Concurrence dans la qualification environnementale des produits - article ; n°1 ; vol.83, pg 197-212
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Revue d'économie industrielle - Année 1998 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 197-212
Since the beginning of the nineties, product ecolabelling devices have proliferated worldwide. However, an industrial opposition hinders the development of the ecolabels on the final markets. Based on a detailed examination of the devising of the European ecolabel on detergents, and on a theoretical specification of products environmental quality, this paper examines this problem. It shows that this opposition : i) takes place in industries in which the products of the firms have different environmental performances ; ii) derives from the fact that the costs of environmental innovation (i.e. the cost of making « environmental » a product which is not considered as such) are determined by the process of ecolabelling. This allows us to interpret both the tensions between industrial strategics groups during this process and the industrial opposition to the ecolabel, as the resuilt of competitive strategies aimed at minimising these costs of environmental innovation.
Depuis le début des années 90, les dispositifs d'étiquetage de la qualité environnementale des produits (i.e. écolabélisation) se sont multipliés au niveau mondial. Cependant, l'opposition de certaines firmes freine le développement des écolabels sur les marchés. En se basant sur l'analyse du processus d'élaboration de l'écolabel européen pour les détergents et sur une spécification théorique de la qualité environnementale des produits, cet article montre que cette opposition trouve son origine dans le fait que les coûts d'innovation environnementale (i.e. le coût nécessaire pour rendre « environnemental » un produit qui ne l'est pas) sont déterminés au cours du processus d'élaboration de l'écolabel : ils dépendent des exigences à l'écolabélisation qui sont retenues à l'issue de ce processus. Les affrontements entre groupes stratégiques de firmes et les oppositions à l'instauration d'un écolabel qui y prennent place peuvent alors être interprétés comme le résultat de stratégies concurrentielles visant à minimiser ces coûts.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Nadai
Concurrence dans la qualification environnementale des
produits
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 83. 1er trimestre 1998. pp. 197-212.
Abstract
Since the beginning of the nineties, product ecolabelling devices have proliferated worldwide. However, an industrial opposition
hinders the development of the ecolabels on the final markets. Based on a detailed examination of the devising of the European
ecolabel on detergents, and on a theoretical specification of products environmental quality, this paper examines this problem. It
shows that this opposition : i) takes place in industries in which the products of the firms have different environmental
performances ; ii) derives from the fact that the costs of environmental innovation (i.e. the cost of making « » a
product which is not considered as such) are determined by the process of ecolabelling. This allows us to interpret both the
tensions between industrial strategics groups during this process and the industrial opposition to the ecolabel, as the resuilt of
competitive strategies aimed at minimising these costs of environmental innovation.
Résumé
Depuis le début des années 90, les dispositifs d'étiquetage de la qualité environnementale des produits (i.e. écolabélisation) se
sont multipliés au niveau mondial. Cependant, l'opposition de certaines firmes freine le développement des écolabels sur les
marchés. En se basant sur l'analyse du processus d'élaboration de l'écolabel européen pour les détergents et sur une
spécification théorique de la qualité environnementale des produits, cet article montre que cette opposition trouve son origine
dans le fait que les coûts d'innovation (i.e. le coût nécessaire pour rendre « environnemental » un produit qui
ne l'est pas) sont déterminés au cours du processus d'élaboration de l'écolabel : ils dépendent des exigences à l'écolabélisation
qui sont retenues à l'issue de ce processus. Les affrontements entre groupes stratégiques de firmes et les oppositions à
l'instauration d'un écolabel qui y prennent place peuvent alors être interprétés comme le résultat de stratégies concurrentielles
visant à minimiser ces coûts.
Citer ce document / Cite this document :
Nadai Alain. Concurrence dans la qualification environnementale des produits. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 83. 1er
trimestre 1998. pp. 197-212.
doi : 10.3406/rei.1998.1709
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1998_num_83_1_1709Alain NAD Aï
CERNA
École Supérieure des Mines de Paris
CONCURRENCE DANS LA QUALMCATION
ENVIRONNEMENTALE DES PRODUITS
Mots clés : concurrence ; qualité environnementale ; processus réglementaire ; coût d'inno
vation.
Key words : Competition, Environmental Quality, Regulatory Processes, Innovation Costs.
Depuis le début des années 90 les dispositifs d'écolabélisation des pro
duits se sont multipliés au niveau mondial. On en compte aujourd'hui
une vingtaine dans l'OCDE et des pays tels que la Chine, le Brésil,
l'Inde envisagent d'en mettre en place.
