Contribution à l étude des rites funéraires indiens - article ; n°1 ; vol.62, pg 55-124
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1975 - Volume 62 - Numéro 1 - Pages 55-124
70 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 319
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Guy Moréchand
II. Contribution à l'étude des rites funéraires indiens
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 62, 1975. pp. 55-124.
Citer ce document / Cite this document :
Moréchand Guy. II. Contribution à l'étude des rites funéraires indiens. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome
62, 1975. pp. 55-124.
doi : 10.3406/befeo.1975.3843
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1975_num_62_1_3843CONTRIBUTION
A L'ÉTUDE DES RITES FUNÉRAIRES INDIENS
PAR
Guy MORÉCHAND
« Naciketas : ' II est un doute au sujet de l'homme,
quand il meurt. Il existe, disent les uns, II
n'existe plus, disent les autres. Je voudrais savoir,
instruit par toi. Que telle soit la troisième de tes
faveurs ! ' »
« . — Yama : ' Les dieux eux-mêmes furent en
doute là-dessus, car ce n'est pas facile à savoir,
le problème est subtil. Choisis une autre question,
Naciketas ! Ne me presse pas, laisse aller cela ! ' »
Kâthaka Upanisad (traduction Renou)
(« Poésie religieuse de l'Inde antique », p. 135).
Cet article n'aurait pu être entrepris sans la bienveillance du
Professeur Filliozat et le concours de l'Institut Français de Pondichéry.
Nous adressons de très vifs remerciments aux Pandits :
P. Neelakanta Sarma, attaché de recherches à l'IFI,
Srinivasacharya, attaché de recherches à l'IFI,
à M. Sinouvassane, de l'École Française d'Extrême-Orient,
auxquels ce travail est totalement redevable. Enfin, à M. Jayram qui
nous a piloté et infatigablement assisté pendant toute la durée de notre
séjour.
L'auteur de ces lignes n'est pas indianiste et il s'excuse à l'avance
du caractère sommaire de la plupart de ses références auprès du lecteur
compétent. Un séjour de trois mois en Inde méridionale, relativement
bref mais suffisant pour observer sur le vif certains rites funéraires,
nous a permis, grâce au concours indispensable de l'Institut Français
d'Indologie de Pondichéry, de réaliser un projet ancien. Nous souhaitions,
avant d'achever un travail entrepris sur les chants funéraires des Miao
du Sud-Est asiatique, avoir une connaissance suffisante du rituel indien. 56 GUY MORECHAND
Moins qu'un autre, un ethnologue ne peut se contenter d'un savoir
livresque quand s'offre la possibilité d'aller sur le terrain. Même quand
il s'agit d'une civilisation aussi complexe que celle de l'hindouisme,
aussi hautement élaborée, aussi remarquablement scrutée de l'intérieur
et de l'extérieur par des érudits spécialisés, le besoin d'observer concrète
ment le réel lui est irrésistible. D'autre part l'esprit dans lequel il
travaille ne coïncide pas exactement avec celui des grandes disciplines
de l'indianisme, car il s'intéresse finalement moins à l'orthodoxie, à
ses traces écrites, intellectuellement codifiées et à ses interprétations
conscientes qu'aux résidus hétérodoxes, aux gestes apparemment
inutiles ou manifestement reinterpretes, à toute une pesanteur rituelle
largement inconsciente, parfois inavouable et dissimulée, ou bien
non homologable et non homologuée ni par le participant, ni par
l'observateur ordinaire.
En effet l'ethnologie — est-il besoin de le rappeler? — attache
légitimement un plus grand intérêt aux rites qu'à l'appareil intellectuel
— croyances, prières — qui les entoure. S'il est une leçon claire à tirer
de l'observation des sociétés archaïques, c'est bien la permanence du
rite et sa richesse par rapport à ses interprétations, ses réinterprétations,
quand il ne s'agit pas simplement d'une absence totale d'interprétation
ou encore d'interprétations contradictoires. Le rituel apparaît presque
à coup sûr comme une ossature de la vie religieuse, l'un des éléments
que l'on est endroit d'estimer être le plus résistant au changement. En
outre, même dans les cas les meilleurs, l'interprétation est théoriquement
entachée d'une diminution difficilement surmontable puisqu'elle est
consciente et rationalisante alors que le rite est un phénomène chargé
d'inconscient et de symbolisme. Ces données de l'expérience se
conjuguent avec le fait que l'immense majorité des sociétés tradition
nelles connaissent des ésotérismes avec leurs conditionnements par
l'initiation. Alors qu'elles réservent les secrets de leurs trésors spirituels
à une élite jugée seule apte à les recevoir utilement, elles ont tendance
à favoriser dans la vie profane les niveaux inférieurs d'interprétation
où les tentatives d'explication peuvent foisonner à loisir.
Enfin, dans le cas précis qui va nous occuper, il paraît assez vra
isemblable que, de tous les rituels, le rituel funéraire est le plus conservat
eur. Ce grand rite du passage définitif culmine tous les dangers et
peut-être tous les doutes. Il est généralement nimbé d'un double halo
d'incertitudes, concernant la personnalité véritable, intime, du mort, et
concernant l'au-delà. Le doute et le danger n'incitent-ils pas à conserver,
par prudence, les rites pratiqués, éventuellement à en ajouter de
nouveaux, mais à s'abstenir de retrancher les anciens? Ce domaine de
la mort, ni plaisant, ni facile à étudier (où l'enquêteur devient très
vite l'« homme de mauvais augure » et l'« homme de la souillure »),
pas toujours traité en détail, devrait précisément être privilégié au moins
par les ethnologues.
L'Inde entre dans le champ de ces réflexions ■ — peut-être faut-il
ajouter : malgré certaines apparences. En occident, l'intériorisation de
la religion, la formation du dogme et l'intolérance qui en est la contre
partie ont constamment travaillé à placer les rites sous l'apparente CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES RITES FUNÉRAIRES INDIENS í>7
dépendance des croyances élaborées, de telle sorte qu'ils nous apparais
sent aujourd'hui comme la simple illustration d'un système homogène,
découlant de lui et placés en contre-point alors qu'il s'agit là d'une
illusion. L'Inde donnerait facilement la même impression (à ses propres
adeptes, comme aux chercheurs occidentaux) puisqu'elle est le pays de
la créativité religieuse par excellence, offrant une homogénéité culturelle
impressionnante. S'il est un génie qui ne peut lui être contesté, c'est
bien celui de l'assimilation. Elle a beaucoup formulé, codifié, repensé,
assimilé. Elle a constamment approfondi, réévalué et restructuré. Elle
a rarement, semble-t-il, manqué l'occasion d'une synthèse nouvelle,
d'une refonte nécessaire et l'hindouisme représente un extraordinaire
effort de réinterprétation globale depuis les temps védiques. Dans ces
conditions, il est peut-être plus difficile qu'ailleurs de faire aux rites
leur juste part et de déceler tout ce qu'ils peuvent recouvrir. Et en ce
sens, la contribution même très modeste d'un ethnologue familier du
sud-est asiatique peut ne pas être mutile.
Les signes avant-coureurs de la mort ont joué dans le passé, et
continuent à jouer aujourd'hui un rôle important. Le croyant est très
attentif et très savant dans ce domaine. Il fallait s'y attendre pour cette
religion de salut où pèse l'idée du mérite, selon laquelle l'homme dont
les vies antérieures n'ont pas été monstrueusement mauvaises doit avoir
le temps de s'y préparer consciemment et méthodiquement. L'ouvrage
de Kane (tome IV, pages 181 sq.) abonde en signes indiquant l'approche
inéluctable de la mort : signes physiologiques et visions à interpréter
qui accordent théoriquement années, mois, décades, jours, ou heures
avant le moment fatal auquel il s'agit alors de se préparer avec soin.
Les signes les plus proches, ceux qui concernent les jours et les heures,
semblent bien connus actuellement. De plus, si le mérite capitalisé est
assez grand ; ce moment tombera dans une période favorable — par
exemple à une époque où la course du soleil s'engage vers le Nord, le

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