Citroën et l innovation (1915-1996) - article ; n°1 ; vol.57, pg 45-56
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1998 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 45-56
Citroën and Innovation (1915-1996), Jean-Louis Loubet.
From its inception, Citroën made industrial innovation one of the centerpie- ces of its strategy. Its beginnings were marked by the introduction and then the development of OST (scientific organization of work) and Ford factory-inspired techniques in car manufacturing in France. The 1930s crisis, which hit the company very hard, led to a deep questioning of those techniques and to the possibility of creating a less rigid productive system better adapted to a tight market. And while Reconstruction scrambled the cards by making Ford techniques the one and only way for car manufacturing. Citroën continued, during the years of growth and even more with the crisis of the 1980s, to look for an alternative.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Loubet
Citroën et l'innovation (1915-1996)
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°57, janvier-mars 1998. pp. 45-56.
Abstract
Citroën and Innovation (1915-1996), Jean-Louis Loubet.
From its inception, Citroën made industrial innovation one of the centerpie- ces of its strategy. Its beginnings were marked by the
introduction and then the development of OST (scientific organization of work) and Ford factory-inspired techniques in car
manufacturing in France. The 1930s crisis, which hit the company very hard, led to a deep questioning of those and to
the possibility of creating a less rigid productive system better adapted to a tight market. And while Reconstruction scrambled the
cards by making Ford techniques the one and only way for car manufacturing. Citroën continued, during the years of growth and
even more with the crisis of the 1980s, to look for an alternative.
Citer ce document / Cite this document :
Loubet Jean-Louis. Citroën et l'innovation (1915-1996). In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°57, janvier-mars 1998. pp. 45-
56.
doi : 10.3406/xxs.1998.3709
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1998_num_57_1_3709CITROËN ET L'INNOVATION
(1915-1996)
Jean-Louis Loubet
Dans un processus industriel, l'inno rotatif (1973), la liste est longue au point
vation ne se borne pas aux inventions de se prolonger aujourd'hui avec les trains
censées améliorer la qualité d'un pro arrière auto-directionnels (1989) ou les sus
duit. Elle concerne également le mode pensions antiroulis (1994). En trois quarts
de production. Les choix fordistes, tay- de siècle, Citroën s'est donné l'image de la
loristes ou toyotistes de Citroën ont modernité et du progrès automobile, faisant
ainsi largement déterminé les condi de l'innovation un élément de différenciat
tions de survie de la firme au double ion, une véritable stratégie d'entreprise 1.
chevron. Une entreprise bousculée par Mais derrière ces produits, ces techniques
les crises mais servie par d'étonnantes et ces innovations se cache une autre révo
capacités d'adaptation... lution, tout aussi importante, celle de la
fabrication et de l'industrie. Dans ce siècle
Citroën, toujours en tête». C'est la qui a fait de Citroën l'un des plus grands
novateurs de l'automobile, les ingénieurs publicité que tous les Français
connaissent, une réclame comme on de la marque ont aussi montré le plus vif
intérêt aux. questions liées à l'évolution des disait alors qui vantait les qualités des
modèles de la marque au double chevron. systèmes productifs. Importatrice en France
du travail à la chaîne, dès 1915, pionnière Incontestablement, les produits Citroën ont
de l'Organisation scientifique du travail, fait date dans l'histoire de l'automobile, et
celle de l'industrie française : la Traction l'entreprise Citroën est paradoxalement la
première à douter des vertus du fordisme (1934), la 2CV (1948), la DS 19 (1955), la
SM Maserati (1970), ou même l'éphémère devant l'ampleur de la crise des
années 1930. Elle est ensuite la seule à GS-Wankel (1973) ont marqué leur temps.
