Charte en vers de l an 1121, composée par Hilaire, disciple d Abailard et chanoine du Ronceray d Angers. - article ; n°1 ; vol.37, pg 245-252
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Charte en vers de l'an 1121, composée par Hilaire, disciple d'Abailard et chanoine du Ronceray d'Angers. - article ; n°1 ; vol.37, pg 245-252

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1876 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 245-252
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1876
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

Paul Marchegay
Charte en vers de l'an 1121, composée par Hilaire, disciple
d'Abailard et chanoine du Ronceray d'Angers.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1876, tome 37. pp. 245-252.
Citer ce document / Cite this document :
Marchegay Paul. Charte en vers de l'an 1121, composée par Hilaire, disciple d'Abailard et chanoine du Ronceray d'Angers. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1876, tome 37. pp. 245-252.
doi : 10.3406/bec.1876.446701
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1876_num_37_1_446701CHARTE EN VERS
DE L'AN 1121
COMPOSÉE PAR HILAIRE, DISCIPLE d'aBAILARD ET CHANOINE
DU RONCERAY d' ANGERS.
Ce petit poëme latin contient, en cent vers rimes, le récit d'un
procès soumis au jugement de Dieu par l'eau bouillante. Il est tiré
du cartulaire du Ronceray d'Angers, abbaye bénédictine de filles,
nommée anciennement Sainte-Marie de la Charité, Beata Maria
Caritatis Andegavensis . La scène se passe dans cette partie de la
vallée de la Sarthe qui forme aujourd'hui le canton de Ghâteauneuf 1 ,
et sur le lieu même où périt, en 866, le comte Robert le Fort,
héroïque défenseur de la France carlovingienne contre les hommes
du Nord.
Gomme principale dépendance de leur prieuré du Plessis-aux-
Nonnains, Plaxitium Monialium, paroisse de Gherré, les religieuses
avaient à Brissarthe une écluse, un moulin et une pêcherie. A la
mort d'un nommé Lambert, ses enfants en réclament la moitié. La
contestation étant portée devant le seigneur du fief d'où relevaient
les objets litigieux, il propose à l'abbesse de prouver par le jugement
de Dieu sa possession de l'an et jour; elle accepte et produit pour
subir l'épreuve 2 un des hommes de son monastère. En présence de
Gelduin, fils aîné de Lambert, la main droite de cet homme est
enveloppée d'un linge et mise sous le scellé. Au jour et à l'heure
fixés pour qu'il la plonge dans l'eau bouillante, Gelduin brise lui-
même les sceaux-, puis, découragé par l'aspect de cette main, ou
1. Maine-et-Loire, arrond. de Segré.
2. Pour le cérémonial de l'épreuve par l'eau bouillante, V. Archives d'Anjou,
vol. I, p. 451 et suiv. 246
cédant au remords de sa conscience, il refuse de recevoir le serment
que le champion du Ronceray allait prêter sur les reliques, et il
arrête ainsi le cours du jugement que lui et ses frères avaient
accepté. Ce résultat comble de joie l'abbesse et ses religieuses. Elles
ne quittent cependant Brissarthe qu'après avoir vu renverser la
chaudière contenant l'eau bouillante, et entendu l'allocution par
laquelle le seigneur féodal adjuge à leur monastère, en entier et à
perpétuité, l'écluse, le moulin et la pêcherie.
Les quarante-six premiers vers de la charte racontent les faits que
nous venons de résumer. Dans ceux qui suivent, le poëte aligne,
avec beaucoup de dextérité, les noms des trois auteurs du procès,
des cinq juges, des sept nonnes accompagnant l'abbesse, dujdoyen
et de deux prêtres de la cathédrale d'Angers, des curés de Bris
sarthe, Cherré, JuvardeiletMoranne, et de trente-deux témoins laïques.
Plusieurs de ces derniers sont cités dans diverses chartes du Ron
ceray, le plus grand nombre, qui habitait probablement la vallée de
la Sarthe, ne figure dans aucune autre pièce.
Aux vers 76-78, l'auteur se nomme simplement Ego Hilarius etc.,
sans indiquer les liens qui l'attachent à l'abbaye. Nous croyons cet
Hilaire l'un des chanoines qui, chargés de la célébration du culte
pour le monastère et pour ses paroissiens de la Trinité d'Angers,
servaient d'agents et de secrétaires à ï'abbesse et au couvent dans
leurs affaires les plus importantes; et nous voyons en lui le person
nage qui intervient ou est mentionné dans plusieurs actes sous le
nom de Hilarius canonicus* , auquel d'autres ajoutent Sancte Marie2.
On doit lui attribuer la rédaction de la pièce par laquelle son col
lègue Bernard, partant pour Jérusalem, donne au Ronceray l'usufruit
de sa maison, plus son bréviaire 3, et peut-être aussi celle des prin
cipales chartes dressées sous l'abbesse Tiburge.
Au moment d'imprimer le récit du procès des religieuses contre
Gelduin, fils de Lambert, nous nous sommes demandé si son auteur
ne serait pas le poëte Hilarius, dont Ghampollion-Figeac a publié4
1. Cartulaire du Ronceray, numéros 46, 52, 54.
2. Ibidem numéros 43, 50, 53, 62, 73. Ce dernier parle de sa sœur Hildeburge,
qui avait donné une maison à l'abbaye. Le numéro 53 est une charte non datée,
de Ego Renerius et Hylarius, qui tune eramus noviter canonici effecti [S. Marie
Caritatis}; le numéro 62, dans lequel ils sont nommés tous deux, est de
l'année 1116.
3. Ego vero Hylarius, ipso jubente atque precante, donum istud, ne aut
vacillaret aut omnino abolerelur, brevi stillo prescripsi. Ibid. n° 69.
4. Paris, Techener, 1838; petit in-8° de xv et 63 pages. 247
les Versus et Ludi, qui vivait dans la première moitié du xne siècle
et qui a habité l'Anjou. Cette conjecture a été pleinement confirmée
par les pages 44 à 43 de l'imprimé. N'ayant pas trouvé dans le
manuscrit original, en tête de la pièce portant le n° IV, le nom de la
personne pour laquelle elle ftit composée, l'éditeur suppose que,
comme dans celle du n° précédent, Hilaire y parle ad sanctimonialem
nomine Superbam. En prenant la peine de bien lire les jolis vers
qui devaient être partagés en sixains, Champollion-Figeac aurait vu
qu'au lieu de parler à une simple religieuse, dont le pays n'est pas
désigné et qu'il prie de lui faire une nouvelle ceinture ' , Hilaire
s'adresse, comme un serviteur reconnaissant, à une noble, affable et
généreuse abbesse, l'honneur d'Angers, dont le grand sens est
attesté par la prudence avec laquelle elle gouverne un nombreux
troupeau 2 et qui est capable de répondre en vers aux vers qu'on lui
envoie3. Or il n'a jamais existé à Angers qu'un seul monastère de
femmes, celui du Ronceray -, et la pièce de vers n° IV ne peut avoir
été faite qu'en l'honneur de Tiburge, abbesse de -H 04 à 4422. Le
versificateur du procès de Brissarthe, chanoine de la Trinité d'Ang
ers, n'est donc autre que le disciple d'Abailard auteur des Versus
et Ludi*. Ainsi l'Histoire littéraire de la France3 doit ajouter au
nom de celui-ci un titre certain avec notre intéressante charte ; et
quoique Hilaire ne semble pas né dans la province de la capitale de
1. « Quam dedisti raihi zona bona fuit primitus;
« Nunc jam vêtus, ne jam bona, sed deficit penitus...
« Bona fuit, sed jam perit ; jam me vult dimitere. »
2. « Nam per le non minimum
Clarescit Andegavis...
Magnus enim sensus est
Gregem qui tam magnus est
Tam prudenter regere...
Abbatissa nobilis,
Prudens et affabilis
Et benigna nimium... »
3. « Vale, dulcis domina,
Proque meis carmina
Remitte carminibus;
Elemosinariam
Mihi mittas etiam
Pariter cum versibus. »
4. D'autres preuves peuvent être ajoutées. Nous les donnerons, s'il y a lieu,
dans un article spécial.
5. Vol. XII, page 253. 248
laquelle il dit les habitants gens pessima, l'Anjou peut néanmoins le
comprendre dans sa biographie.
Un seul renseignement manque désormais au jugement du procès
de Brissarthe, la date à laquelle il eut lieu. A défaut d'indications
chronologiques, on ne saurait peut-être lui en attribuer d'autre que
le milieu de la période de dix-neuf ans durant laquelle Tiburge a été
abbesse du Ronceray, sans le secours offert par le nom du doyen de
la cathédrale d'Angers. Cette dignité fut conférée à Geoffroi d'Angrie
dans la seconde moitié de \ \ 20, et Tiburge résigna la sienne dans
la seconde moitié de ^422*; ainsi nous sommes autorisés à adopter
l'année intermédiaire.
Notre charte paraît la seule pour l'Anjou qui ait été rédigée en
vers latins et rimes 2. Chacun d'eux est composé de quinze syllabes,
huit formées par les premiers mots et sept par les derniers. Quel
quefois, notamment dans la pièce du cartulaire de Redon, l'on a
coupé en deux les vers de cette sorte, d'où il résulte le plus souvent
qu'il n'y a pas de r

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