Église et pouvoir à l automne du Moyen-Âge : Les Dominicains de Fribourg-en-Brisgau vus à travers une source inédite. Leur place dans le Siècle et dans l Église (XIIIe - début XVIe siècles) - article ; n°15 ; vol.7, pg 97-117
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Église et pouvoir à l'automne du Moyen-Âge : Les Dominicains de Fribourg-en-Brisgau vus à travers une source inédite. Leur place dans le Siècle et dans l'Église (XIIIe - début XVIe siècles) - article ; n°15 ; vol.7, pg 97-117

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Description

Médiévales - Année 1988 - Volume 7 - Numéro 15 - Pages 97-117
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Martial Staub
Église et pouvoir à l'automne du Moyen-Âge : Les Dominicains
de Fribourg-en-Brisgau vus à travers une source inédite. Leur
place dans le Siècle et dans l'Église (XIIIe - début XVIe siècles)
In: Médiévales, N°15, 1988. pp. 97-117.
Citer ce document / Cite this document :
Staub Martial. Église et pouvoir à l'automne du Moyen-Âge : Les Dominicains de Fribourg-en-Brisgau vus à travers une source
inédite. Leur place dans le Siècle et dans l'Église (XIIIe - début XVIe siècles). In: Médiévales, N°15, 1988. pp. 97-117.
doi : 10.3406/medi.1988.1122
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1988_num_7_15_1122Martial STAUB
ÉGLISE ET POUVOIR À L'AUTOMNE DU MOYEN ÂGE
Les Dominicains de Fribourg-en-Brisgau vus à
travers une source inédite.
Leur place dans le Siècle et dans l'Église
(Xme - début XVIe siècles)
Fribourg-en-Brisgau, 1235 : quatorze années seulement s'étaient
écoulées depuis la mort de leur fondateur lorsque les frères prêcheurs
furent invités par les autorités urbaines à s'établir en ville. Deux ans plus
tard, le jeune comte Conrad de Fribourg, de la famille d'Urach, relevait
les biens présents et futurs des frères de toute imposition; il ne faisait
qu'exaucer le vœu de son père, le comte Egeno (tl236), et de sa mère,
la comtesse Adelheid, fondatrice du couvent de moniales d'Adelhausen,
tous deux favorables aux frères et sans doute à l'origine de leur instal
lation dans leur ville du Brisgau.
Si le couvent de Fribourg-en-Brisgau n'était que l'un des quelques
590 couvents de l'ordre qui couvraient la chrétienté à la fin du XIIIe siècle
- dont 47 pour la province de Teutonie1 -, de son sein devaient sortir
quelques grandes figures. Citons parmi ces « grands commis » de l'Église
le frère Jean de Fribourg (fl304)2, qui exerça ses talents de prédicateur
pendant cinquante années à travers l'Allemagne et l'Italie - à Bologne
notamment - après une formation à Paris, avant de présider aux des
tinées de son couvent d'origine, Fribourg. La carrière d'un Jean de
Dambach (fl372)3 se déroula également à l'échelle de la Chrétienté :
après des études aux studia de Bologne, de Cologne et de Montpellier
- où il obtint le grade de docteur en théologie -, il fut nommé, en
1347, lecteur du studium générale de Prague, nouvellement fondé aux
cotés de l'Université créée par Charles IV; c'est à ce titre que Charles
1. Von loe : « Statistiches ûber die Ordensprovinz Teutonia», dans Quellen und
Forschungen zur Geschichte des Dominikanerordens in Deutschland, 1, 1907, p. 367-392.
2. Th. KAEPPELI O.P. : Scriptores Ordinis Pradicatorum Medii Aevi, Rome, 1970
(A-S), 3 vol. parus.
3. Ibid. IV le délégua en Avignon; après un retour à Strasbourg, il fut appelé
par Urbain V (1362-1370) ad magisterium Sacri Palatii.
Les linéaments de cette rencontre, celle d'un ordre et d'une ville,
dépassent pourtant l'intérêt monographique.
La place qu'ont occupée les ordres mendiants dans le tournant
pastoral du XIIIe siècle4 permet de mettre en évidence leur rôle dans
l'Église. C'est au cœur des villes, dans un monde en plein essor, auquel
les structures traditionnelles de l'encadrement religieux étaient
contraintes de s'adapter, que les Mendiants remplirent leur mission.
Élément nouveau, pièce rapportée en quelque sorte dans cette société en
plein essor mais établie, les frères se devaient de trouver leurs marques
dans l'équipement religieux de chaque ville, même si l'écho rencontré
par leur prédication, la faveur de certains évêques, leur facilitèrent par
