Environnement et millénaires - article ; n°37 ; vol.18, pg 127-140
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Description

Médiévales - Année 1999 - Volume 18 - Numéro 37 - Pages 127-140
Environment and Millenniums - The environment has changed in ten centuries, particularly according to our modern scientific standards, yet our perception of nature in many respects is still influenced by attitudes shaped in the Middle Ages. The environmental changes are due to geophysical and chemical factors (the influence of the galaxies, the sun, magnetism, tectonics, volcanic activity, earthquakes ; the climate, glaciation, sea levels, storm floods), or to bio- ecological factors (vegetation, fauna, micro-fauna, demography...). But the natural variations are interpreted by mankind and often modified in their forms or their consequences by agriculture, great construction works and town and country planning - and also by pollution, emerging diseases, new attitudes.
L'environnement a changé en dix siècles, surtout selon nos critères scientifiques actuels, bien que notre sentiment de la nature porte maintes attitudes modelées au Moyen Âge. L'environnement change sous ses facteurs géophysicochimiques (influence des galaxies, du soleil, du magnétisme, de la tectonique, du volcanisme, des séismes ; du climat, des glaciations, du niveau marin, des ondes de tempête) ou dans ses facteurs bioécologiques (végétation, faune, microfaune, démographie...). Mais les variations naturelles sont interprétées par les hommes et souvent modifiées dans leurs formes ou leurs conséquences par l'agriculture, les grands travaux, l'aménagement du territoire - et aussi par des pollutions, des maladies émergentes, de nouvelles attitudes.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert Delort
Environnement et millénaires
In: Médiévales, N°37, 1999. pp. 127-140.
Abstract
Environment and Millenniums - The environment has changed in ten centuries, particularly according to our modern scientific
standards, yet our perception of nature in many respects is still influenced by attitudes shaped in the Middle Ages. The
environmental changes are due to geophysical and chemical factors (the influence of the galaxies, the sun, magnetism, tectonics,
volcanic activity, earthquakes ; the climate, glaciation, sea levels, storm floods), or to bio- ecological factors (vegetation, fauna,
micro-fauna, demography...). But the natural variations are interpreted by mankind and often modified in their forms or their
consequences by agriculture, great construction works and town and country planning - and also by pollution, emerging diseases,
new attitudes.
Résumé
L'environnement a changé en dix siècles, surtout selon nos critères scientifiques actuels, bien que notre sentiment de la nature
porte maintes attitudes modelées au Moyen Âge. L'environnement change sous ses facteurs géophysicochimiques (influence
des galaxies, du soleil, du magnétisme, de la tectonique, du volcanisme, des séismes ; du climat, des glaciations, du niveau
marin, des ondes de tempête) ou dans ses facteurs bioécologiques (végétation, faune, microfaune, démographie...). Mais les
variations naturelles sont interprétées par les hommes et souvent modifiées dans leurs formes ou leurs conséquences par
l'agriculture, les grands travaux, l'aménagement du territoire - et aussi par des pollutions, des maladies émergentes, de nouvelles
attitudes.
Citer ce document / Cite this document :
Delort Robert. Environnement et millénaires. In: Médiévales, N°37, 1999. pp. 127-140.
doi : 10.3406/medi.1999.1469
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1999_num_18_37_1469Médiévales 37, automne 1999, pp. 127-140
Robert DELORT
ENVIRONNEMENT ET MILLÉNAIRES
II y a finalement peu de temps que nous avons créé et analysé le
concept d'environnement et que nous l'avons distingué des concepts
« nature » et « milieu », en l'étendant à l'ensemble du cadre naturel et
social qui entoure l'homme ; et nous commençons à connaître, sinon
l'environnement de l'an 2000, du moins les multiples questions qu'il
pose dans le présent et les interrogations pour un futur proche : « global
change », trou d'ozone, réchauffement climatique, pollution par l'ozone,
les oxydes de carbone et d'azote, les combinés sulfurés, les chlorofluo-
rocarbures... et, bien entendu, les conséquences planétaires (ou cosmi
ques) annoncées ou redoutées : montée du niveau des mers, mouvement
des déserts, variations de la couverture végétale dans son extension et
sa composition, cycle de l'eau et des précipitations, creusement des
inégalités du développement entre pays, problèmes des épidémies, de
la démographie-
Devant les ignorances du présent et de l'avenir, bien peu nombreux
sont ceux qui pensent (ou peuvent) se tourner vers le passé pour y
chercher quelques certitudes simples sur des processus qui se sont
déroulés comme sur ceux que prévoit la problématique contemporaine.
La période an 1000-an 2000, couvrant en gros l'essor de l'Occident et
de la civilisation occidentale, peut convenir, pourvu qu'elle soit inter
rogée en projetant sur elle les connaissances scientifiques et les tech
niques actuelles d'investigation1.