L'écolabélisation d'un produit comprend deux phases successives. La phase
de négociation est celle au cours de laquelle sont définis des critères d'écolab
élisation. Il s'agit d'exigences environnementales minimales qui doivent être
satisfaites par tout produit écolabélisé. Ces critères sont négociés entre les
autorités réglementaires et les représentants des industries et permettent la
qualification environnementale des produits. Au cours de la phase de marché,
les produits qui satisfont à ces critères peuvent donc être signalés aux consomm
ateurs comme étant plus respectueux de l'environnement.
Les dispositifs d'écolabélisation offrent ainsi aux firmes l'occasion de diffé
rencier leurs produits selon leurs performances environnementales. Pour les
autorités réglementaires, ils sont un moyen d'inciter les firmes à entreprendre
des innovations environnementales sur leurs produits. Il est, en effet, attendu
que ces dernières innovent pour rendre leur produit écolabélisable et capter,
grâce au signalement permis par l'écolabel, le consentement à payer des
consommateurs pour un meilleur environnement.
La prolifération de ces dispositifs ne garantit cependant pas le développe
ment des écolabels sur les marchés et la réalisation de cet objectif. D'une part,
l'utilisation des écolabels est volontaire pour les firmes et ces dernières peu
vent ne pas les utiliser. D'autre part, les premières années de développement
des écolabels montrent que dans certaines situations les firmes s'opposent act
ivement à leur mise en place. Elles tentent de bloquer l'élaboration des critères
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 83, 1" trimestre 1998 1 97 ou nouent des ententes pour ne pas utiliser l'écolabel lorsque des critères sont
malgré tout adoptés. Ces oppositions restent inexpliquées alors qu'elles sont un
frein au développement des écolabels et en particulier de l'écolabel européen.
Ce papier en propose une interprétation en comparant avec la dif
férenciation produit. Les modèles micro-économiques de différenciation pro
duit (Gabszewicz, 1994) (1) montrent qu'elle permet aux firmes de réduire l'in
tensité de la concurrence sur les prix et de défendre, voire d'accroître, leur part
de marché. Cette opportunité doit donc, en théorie, être saisie par les firmes ou,
au pire, les laisser indifférentes si elles pensent que la demande finale pour une
meilleure qualité est insignifiante. L'opposition active des firmes est donc spé
cifique à l'écolabel, d'où l'intuition qu'en comprenant ce qui le distingue de la
différenciation, on peut éclairer les fondements de cette opposition.
La première partie de l'article illustre, à partir du cas exemplaire de la négo
ciation des critères européens d'écolabélisation des détergents, la forme que
prennent les stratégies industrielles vis-à-vis de l'écolabel. Les parties sui
vantes en proposent une interprétation théorique. La deuxième partie s'interro
ge sur les spécificités de la qualité environnementale du produit. Elle examine
les connaissances nécessaires à l'élaboration des critères d'écolabélisation et
en déduit une caractérisation théorique de la qualité environnementale du pro
duit comme bien d'expert non verifiable par le consommateur. La troisième
partie en déduit que les coûts d'innovation en qualité sont endogènes au pro
cessus d'écolabélisation : ils dépendent du contenu donné aux critères d'éco
labélisation. Le coût d'innovation en qualité est le coût qu'une firme doit sup
porter pour modifier la qualité de son produit aux yeux des consommateurs.
Dans le cas de l'écolabel, il s'agit du coût de l'innovation qui permet à un pro
duit non-écolabélisable de le devenir et d'être signalé comme environnemental
au consommateur : nous l'appelons coût d'innovation environnementale. Leur
endogénéité distingue l'écolabel de la différenciation produit - dans laquelle
les coûts d'innovation en qualité sont donnés de façon exogène au processus
de différenciation - et permet d'interpréter les stratégies des firmes vis-à-vis de
l'écolabel comme des tentatives de minimisation de ces coûts.
I. — LA NEGOCIATION DES CRITERES EUROPEENS
D'ÉCOLABÉLISATION DÉTERGENTS
La négociation des critères européens d'écolabélisation des détergents a duré
quatre années : elle a débuté en février 1991 et ces critères ont été adoptés par
(1) Gabszewicz J., (1994), «La concurrence imparfaite», coll. Repères, La Découverte,
pp. 19-20.
1 9g REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 83, 1er trimestre 1998 Commission européenne en juillet 1995 (2). Malgré le relatif succès de la la
négociation, le développement de cet écolabel est compromis. Au printemps
97, il n'était présent sur aucun détergent.
1. L'industrie et l'élaboration des critères des détergents est très concentrée. Cinq grands groupes se parta
gent près de 80% du marché européen.
La différenciation environnementale des déterge

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