Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans les duchés tyrrhéniens pendant le haut Moyen Âge - article ; n°1 ; vol.112, pg 183-189
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Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans les duchés tyrrhéniens pendant le haut Moyen Âge - article ; n°1 ; vol.112, pg 183-189

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 2000 - Volume 112 - Numéro 1 - Pages 183-189
Jean-Marie Martin, Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans les duchés tyrrhéniens pendant le Haut Moyen Âge, p. 183-189. Un certain nombre de documents napolitains citent des actes antérieurs écrits sur papyrus, probablement jusqu'à la première moitié du XIe siècle; on trouve aussi deux traces de l'utilisation de ce support à Gaète au IXe et au début du Xe siècle. Comme, d'autre part, il ne reste pratiquement pas d'originaux sur parchemin écrits dans ces régions avant le Xe siècle, on suppose que l'usage du papyrus y a été très répandu pendant le Haut Moyen Âge; la fin de cet usage massif correspond approxi- mativement à la conquête arabe de la Sicile, l'une des sources possibles d'approvisionnement en papyrus.
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Jean-Marie Martin
Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans
les duchés tyrrhéniens pendant le haut Moyen Âge
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 112, N°1. 2000. pp. 183-189.
Résumé
Jean-Marie Martin, Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans les duchés tyrrhéniens pendant le Haut
Moyen Âge, p. 183-189.
Un certain nombre de documents napolitains citent des actes antérieurs écrits sur papyrus, probablement jusqu'à la première
moitié du XIe siècle; on trouve aussi deux traces de l'utilisation de ce support à Gaète au IXe et au début du Xe siècle. Comme,
d'autre part, il ne reste pratiquement pas d'originaux sur parchemin écrits dans ces régions avant le Xe siècle, on suppose que
l'usage du papyrus y a été très répandu pendant le Haut Moyen Âge; la fin de cet usage massif correspond approxi- mativement
à la conquête arabe de la Sicile, l'une des sources possibles d'approvisionnement en papyrus.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Jean-Marie. Chartula in tumbo scripta, bolumen chartacium. Le papyrus dans les duchés tyrrhéniens pendant le haut
Moyen Âge. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 112, N°1. 2000. pp. 183-189.
doi : 10.3406/mefr.2000.3755
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_2000_num_112_1_3755JEAN-MARIE MARTIN
CHARTULA IN TUMBO SCRIPTA,
BOLUMEN CHARTACIUM
LE PAPYRUS DANS LES DUCHÉS TYRRHÉNIENS
PENDANT LE HAUT MOYEN ÂGE
En dépouillant systématiquement les documents napolitains édités de
l'époque ducale, nous avons été frappé par l'expression récurrente chartula
in tumbo scripta1. Dans l'un des actes qui l'utilisent, sont évoquées les car-
tules membranes et de tumbos2 : le premier qualificatif désignant le support
sur lequel sont écrites les chartes (le parchemin), il va de soi que l'expres
sion de tumbos se rapporte à un autre support qui, au début du XIe siècle,
ne peut guère être que le papyrus. Or, si la forme tumbo est la plus fré
quente, un acte de 1003 évoque cinq cartule in turno scrìpte3, un autre de
1045 une chartula in turno scripta4; un document de 965 cite une chartulam
venditionis de tummo scriptum5, un autre de 979 utilisant la même forme6.
Ces formes, moins fréquentes, ont l'avantage de permettre de comprendre
le mot, qui n'est autre que la transcription latine, plus ou moins exacte, de
τόμος, qui désigne notamment une feuille de papyrus.
Nous ne sommes pas le premier à avoir noté et compris ce mot : dans
son livre sur les supports de l'écriture au Moyen Âge, publié en 1953, Leo
Santifaller7 avait déjà affirmé, à partir de la plupart des exemples que nous
1 Première mention : Régit Neapolitani archivi monumenta edita ac illustrata,
Naples, 1845-1861, 6 vol. (ci-après : RNAM), n° 54 (949).
2RNAM,n° 292 (1015)
3 RNAM, n° 267.
4n° 386.
5 RNAM, n° 109.
6 B. Capasso, Monumenta ad Neapolitani ducatus historiampertinentia... II. Do
cumenti, Naples, 1885-1892, 2 vol. (ci-après : Capasso, Monumenta cit., Π), 1, n° 222.
7 L. Santifaller, Beiträge zur Geschichte der Beschreibstoffe im Mittelalter. Mit be
sonderer Berücksichtigung der päpstlichen Kanzlei, I, Graz-Cologne, 1953 (Mitteilun
gen des österreichischen Instituts für Geschichtsforschung, Ergänzungsband, 16-1),
p. 56.
