Circulation routière et nuisances environnementales Quelle place pour l analyse économique ? - article ; n°1 ; vol.59, pg 135-166
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Revue de l'OFCE - Année 1996 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 135-166
The post-war period expanded the North-american pattern of massive road transport to the whole OECD area. Some aspects of this transformation are now under issue, particularly, environmental costs. Following neoclassical and welfare economics, governments are now interpreting these costs as externalities, preventing the economy from reaching a sustainable development path. The utilitarian, individualistic and static foundations of this approach suffer strong weaknesses. Nevertheless, compared to alternative available methods, cautious use of valuation tools and internalization mechanisms can certainly improve the environmental sustainability of transport policy decisions. In order to enforce these decisions, traditional command-and-control regulations could then be combined with promising economic incentives, once the income re-allocation issues and social inertias cleared up, as few cities and countries have already begun to experiment it.
Elargissant le modèle nord-américain à la zone OCDE, l'après- guerre a donné naissance à une société de la mobilité automobile. Certains coûts de cette mutation sont aujourd'hui jugés excessifs. C'est le cas des nuisances environnementales associées aux transports par route. Dans la filiation des analyses néoclassique et du bien- être, les pouvoirs publics voient en ces nuisances des effets externes qu'il importe d'internaliser afin de garantir la soutenabilité du développement économique. Les fondements de cette approche, à savoir l'utilitarisme, l'individualisme et la statique comparative, restent discutés. Pourtant, les procédures d'évaluation et d'internalisation des coûts environnementaux constituent un progrès certain par rapport aux pratiques actuelles, lorsqu'elles sont employées avec prudence et sélectivité. Leur mise en œuvre, à condition de nepas sous-estimerles inerties socio-culturelles et les éventuels effets redistributifs, peut alors avantageusement combiner régulations traditionnelles et incitations économiques.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pascal Delisle
Circulation routière et nuisances environnementales Quelle
place pour l'analyse économique ?
In: Revue de l'OFCE. N°59, 1996. pp. 135-166.
Abstract
The post-war period expanded the North-american pattern of massive road transport to the whole OECD area. Some aspects of
this transformation are now under issue, particularly, environmental costs. Following neoclassical and welfare economics,
governments are now interpreting these costs as externalities, preventing the economy from reaching a sustainable development
path. The utilitarian, individualistic and static foundations of this approach suffer strong weaknesses. Nevertheless, compared to
alternative available methods, cautious use of valuation tools and internalization mechanisms can certainly improve the
environmental sustainability of transport policy decisions. In order to enforce these decisions, traditional command-and-control
regulations could then be combined with promising economic incentives, once the income re-allocation issues and social inertias
cleared up, as few cities and countries have already begun to experiment it.
Résumé
Elargissant le modèle nord-américain à la zone OCDE, l'après- guerre a donné naissance à une société de la mobilité
automobile. Certains coûts de cette mutation sont aujourd'hui jugés excessifs. C'est le cas des nuisances environnementales
associées aux transports par route. Dans la filiation des analyses néoclassique et du bien- être, les pouvoirs publics voient en
ces nuisances des effets externes qu'il importe d'internaliser afin de garantir la soutenabilité du développement économique. Les
fondements de cette approche, à savoir l'utilitarisme, l'individualisme et la statique comparative, restent discutés. Pourtant, les
procédures d'évaluation et d'internalisation des coûts environnementaux constituent un progrès certain par rapport aux pratiques
actuelles, lorsqu'elles sont employées avec prudence et sélectivité. Leur mise en œuvre, à condition de nepas sous-estimerles
inerties socio-culturelles et les éventuels effets redistributifs, peut alors avantageusement combiner régulations traditionnelles et
incitations économiques.
Citer ce document / Cite this document :
Delisle Pascal. Circulation routière et nuisances environnementales Quelle place pour l'analyse économique ?. In: Revue de
l'OFCE. N°59, 1996. pp. 135-166.
doi : 10.3406/ofce.1996.1437
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1996_num_59_1_1437Circulation routière et nuisances
environnementales
Quelle place pour l'analyse
économique ?
ENS Pascal Fontenay- Delisle IEP et Département des Etudes de l'OFCE
Elargissant le modèle nord-américain à la zone OCDE, l'après-
guerre a donné naissance à une société de la mobilité automobile.
Certains coûts de cette mutation sont aujourd'hui jugés excessifs.
