Conséquences théoriques des frontières de la polysémie. Application au pronom il - article ; n°1 ; vol.113, pg 35-48
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Description

Langue française - Année 1997 - Volume 113 - Numéro 1 - Pages 35-48
F. LEBAS : Conséquences théoriques des frontières de la polysémie. Application au pronom il Starting from the « indexical » conception of words, this work tries to lay some theoretical foundations taking accoung of polysemy and its boundaries. In the first part, the necessary notions — including a new meaning of in intension/in extension — arc defined in the nominal domain. The second part makes use of these notions for the analysis of traditionnally problematic uses of the french pronoun il.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 57
Langue Français

Extrait

M. Frank Lebas
Conséquences théoriques des frontières de la polysémie.
Application au pronom il
In: Langue française. N°113, 1997. pp. 35-48.
Abstract
F. Lebas : Conséquences théoriques des frontières de la polysémie. Application au pronom il
Starting from the « indexical » conception of words, this work tries to lay some theoretical foundations taking accoung of
polysemy and its boundaries. In the first part, the necessary notions — including a new meaning of in intension/in extension —
are defined in the nominal domain. The second part makes use of these notions for the analysis of traditionnally problematic uses
of the french pronoun il.
Citer ce document / Cite this document :
Lebas Frank. Conséquences théoriques des frontières de la polysémie. Application au pronom il. In: Langue française. N°113,
1997. pp. 35-48.
doi : 10.3406/lfr.1997.5368
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1997_num_113_1_5368Franck
Université de Paris 8
CONSEQUENCES THEORIQUES
DES FRONTIÈRES DE LA POLYSÉMIE.
APPLICATION AU PRONOM il
1. Les frontières de la polysémie
Force est de constater que la polysémie est un phénomène linguistique qui ne se
définit que relativement à d'autres, comme l'homonymie, la métonymie, voire la
métaphore ' . En pratique, on qualifie en effet de polysémique tout changement percept
ible de sens qui ne relève pas nettement de ces phénomènes, qui, eux, sont balisés par
des exemples nets, et est qualifié de véritablement un de sens
qui n'est pas du tout classable autrement. De sorte, le « problème » de la polysémie est
à la fois d'expliquer l'unité des exemples qui en relèvent et de montrer les frontières
avec les phénomènes nets de changement de sens d'une part et avec l'identité de sens
d'autre part.
Le but de ce travail est de clarifier en partie l'unité de la polysémie et de mieux
dessiner ses frontières avec l'homonymie et la métonymie. Dans un premier temps, nous
allons voir, dans le domaine nominal, quelques conséquences théoriques de l'hypothèse
« indexicale » (voir Cadiot, à par.), qui veut, en résumant à l'extrême, que les mots ne
soient que des accès potentiels aux différents « sens » possibles. Ceci nous amènera à
réintroduire le couple extension/intension (dont la définition sera modifiée), qui sera
ensuite exploité dans une tentative d'unification des emplois du pronom il.
1.1. Polysémie et dissimilation conceptuelle
Les exemples suivants sont donnés dans (P. Cadiot, 1992) comme illustration des
différentes « valeurs contextuelles » du mot école :
(1) L'école donne sur l'avenue.
(2)ne lui convenait pas.
(3) Je n'ai pas école vendredi prochain.
(4) C'est interdit par l'école.
(5) Mon école a gagné tous ses matches.
] . Et ce malgré une certaine hétérogénéité théorique : on parle volontiers de « mécanismes »
à propos de la métonymie et de la métaphore, alors que pour la polysémie et l'homonymie, il s'agit
de simple « constats ».
35 Paul a été à l'école de la rue. (6)
(7) Ce tableau méfait penser à l'école de Pont-Aven.
(8) Ses idées ont fini parfaire école.
Pour élaborer une ihéorie de la polysémie, il convient d'expliquer à la fois le
sentiment d'une « base » commune à ces emplois d'écoie mais aussi la différence
perceptible entre Y école des phrases (1) à (6) et celle de (7) et (8). L'école de peinture, en
particulier, s'oppose nettement à l'école traditionnelle (l'institution), selon un mode qui
est proche de l'homonymie. La raison pour laquelle cette différence reste néanmoins
