Écologie et histoire en Afrique noire - article ; n°3 ; vol.16, pg 483-504
24 pages
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Description

Histoire, économie et société - Année 1997 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 483-504
Abstract The first question is to know whether or not a history of the environment is possible, when one knows how poor may be the possible sources. A history of rainfalls is a key question for African history. It now exists, including the precolonial era. From the sixteenth century onwards, we know, as well in the Western Sudan as in coastal Angola or in Ethiopia how and when droughts and famines occurred. Nevertheless, precisions grow better and better from the nineteenth century. For the twentieth century, oral inquiries may prove quite useful. History is not predetermined, and in spite of a vulnerable climate, African societies knew, according to their abilities, how to adapt to natural challenges. But a series of factors made things more and more difficult since modern times. The coeval occurrence of long dry periods of time - which was not an innovation - with a dramatic recent population boom — which is quite a new trend - may for the first time result into non reversable ecological change.
Résumé L'article s'interroge d'abord sur la faisabilité d'une histoire de l'environnement, compte tenu de la rareté des sources. L'histoire de la pluviométrie, élément clef du climat en Afrique noire, a été tentée y compris pour la période précoloniale. On repère ainsi, dans le Sahel occidental mais aussi sur la côte angolaise ou en Ethiopie, la succession des sécheresses et des famines depuis le XVIe siècle. Mais nos données deviennent nettement plus serrées à partir du XIXe siècle. Au XXe siècle, les enquêtes orales offrent des précisions utiles. Il n'y a pas de déterminisme en histoire et, malgré des conditions climatiques difficiles, les sociétés africaines ont su répondre, à leur manière, aux défis de la nature. Mais les facteurs d'aggravation se sont démultipliés depuis l'époque contemporaine. La conjonction de périodes longues de sécheresse - ce qui n'est pas nouveau - et d'une expansion démographique en revanche sans précédent risque, pour la première fois dans l'histoire, d'avoir des effets irréversibles.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Coquery-Vidrovitch
Écologie et histoire en Afrique noire
In: Histoire, économie et société. 1997, 16e année, n°3. pp. 483-504.
Citer ce document / Cite this document :
Coquery-Vidrovitch Catherine. Écologie et histoire en Afrique noire. In: Histoire, économie et société. 1997, 16e année, n°3. pp.
483-504.
doi : 10.3406/hes.1997.1960
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1997_num_16_3_1960Résumé
Résumé L'article s'interroge d'abord sur la faisabilité d'une histoire de l'environnement, compte tenu de
la rareté des sources. L'histoire de la pluviométrie, élément clef du climat en Afrique noire, a été tentée
y compris pour la période précoloniale. On repère ainsi, dans le Sahel occidental mais aussi sur la côte
angolaise ou en Ethiopie, la succession des sécheresses et des famines depuis le XVIe siècle. Mais
nos données deviennent nettement plus serrées à partir du XIXe siècle. Au XXe siècle, les enquêtes
orales offrent des précisions utiles. Il n'y a pas de déterminisme en histoire et, malgré des conditions
climatiques difficiles, les sociétés africaines ont su répondre, à leur manière, aux défis de la nature.
Mais les facteurs d'aggravation se sont démultipliés depuis l'époque contemporaine. La conjonction de
périodes longues de sécheresse - ce qui n'est pas nouveau - et d'une expansion démographique en
revanche sans précédent risque, pour la première fois dans l'histoire, d'avoir des effets irréversibles.
Abstract The first question is to know whether or not a history of the environment is possible, when one
knows how poor may be the possible sources. A history of rainfalls is a key question for African history.
It now exists, including the precolonial era. From the sixteenth century onwards, we know, as well in the
Western Sudan as in coastal Angola or in Ethiopia how and when droughts and famines occurred.
Nevertheless, precisions grow better and better from the nineteenth century. For the twentieth century,
oral inquiries may prove quite useful. History is not predetermined, and in spite of a vulnerable climate,
African societies knew, according to their abilities, how to adapt to natural challenges. But a series of
factors made things more and more difficult since modern times. The coeval occurrence of long dry
periods of time - which was not an innovation - with a dramatic recent population boom — which is quite
a new trend - may for the first time result into non reversable ecological change.ÉCOLOGIE ET HISTOIRE EN AFRIQUE NOIRE
par Catherine COQUERY- VIDRO VITCH
Résumé
L'article s'interroge d'abord sur la faisabilité d'une histoire de l'environnement, compte
tenu de la rareté des sources. L'histoire de la pluviométrie, élément clef du climat en Afrique
noire, a été tentée y compris pour la période précoloniale. On repère ainsi, dans le Sahel occi
dental mais aussi sur la côte angolaise ou en Ethiopie, la succession des sécheresses et des
famines depuis le XVIe siècle. Mais nos données deviennent nettement plus serrées à partir du
XIXe siècle. Au XXe siècle, les enquêtes orales offrent des précisions utiles.
