Economie forestière et féodalité dans l Ouest à la veille de la Révolution - article ; n°3 ; vol.64, pg 347-358
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Economie forestière et féodalité dans l'Ouest à la veille de la Révolution - article ; n°3 ; vol.64, pg 347-358

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales de Bretagne - Année 1957 - Volume 64 - Numéro 3 - Pages 347-358
12 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Michel Duval
Economie forestière et féodalité dans l'Ouest à la veille de la
Révolution
In: Annales de Bretagne. Tome 64, numéro 3, 1957. pp. 347-358.
Citer ce document / Cite this document :
Duval Michel. Economie forestière et féodalité dans l'Ouest à la veille de la Révolution. In: Annales de Bretagne. Tome 64,
numéro 3, 1957. pp. 347-358.
doi : 10.3406/abpo.1957.2028
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1957_num_64_3_2028Michel DUVAL
ÉCONOMIE FORESTIÈRE ET FÉODALITÉ
DANS L'OUEST
A LA VEILLE DE LA RÉVOLUTION
réponses fin Tout du xvme a des été subdélégués siècle dit sur (1). le triste Il à n'est l'enquête état que des de entreprise forêts lire tour bretonnes par à tour l'intenà les la
dant Caze de la Bove (2) et les premières pages du procès-
verbal de réformation du comte d'Essuiles (1785), pour
comprendre à quel point était entamé, à l'époque, le capital
forestier de notre province (3). La crise était d'autant plus
grave qu'aucune solution immédiate ne pouvait lui être
apportée dans l'état d'une coutume, qui, dans de nomb
reuses régions, créait une séparation d'intérêts entre fon
cier et domanier, et compromettait singulièrement la
renaissance forestière (4).
Certes, on ne peut minimiser la part de responsabilité
qui, dans ce triste état de choses, incombait aux usagers.
Nombre de contemporains soulignent de façon énergique
les dangers que font peser sur tant de massifs forestiers
les néfastes pratiques du pacage et de l'affouage et maints
(1) Les forêts royales en Cornouailles à la fin de l'Ancien Régime,
par. J. Savina (Bull. Soc. Arch. Finistère, t. XLVI1I, 1921, p.. 85-111).
(2) Arch. I.-et-V., G 1634.
(3) D'après le comte d'Essuiles, sur 175.000 arpents boisés que
comptait la Bretagne, on en trouvait à peine 30.000 en haute futaie.
(4) « La position de la campagne fait regretter qu'elle n'offre pas
ces forêts immenses dont elle pourrait encore être couverte, si les se
igneurs avaient remplacé les bois qu'ils ont coupé ou si les habitants
des campagnes avaient eu quelque encouragement pour multiplier les
arbres de leur tenure » (Cahier des députés de la campagne de la
sénéchaussée de Quimper). ÉCONOMIE FORESTIÈRE 348
auteurs, à la fin du xvnie siècle (5), n'hésitent pas à dénon
cer dans les servitudes usagères un des principaux obsta
cles à l'œuvre de restauration forestière. Le comte d'Es-
suiles se fait l'écho de ces critiques (6) : dans l'introduction
de son Etat général des forêts du Domaine, il s'élève contre
les « usages pernicieux » qui compromettent gravement
le repeuplement des forêts royales de la province (7).
Cependant, l'affouage était alors une pièce indispensable de
l'économie rurale. Au reste, tout usage s'analysant en un
privilège, son bénéficiaire est naturellement porté à en
abuser. Le pouvoir royal avait réagi contre ces excès et, à
deux reprises, en 1545 et 1664, tenté de cantonner les
droits des intéressés dans de justes limites. Mais ces
mesures restrictives ne devaient pas réussir à enrayer la
décadence progressive des forêts bretonnes. Aucun exemp
le n'illustre mieux ce rongement lent et continu que
celui des anciennes forêts domaniales de Saint-Gildas
de Rhuys et de Touffou. Là où se dressaient encore à la
fin du xve siècle de vastes frondaisons, il ne subsistait plus,
à la veille de la Révolution (8), que quelques maigres lam
beaux, qui ne devaient d'ailleurs point être sauvegardés.
