De quelques genres littéraires dans la tradition orale paicî (Nouvelle-Calédonie) - article ; n°50 ; vol.32, pg 31-66
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De quelques genres littéraires dans la tradition orale paicî (Nouvelle-Calédonie) - article ; n°50 ; vol.32, pg 31-66

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1976 - Volume 32 - Numéro 50 - Pages 31-66
An account of linguistic studies. Collection of oral tradition and literary forms. A linguistic outline (syntax, tonology) and illustration by two texts translated word for word : an annotated poem, and a story.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alban Bensa
Jean-Claude Rivierre
De quelques genres littéraires dans la tradition orale paicî
(Nouvelle-Calédonie)
In: Journal de la Société des océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 31-66.
Abstract
An account of linguistic studies. Collection of oral tradition and literary forms. A linguistic outline (syntax, tonology) and illustration
by two texts translated word for word : an annotated poem, and a story.
Citer ce document / Cite this document :
Bensa Alban, Rivierre Jean-Claude. De quelques genres littéraires dans la tradition orale paicî (Nouvelle-Calédonie). In: Journal
de la Société des océanistes. N°50, Tome 32, 1976. pp. 31-66.
doi : 10.3406/jso.1976.2732
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1976_num_32_50_2732De quelques genres littéraires
dans la tradition orale paicî
(Nouvelle-Calédonie)*
porté et M. supervisées de linguistique la Leenhardt Au Les Grande les lendemain paicî travaux par Terre, ont publié par lui de désormais été leurs entre la n'était en quelque Seconde voisins 1946. 1900 pour classiques peu du Quelques et Guerre, l'essentiel 1920 sud, éclipsés de constituaient le petites langue Maurice paicî, dans connu publications la comme houaïlou, Leenhardt1. que littérature la par seule les sur l'inventaire autres missionnaires prose ethnologique lesquels langues dispoont de
nible en cette langue, avec un catéchisme catholique paru en 1910.
Il fallut attendre les enquêtes de J. Guiart pour que soit rassemblé un
corpus de textes historiques, mythiques, etc. notés en langue vernaculaire.
Presque tous ces textes furent rédigés par les informateurs eux-mêmes,
encouragés selon la tradition missionnaire protestante a écrire dans leur
propre langue. L'un d'entre eux, le pasteur Eleisha Nàbai laissa quelques
textes remarquables parmi lesquels une autobiographie et un discours céré-
moniel. Le corpus formé à cette époque contenait aussi nombre de poésies
appelées « tenons », genre qui ne semble attesté que dans le centre de la
Grande Terre2. Divers indices permettaient de penser qu'un travail comme
• Voir carte p. 66.
1. Auxquels il faut ajouter une thèse récente de linguistique de J. de la Fontinelle et les travaux ethnolo
giques de E. et P. Métais sur la même aire linguistique.
2. La traduction d'un tenon paicî figure déjà a la fin des Documents néo-calédoniens.
31 SOCIETE DES OCÉANISTES
les Documents néo-calédoniens de Maurice Leenhardt, centré sur l'aire paicî,
aurait entraîné l'édition de plusieurs volumes et que cette ethnie était la
plus créative dans le domaine de la littérature orale. Il faut savoir enfin
qu'avec trois mille locuteurs les paicî forment une communauté plus de
trois fois supérieure aux autres en moyenne par le nombre. La langue est
parlée avec de faibles variantes sur un territoire assez vaste, si du moins
on la compare aux autres : de Monéo au sud (frontière du houaïlou), jusqu'à
Tyé (embouchure de l'Amoa et frontière du camuhî), soit soixante-dix kil
omètres environ sur la côte est, la même distance à peu près de Poya à
Koné, avec d'une côte à l'autre tout l'arrière pays. Les travaux de J. Guiart
montrent qu'une partie des territoires de la côte ouest ont été occupés
récemment par les paicî et que le dynamisme de l'ethnie ne se manifestait
pas seulement dans le domaine de la création littéraire.