fois la tâche. Cette installation ne se fit cependant pas sans heurts, par
fois sérieux, avec le clergé paroissial à propos du vaste « marché » de la
mort. J. Le Goff a, le premier, insisté sur la corrélation entre apostolat
mendiant et fait urbain dans une enquête naguère lancée sur ce thème5.
Cette inscription des ordres mendiants au cœur de la ville médiévale
dépasse pourtant le cadre de leur place dans la pastorale et dans
l'équipement religieux. Par leur fonction même, les frères jouirent rap
idement d'une influence qui les dotait d'un réel pouvoir, informel du
moins, dans la ville du Moyen Âge.
J. Chiffoleau a souligné, à propos d'Avignon6, les deux aspects de
la pastorale des Mendiants, des Franciscains surtout : l'accueil des
déracinés dans le cadre des confréries — structure d'accueil pour les
migrants qui peuplent la cité - attirés en majorité par les couvents, et
la préférence donnée par les notables dont les tombes encombrent les
couvents. Il s'agit de deux modalités d'une même pastorale, par
faitement adaptée au milieu urbain. Le recrutement des frères, leur
faite intégration, du moins en Allemagne7, aux catégories dirigeantes
qu'étaient, au XIIIe siècle, patriciat urbain et ministériaux, ne pouvaient
que renforcer leur influence.
Bien qu'informel dans une large mesure, le pouvoir qu'exerçaient
les frères grâce à leur ministère ne pouvait que s'inscrire dans la comp
étition à laquelle se livraient, à l'intérieur des villes, les autres pouvoirs,
4. A. Vauchez : « Présentation », dans Faire croire. Modalités de la diffusion et de la
réception des messages religieux du XIIe et XVe siècles, table ronde organisée par l'École
Française de Rome, 22-23 juin 1979, Collection de l'École Française de Rome ,51, Rome,
1981, p. 7-16.
5. J. Le goff : « Apostolat mendiant et fait urbain dans la France médiévale :
l'implantation des Ordres mendiants », dans Annales E.S.C., 1968, p. 335-352; ibid., 1970,
p. 924-946.
6. J. Chiffoleau : La Comptabilité de l'au-delà. Les hommes, la mort et la religion
dans la région d'Avignon à la fin du Moyen Âge (vers 1320-vers 1480), Collection de l'Ecole
Française de Rome , 47, Rome, 1980.
7. J. B. Freed : The Friars and German society in the thirteenth century, Medieval
Academy of American Publications, 86, Cambridge, États-Unis, 1977, p. 117 et suivantes. 99
qu'ils fussent d'origine ecclésiastique ou laïque, qu'ils eussent un
rayonnement local, régional ou à l'échelle de la Chrétienté. Ainsi, à
Dortmund8, les autorités urbaines obtinrent-elles, au début du XIVe
siècle, avec l'appui du clergé séculier, que fût érigée une quatrième
paroisse, afin d'entraver, en la privant de son objet, l'installation des
frères prêcheurs dans la ville. Elles profitèrent de la mort de Clément V
et de la longue vacance qui s'ensuivit pour l'obtenir. Les frères
prêcheurs ne purent s'établir dans la ville qu'en 1330.
Parce qu'ils participent au jeu des alliances et des oppositions au
quel se livrent les pouvoirs au sein de la ville, les frères en sont le
révélateur. C'est, en bref, la place des Mendiants dans le siècle comme
dans l'Église et, au-delà, la glace du champ religieux9 dans la société
urbaine de la fin du Moyen Âge, qui s'offrent ainsi à notre regard. Or
peu de sources nous permettent de saisir très précisément la place qui fut
celle des prêcheurs dans la société au cœur de laquelle ils évoluaient. Elle
existe pour Fribourg et n'en est que plus précieuse.
La ville de Brisgau est l'un des centres urbains de cette « Europe
gleine » en essor au XIIIe siècle, confrontée aux derniers siècles du Moyen
Âge à de grands bouleversements. Bâtie aux pieds de la Forêt Noire,
dans la large vallée du Rhin, la ville avait été organisée en 1118 autour
d'un marché par Conrad de Zâhringen. Il tirait ainsi profit d'une s
ituation de carrefour à la croisée de l'axe Ouest-Est qui, par la Forêt
Noire, ralliait le Danube (la route du sel), et de l'axe rhénan, véritable
trait d'union entre le Sud et le Nord de l'Europe. Cette ville prospère,
riche de ses 7 à 8000 habitants, dominée par un patriciat qu'enrichis
saient le négoce et l'exploitation du sous-sol de la Forêt Noire, ne pouv
ait manquer de s'imposer à un ordre œuvrant au

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