Do Kamo, de Maurice Leenhardt, relu en 1986. - article ; n°80 ; vol.41, pg 57-85
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1985 - Volume 41 - Numéro 80 - Pages 57-85
Maurice Leenhardt' s masterful theoretical study, « Do Kamo », published in 1947, was written from the verbatim transcript of a 1945 course of lectures given at the Ecole des Hautes Etudes, 5th Section, Paris. Forty years later this study is confronted here with an attempted analysis of the contents of the data upon which the book is based, and with a description of the situation then prevailing in New Caledonia. Maurice Leenhardt was considered by the settlers as their enemy, but by the Melanesians as the man who brought them new techniques of peaceful resistance, through a church organization the colonial authorities could not afford to disregard. Reading anew this book, in 1986, chapter by chapter, brings in new data and puts the accent on the ideas which have held their ground and on some which have become open to doubt. The author, whose introduction to the Melanesian field was by Maurice Leenhardt himself, has had the privilege to work with nearly all the latter' s Melanesian students and helpers and has accumulated today almost forty years of personal experience of New Caledonia, the Loyalty islands and Vanuatu.
L'ouvrage de Maurice Leenhardt, « Do Kamo », publié en 1947, ouvrage de réflexion théorique, transcription d'un cours de l'hiver 1945 à l'École Pratique des Hautes Études, 5e Section, fait l'objet, quarante ans plus tard, d'une analyse cherchant à le situer par rapport au contenu des informations recueillies, dans les meilleures conditions possibles, entre 1903 et 1925, et par rapport à la situation locale. Maurice Leenhardt était perçu par les colons comme un ennemi et par les Mélanésiens comme celui qui apportait un moyen nouveau de résistance pacifique et une structure autonome d'organisation écclésiale que le pouvoir colonial ne pouvait ignorer. La relecture en 1986 procède chapitre par chapitre, relevant les thèses qui restent encore valables, les plus nombreuses, et celles qui ont perdu de leur actualité. Ces thèses sont discutées par rapport aux données nouvelles qui les confirment, les développent ou parfois les infirment. L'auteur, introduit sur le terrain mélanésien par Maurice Leenhardt lui-même, a eu le privilège de travailler avec presque tous les anciens élèves et collaborateurs mélanésiens de son maître et a près de quarante ans d'expérience personnelle de Nouvelle-Calédonie, des îles Loyalty et du Vanuatu.
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 214
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Guiart
Do Kamo, de Maurice Leenhardt, relu en 1986.
In: Journal de la Société des océanistes. N°80, Tome 41, 1985. pp. 57-85.
Citer ce document / Cite this document :
Guiart Jean. Do Kamo, de Maurice Leenhardt, relu en 1986. In: Journal de la Société des océanistes. N°80, Tome 41, 1985. pp.
57-85.
doi : 10.3406/jso.1985.2802
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1985_num_41_80_2802Abstract
Maurice Leenhardt' s masterful theoretical study, « Do Kamo », published in 1947, was written from the
verbatim transcript of a 1945 course of lectures given at the Ecole des Hautes Etudes, 5th Section,
Paris. Forty years later this study is confronted here with an attempted analysis of the contents of the
data upon which the book is based, and with a description of the situation then prevailing in New
Caledonia. Maurice Leenhardt was considered by the settlers as their enemy, but by the Melanesians
as the man who brought them new techniques of peaceful resistance, through a church organization the
colonial authorities could not afford to disregard. Reading anew this book, in 1986, chapter by chapter,
brings in new data and puts the accent on the ideas which have held their ground and on some which
have become open to doubt. The author, whose introduction to the Melanesian field was by Maurice
Leenhardt himself, has had the privilege to work with nearly all the latter' s Melanesian students and
helpers and has accumulated today almost forty years of personal experience of New Caledonia, the
Loyalty islands and Vanuatu.
