Commune urbaine et féodalité en Italie du Nord : l exemple de Padoue (Xe siècle-1237) - article ; n°2 ; vol.91, pg 659-697
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Commune urbaine et féodalité en Italie du Nord : l'exemple de Padoue (Xe siècle-1237) - article ; n°2 ; vol.91, pg 659-697

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1979 - Volume 91 - Numéro 2 - Pages 659-697
Gérard Rippe, ~~Commune urbaine et Féodalité en Italie du Nord: l'exemple de Padoue (Xe siècle-1237)~~, p. 659-697. Autour de l'évêque de Padoue, deux groupes de vassaux assez nettement distincts : d'une part les nobles munis de pouvoirs de commandement sur les hommes, et de l'autre des notables urbains ou ruraux qui sont avant tout des alleutiers, issus des zones directement sous contrôle épiscopal. Les uns et les autres fréquentent la «curia» épiscopale massivement et régulièrement jusqu'aux années 1160-1170. Ensuite ils se font rares ou disparaissent. C'est ce même ensemble de vassaux qui constitue (les châtelains munis de pouvoirs comtaux mis à part) le personnel dirigeant de la commune, à en juger notamment d'après les listes de consuls. Ce n'est qu'avec la période où s'instaure le régime du podestat que s'efface la «curia». Grands bénéficiaires de l'évolution, ces petits vassaux finiront par évincer aussi bien les féodaux laïcs que l'évêque, et par établir, en une série d'étapes bien définies, leur hégémonie en ville et dans le contado. Après une tentative pour se reformer une clientèle en multipliant les « feuda condicionalia », l'évêque ne sera plus qu'un seigneur foncier parmi d'autres.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gérard Rippe
Commune urbaine et féodalité en Italie du Nord : l'exemple de
Padoue (Xe siècle-1237)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 91, N°2. 1979. pp. 659-697.
Résumé
Gérard Rippe, Commune urbaine et Féodalité en Italie du Nord: l'exemple de Padoue (Xe siècle-1237), p. 659-697.
Autour de l'évêque de Padoue, deux groupes de vassaux assez nettement distincts : d'une part les nobles munis de pouvoirs de
commandement sur les hommes, et de l'autre des notables urbains ou ruraux qui sont avant tout des alleutiers, issus des zones
directement sous contrôle épiscopal. Les uns et les autres fréquentent la «curia» épiscopale massivement et régulièrement
jusqu'aux années 1160-1170. Ensuite ils se font rares ou disparaissent. C'est ce même ensemble de vassaux qui constitue (les
châtelains munis de pouvoirs comtaux mis à part) le personnel dirigeant de la commune, à en juger notamment d'après les listes
de consuls. Ce n'est qu'avec la période où s'instaure le régime du podestat que s'efface la «curia».
Grands bénéficiaires de l'évolution, ces petits vassaux finiront par évincer aussi bien les féodaux laïcs que l'évêque, et par
établir, en une série d'étapes bien définies, leur hégémonie en ville et dans le contado. Après une tentative pour se reformer une
clientèle en multipliant les « feuda condicionalia », l'évêque ne sera plus qu'un seigneur foncier parmi d'autres.
Citer ce document / Cite this document :
Rippe Gérard. Commune urbaine et féodalité en Italie du Nord : l'exemple de Padoue (Xe siècle-1237). In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 91, N°2. 1979. pp. 659-697.
doi : 10.3406/mefr.1979.2514
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1979_num_91_2_2514GERARD RIPPE
COMMUNE URBAINE
ET FÉODALITÉ EN ITALIE DU NORD :
L'EXEMPLE DE PADOUE (Xe SIÈCLE - 1237)
L'historiographie de la ville italienne médiévale a longtemps privilégié le
tableau d'une progressive hégémonie de la bourgeoisie aux dépens d'une
noblesse «féodale» que l'on pouvait, à la limite, considérer comme le reli
quat, d'ailleurs tenace, d'une période antérieure. Aujourd'hui l'image de
l'irréductible opposition de deux classes et de deux structures socio-écono
miques s'estompe. On est au contraire de plus en plus sensible à la cohé
rence d'un monde où le rapport entre commune urbaine et féodalité n'était
pas seulement conflictuel' , et cela au terme d'une lente révision, entamée il
y a plus de cinquante ans2. Ce travail n'ambitionne que d'être une modeste
contribution à verser au dossier.
Si la part des relations féodo-vassaliques n'a pas été, dans l'Italie «com
munale», aussi marginale qu'on l'avait cru, il est en effet de quelque intérêt
de tenter d'en examiner le fonctionnement concret, non pas à côté, mais au
cœur même d'un milieu urbain, à Padoue autour de l'évêque.