Il n'y a pas de déterminisme en histoire et, malgré des conditions climatiques difficiles, les
sociétés africaines ont su répondre, à leur manière, aux défis de la nature. Mais les facteurs
d'aggravation se sont démultipliés depuis l'époque contemporaine. La conjonction de périodes
longues de sécheresse - ce qui n'est pas nouveau - et d'une expansion démographique en
revanche sans précédent risque, pour la première fois dans l'histoire, d'avoir des effets irréver
sibles.
Abstract
The first question is to know whether or not a history of the environment is possible, when
one knows how poor may be the possible sources. A history of rainfalls is a key question for
African history. It now exists, including the precolonial era. From the sixteenth century
onwards, we know, as well in the Western Sudan as in coastal Angola or in Ethiopia how and
when droughts and famines occurred. Nevertheless, precisions grow better and better from the
nineteenth century. For the twentieth century, oral inquiries may prove quite useful.
History is not predetermined, and in spite of a vulnerable climate, African societies knew,
according to their abilities, how to adapt to natural challenges. But a series of factors made
things more and more difficult since modern times. The coeval occurrence of long dry periods
of time - which was not an innovation - with a dramatic recent population boom — which is
quite a new trend - may for the first time result into non reversable ecological change.
Les conditions de l'environnement sont, et surtout ont été dans l'histoire
sans doute plus prégnantes en Afrique noire que partout ailleurs, en raison à la
fois de naturelles relativement difficiles et du faible développement
du niveau technologique. Cette conjonction est ancienne. Les effets s'en
trouveraient démultipliés à l'époque contemporaine en raison de conditions
HES 1997 (16e année, n° 3) 484 Histoire Économie et Société
surajoutées, d'ordre aussi bien écologique que démographique. Il importe de
dégager plusieurs questions :
1) Comment une histoire de l'environnement est-elle possible sur un conti
nent dont les sources sont réputées plus délicates à trouver et à manier
qu'ailleurs? Un certain nombre de travaux récents montre que ce handicap,
sans être inexistant, a été nettement surestimé jusqu'à un passé récent. On a
dorénavant rassemblé des connaissances historiques convaincantes sur le passé
écologique du continent et ses incidences économiques et politiques. Quelles
conclusions provisoires peut-on en tirer?
2) II n'y a pas de déterminisme géographique en histoire. Ce qui importe,
c'est la conjonction de facteurs dont la coïncidence peut, elle, se montrer
catastrophique. Il semble bien que telle ait été la situation de l'Afrique dans
les trente ou quarante dernières années : dans quelle mesure s'agit-il d'un phé
nomène nouveau ou, au contraire, récurrent ? Quelle foi attacher à une vision
passéiste qui aurait tendance à mettre l'accent sur une sorte d'âge d'or aujour
d'hui perdu, où un relatif équilibre aurait existé entre la nature et l'homme,
entre le milieu et les besoins? A l'opposé, la vision catastrophique de l'« afro-
pessimisme » contemporain repose-t-elle sur des bases incontestables, ou bien
peut-être plutôt sur des préjugés eurocentrés conjoncturels et non structurels ?
C'est en nous appuyant sur les connaissances acquises et quelques travaux
récents que allons essayer de répondre à ces interrogations, en privilé
giant un aspect parmi d'autres, particulièrement présent en Afrique, de l'env
ironnement : la pluviométrie.
Environnement et société : les données anciennes
C'est un truisme que de faire remarquer que les sociétés africaines
anciennes ont été, dans leur très grande majorité, des populations rurales, dont
la subsistance reposait sur la terre, qu'il s'agisse de peuples chasseurs et
cueilleurs, éleveurs ou agriculteurs.
Les contraintes naturelles
Dans le cadre d'une technologie élémentaire, les groupes sociaux étaient
particulièrement soumis aux facteurs naturels. Or ceux-ci étaient prégnants.
La répartition zonale des pluies fut déterminante : les déserts devinrent des
zones refuges où furent obligés de vivre des peuples contraints de trouver leur
survie dans des activités de cueillette et dans la recherche quotidienne de
minces ressources d'eau (Khoi-San du Kalahari), parfois réduits en esclavage,
comme au Sahara, par les aristocraties d'éleveurs nomades. Le Sahel - longue
zone de pluviosité limitée à deux ou trois mois d'été sur la bordure méridionale
du Sahara, prolongé par la région demi-désertique de la « Corne de l'Afrique »
- Massai" fut le et domaine Somali par à l'Est. excellence De même de l'élevage le furent transhumant les abords du : Touaregs Kalahari à arpentés l'Ouest,
par les éleveurs Tswana. Dans la zone intertropicale, l'allongement de la saison
HES 1997 ( 16e année, n° 3) Ecologie et histoire en Afrique noire 485
des pluies complétée par une brève période humide dans les mois d'hiver favor
isait

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