Résumé
L'ouvrage de Maurice Leenhardt, « Do Kamo », publié en 1947, ouvrage de réflexion théorique,
transcription d'un cours de l'hiver 1945 à l'École Pratique des Hautes Études, 5e Section, fait l'objet,
quarante ans plus tard, d'une analyse cherchant à le situer par rapport au contenu des informations
recueillies, dans les meilleures conditions possibles, entre 1903 et 1925, et par rapport à la situation
locale. Maurice Leenhardt était perçu par les colons comme un ennemi et par les Mélanésiens comme
celui qui apportait un moyen nouveau de résistance pacifique et une structure autonome d'organisation
écclésiale que le pouvoir colonial ne pouvait ignorer. La relecture en 1986 procède chapitre par
chapitre, relevant les thèses qui restent encore valables, les plus nombreuses, et celles qui ont perdu
de leur actualité. Ces sont discutées par rapport aux données nouvelles qui les confirment, les
développent ou parfois les infirment. L'auteur, introduit sur le terrain mélanésien par Maurice Leenhardt
lui-même, a eu le privilège de travailler avec presque tous les anciens élèves et collaborateurs
mélanésiens de son maître et a près de quarante ans d'expérience personnelle de Nouvelle-Calédonie,
des îles Loyalty et du Vanuatu.Do Kamo, de Maurice Leenhardt, relu en 1986
par
Jean GUIART *
de l'exploitation qu'il propose. Nous posséDo Kamo, ouvrage étonnamment riche, ne
ressemble à rien de ce qui était publié à l'épo dons l'information de départ, sous la forme
de cahiers écrits par des hommes dont j'ai que, articles et monographies à l'écriture par
connu la plupart, textes assortis en marge de fois pénible, fulgurances de Marcel Mauss,
avancées méthodiques et toujours plus denses commentaires bien intéressants de la main de
Maurice Leenhardt et où l'on retrouve tous de Marcel Griaule dans la découverte de la
les thèmes exposés dans Do Kamo. Ces comcomplexité de la culture dogon. On a dit que
Maurice Leenhardt était parti à la recherche mentaires ont été inscrits sur le vif, en pré
sence de l'auteur de chaque cahier et princde l'âme canaque parce qu'on se perdait ais
ipalement de Boesou Eurijisi, ancien sculpteur ément dans le dédale du système conceptuel
présenté, traitant de gens dont on n'imaginait de masques devenu pasteur protestant. Il est
pas qu'ils pouvaient penser par concepts — important de savoir qu'ils ne constituent donc
pas une réflexion tardive ni en cabinet. Si la Lucien Levy-Bruhl a mis longtemps, malgré
son amitié pour l'homme et le chercheur, à pensée de M. Leenhardt a mûri à Paris, c'est
surtout dans son expression formelle et dans croire que M. Leenhardt avait raison et que
la « mentalité pré-logique » n'était pas le sa tentative constante, peut-être pour partie
concept opératoire le mieux adapté aux sociétés sans espoir, de faire passer dans le milieu uni
versitaire et intellectuel parisien un message océaniennes. L'approche de Marcel Mauss,
portant sur les comportements sociaux, inté qui n'était pas fait pour lui.
grait mieux les données apportées tant par L'inconvénient majeur est que ces données
M. Leenhardt que par les auteurs anglo- sont utilisées globalement, pour l'ensemble de
la « Grande Terre », sans qu'il y ait reconsaxons.
La solidité de ce livre est tout d'abord celle naissance de l'existence et de la pertinence de
variantes locales des institutions et de la tradides informations. Elles ont été obtenues,
le plus souvent par écrit, dans la langue tion orale. Les maîtres de la pensée de
l' entre-deux-guerres exigeaient ingénument vernaculaire, d'hommes et de femmes à qui
qu'on leur parlât de la Société Canaque, M. Leenhardt avait appris à lire et à écrire
dans leur langue, leur donnant un système de comme si elle n'était qu'une, n'imaginant pas
transcription qui a supporté l'épreuve du l'existence de cultures géographiquement diver
sifiées et que ce qui existait ici, sous une temps. J'ai pu vérifier la plus grande partie
de ces informations. Par rapport à tant forme, pouvait être inversée là. Les diffé
d'autres auteurs. M. Leenhardt présente le rences irritaient ou étaient considérées soit
très grand avantage de ne pas trahir la connais comme du détail sans importance, soit comme
sance reçue des Mélanésiens. Il la conserve des « erreurs » locales par rapport à un
toujours en l'état. On peut, grâce à sa forme modèle seul authentique.
d'écriture, la différencier de la présentation et
Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle (Musée de l'Homme). SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 58
ner, quitte à paraître froid, sans expression,
laissant libre cours à un torrent d'émotions I. VERBUM MENTIS.
ou à une violence subite dans les seuls cas où
la culture l'ordonne, par exemple lorsque les L'ouverture du corps d'hommes encore
Blancs touchent aux cimetières, violent les muets et incapables de s'exprimer, pour y
lieux sacrés et s'emparent de la terre des introduire des viscères de rats, est une sorte
ancêtres. de résumé des thèses de Do Kamo. Le re
sponsable de cet acte hautement symbolique, le L'image identifiant les fibres et les entrailles
est d'une extrême modernité, en même temps dieu Gomawe, est dit être venu du large.
Gomawe est connu depuis la vallée de Houaï- que la notion de contenant, traduite par la
lou, au centre sud, jusque dans toute l'aire référence aux paniers en rubans de pandanus
nattés, n'est pas plus étrange que nos diplolinguistique Paici, au centre nord de l'île.
Plus au nord encore, il est désigné sous mates y ayant recours pour distinguer les part
le nom de Tein Pidjopatch (le Pi je va de ies d'un accord international. Ici, fibres et
paniers signifient l'existence, non de fibres M. Leenhardt), maître du pays sous-marin
des morts sis au droit de l'embouchure de la isolées au long de chacune desquelles courrait
rivière Wayèm. Ce dieu est, sous ses divers un message unique, mais de systèmes de rela
tions internes gouvernant l'émergence de nos noms, représenté par le masque, qui serait
sorti de la mer, même s'il est évident qu'il ne sentiments et de notre réflexion, sur la base
s'agit nullement d'un apport extérieur, de « paquets relationnels ». Les concepts opé
comme l'a cru M. Leenhardt, mais d'un trait ratoires les plus récents appliqués à la fabrica
culturel parfaitement original et sous la forme tion de logiciels informatiques utilisent une
que nous connaissons, spécifique à la moitié image identique.
septentrionale de la Nouvelle-Calédonie. Une
autre version du mythe, recueillie par nous ',
attribue au dieu Bumè le privilège d'avoir II. La notion du corps.
donné le jugement et la parole aux hommes.

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