Espace économique et Union soviétique - article ; n°1 ; vol.1, pg 25-48
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1959 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 25-48
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Chambre
Espace économique et Union soviétique
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°1. Mai 1959. pp. 25-48.
Citer ce document / Cite this document :
Chambre Henri. Espace économique et Union soviétique. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°1. Mai 1959. pp.
25-48.
doi : 10.3406/cmr.1959.1406
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1959_num_1_1_1406ESPACE ÉCONOMIQUE
ET UNION SOVIÉTIQUE
I. initiale. De la Révolution — B. Problèmes d'octobre propres aux plans à l'U.R.S.S. d'après - guerre C. De : ig2o A. La à 1957. problématique - D. Les
bases industrielles. — II. Sovnarkhozes et espace économique : A. Débats
entre économistes. - B. La création des Sovnarkhozes.
Introduction
Dans les conclusions de son étude Économie et Espace, Claude Pon-
sard remarque que la région économique se situe à une « position
charnière » dans une « économie dimensionnelle », c'est-à-dire dans
une économie où le facteur spatial se trouve effectivement intégré1.
Après avoir conquis droit de cité en philosophie avec Kant,
comme « forme a priori de l'entendement », en géométrie avec les
travaux de Lobatchevsky et de Riemann et l'introduction des espaces
abstraits de M. Fréchet entre autres, en physique avec les théories
de la relativité, la notion d'espace commence à pénétrer l'économie.
Les problèmes que posent aujourd'hui ce qu'on appelle « les pays
sous-développés », l'existence de régions retardataires du point de
vue économique dans une nation comme la France, la découverte
de l'asymétrie de l'action économique de la firme ou de la nation2
ont fait prendre conscience que l'espace économique n'est pas
homogène et ne coïncide pas avec euclidien. De plus en
plus on s'aperçoit que la croissance économique d'une nation est
liée aux problèmes de son aménagement ; que la dimension de
l'action de la firme et de la nation dépasse leurs frontières respectives.
1 C. Ponsard, Économie et Espace, Essai d'intégration du facteur spatial dans
l'analyse économique, Sedès, Paris, p. 448.
2 Cf. F. Perroux, « Esquisse d'une théorie de l'économie dominante », Éco
nomie Appliquée, 2/3, 1948 ; « Notes sur le dynamisme de la domination »,
Économie 2, 1950 ; L'Europe sans rivages, P.U.F., Paris, 1953;
La coexistence pacifique, P.U.F., Paris, 1958, principalement le tome II. H. CHAMBRE 26
« Mais tandis que l'intégration du temps est devenue l'une des
préoccupations centrales de la science économique depuis un demi-
siècle, les recherches sur le facteur spatial, quoique plus anciennes,
n'ont pas abouti à une semblable intégration de l'espace dans l'analyse
économique »3, — surtout dans les recherches économiques fran
çaises. C'est en Allemagne, puis aux États-Unis que les courants
de pensée qui s'efforçaient d'introduire le facteur spatial dans les
schémas des économistes ont été le plus développés. Plus récem
ment en France le problème de l'intégration de l'espace dans la
pensée et la recherche économiques a été posé avec vigueur par les
travaux de François Perroux, de J. M. Jeanneney, d'André Piatier
et de leurs disciples.
Dans ce mouvement d'intérêt croissant porté aux problèmes de
l'espace en économie, il peut être utile de voir comment le problème
de économique s'est posé dans le cadre d'une économie
collectiviste planifiée et centralisée, même si les quelques jalons
amorcés ici sont parfois bien incertains, en raison du petit nombre
des sources soviétiques actuellement accessibles. Beaucoup de déci
sions et de comptes rendus de séances de travaux des premières
commissions qui se sont intéressés dès 1920 à la « régio
nalisation » (rajonirovanie) de l'économie sont inaccessibles en
Occident.