C'est le cas des nuisances environnementales associées aux trans
ports par route. Dans la filiation des analyses néoclassique et du bien-
être, les pouvoirs publics voient en ces nuisances des effets externes
qu'il importe d'internaliser afin de garantir la soutenabilité du dévelop
pement économique. Les fondements de cette approche, à savoir
l'utilitarisme, l'individualisme et la statique comparative, restent discut
és. Pourtant, les procédures d'évaluation et d'internalisation des
coûts environnementaux constituent un progrès certain par rapport
aux pratiques actuelles, lorsqu'elles sont employées avec prudence et
sélectivité. Leur mise en œuvre, à condition de nepas sous-estimerles
inerties socio-culturelles et les éventuels effets redistributifs, peut
alors avantageusement combiner régulations traditionnelles et incita
tions économiques.
Par contraste avec nos voisins européens de l'Est et du Nord, la
mobilisation sociale en faveur de l'environnement reste assez timide et
désorganisée en France. Les succès électoraux des partis écologistes se
sont révélés éphémères et la dynamique du premier plan national pour
l'environnement adopté en 1990 sous l'impulsion de Brice Lalonde, alors
ministre de l'Environnement, semble être retombée. La question
environnementale s'est depuis lors progressivement effacée dans une
France confrontée à des difficultés sociales croissantes. La question de
la pollution de l'air dans les grandes villes a récemment renouvelé cette
préoccupation et cristallisé un ensemble d'insatisfactions, au delà même
du problème environnemental. Le manque d'horizon des politiques
publiques, leur faible « lisibilité » ainsi que leur apparent éclatement, sont
aujourd'hui mis en cause, comme en témoigne le débat autour de la loi sur
l'air proposée par le ministre de l'Environnement, Madame Corinne Lepage.
En effet, pour être efficace, la politique de l'environnement ne doit pas
être une politique de la réparation, de l'après coup ; elle ne doit pas être
non plus une politique morcelée sectoriellement. Longtemps ignorée par
Revue de l'OFCE n° 59 / Octobre 1996 1 35 Pascal Delisle
les institutions politiques et administratives, l'analyse économique de
l'environnement offre à cet égard des perspectives renouvelées. Rejetant
l'apparent dilemme entre bien-être économique et qualité environne
mentale, dépassant la dichotomie entre court et long terme et proposant
toute une panoplie d'instruments opérationnels, l'économie de
l'environnement plaide pour une coévolution des dimensions économique,
environnementale et sociale. C'est à cette tâche que s'attelle le concept
de développement durable 1 sur la base duquel l'intégration de la dimension à la politique économique est désormais envisagée.
Sous l'impulsion d'institutions telles que l'OCDE, le domaine des transports
urbains et périurbains en constitue un terrain d'expérimentation privilégié.
Pourtant, derrière l'apparente unité de ce nouveau discours sur le
développement durable, se profilent des approches divergentes qui fondent
des propositions de politiques économiques rarement compatibles. En
effet, si l'intégration de l'environnement à la politique économique demande
des compétences d'expertise économique et environnementale, elle repose
aussi, en amont, sur des choix de développement et des choix de société
souvent implicites. Les propositions actuelles visant à réorienter la politique
des transports n'échappent pas à la règle. Nous nous attacherons ici à
expliciter les fondements, les mécanismes et les limites de ces politiques,
telles qu'elles sont aujourd'hui proposées par les ministres européens
des transports.
L'intégration des nuisances environne
mentales à la politique publique des
transports : les fondements métho
dologiques
Environnement et développement durable
c'est Si en l'écologie ordre dispersé est aujourd'hui que les économistes au cœur des apportent préoccupations leur contribution sociales,
au débat sur le statut de l'environnement et le mode désirable de sa
1. Sous l'égide des Nations-Unies, a été constituée une Commission sur l'environnement
et le développement. Elle est à l'origine du rapport Brundtland, du nom de la présidente de la
commission, en 1987. Le concept de développement durable y est exposé et développé avec
une vocation universelle. Dans sa définition la plus commune, le développement durable se
définit comme un développement qui réponde « aux besoins du présent sans compromettre
la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
136 Circulation routière et nuisances environnementales
gestion. Derrière des désaccords de méthodes et d'outils, se cachent
souvent des conceptions inconciliables du développement durable/
soutenable ; qui nourrissent des politiques économiques divergentes.
La définition du développement durable retenue par la commission
Bruntdland des Nations-Unies, en 1986, n'a guère clarifié les positions :
« Le développement soutenable n'est pas un état d'équilibre, mais plutôt
un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources, le
choix des investissements, l'orientation du développement technique
ainsi que le institutionnel sont déterminés en fonction des
bes

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