Château, jardin, paysage en France du XVe au XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.124, pg 13-32

Jean Guillaume

Description

Revue de l'Art - Année 1999 - Volume 124 - Numéro 1 - Pages 13-32
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_DE_L-ART
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 43
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Guillaume
Château, jardin, paysage en France du XVe au XVIIe siècle
In: Revue de l'Art, 1999, n°124. pp. 13-32.
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Guillaume Jean. Château, jardin, paysage en France du XVe au XVIIe siècle. In: Revue de l'Art, 1999, n°124. pp. 13-32.
doi : 10.3406/rvart.1999.348442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1999_num_124_1_348442Guillaume Jean
Château jardin paysage
en France du XVe au XVIIe siècle
Les transformations subies par le château fran sion la plus forte de son pouvoir de domination
ais du milieu du XVe siècle au milieu du XVIIe de sur environnement fonction il jamais
eue un pareil degré en Italie Nous voudrions ici Châteaudun Vaux-le-Vicomte ne se réduisent
pas des changements de styles du gothique observer le même phénomène un point de vue
tardif la Renaissance et au classicisme opposé montrer que le désir échapper es
Elles expliquent tout autant par évolution plus pace clos de la cour aller aisément extérieur
lente mais irrésistible des désirs ou des besoins de mieux voir le jardin et le paysage explique
des hommes qui ont pas toujours eu la même apparition de dispositions nouvelles et un type
idée du prestige de la commodité ou du bonheur architectural sans précédent qui sera la réponse
Il faut mettre en évidence ces tendances de fond fran aise la villa italienne
dont les contemporains ont pas toujours eu
conscience si on veut comprendre le devenir de accès au jardin .passages et escaliers
la demeure noble dans la longue durée ce que
ne peut faire une recherche réglée sur la périodi- Dès le XIVe siècle on rapproche le jardin du
sation traditionnelle de histoire de art château en le pla ant immédiatement au-delà du
fossé ou même au pied de enceinte Dans les Parmi ces forces actives en profondeur nous
deux cas on cherche établir entre logis et jardin voudrions isoler intérêt porté par les habitants une liaison directe qui semble avoir été abord un du château au jardin et au paysage Cet intérêt passage privé réservé au maître et sa famille une naturel dans une demeure aux champs est pas poterne et une passerelle sur le fossé au Louvre2 nécessairement devenu plus intense travers les un escalier étroit dans épaisseur du mur Châ siècles mais il eu partir du milieu du XVe siècle
teaudun une belle vis hors- uvre Angers des conséquences de plus en plus fortes sur orga fig Ce dernier exemple est particulièrement nisation du jardin et sur architecture du château intéressant Le roi René crée cette vis il Longtemps en effet ces deux mondes furent jux aménage un jardin en dessous de son logis pour taposés le jardin clos de murs lieu du loisir et des la première fois peut-être un escalier hors- uvre plaisirs se situait distance de la forteresse elle- élève sur la face extérieure un corps de bâti même enfermée dans ses murailles fig Au
ment et non sur la cour afîn de relier aisément terme de évolution au contraire le jardin indé
pièces privées et jardin3 Le parti imaginé Angers finiment étendu enveloppe le château devenu
réapparaît Fontainebleau vers 1530 on lui-même une sorte de grand pavillon ouvert de
adapte hâtivement le vieux château de nouveaux tous côtés fig 27) besoins un escalier extérieur tournant autour
Dans une autre étude1 nous tentons expli une tour descend du cabinet du roi son jardin
quer comment le jardin en France est peu peu vis du cabinet de Louise de Savoie au même
réglé sur le château au point de devenir expres- jardin un escalier en bois de la galerie prolongeant
REVUE DE ART no 124 1999-2 13-32 13 Jean Guillaume Château jardin paysage en France du XVe au XVI siècle
le logis de Louise au Grand jardin4 Disposition
semblable pour les mêmes raisons Saint-Ger-
main-en-Laye où un pont-escalier visible sur les
relevés de Du Cerceau fig 2) réunit les logis du
roi et de la reine au jardin par dessus le fossé5 Ces
solutions peuvent paraître des expédients pour
tant on les retrouve dans un château neuf
Villers-Cotterêts vers 1535 deux vis descendent
au jardin une du cabinet du roi autre de
extrémité une galerie en pans-de-bois accessi
ble de la même pièce et de la chambre de la reine6
Blois Louis XII adopte un autre parti un
pont-galerie large de réunit la cour du château
et le jardin par-dessus le fossé et la route qui le
longe7 Ce passage orné de têtes de cerfs
où son nom galerie des Cerfs) devait être
accessible tous il pas autre voie
possible vers le jardin sauf faire un long détour8
Autant on puisse en juger un tel lien direct
aisé public entre cour et jardin est une nouveauté
comme le jardin lui-même aux dimensions sans
précédent Quelques années plus tard un passage
du même genre est intégré dès sa conception au
plan régulier un château neuf àAzay-le-Rideau
et Bury9 Dans le premier cas où le jardin se
trouve pour des raisons topographiques sur le
flanc droit du château les bâtisseurs ont prévu au
centre de la fa ade sur cour de aile droite un
passage voûté ogives signalé par une superbe
Illustration non autorisée à la diffusion entrée certainement dépourvue de porte ori
gine qui menait un petit pont franchissant le
fossé10 Bury où le jardin se situe derrière
le corps principal le parti adopté est plus sophis
tiqué car architecte utilisé pour la première fois
en Val de Loire un escalier rampe-sur-rampe
Celui-ci occupant toute la largeur du bâ
timent il eut idée de en servir pour ouvrir un
passage travers le corps principal Du palier
entrée une volée descendante conduit une
porte ouvrant sur un escalier extérieur symétrique
qui aboutit au jardin en terrasse axé sur le château
Une disposition absolument nouvelle apparaît
donc ici rien ne annon ait en France où les vis
même en uvre offrent pas cette possibilité ni
en Italie où les escaliers ne sont jamais utilisés pour
traverser un bâtiment Ce parti né de la rencontre
de deux souhaits aller aisément de la cour au
jardin faire de escalier rampe-sur-rampe le cen
tre de toutes les circulations aura un immense
succès on adopte partout où le jardin se situe
derrière un logis traversé par un escalier de ce type
Nantouillet Verneuil Coulommiers au
Luxembourg Richelieu...11 Si escalier est rejeté
Angers escalier et corps de galeries adossés au logis ducal du côté extérieur face au petit jardin situé entre ce logis sur le côté ou dans une aile dans un édifice et enceinte de la forteresse organisé de fa on symétrique on maintient le plus
souvent un passage au centre Ecouen Saint-
Maur Ancy-le-Franc Anet... ou on place cet
endroit un pièce publique salle vestibule qui
ouvre par une porte sur le jardin Château-Neuf
de Saint-Germain Charleval Tanlay le Rain-
.. On même tenté au milieu du XVT siècle
de rendre le passage central transparent en suppri-
14 Jean Guillaume Château jardin paysage en France du XVe au XVIIe siècle
mant portes et fenêtres remplacées par des grilles
af que le jardin ou le paysage devienne visible
de la cour Cette solution apparaît au vestibule de
Maisons puis sous une forme plus extraordinaire
Vaux-le-Vicomte où le salon central devient
lui-même un espace ouvert sans on se soucie
des courants air12. fig 28 Le même souci de
visibilité se retrouve Saint-Cloud où depuis la
cour le jardin peut être aper travers le grand
escalier droit de aile sud et Versailles où vesti
bule et galerie Basse également ouverts réunis
sent la co urde Marbre et le jardin13 Enfin lorsque
le niveau principal du château se situe au rez-de-
Illustration non autorisée à la diffusion chaussée ce qui commence Vaux-le-Vicomte et
devient ensuite de plus en plus fréquent les pièces
de réception elles-mêmes peuvent communiquer
avec extérieur par les portes-fenêtres du salon
central le jardin devient immédiatement accessi
ble
Les espaces ouverts étage coursière
terrasse loggia
Saint-Germain-en-Laye
la fin du XVe siècle le désir de mieux voir le pont-escalier descendant
du logis royal au jardin jardin et le paysage depuis les pièces habitation Détail du dessin de situées étage de jouir de la lumière et de air Du Cerceau Londres sans avoir sortir du château explique appari- British Museum
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