L'environnement a certes beaucoup changé, mais par son dyna
misme propre tout autant que par l'action des hommes. Les échelles de
1. À défaut d'un ouvrage d'ensemble, nous possédons diverses études de détail
permettant une approche de l'histoire de l'environnement physique ou humain durant le
dernier millénaire : M. Colardelle (dir.), L'Homme et la Nature au Moyen Age. Paléoen
vironnement des sociétés occidentales, Paris, 1996 ; Les catastrophes naturelles dans
l'Europe médiévale et moderne, B. Bennassar éd., Toulouse, 1996 ; L'Homme, l'animal
domestique et l'environnement, R. Durand éd., Nantes, 1993 ; Les Malheurs des temps,
J. Delumeau et Y. Lequin éd., Paris, 1987. Les acquis scientifiques, les nouvelles inter
rogations et les progrès des techniques sont clairement et commodément exposés et résu
més, chaque année depuis 1997, dans La science au présent, Paris, 1997, 1998 et 1999
(à paraître). 128 R.DELORT
temps ne sont pas les mêmes quand il s'agit de l'environnement naturel
mais c'est dans son cadre que s'inscrivent les avancées rapides de la
culture ; et ses facteurs propres sont dans une perpétuelle variabilité,
même si ses modifications d'ensemble semblent empreintes d'une sage
lenteur, à un rythme millénaire ou multimillénaire. L'action humaine
accentue ou retarde des évolutions en marche qu'elle ne connaît ou ne
comprend souvent pas, sauf au moment où elle s'aperçoit qu'elle a
contribué à les rendre irréversibles dans le temps des hommes.
Ce millénaire d'environnement a certes connu des changements
majeurs, mais ces changements sont-ils dans la perception qu'en ont
eue nos ancêtres ou dans les structures mêmes des facteurs dont ils ont
subi l'action ? Et dans cette perception, ne faut-il pas distinguer la per
ception directe, souvent subjective, et la perception réfléchie, élaborée,
construite, qui débouche sur un contexte mental, religieux, voire scien
tifique et visant à une certaine objectivité ?
La littérature occidentale, après l'an mil, comme le folklore ou les
différents documents d'archives qui nous sont parvenus, nous donnent
quelques échos de ce que nous appelons actuellement « environne
ment » et que nous livrent nos cinq (ou six) sens. Au premier chef : la
vision, la description orientée de la nature et du contexte social tels
qu'ils sautent à l'œil ; on en souligne les couleurs (surtout éclatantes),
les traits du paysage vécu, le ciel clouté d'étoiles, la lune, les aspects
ou les attitudes des animaux ou des personnes... L'audition est égale
ment privilégiée : chants d'oiseaux, nombreux et apparemment très
appréciés, bruits des torrents, ressac, ton et nuances dans la voix des
héros ou des interlocuteurs... Interviennent également le toucher (le dur,
le mou, le tranchant, le tiède, le froid, la piqûre, la douleur) et le goût
(aigre, amer, salé, sucré), à une époque où l'acide et le sucré n'avaient
pas le succès acquis à l'ère du Coca-Cola. En revanche, l'olfaction
semble bien peu exercée ; il y a certes les parfums du paradis et l'odeur
répugnante de la putréfaction ; mais rien sur les senteurs de la cire, de
l'encens, de l'huile, de la graisse, du bois ou de la résine qui brûle, rien
sur le parfum des fleurs, du corps humain et bien peu sur les cosmétiq
ues...
Sens de la nature
La nature est souvent perçue (ou interprétée) comme magique :
autour des étangs, dans les vapeurs desquels, le soir, s'enveloppe la
ronde des elfes ; près des sources fréquentées ou côtoyées par de belles
dames ; dans les montagnes et rochers habités par des nains vindicatifs
ou des géants stupides ; au creux de ces forêts sombres, mystérieuses,
dangereuses, peuplées d'hommes noirs, de marginaux, de bêtes féroces
ou monstrueuses, plus ou moins gérées par de pieux ermites. Cet env
ironnement est donc parfois menaçant, et il faut se le concilier, d'autres
fois bienfaisant, et on doit lui manifester sa reconnaissance et sa fidélité. ENVIRONNEMENT ET MILLÉNAIRES 129
Ce sentiment païen se teinte de religiosité quand on voit dans cette
Nature l'œuvre de Dieu, avec le sentiment que le Créateur a investi
l'homme adamique de la garde, sinon de la maîtrise, de Sa Création.
Il y a comme une double composante dans ce sentiment de la Nature
que nous avons hérité de notre Moyen Âge et que l'on peut voir déjà
exprimé dans l'Angleterre élisabéthaine, mais qui s'épanouit avec
Young, Klopstock, Rousseau, le mouvement romantique et dont on peut
retrouver des retombées spontanées ou naïves, parfois quelque peu
structurées dans les mouvements « verts » : dans l'attachement à une
Nature qui en sait plus, qui console et qui guérit ; on s'attache à l'arbre,

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