Les habitudes de déprédations étaient depuis trop long
temps passées dans les mœurs pour que l'on puisse désor-
(5) « Rien », dit Renauldon, « n'est plus affreux que le spectacle
d'une forêt usagère; chacun s'en croit le maître et en dispose en
maître... lorsque surtout une forêt usagère est en proie à une com
munauté d'habitants les désordres sont également multipliés et irr
émédiables... chacun coupe ce qui lui plaît davantage et où sa fantaisie
le conduit, sans égards pour les lois, le bien commun et celui du
propriétaire » (Traité historique et pratique des droits seigneuriaux,
L. VI, chap. IX et X, p. 352).
(6) C'est ainsi qu'à propos du bois de Rumignon, celui-ci écrit :
« la partie voisine de St-Aubin-du-Cormier est tellement ravagée par
les habitants et usagers de St-Aubin et de St-Jean qu'à peine restait-il
trois ou quatre arbres par arpent ».
(7) Relatant la triste situation de la forêt de Rennes, le réforma
teur conclut à l'utilité de convertir les droits d'usage qui la grèvent
en argent, « ainsi qu'on en a fait pour plusieurs autres, car ils occa
sionnent de grands abus » (/cf. Réformation, Comte d'Essuiles).
(8) D'Essuiles ne relève plus à Saint-Gildas-de-Rhuys que « 197
arpente de mauvais bois exposés au pillage des gens de l'abbaye ».
Huant à Touffou, il n'en restait plus, en 1789, que quelques débris
qui devaient être aliénés peu après par le Domaine. ÉCONOMIE FORESTIÈRE 349
mais s'en rendre définitivement maître. Elles étaient part
iculièrement marquées dans les régions côtières du nord de
la Bretagne, où la disette de bois ne devait d'ailleurs pas
tarder à se faire cruellement sentir. Les riverains ne se
contentaient pas en effet d'enlever les arbres à leur conve
nance ; ils abandonnaient leurs bestiaux dans les jeunes
pousses et, s'ils désiraient se procurer de plus gras
pâturages, n'hésitaient pas à mettre le feu dans le pre
mier quartier venu de la forêt. C'est ainsi que disparurent
les frondaisons de la forêt de Plouezec et des bois environ
nants, qui s'échelonnaient jadis entre le Trieux et la mer.
Nombre d'usagers, surtout dans les forêts particulières
introduisent à la pâture, sous couvert de leurs privilèges,
des bestiaux n'appartenant point à leur propre élevage ; et
le trafic des animaux bénéficiaires se pratique couram
ment (9) en l'absence d'une surveillance rigoureuse. Ces
habitudes prennent une telle ampleur en forêt de Teillay
que des experts désignés par le prince de Condé proposent,
comme remède, le rétablissement d'un accensement régul
ier, avec fixation d'un maximum de bêtes à chacun des
usagers et marque obligatoire des animaux aux armes de
Son Altesse Royale. Le comte d'Essuiles ne ménage pas ses
critiques contre les moines de Bosquen, qui non seulement
envoient paître leurs troupeaux dans de jeunes renais
sances, mais, sous prétexte d'usage, font couper « publ
iquement » les arbres de la forêt et les mettent en adjudi
cation comme provenant des quelques arpents de bois
qu'ils possèdent autour de leur monastère. Ordinairement
les responsables de ces excès étaient moins les religieux
eux-mêmes que les hommes de leurs métairies auxquels,
une libéralité seigneuriale avait souvent ouvert l'accès de
la forêt voisine. C'est dans le pillage séculaire exercé par
(9) A la chàtellenie de la Roche-Giffard, le concierge fait commerce
de bestiaux, introduisant en forêt de Teillay sous couvert des privi
lèges de son seigneur, les animaux des métairies voisines. Il en est
de même des autres usagers de la forêt (Cf. Etat des bois et buissons
appartenant au prince de Condé, Archives du Musée Condé, Chan-
tilly). ÉCONOMIE FORESTIÈRE 350
ces populations qu'il faut rechercher l'origine de la ruine
complète de la forêt de Saint-Gildas de Rhuys et partielle
des massifs de Lanvaux et du Pertre.
La généralisation, à la fin du xvme siècle, dans nombre
de forêts de notre province, d'un système de révolution à
courte durée, en exposant un plus grand nombre de jeunes
pousses aux déprédations des usagers, devait donner à ces
abus un caractère de particulière gravité. Longtemps, en
effet, on avait reconnu aux usagers le droit de couper, pour
leurs besoins personnels, divers arbustes — genêts, saules,
coudriers, bourdaine, etc. qui peuplaient les sous-bois
forestiers de notre province. Cependant, les

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents