« De Profundis » ou la critique de la raison révolutionnaire - article ; n°1 ; vol.24, pg 59-81
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1983 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 59-81
Isabelle Stal, De Profundis or criticism of revolutionary reason.
We present herewith to the French readers a comment of De profundis (Iz glubiny) published in Moscow in 1921. This miscellany develops a criticism of the October revolution, from the metaphysical and moral standpoint. For our part, we endeavoured to stress the original character of this view and its current interest for the modern reader informed of the problems of socialism. We lay no claim to a work of erudition. We have preferred to present a thematic comment which sets better out the obvious convergence and coherence of the various analyses that are proposed.
Isabelle Stal, De profundis ou la critique de la raison révolutionnaire.
Nous proposons ici au lecteur français une présentation et un commentaire du recueil De Profundis (Iz glubiny) publié en 1921 à Moscou. Ce recueil développe une critique de la révolution d'Octobre, critique menée d'un point de vue métaphysique et moral. Pour notre part, nous nous sommes attachée à mettre en lumière l'originalité de cette démarche et son actualité toujours vive pour le lecteur contemporain informé des problèmes du socialisme. Ne prétendant pas faire oeuvre d'érudition, il nous a paru que le commentaire thématique était préférable à un autre mode de présentation parce qu'il faisait mieux apparaître l'indiscutable convergence et la profonde cohérence des différentes analyses proposées.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Isabelle Stal
« De Profundis » ou la critique de la raison révolutionnaire
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24 N°1-2. Janvier-Juin 1983. pp. 59-81.
Abstract
Isabelle Stal, "De Profundis" or criticism of revolutionary reason.
We present herewith to the French readers a comment of "De profundis" (Iz glubiny) published in Moscow in 1921. This
miscellany develops a criticism of the October revolution, from the metaphysical and moral standpoint. For our part, we
endeavoured to stress the original character of this view and its current interest for the modern reader informed of the problems
of socialism. We lay no claim to a work of erudition. We have preferred to present a thematic comment which sets better out the
obvious convergence and coherence of the various analyses that are proposed.
Résumé
Isabelle Stal, "De profundis" ou la critique de la raison révolutionnaire.
Nous proposons ici au lecteur français une présentation et un commentaire du recueil "De Profundis" (Iz glubiny) publié en 1921
à Moscou. Ce recueil développe une critique de la révolution d'Octobre, critique menée d'un point de vue métaphysique et moral.
Pour notre part, nous nous sommes attachée à mettre en lumière l'originalité de cette démarche et son actualité toujours vive
pour le lecteur contemporain informé des problèmes du socialisme. Ne prétendant pas faire oeuvre d'érudition, il nous a paru que
le commentaire thématique était préférable à un autre mode de présentation parce qu'il faisait mieux apparaître l'indiscutable
convergence et la profonde cohérence des différentes analyses proposées.
Citer ce document / Cite this document :
Stal Isabelle. « De Profundis » ou la critique de la raison révolutionnaire. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 24 N°1-
2. Janvier-Juin 1983. pp. 59-81.
doi : 10.3406/cmr.1983.1968
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1983_num_24_1_1968ESSAI
ISABELLE STAL
«DE PROFUNDIS»
OU LA CRITIQUE
DE LA RAISON RÉVOLUTIONNAIRE
Le recueil Iz glubiny * que nous présentons aujourd'hui
au public français connut un destin singulier. Rédigé pour
l'essentiel durant les mois qui suivirent la révolution d'Octo
bre, interdit par la censure dès sa mise en pages, il put
malgré tout paraître en 1921, grâce à l'initiative d'ouvriers
imprimeurs qui en assurèrent, de leur propre chef, la publi
cation ; mais ce fut pour disparaître aussitôt, confisqué par
les autorités. Dès lors, exception faite des articles de Bulgakov
et de Struve, tirés à part, puis de celui de Berdjaev, rédigé
dans les années 30, le recueil resta inaccessible jusqu'en 1967,
date de sa publication en France.
Peut-être, comme le suggère Nikita Struve dans sa préface,
ce délai inhabituellement long est-il moins imputable aux
hasards de l'édition qu'à l'incroyable lenteur avec laquelle
la conscience occidentale s'est éveillée de son sommeil dog
matique, ou, pour mieux dire, de sa stupeur idéologique.
Que la révolution d'Octobre ait été la plus grande catastrophe
jamais survenue dans l'histoire russe, l'opinion publique
de nos pays consent depuis fort peu de temps à en discuter
l'hypothèse, et c'est pourquoi ce livre, conçu il y a soixante
ans, se trouve par nombre de ses thèmes au coeur de l'actual
ité. Ce fait, s'il n'honore guère notre clairvoyance, provoque
notre curiosité. Comment ont-ils compris, ces Russes, et pour
quoi si tôt ? réussi ce prodige d'écrire
l'histoire en direct sans brouillon ni ratures ? Pour le
comprendre, il convient d'évoquer brièvement l'histoire intel
lectuelle des trois décennies précédentes en Russie, du moins
ce qu'il importe d'en dégager ici : l'émancipation progressiste
de l'intelligentsia qui, en la personne de ses plus illustres
représentants, rejeta, au tournant du siècle, le joug de
l'idéologie révolutionnaire auquel elle avait été asservie un
demi-siècle auparavant (1). Cette libération qui prit pour
plusieurs penseurs valeur d'autocritique, voire d'auto-analyse,
se produisit en deux étapes.
En 1902, paraît un premier recueil : Voprosy idealizma
(Questions de l'idéalisme). Ses auteurs, Berdjaev, Bulgakov,
Frank et Losskij, y critiquent les présupposés matérialistes de
la vulgate révolutionnaire. 60 ISABELLE STAL
Un second volume publié en 1909, Vehi (Jalons) (2), et
mieux connu du public occidental, élargit la portée des cri
tiques précédentes. L'intelligentsia révolutionnaire ne s'est
pas bornée à pécher contre l'Esprit ; un moralisme exacerbé,
le fourvoiement et la corruption du sentiment religieux l'ont
conduite à une appréhension fausse de la réalité qui, suspecte
de n'être point conforme à l'idéal, est déclarée coupable et
poursuivie jusqu'à l'anéantissement. L'on sait désormais, et
c'est le grand mérite des auteurs de Vehi de l'avoir pour
la première fois pressenti, qu'à ce jeu du "tout ou rien",
seul le rien est sûr ; l'alternative n'est qu'apparente, les
dés sont truqués, et comme Carmen au camp des bohémiens,
l'apprenti révolutionnaire tire toujours la même carte, "la
carte impitoyable, la mort, toujours la mort".
Au moment où il parut, ce second volume présentait, de
l'aveu même des auteurs, un intérêt essentiellement spéculatif.
Les réflexions qu'il développait devaient affermir la conva
lescence d'une nation éprouvée, et conjurer le danger d'impro
bables rechutes. L'époque des fièvres révolue, il était temps
pour la Russie de rompre avec son intelligentsia ou d'exiger,
du moins, qu'elle révisât ses partis pris néfastes, pour
aborder enfin l'âge de raison, l'âge européen. Sérénité,
pondération, distance vis-à-vis de l'événement, humour même
caractérisent donc le style de ce premier recueil. Quant à ses
principes d'analyse, ils relèvent d'une inspiration positi
viste : on peut parcourir l'enchaînement des raisons sans
jamais quitter le terrain des faits, et les données les plus
tortueuses de la psychologie intelligent paraissent suffisamment
éclairées par l'étude des circonstances historiques et sociales
particulières dans lesquelles le groupe s'est formé.
On sait comment la Grande Guerre démentit cet optimisme.
La révolution d'Octobre plaça les auteurs de De profundis
dans une situation émotionnelle bien différente : "Des profon
deurs je t'implore, ô mon Dieu." Le mal renaissant s'est
étendu si rapidement, dans des proportions si considérables,
qu'il fait éclater les cadres de la réflexion précédente. La
raison chancelle et la logique historique, si régulièrement i
nvoquée par les auteurs de Vehi, se révèle impuissante dès lors
qu'il s'agit de penser une radicale discontinuité, une fracture,
un effondrement :
"Cherchant d'ultimes lueurs d'espérance, l'on s'efforce
de trouver des analogies historiques pour y puiser
l'apaisement et l

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