Ne dissimulons pas que cette recherche souffre d'un handicap assez
sérieux : les sources apparaissent tard. Pour le Xe siècle quelques échantil
lons; avant 1100 c'est une quantité modeste de documents (19 en tout et
pour tout, publiés dans le Codice Diplomatico Padovano) qui concerne l'év
êque et son entourage. Il pourrait sembler que nous soyons mieux à même
d'identifier les étapes d'une décadence, caractérisée par le passage du pouv
oir seigneurial de l'évêque aux mains de clients laïques, que le fonctionne
ment des structures féodo-vassaliques en leur épanouissement; ce ne serait
pas une vision exacte : la documentation s'amplifie assez vite au delà des
1 Dans un article de synthèse récent Philip Jones propose une mise au point sur
le problème, dans le cadre de l'ensemble de l'Italie du Nord et du Centre (Economia e
società nell'Italia medievale : la leggenda della borghesia, dans Storia d'Italia, Annali,
Einaudi, Turin, 1978, T. 1, p. 185-372).
2 On pense notamment à Nicolas Ottokar (// comune di Firenze alla fine del
Dugento, 1926; dernière réédition, Einaudi, Turin, 1974). 660 GÉRARD RIPPE
années llOO3. C'est à un moment de sereine affirmation du pouvoir episcopal
(et de maturité des structures féodo-vassaliques) que s'élaborent les organis
mes politico-administratifs de la Commune à ses débuts.
La situation de l'évêque, à Padoue, ne manquait pas d'originalité. La ville
ayant été détruite en 602 par le roi lombard Agilulf, Monselice était devenue,
pour des raisons stratégiques, le chef-lieu de la région. Réfugié, semble-t'il, à
Malamocco, immédiatement après la catastrophe, l'évêque, lorsqu'il revient
sur la terre-ferme, se réinstalle malgré tout au milieu des ruines de
l'ancienne Patavium4. La ville se reconstruira autour de la cathédrale, mais
péniblement, si bien que c'est de Monselice, tête d'un gastaldat lombard, que
les Carolingiens feront le siège du comté. L'évêque et le comte disposeront
ainsi chacun de sa zone d'influence. A terme une telle situation devait être
bénéfique pour l'évêque car Padoue redevint peu à peu, au Xe siècle, le cen
tre de la région. Dès les années 840 les expressions comitatus Montissilicianus
et comitatus Paduanus sont utilisées de façon concurrentielle; puis Padoue
l'emportera définitivement aux alentours de l'an mil, Monselice n'étant plus
alors que le siège d'une simple iudiciaria5. Ainsi l'évêque est conduit par la
force des choses à exercer à Padoue une fonction dirigeante : après l'inva
sion hongroise la charge de fortifier la ville lui est confiée par diplôme
royal6; en 964 Otton Ier confirme ses pouvoirs7. Le relèvement de Padoue
eut-il été moins lent (et Monselice moins prospère), la confiscation du titre
comtal par l'évêque aurait peut-être été inévitable8. Lorsque le comte se
3 Nous avons vu plus de 200 documents concernant directement l'évêque pour la
période située entre 1101 et 1237.
4 Ce qui pose le problème de l'ampleur réelle de la destruction de 602. La Pata
vium romaine fut bien, semble-t-il, rasée au sol; par contre la basilique de Ste Justine
demeura sauve, se trouvant extra urbem (cf. Cesira Gasparotto, Padova romana,
Padoue, 1951, p. 36 et p. 159-163). Il est donc probable que le culte préservé des mart
yrs dont elle abritait les reliques ait incité l'évêque à faire revivre un lieu sanctifié
plutôt qu'à aller voisiner avec les autorités lombardes à Monselice.
5 Cf. E. Zorzi, II territorio padovano nel periodo di trapasso da comitato a comune,
dans Miscellanea della R. Deputazione di storia patria delle Venezie, s. IV, voi. Ili, Venise,
1930, p. 4-5.
6 / diplomi di Berengario I, éd. L. Schiaparelli, Rome, 1903, n° LXXXII, p. 220-222
(a. 911).
7 M.G.H., Diplomata Ottonis I, T. I, p. 377-378, n° 265.
8 La politique adoptée par Bérenger et reprise par les empereurs envers l'évêque
de Padoue ne s'écarte en rien d'une ligne de conduite générale - et bien connue. On y
retrouve une bonne part des caractéristiques signalées par Giovanni Cassandro dans
l'article Comune du Novissimo Digesto Italiano (T. Ill, 1959, repris dans le volume col
lectif Forme di potere e struttura sociale in Italia nel Medioevo, sous le titre Un bilancio
storiografico, II Mulino, Bologne, 1977, p. 161) : «I vescovi perciò ottengono il potere di COMMUNE URBAINE ET FÉODALITÉ EN ITALIE DU NORD 66 1
réinstalle à Padoue (peut-être au début du XIe siècle), il est trop tard pour
qu'il y devienne un rival de l'autorité ecclésiastique. Peut-être, malgré tout, le
pouvoir episcopal en ville demeure-t-il plus souple qu'ailleurs, du fait de ce
manque d'un titre officiel.
Or il se trouve que l'évêque dispose d'un tel titre dans le contado. Pro
priétaire de vastes biens-fonds où il a reçu - ou bien confisqué à son profit -
le pouvoir sur les hommes, il s'y attribue le comitatus à la faveur de la
désagrégation de l'unité territoriale carolingienne., En cela il joue un jeu
identique à celui de tous ces seigneurs-ch

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