Cliométrie et Révolution industrielle - article ; n°4 ; vol.2, pg 607-624
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Description

Histoire, économie et société - Année 1983 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 607-624
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Crouzet
Cliométrie et Révolution industrielle
In: Histoire, économie et société. 1983, 2e année, n°4. pp. 607-624.
Citer ce document / Cite this document :
Crouzet François. Cliométrie et Révolution industrielle. In: Histoire, économie et société. 1983, 2e année, n°4. pp. 607-624.
doi : 10.3406/hes.1983.1344
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1983_num_2_4_1344CLIOMETRIE ET REVOLUTION INDUSTRIELLE
par François CROUZET
«Une autre influence importante sur l'étude de la révolution industrielle a été exer
cée par les statisticiens. En fait, s'il y a une tendance dominante aujourd'hui, c'est celle
de l'interprétation en termes quantitatifs.» Ce passage, écrit par T. S. Ashton en 1937
(1), montre qu'il existe une tradition déjà ancienne de quantification en histoire écono
mique de la Grande-Bretagne.
Il est vrai que les premiers historiens économistes n'utilisaient les nombres que de
façon sporadique, afin d'illustrer tel ou tel point dans une description ou un récit (2).
Mais, pendant l'entre -deux-guerres, il se développa un souci croissant de mesurer le chan
gement économique dans le passé, et un bon nombre de solides travaux quantitatifs fut
publié, plusieurs d'entre eux, il est vrai, par des auteurs non-britanniques.
Il est vrai aussi que ces travaux concernaient souvent l'histoire des prix, et l'on voit
se vérifier la loi formulée par Pierre Chaunu selon laquelle la quantification en histoire
commence avec l'histoire des prix (3). Ceci par suite des violentes fluctuations de prix
après 1914, qui attirèrent l'attention sur leurs antécédents, et parce qu'il y avait abon
dance de sources fiables. Les Britanniques participèrent d'ailleurs aux travaux du Comité
international d'histoire des prix qui fut fondé en 1930, et c'est sous ses auspices que fut
publié en 1939 le volume bien connu de Lord Beveridge sur les prix en Angleterre (4).
Cependant, d'autres aspects de l'histoire économique furent aussi pris en considéra
tion ; ainsi, en 1939, un économiste allemand, Walter Hoffmann, publia un indice de la
production industrielle britannique depuis 1700. Traduit en anglais en 1955, ce livre
reste utile et n'a pas été remplacé (5) ; mais il faut du courage pour s'appuyer sur les in
dices de Hoffmann en ce qui concerne le XVIIIème siècle. . .
1 . T. S. Ashton, The Industrial . Revolution. A Study in Bibliography (Londres, 1937, Economic
History Society, Bibliographies and Pamphlets,- n° 3).
2. N'oublions pas, il est vrai, les travaux, encore utiles, de divers statisticiens du XIXème siècle, de
Porter à Mulhall. Voir J. R. T. Hughes, «Measuring British Economie Growth», The Journal of Eco
nomie History, XXIV, 1 , mars 1964, pp. 60-61 .
3. Pierre Chaunu, Histoire, science sociale (Paris, 1974), pp. 60-61 \Histoire quantitative, histoire
sérielle (Paris, 1978), pp. 16-17.
4. W. H. Beveridge et al., Prices and Wages in England from the Twelfth to the Nineteenth Century,
I, Prices Tables : The Mercantile Era (Londres, 1939).
5. W. G. Hoffmann, British Industry, 1700-1950. Translated by W. O. Henderson and W. H. Cha-
loner (Oxford, 1955). 608 François CROUZET
En fait, la construction d'indices, soit simples, soit synthétiques, est caractéristique
de cette première étape de la quantification. Etape qui commença dans les années 1920
et s'étendit bien après la Seconde Guerre mondiale, jusqu'aux années 1960, bien qu'on
pourrait la diviser en deux phases, en raison justement du souci croissant de quantifier
et aussi de poser les problèmes en termes proprement économiques, que l'on observe
dans la seconde partie de cette période.
Cette étape correspond donc à ce que Max Hartwell a appelé «la vieille histoire éco
nomique», ou, en imitant les archéologues, EH II (EH I étant la «très vieille histoire
économique» écrite avant 1914 (6). Je me hâte de dire que je n'accepte pas la condamn
ation prononcée par Hartwell contre les travaux de l'école britannique d'histoire éc
onomique qui ont été publiés pendant cette période ; en fait beaucoup d'entre eux ont
remarquablement résisté à l'épreuve du temps.
Cependant, sauf dans quelques articles qui, par exemple, présentaient un nouvel in
dice, la quantification n'était pas au centre de cette forme d'histoire économique et ne
constituait pas sa charpente. Statistiques ou indices étaient destinés surtout à donner
de la précision à des recherches qui étaient basées principalement sur des documents de
type traditionnel.
En plus, le travail statistique qui fut réalisé relevait principalement de l'histoire sé
rielle, bien que cette expression fut encore inconnue. L'effort était dirigé vers la cons
truction de séries chronologiques, ceci en combinant les règles traditionnelles de la cr
itique historique dans l'usage des sources, avec des méthodes et instruments statistiques
élémentaires. La prudence régnait et au plus on recourait à des substituts, à des séries
qui étaient jugées représentatives de certaines autres que l'on ne pouvait saisir direct
ement : ainsi les importations de coton brut étaient considérées comme représentatives
en gros de l'activité de l'industrie du coton. Mais on n'essayait pas d'appréhender des
agrégats, à quelques exceptions près, comme l'indice global de la production industrielle
de Hoffmann. En tout cas, le travail de cette période amena la publication de séries et
d'indices qui sont nombreux et restent très utiles par des auteurs tels que Silberling,
Gilboy, E. B. Schumpeter, Shannon, Gayer, Rostow et Schwartz, Ashton, Phelps Brown
et Sheila Hopkins, Imlah, et d'autres encore (7).
6. R. M. Hartwell, «Good Old Economie History», The Journal of Economie History, XXXIII, 1 ,
mars 1973, pp. 28-40.
7. N. J. Silberling, «British Prices and Business Cycles. 1779-1 850», JRev/ew of Economie Statistics,
Preliminary, V, octobre 1923, pp. 221-261 ; Elizabeth W. Gilboy, «The Cost of Living and Real Wages
in Eighteenth Century England», Ibidem, XVIII, 3, août 1936, pp. 134-143 ; ElizabethB. Schumpeter,
«English Prices and Public Finance, 1660-1822», Ibidem, XX, 1, février 1У38, pp. 21-37 ; H. A. Shan
non, «Bricks - A Trade Index, 1785-1849», Economica, 1934, réimprimé dans E. M. Carus-Wilson,
éd., Essays in Economic History, III (Londres, 1962), pp. 188-201 ;T. S. Ashton, «Some Statistics of
the Industrial Revolution in Britain», The Manchester School, 1948, réimprimé in op.
cit., Ill, pp. 237-251 ; A. D. Gayer, W. W. Rostow, A. J. Schwartz, The Growth and Fluctuation of the
British Economy, 1790-1850 (Oxford, 1953, 2 vol. ; 2ème édition, 1975) ; A. H. Imlah, Economic
Elements in the Pax Britannica (Cambridge, Mass., 1958), réimprimant des articles de 1948 et 1952 ;
H. Phelps Brown ans S. V. Hopkins, Л Perspective of Wages and Prices (Londres, 1981), réimprimant
deux articles de 1955 et 1956 sur les salaires réels en Angleterre du XlIIème au XXème siècle. Citons
aussi P. Rousseaux, Les mouvements de fond de l'économie anglaise, 18001913 (Louvain, 1938).
D'autres travaux sont indiqués par J. R. T. Hughes, op. cit. , pp. 61-63. ET RÉVOLUTION INDUSTRIELLE 609 CLIOMÊTRIE
Mais l'on observe un tournant en 1962, quand fut publié le livre de Phyllis Deane et
W. A. Cole, sur la croissance économique de la Grande-Bretagne, de 1688 à 1959 (8).
Cette fois, l'histoire quantitative au sens strict surgissait armée de pied en cap, bien qu'à
nouveau, la Grande-Bretagne participât à un développement international : le livre de
Deane et Cole appartenait à un groupe d'ouvrages du même type qui avaient été entre
pris sous l'inspiration de Simon Kuznets et dont fait partie également VHistoire quantit
ative de l'économie française , que dirigea Jean Marczewski.
Ce livre est bien connu et on se bornera à rappeler que son essence était d'étendre
le plus loin possible dans le passé l'application des catégories, des concepts et des mé
thodes de la comptabilité nationale moderne. En trois mots, il s'agit de comptabilité
nationale rétrospective. Les données quantitatives disponibles sont organisées selon les
cadres de la et l'objectif est de calculer le revenu national et sa
structure à des dates successives, afin d'obtenir son taux de croissance.
En fait, à cette nouvelle étape, les taux de croissan

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