polysémique vient vraisemblablement de la naissance « évolutive » de ce sens du mot
école. Comme le montre INyckees (v. ce numéro) à propos d'autres mots, un glissement
s'est probablement opéré dans la communication, dans une situation et à une période où
les deux sens étaient pragmatiquement compatibles. Ce nouveau sens serait né d'une
différence, non problématique pour la entre l'intention du locuteur et
la compréhension de l'interlocuteur. Mais si l'occurrence de ce genre de « malentendu »
explique l'apparition d'un sens nouveau, cela ne règle pas le problème de sa cohabitat
ion avec le premier sens.
En réalité, c'est le fait, intuitif, de postuler des sens différents qui règle la question
de la relation entre ces sens : on ne parle de « sens » qu'à partir du moment où l'on
perçoit une opposition entre concepts, c'est-à-dire que des « termes » — ou « él
éments » — d'un concept nient certains termes d'autres concepts. 11 s'est produit une
dissimilation entre concepts, manifestation d'une polysémie « extra-conceptuelle ».
Dans cette opposition, le mot n'a qu'un rôle secondaire, un rôle d'accès. En
l'occurrence, nos deux mots école s'opposent de façon catégorique, notamment sur le
plan de la localisation spatiale, réelle pour l'école traditionnelle, inexistante pour
l'école de peinture. Dans les deux cas, le mot école réfère à, mais ne possède pas l'un ou
l'autre sens. En somme, la notion de sens tend à se confondre avec celle, extra
linguistique, de concept, et la seule raison pour laquelle je conserverai le terme « sens »
est qu'il est sans doute utile de postuler que tous les concepts ne sont pas des sens
potentiels, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément accessibles à l'aide de mots.
Einalement, le phénomène de polysémie « extra-conceptuelle » et l'hypothèse
indexicale invitent à considérer que le mot n'enregistre que l'accès aux seuls termes
sémantiques, sans intervenir directement dans la formation au sein de ces termes de
formes stables de sens. L'usage qu'on a des mots fait qu'un sens doit nécessairement être
reconnu, mais le mot lui-même n'enregistre que l'accès à la « base conceptuelle »,
c'esl-à dire l'ensemble brut des termes formant les différents sens possibles 2.
C'est à présent la polysémie « intra-conceptuelle », pour laquelle on a l'intuition
d'un seul sens partagé, qui va permettre de définir la « valeur contextuelle », autre
structure importante fondée sur la base conceptuelle.
2. Logiquement, la « base conceptuelle » ne peut pas être elle-même un sens possible, dès
lors que plusieurs sens sont en opposition conceptuelle.
36 Polysémie « intra-concepluelle » 1.2.
Jusqu'à préseul, j'ai exploité fort commodément le flou du terme « concept ». Le
concept est certes quelque chose de mystérieux mais on suppose, dans les théories
cognitives surtout, qu'il est composé de termes cognitifs (on pense nécessairement aux
routines de reconnaissance visuelle, par exemple), parfois dotés d'une certaine autono
mie 3, et rassemblés dans des structures (faisant intervenir toutes les notions classiques
de modalité, de but, de moyen, etc.) qui font leur unité conceptuelle et qui finalement
constituent l'essentiel du flou en question. C'est justement l'intuition qu'il y a des
« valeurs » dépendant du contexte qui amène à supposer l'existence de termes cognitifs
composant les concepts. La « valeur contextuelle » d'un mot, finalement, est l'ensemble
des termes du sens qui, par définition, sont impliqués dans la relation au contexte. La
notion est proche de celle de « profil » proposée par Langacker (R. W. Langacker 1987),
à la différence que le « profil » n'a pas l'exclusivité des liaisons avec les autres éléments
de la phrase. Apparemment, celui-ci est utilisé avant tout pour rendre compte de
l'intuition que les valeurs sont toujours conçues comme des « formes » dans un « fond »
conceptuel, sans que la fonction linguistique du profil soit clairement définie л .
Ainsi par exemple, la valeur contextuelle du syntagme L'école dans (1) est consti
tuée de la fraction des sens combinés de l'article et du nom qui est impliquée dans la
relation au prédicat. Cette valeur comprend donc aussi certains éléments du prédicat,
c'est-&

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