Restait la langue elle-même et les problèmes qu'elle posait pour sa trans
cription. Les textes missionnaires étaient écrits par des étrangers à la langue
et ne présentaient aucune garantie d'exactitude ; les textes écrits en
vernaculaire par les paicî utilisaient tant bien que mal l'alphabet français
et les conventions élaborées par M. Leenhardt pour le houaïlou. Tous ces
textes étaient d'une lecture difficile et laissaient entrevoir un système voca-
lique du même ordre de complexité que celui du houaïlou ; de surcroît, une
phrase de M. Leenhardt parue en 1936 dans l'introduction à sa grammaire
du houaïlou permettait de penser qu'on avait affaire à une langue à tons,
c'est-à-dire utilisant la hauteur mélodique à des fins distinctives : « quelques
langues de Nouvelle-Calédonie ont un ton musical très caractérisé. Celle de
Ponérihouen, le pati, monte haut, redescend et rebondit, mais en des quarts
de ton insaisissables... »3. Or les différences de registre, lorsqu'elles sont
pertinentes, sont aussi essentielles pour la compréhension que les diff
érences de timbre vocalique, aussi importantes à respecter lorsqu'on essaye
de parler la langue, et donc à noter lorsqu'on veut la transcrire.
Les études linguistiques débutèrent par une brève enquête de l'Améri
cain W. Grace, en 1955, lors de son survey des langues mélanésiennes. C'est
de cette époque que date le premier tableau exact des sons de la langue et
la confirmation de son caractère tonal. Les travaux débutèrent vraiment
lors du survey des langues de Calédonie effectué en 1962-63 par A. Hau-
dricourt qui s'arrêta une quinzaine de jours chez Novis Dui Pôomo, à Paama,
près de Poindimié. À son arrivée, Novis et quelques amis, munis d'une
machine à écrire, avaient mis au point un alphabet rigoureux mais un peu
compliqué, et commençaient à transcrire. L'alphabet fut rectifié et un lexique
d'excellente qualité fut élaboré durant ces deux semaines avec la participa-
3. Vocabulaire et grammaire de la langue houaïlou, Travaux et mémoires de l'institut d'ethnologie, t. 10,
Paris (1935).
32 QUELQUES GENRES LITTÉRAIRES DANS LA TRADITION ORALE PAICÎ DE
tion et le contrôle constants de Novis. À cette époque A. Haudricourt s'in
téressait surtout aux systèmes consonantiques et à leurs transformations
d'une langue à l'autre ; s'il commença à remettre de l'ordre dans les textes,
il délaissa le problème des tons.
Les faits prosodiques des diverses langues à tons furent l'objet essentiel
de ma première mission sur place, mais je ne pus aborder le paid qu'en fin
de séjour, pendant six semaines début 1967. Ce premier contact fut avant
tout une consolidation de l'acquis : réécriture et traduction avec Novis de
la plupart des textes rassemblés précédemment, reprise du lexique d'A. Haud
ricourt et notation tonale de chaque mot. Mon approche du problème des
tons se limita à cette opération que je savais insuffisante, car contrairement
au camuhî parlé plus au nord, les mots peuvent changer de registre lors
qu'ils sont replacés dans la phrase. À chaque tentative de notation d'un
texte suivi, la mélodie attendue se dérobait brusquement, changeant d'orien
tation d'une façon aussi déconcertante qu'incompréhensible. Ce séjour fut
aussi l'occasion de tenter de voir de près les fameux versificateurs paid et
d'examiner le problème de la littérature orale.
J'avais une certaine expérience en la matière après plusieurs mois passés
dans l'extrême-sud et dans la région de Touho, zones de langues à tons fixes,
où je pouvais me permettre des escapades fréquentes à la recherche de vieux
informateurs encore détenteurs de cette tradition, de plus en plus rares
hélas. C'est au cours de telles pérégrinations dans la région de Touho que
la renommée des paid me parvint encore une fois ; non contents de leur
faire une réputation, les gens de Touho connaissaient et me récitèrent une
quinzaine de fragments de leurs tenons ; je tombais même sur une bande
mini-cassette qui circulait, enregistrée auprès d'un vieux paid « du fond de
Koné », lequel débitait des vers à une allure vertigineuse pendant
vingt minutes. À Touho, mes informateurs avaient parfois beaucoup de mal
à se remémorer vingt vers dans leur langue...
Une fois à Poindimié, après avoir apprécié, autant qu'A. Haudricourt,
l'active participation des paid, force fut de constater qu'on ne se bouscul
ait pas autant que je le pensais pour réciter ou raconter. Il allait donc
falloir encore emprunter les sentiers d'une région qui me paraissait très
vaste, et ceci avant même d'avoir maîtrisé la langue. Or la collecte syst
ématique implique,

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