Biographie universelle ancienne et moderne/SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de)
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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843Tome 37 page 294 à 295SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de)SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de), savant littérateur, naquit.en 1697 à Auxerre d’une famille qui a produit un grandnombre de magistrats et de militaires distingués. Son père était gentilhomme du duc d’Orléans. On lui donna le nom de Ste-Palayepour le distinguer de son frère jumeau qui prit celui de la Curne. D’un tempérament délicat, il commença tard ses études. Il avaitquinze ans quand il apprit les langues grecque et latine. L’Académie des inscriptions lui ouvrit ses portes en 1724 ; et peu s’en fallutqu’il ne se vît presque aussitôt forcé de renoncer à la carrière qu’il avait embrassée. L’année suivante, il fut chargé de lacorrespondance de la cour de France avec le roi Stanislas, alors à Weissembourg ; ce prince, ayant conçu pour lui beaucoupd’estime, voulut le faire attacher à la diplomatie ; mais le jeune savant ne balança point à sacrifier aux lettres l’espoir d’une brillantefortune. Il entreprit d’abord de continuer le travail que Secousse avait commencé sur les vies de Plutarque (voy. SECOUSSE) ; mais ilprit ensuite la résolution de se livrer à l’histoire de France. Il fît une lecture suivie des historiens de la troisième race, et communiquases observations à l’Académie par des mémoires pleins d’intérêt. Dans les uns, il apprécie les historiens de cette époque, Rigord,Guillaume le Breton, Glaber, Guillaume de ...

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 Tome 37 page 294 à 295
SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de)
SAINTE-PALAYE (Jean-Baptiste de la Curne de), savant littérateur, naquit.en 1697 à Auxerre d’une famille qui a produit un grand nombre de magistrats et de militaires distingués. Son père était gentilhomme du duc d’Orléans. On lui donna le nom de Ste-Palaye pour le distinguer de son frère jumeau qui prit celui de la Curne. D’un tempérament délicat, il commença tard ses études. Il avait quinze ans quand il apprit les langues grecque et latine. L’Académie des inscriptions lui ouvrit ses portes en 1724 ; et peu s’en fallut qu’il ne se vît presque aussitôt forcé de renoncer à la carrière qu’il avait embrassée. L’année suivante, il fut chargé de la correspondance de la cour de France avec le roi Stanislas, alors à Weissembourg ; ce prince, ayant conçu pour lui beaucoup d’estime, voulut le faire attacher à la diplomatie ; mais le jeune savant ne balança point à sacrifier aux lettres l’espoir d’une brillante fortune. Il entreprit d’abord de continuer le travail que Secousse avait commencé sur les vies de Plutarque (voy. SECOUSSE) ; mais il prit ensuite la résolution de se livrer à l’histoire de France. Il fît une lecture suivie des historiens de la troisième race, et communiqua ses observations à l’Académie par des mémoires pleins d’intérêt. Dans les uns, il apprécie les historiens de cette époque, Rigord, Guillaume le Breton, Glaber, Guillaume de Nangis et ses continuateurs, les auteurs de la Chronique de Morigny, Helgaud, etc. Dans les autres, il présente l’analyse de manuscrits importants, tels que : la Vie de Charlemagne, conservée dans l’abbaye de St-Ives de Braine ; l’Histoire et les gestes de Louis VII ; l’Histoire des trois Maries, par Jean de Venette ; les Chroniques de St-Denis, etc. En comparant les premières éditions de nos historiens avec les manuscrits, il découvrait l’infidélité des imprimeurs et la coupable hardiesse avec laquelle ils se sont écartés du texte original, qu’ils devaient se borner à reproduire. Un examen attentif de la Chronique de Froissart lui fournit l’occasion de montrer l’importance d’une édition plus fidèle de cet historien (voy. FROISSART) ; mais d’autres occupations le détournèrent de ce projet. La lecture qu’il faisait des productions de nos vieux romanciers pour y chercher des traces des mœurs de nos ancêtres et des variations de notre langue le conduisit à rechercher l’origine de la chevalerie ; et, dans une suite de mémoires où l’intérêt l’emporte sur l’érudition, il décrit cet établissement à la fois politique et militaire, l’une des institutions les plus remarquables du moyen âge, à laquelle se rattachent, avec les souvenirs précieux de l’antique honneur, les idées de force, de courage et de galanterie. Le désir d’accroître la collection d’ouvrages qu’il avait formée pour l’objet de ses travaux lui fit visiter les plus riches dépôts littéraires de la France ; et il entreprit dans le même but, en et 1749, deux voyages en Italie, d’où il eut le bonheur de rapporter un grand nombre de notices et de manuscrits. Les savants avec lesquels Ste-Palaye était en correspondance s’empressaient pressaient de lui faire parvenir le résultat de leurs recherches ; il n’en continuait pas moins les siennes avec le même zèle, la même activité. Il avait recueilli quatre mille notices de manuscrits français et des copies exactes des plus anciens monuments de notre langue. Il se proposait de publier une Histoire des troubadours ; mais il remit ses matériaux à l’abbé Millot, qui se chargea de la rédaction de cet ouvrage (voy. MILLOT). Deux autres projets, dont l’idée seule aurait suffi pour effrayer un savant moins laborieux que Ste-Palaye, devaient l’occuper entièrement l’un était un Dictionnaire des antiquités françaises, dans le genre de celui de Pitiscus (voy. ce nom) pour les antiquités romaines, et l’autre un Glossaire de l’ancienne langue française, dont il publia le prospectus en 1756, in-4° de 32 pages). Brequigny, son ami, lui fit observer que le plan qu’il avait adopté n’était point complet, et que son ouvrage ne serait point exempt d’un défaut commun à tous les lexiques, celui de donner les diverses acceptions d’un mot au hasard, sans en indiquer la filiation. Ste-Palaye sentit la justesse de cette remarque et n’hésita point à recommencer son travail, pour lequel, il s’adjoignit un collaborateur qu’il forma lui-même et qui n’eut pas non plus la satisfaction de voir terminer cette importante entreprise (voy. Georges-Jean MOUCHET). L’étude occupait seule tous les instants de Ste-Palaye ; la tendresse attentive de la Curne, son frère, le garantissait de tous les embarras ordinaires de la vie. Jamais amitié ne fut plus vive que celle qui les unissait : tout était commun entre eux ; pendant leur longue carrière, ils habitèrent la même demeure, la même chambre, sans excepter les temps de maladie, et la Curne renonça sans peine à un mariage honorable et avantageux pour ne point se séparer de son frère. Le travail auquel Ste-Palaye se livrait sur la langue le fit admettre, en 1758, à l’Académie française, où il remplaça Louis Boissy (voy. ce nom). Les académies de la Crusca, de Florence, de Dijon ; celle de Nancy, à l’établissement de laquelle il avait concouru, s’empressèrent de l’adopter. Entouré de l’estime publique, il ne souhaitait qu’une seule chose, c’était de finir sa carrière en même [1] temps que son frère, comme il l’avait commencée ; mais ce vœu ne fut point exaucé. La Curne mourut le premier (1). Dès cet er instant, Ste-Palaye ne fit plus que languir jusqu’au moment où la mort le rejoignit à son frère, le 1mars 1781. Plein de candeur et de désintéressement, il avait toutes les vertus des siècles dont il s’était fait le contemporain pour mieux les peindre. Son éloge fut prononcé à l’Académie française par Chamfort, qui lui succédait, et par Dupuy à l’Académie des inscriptions (t. 45). On a beaucoup profité de ce dernier morceau pour la rédaction de cet article. Les principaux mémoires de Ste-Palaye ont été indiqués ; ceux qu’il a donnés sur la chevalerie ont été publiés séparément sous ce titre : Mémoires sur l’ancienne chevalerie, considérée comme un établissement politique et militaire, Paris, 1759-1781, 3 vol. in-12 ; le troisième volume, dont Ameilhon fut l’éditeur, contient différentes pièces peu connues : le Vœu du héron, poëme composé en 1338 ; la Vie de Gaultier de Maulni, gentilhomme qui s’acquit beaucoup de gloire dans la guerre d’Edouard III, roi d’Angleterre, contre Philippe de Valois ; la traduction du poëme des trois chevaliers et de la chemise par Jacques Basai, et diverses pièces sur la chasse. Ces mémoires ont été traduits en polonais, 1772, in-8° ; en anglais par Marie Dobson, 1784, in-8° ; et en allemand, avec des notes, par J.-L. Kluber, Nuremberg, 1781-1791, vol. in-8°. On a en outre de Ste-Palaye : Lettre sur le projet d’une place pour la statue du roi (Louis XV) ; Lettre à Bachaumont sur le bon goût dans les arts et les lettres, 1751, in-12. Il est l’éditeur des Amours du bon vieux temps, Paris, in-8°. C’est l’ancien fabliau d’Aucassin et Nicolette, dans lequel Sedaine a puisé le sujet d’un de ses opéras. Les manuscrits de Ste-Palaye forment plus de cent volumes in-folio, dont quarante, pour le Dictionnaire d’antiquités, ont été acquis pour le roi par l’historiographe Moreau. (Voy. les Mémoires secrets, t. 18, p. 21.) Quatre volumes in-folio des manuscrits des poëtes français avant 1300, copiés de sa main, sont à la bibliothèque de l’Arsenal, ainsi que onze volumes in-folio des poésies des troubadours, et plusieurs volumes de copies de pièces anciennes, de notices et d’extraits. Les travaux de St-Palaye sont utiles par la multitude des matériaux qu’il a rassemblés ; mais pour ce qui concerne la langue des troubadours, il a plus souvent deviné qu’entendu son texte, faute d’en avoir saisi la grammaire. Il savait le vieux français, mais non l’occitanien, comme le dit Raynouard dans le Journal des savants (1820, p. 293). On trouve une notice sur cet estimable académicien dans le Nécrologe, mars 1782. W-s.
1. ↑(1) Laverdy, dans ses Tables de l’Académie des inscriptions, p. 395, semble attribuer à la Curne dix-sept mémoires insérés dans le recueil de cette société savante ; c’est une inadvertance, ces mémoires appartiennent tous à Ste-Palaye. La Curne n’était pas de l’Académie, mais il est étonnant que son nom soit omis dans tous les dictionnaires biographiques, et que l’on ignore même l’époque de sa mort.
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