Et les techniciens de l'automobile ajoutent chercher sinon une alternative à la pro
duction de masse, du moins une autre voie encore à cette liste plusieurs innovations
lors des Trente Glorieuses. Et à voir marquantes apparues sur les modèles de
la marque : carrosserie entièrement métalli aujourd'hui cette firme s'intéresser au
modèle japonais - au toyotisme -, à ins- que (1924), servo-frein à dépression (1926),
moteur flottant (1932), caisse autoporteuse
et traction-avant (1934), freins à disques
1. Jean-Louis Loubet, Citroën, Peugeot, Renault et les autres. (1955), suspensions hydropneumatiques Soixante ans de stratégies. Avant-propos de Maurice Bosquet
et Christian Peugeot. Paris, Le Monde-Éditions, 1995, 637 p. phares directionnels (1967), moteur
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JEAN-LOUIS LOUBET
taurer dans ses usines de nouvelles règles envisage d'installer une usine moderne sur
de production grâce à la mise en place le quai de Javel à Paris, de créer un bât
du plan Mercure, il est clair que Citroën iment d'un seul tenant, sans étage comme
a cherché dans son histoire à être aussi chez Ford afin de permettre un meilleur
«toujours en tête» dans le domaine de la flux de production. Plus question de ra
fabrication et de l'industrialisation. Au prix ssembler les machines-outils dans un même
de quelques risques. atelier sans tenir compte de leurs fonctions
dans le processus de fabrication. Les dif
O ANDRÉ CITROËN: THE FRENCH FORD férents éléments de l'obus seront interchan
geables. Surtout, l'ouvrier ne se déplacera Contrairement à Walter Chrysler ou Louis
plus. Le travail, fragmenté en une multitude Renault, André Citroën (1878-1935) n'est
d'opérations simples et précises, lui sera pas un amateur de mécaniques ou de belles
apporté grâce à des chaînes mobiles, mécanvoitures. Ce jeune polytechnicien qui se
isées. Et avec cette décomposition des lance dans l'industrie automobile en 1919,
tâches, tout comme l'utilisation de pièces est d'abord un entrepreneur épris de
standardisées, l'usine pourra utiliser des modernité, un ingénieur fasciné par les sy
ouvriers sans expérience et sans qualificatstèmes de production américains. Sa visite
ion, un atout supplémentaire dans une chez Ford en 1912 constitue un moment
époque marquée par la pénurie de main- fort. Dès cet instant, Citroën n'a qu'un souh
d'œuvre. En quatre ans, de 1915 à 1918, ait, importer en France - et en Europe -
et malgré des débuts incontestablement difce qu'il vient de découvrir à Détroit, créer
ficiles, Citroën vend 26 millions d'obus une industrie de grande production et ainsi
pour 450 millions de francs. Son usine qui contribuer au développement économique
compte en 1918, 12 000 ouvriers, des femde son pays. Il comprend dès lors qu'il
mes essentiellement est devenue la plus lui faut dépasser ses premières expériences,
grande installation de munitions en France. acquises dans l'usinage des engrenages à
Les ministres Clémentel, Loucheur ou Thochevrons * (1905), puis dans la fabrication
mas reconnaissent tous que cette usine a artisanale des voitures Mors (1908). La
atteint les objectifs fixés : elle a non seuGrande Guerre lui donne l'occasion de réa
lement fourni les munitions nécessaires à liser son but tout en se donnant les moyens
la victoire militaire, accéléré la modernisatde faire glisser la firme française vers la
ion de l'industrie française, mais elle a grande entreprise 2.
aussi permis une meilleure intégration de Le «plan Citroën» de 1915 est ambitieux:
la classe ouvrière dans la société. Car en fabriquer 10000 obus par jour au moment
ces temps d'Union sacrée, la question où l'ensemble des arsenaux nationaux ne
sociale n'a pas été négligée. L'usine de peuvent dépasser 4000 pièces quotidienn
guerre a été le laboratoire social de l'entrees. Pour un tel bon en avant, Citroën
prise de demain. André Citroën s'y est plié
1. Le chevron devient l'emblème de la marque Citroën. sans mal : il a créé à Javel des cantines,
2. Plusieurs études historiques sur Citroën Hubert Bonin, des crèches - les pouponnières -, des ser«Les banques ont-elles sauvé Citroën (1933-1935)? Réflexion
vices médicaux, un magasin d'alimentation. sur la marge d'initiative bancaire », Histoire, économie et société,
juillet-août 1984 Jean-Louis Loubet, « La société anonyme Autant de mesures indispensables pour André Citroën (1924-1968). Étude historique», thèse de doct
créer l'usine moderne, pour rassembler un orat de troisième cycle, Université de Paris X Nanterre, 1979,
641 p. Maurice Norroy, André Citroën, le précurseur, Paris, grand nombre d'ouvriers à l'arrière, pour Maurice Norroy édit., 1973, 157 p. ; Charles Rocherand, L'his adoucir enfin le quotidien de ces soldats toire d'André Citroën, Paris, Christian, 1979, 269 p. Syl
vie Schweitzer, Des engrenages â la chaîne. Les usines Citroën du front de l'industrie.
(1915-1935), Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1982, Les fabrications d'obus jouent un rôle 204 p. Sylvie Schweitzer, André Citroën,

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