement le nord de l'île en particulier grâce à l'action d'un Noir libre rallié à leurs
causes — Toussaint Louverture.
« Sentinelles de la République » dans cette colonie lointaine, Polverel et Sonthonax
sont en France même au centre d'une double contestation, celle du parti colonial — le
club Massiac — qui réunit de riches colons et qui accuse les deux commissaires de
conduire la colonie à sa perte et celle de la Montagne qui dénonce en Sonthonax un
proche de Brissot, en accusation par la Convention le 16 juillet 1793. Polverel et
sont arrêtés à Jacmel le 8 juin 1794 et reconduits en France. Le 12 thermidor de l'an II
(30 juillet 1794), ils débarquent à Rochefort, deux jours après la disparition de Robesp
ierre. Une disparition qui leur permet d'éviter la guillotine mais non le procès. Un
procès qui, sous le titre de « rapport sur les troubles de Saint-Domingue — l'affaire
des colonies », remplit neuf volumineux volumes. Un procès qui sera conduit par la
commission des colonies de la Convention présidée par Garran-Coulon.
Au terme de 126 séances de cette commission, le 25 octobre 1795, Sonthonax
et Polverel étaient lavés de toutes les accusations portées contre eux par le parti colonial.
Une décision que Polverel ne reçut qu'à titre posthume.
Durant ces longs mois (juin 1794-octobre 1795), la situation des armées de la
République s'était améliorée à Saint-Domingue, en particulier grâce au ralliement de COMPTES RENDUS 539
Toussaint Louverture au général Lavaux, gouverneur de Saint-Domingue en l'absence
des commissaires.
La stabilisation de la vie politique en France permet au Directoire de s'intéresser
de nouveau à la colonie de Saint-Domingue. Le 23 janvier 1796, la décision est prise
d'envoyer dans l'île une nouvelle commission de cinq agents — Sonthonax est le pivot
de ce groupe. Le 11 mai 1796, le « libérateur des esclaves » entre triomphalement à
Cap Français.
Pendant un peu plus d'un an, Sonthonax fit face avec le caractère volcanique
qui est le sien à une situa

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