Connecteurs et relations causales - article ; n°1 ; vol.77, pg 92-127
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Description

Langue française - Année 1988 - Volume 77 - Numéro 1 - Pages 92-127
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Laurence Danlos
Connecteurs et relations causales
In: Langue française. N°77, 1988. pp. 92-127.
Citer ce document / Cite this document :
Danlos Laurence. Connecteurs et relations causales. In: Langue française. N°77, 1988. pp. 92-127.
doi : 10.3406/lfr.1988.4739
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_77_1_4739Laurence Danlos
LADL (CNRS)
CONNECTEURS ET RELATIONS CAUSALES
Notre démarche pour étudier les connecteurs dans le cadre des
relations causales sera la démarche inverse de celle traditionnellement
utilisée en linguistique : nous partirons d'un type de relation causale et
nous étudierons les formes permettant d'exprimer ce type de relation
causale. A l'inverse, la majorité des études linguistiques partent d'un
ensemble de formes et elles décrivent les propriétés syntaxiques et/ou
sémantiques de ces formes (e.g. l'article de A. Borillo dans ce numéro
sur les formes (P) quand (P)' ou Quand (P)' , (P)). En traitement
automatique du langage naturel, notre démarche correspond à la géné
ration de textes (i.e. passage d'une représentation abstraite à un texte),
tandis que la démarche traditionnelle en linguistique à l'ana
lyse de textes (i.e. passage d'un texte à une représentation abstraite). La
démarche « génération » offre des perspectives nouvelles sur l'étude du
langage naturel. Ainsi, nous verrons qu'elle permet de mettre en évidence
de nombreux cas d'interdiction difficilement décelables dans une démarche
« analyse ». Par exemple, le discours.
(1) Mes chemises ont été entassées dans l'armoire. Elles ont été froissées par
Luc.
n'évoque pas une relation causale dont la cause serait l'entassement des
chemises, contrairement au discours suivant obtenu à partir du précédent
en intervertissant froissées et entassées dans l'armoire :
(2) Mes chemises ont été froissées. Elles ont été entassées dans l'armoire par
Luc.
Ces interdictions conduisent à la notion de « grammaire de discours » :
une grammaire de discours pour une relation sémantique donnée est la
liste des structures de discours permettant d'exprimer cette relation
sémantique, les structures de discours intégrant des informations tant
92 sur la linéarisation en phrases que sur les constructions syntaxiques des
phrases en jeu. Cette liste est un point de passage obligé car les cas
d'interdiction ne sont pas toujours prédictibles à partir d'autres données
syntaxiques ou sémantiques. Ainsi, le fait que (1) n'exprime pas une
relation causale ne peut pas être expliqué par une règle sur Tordre des
informations du type :
dans un discours exprimant une relation causale, le résultat doit
apparaître avant la cause (comme en (2))
puisque le discours suivant obtenu à partir de (2) en intervertissant
l'ordre des phrases évoque une relation causale dont la cause est l'e
ntassement des chemises :
(3) Mes ont été entassées dans l'armoire par Luc. Elles ont été
froissées.
Le fait que (1) n'évoque pas une relation causale ne peut pas non plus
s'expliquer par la position du complément d'agent : celui-ci figure dans
— la deuxième phrase en (1) qui n'évoque pas une relation causale;
— la en (2) qui évoque une relation causale;
— la première phrase en (3) qui une
— la première en (4) ci-dessous qui n'évoque pas une relation
causale dont la cause est l'entassement des chemises :
(4) Mes chemises ont été froissées par Luc. Elles ont été entassées dans
l'armoire.
La démarche « génération » suppose que la relation sémantique de
départ soit cernée de façon aussi précise que possible. Nous allons donc
tenter de cerner un type de relation sémantique : les « relations causales
directes » qui constitueront l'objet de cette étude. Auparavant, une
remarque : une stricte inversion des phrases du discours (2) aurait
débouché sur le discours
(3') Elles ont été entassées dans l'armoire par Luc. Mes chemises ont été
froissées.
et non sur (3). Le discours (3') est difficilement interprétable à cause du
pronom elles : sauf intonation particulière \ ce pronom ne peut pas être
coréférent au nom mes chemises, contrairement au pronom elles de (3).