I
De la Révolution d'Octobre aux plans d'après guerre
La question de la division en régions économiques de l'U.R.S.S.
s'est trouvée intimement liée dès le début à celle de la refonte de la
division administrative du territoire — et ceci pour des raisons
impérieuses de gouvernement. De telle sorte que les deux questions
se trouvent imbriquées à un point qui peut étonner.
Telle qu'elle s'est formée à travers des années de discussions et
d'expériences, la problématique soviétique de l'espace économique
est apparemment loin de celle esquissée par С Ponsard ou de celle
formulée par F. Perroux4. C'est un motif d'encouragement à persé
vérer dans la recherche pour quiconque envisagerait avec Merleau-
Ponty les économies décentralisées occidentales et les économies
collectivistes de type soviétique comme deux éléments constitutifs
d'une « économie généralisée »5.
* С Ponsard, op. cit., p. 445.
4 Cf. F. Perroux, « Les espaces économiques », op. cit. ; L'Europe sans rivages.
• Cf. M. Merleau-Ponty, Les aventures de la dialectique, Gallimard, Paris,
1956. p. ЗОЗ- ESPACE ÉCONOMIQUE ET UNION SOVIÉTIQUE 27
A. — La problématique initiale.
Pour les Russes le problème de l'espace économique s'est posé
concrètement sous trois aspects liés :
i° Du point de vue de la direction et du développement de
l'économie soviétique qui se reconstitue après la guerre civile. Dans
L'État et la Révolution, Lénine avait écrit qu'après la prise du pou
voir par la classe ouvrière et l'organisation du recensement et du
contrôle de la production et de la répartition, « toute la société ne
sera plus qu'un grand bureau et un grand atelier avec égalité de travail
et égalité de salaire »e. En fait, l'expérience du communisme de guerre
allait révéler que, dans les conditions présentes de la Russie, l'opéra
tion était plus difficile que prévu. Pour maîtriser les processus écono
miques dans l'immensité russe, il apparut très vite qu'il était néces
saire de l'organiser rationnellement, c'est-à-dire de diviser le territoire
en unités subordonnées qui auraient une fonction spécialisée dans
le développement de l'économie. C'est l'origine du plan Goelro.
Ce sont les problèmes des aires minima à donner aux régions,
du marché (on travaille sous la N.E.P.), du rapport entre centrali
sation et décentralisation, de la synthèse de l'espace et du temps
sous forme des problèmes de transport d'abord, puis de la plani
fication, des relations inter-régionales, de la localisation de l'industrie
qui se posent.
2° Du point de vue des rapports entre la ville et la campagne.
Pour Lénine, comme pour Karl Marx, l'opposition de la ville et
de la campagne est une conséquence de la division entre travail
matériel et travail spirituel dans le cadre de la propriété privée.
« La suppression de l'opposition entre la ville et la campagne, écrit
K. Marx dans « L'Idéologie allemande», est une des premières conditions
de la communauté, condition qui dépend à son tour d'une masse de
présuppositions matérielles'7 ... »
La division de l'U.R.S.S. en régions économiques et le développe
ment d'une économie régionale complexe seront les prémisses de
la suppression de cette opposition entre ville et campagne. Des
résolutions du Parti insistent sur cet aspect des choses pour exiger
la poursuite de la с régionalisation » de l'économie soviétique. Cer
tains économistes y font aussi allusion8.
• Lénine, L'État et la Révolution, Œuvres choisies en deux volumes, Moscou,
1947, t. II, p. 245 : cette forme de la société ne sera d'ailleurs qu'un « échelon »
vers le communisme (ibid.).
' К. Marx, L'Idéologie allemande, M.E.G.A., I/V, p. 40. Cf. Le Manifeste
communiste, trad, fr., Rieder, Paris, par. 10, p. 27.
8 Cf. Itogi vypolnenija i-oj pjatiletki,... Moscou, 1933, p. 227 ; A. Notkin,
V. Pokšiševskij, « Transport i razmeščenie promyšlennosti » (Transport et
répartition de l'industrie), Puti industrializacii, 16, 19

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