MEFRM - 112 - 2000 - 1, p. 183-189. 184 JEAN-MARIE MARTIN
citons ci-dessous, l'existence de documents napolitains sur papyrus (tous
perdus), peut-être jusqu'à la seconde moitié du XIe siècle8. Mais la r
emarque de Santif aller semble avoir été oubliée : Joie Mazzoleni9 et Bern
hard Bischoff10, qui évoquent l'usage du papyrus pour les documents ro
mains du haut Moyen Âge, ne disent pas un mot de Naples à ce propos. Or
on sait que le papyrus, d'un usage relativement commun jusqu'au
VIIIe siècle non seulement en Italie, mais aussi dans la Gaule franque11, a
été utilisé à Ravenne jusqu'au Xe siècle et, à Rome, par la chancellerie pont
ificale jusqu'au milieu du XIe : l'acte pontifical sur papyrus le plus récent
qui soit conservé date de 105712.
Il semble donc bien que les régions italiennes longtemps restées byzant
ines - du moins certaines d'entre elles - aient continué plus longtemps
que les régions lombardes d'écrire sur papyrus, sans doute pour des rai
sons à la fois culturelles et commerciales (les zones byzantines sont très
souvent côtières et peuvent donc plus facilement importer ce matériau). Il
n'est pas surprenant que Naples, l'une des villes côtières les plus méridio
nales de l'ancienne Italie byzantine, ait eu une pratique semblable.
Les documents napolitains (et quelques autres, on va le voir) peuvent
nous en apprendre un peu plus à ce sujet. Présentons-les :
- RNAM, n° 54 (30 juin 949) : chartula notitia in tumbo scripta (faite en
faveur du père de l'auteur du présent document);
- Capasso, Monumenta, II-2, actes des ducs, n° III (18 juillet 949) : of-
fertionis chartula de tummo scripta (antérieure au présent acte);
- RNAM, n° 109 (11 avril 965) : per chartulam venditionis de tummo
scriptum (antérieure au présent acte);
- RNAM, n° 155 (14 mai 973) : per chartulam comparationis qui fuid de
tumbo scripta (charte déjà faite en faveur de l'auteur du présent acte);
8 B. Capasso {Monumenta cit., II-l, p. 98 n. 1) a saisi le sens du mot, mais en lui
attribuant une étymologie fantaisiste : pour lui, tummo est la déformation de tubo,
le document sur papyrus se présentant comme un rouleau ou tube!
9 J. Mazzoleni, Paleografia e diplomatica e scienze ausiliarìe, Naples, 1970, p. 19-
20.
10 Β. Bischoff, Paléographie de l'Antiquité romaine et du Moyen Âge occidental,
Paris, 1985, p. 15.
11 L. Santifaller, Beiträge..., p. 55. O. Tjäder, Die nichtliterarischen lateinischen
Papyri Italiens aus der Zeit 445-700, I, Lund, 1955 (Skriften utgivna av Svenska Insti-
tutet i Rom, XIX-1), p. 35-37 et 48-51. Selon Tjäder (pp. cit., p. 67), la Bibliothèque
Nationale de Naples conserve deux actes médiévaux sur papyrus; mais l'un vient de
Syracuse, l'autre de Ravenne (op. cit., p. 280 et II [Stockholm, 1982 (Skriften...,
XIX-2)], p. 91).
12 L. Santifaller, Beiträge..., p. 35. LE PAPYRUS DANS LES DUCHÉS TYRRHÉNIENS 185
- Capassso, Monumenta, II-1, n° 22 (1er avril 979) : quatre chartule de
tummo scnpte (à côté d'une chartula membrana scrìpta), toutes antérieures
au présent document;
- RNAM, n° 267 (février 1003) : cinq cariale in turno scripte, toutes an
térieures au présent acte, l'une datant du pontificat d'un évêque Athanase
(Athanase Ier et Athanase II ont été évêques de Naples dans la seconde moit
ié du IXe siècle, III au début du Xe);
- RNAM, n° 292 (3 décembre 1015) : chartules membranes et de tumbos,
antérieures au présent document;
- RNAM, n° 351 (16 mai 1032) : chartula comparationis in tumbo scrìpt
a, établie du temps de Benoît, higoumène du monastère des Saints-Serge-
et-Bacchus apparemment avant qu'aient été établis les premiers actes
conservés, soit au IXe ou au tout début du Xe siècle;
- RNAM, n° 386 (25 juin 1045) chartula in turno scrìpta (antérieure au
présent acte);
- RNAM, n° 458 (9 décembre 1092) : due chartule in tumbo scripte r
emontant à l'abbatiat de Macaire, attesté comme higoumène des Saints-
Serge-et-Bacchus en octobre 920 (RNAM, n° 7);
- RNAM, n° 463 (6 mars 1093) : quatre chartule in tumbo scnpte, dont
trois ont été écrites avant la destruction du Lucullanum au tout début du
Xe siècle; une autre chartula in tumbo scrìpta, venant de la génération en
core antérieure.
Nous devons ces renseignements à la précision des curiales napolit
ains, qui continuent, au XIIe siècle, à écrire que telle charte antérieure est
de parchemin13. Mais, dans les documents édités (ils le sont presque tous
jusqu'à la fin de la période ducale, dans les années 1130), on ne trouve plus
après 1093 de mention de charte sur papyrus. On ne peut, évidemment, ex
clure que des actes napolitains d'époque normande (dont très peu ont été
publiés, et dont la grande majorité a disparu en 1943) en aient contenu;
mais cela semble a priori peu probable : le

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