Les phénomènes de pronominalisation ne seront pas traités ici. Les
exemples qui vont être présentés ont été construits de façon à ce que les
éventuels pronoms qui y figurent n'engendrent aucune ambiguïté et
réfèrent à des noms déjà cités. Signalons toutefois que la pronominalis
ation dans le cadre du discours est un de nos axes de recherche et que
nous utilisons les résultats exposés dans cette étude pour aborder cette
1. Les intonations particulières ne seront pas prises en compte dans cette étude qui ne concerne
que des textes écrits : les jugements d'acceptabilité qui seront portés sur les textes sont des jugements
de lecture.
93 question de façon rigoureuse et utilisable dans un système de traitement
automatique du langage naturel (L. Danlos et F. Namer 1988).
1. Notion de relation causale directe
Nous définissons une relation causale directe de la façon suivante :
la cause est une action effectuée par un agent humain H 2, cette action
affecte « directement » une entité X qui représente un humain ou un objet
concret; le résultat est un changement d'état physique pour l'entité X.
La notion de relation causale directe est illustrée par les exemples suivants
dont la partie soulignée correspond à la formulation du résultat, le reste
à la formulation de la cause :
Marie a un bleu. Luc lui a donné un coup de poing.
Cette lettre est devenue illisible car Luc a renversé du café dessus.
Luc a sali ma robe en renversant du café dessus.
Luc a entassé mes chemises dans V armoire. Elles sont froissées.
Luc a renversé la carafe qui s'est cassée.
Luc a soufflé sur le château de sable le démolissant.
Nous opposons les relations causales directes aux relations causales « indi
rectes » en posant que les premières se limitent à une seule relation de
cause à effet contrairement aux secondes. Ainsi, la chaîne causale 3 :
[cause Marie a bu beaucoup de cognac.
résultat Marie a la gueule de bois.
est une relation causale directe car elle se limite à une seule relation de
cause à effet, abstraction faite des réactions physiologiques de Marie qui
peuvent être décrites par une chaîne causale arbitrairement longue. Par
contre, la chaîne causale
i— cause Luc a servi beaucoup de coqnac à Marie.
<П)Г
W résultat Marie a la gueule de bois.
est une relation causale indirecte car c'est une abréviation d'une chaîne
causale comportant au moins deux relations de cause à effet :
г- cause résultat-, — i Marie Luc ., a . servi a bu , beaucoup , r de , cognac coqnac. v à Marie. С
l> résultat Marie a la gueule de bois.
2. Dans la majorité de nos exemples, cet agent humain sera désigné par le prénom Luc.
3. La notion de chaîne causale est discutée dans (Z. S. Harris 1968).
94 La différence extra-linguistique entre (I) et (II) se relève dans des dif
férences linguistiques. Ainsi, un discours de forme Le fait que < CAUSE >
donner la gueule de bois à X peut exprimer une relation causale directe
4 : comme (I) mais pas une relation causale indirecte comme (II)
(1) Le fait ď avoir bu beaucoup de cognac a donné la gueule de bois à Marie.
(2) *Le fait que Luc ait servi beaucoup de cognac à Marie a donné la gueule
de bois à celle-ci.
Citons encore une autre paire contrastant relations causales directes
et indirectes :
(3) Marie est morte. Luc a tiré deux balles sur elle.
(4) PMarie est Luc a tiré deux sur son voisin.
Le discours (3) évoque une relation causale directe qui peut être refo
rmulée de la façon suivante :
(3') Luc a tiré deux balles sur Marie qui est morte.
Par contre, (4) est un discours elliptique mettant en jeu une relation
causale indirecte qui peut être l'abréviation d'une chaîne causale telle
que :
i— cause Luc a tiré deux balles sur le voisin de Marie.
U résultat -i ., . ,. Marie a eu une crise cardiaque. r— cause — l 3
l» résultat Marie est morte.
Le discours (4) n

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