Esquisse d une grammaire du sublime chez Longin - article ; n°137 ; vol.34, pg 102-121
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Description

Langages - Année 2000 - Volume 34 - Numéro 137 - Pages 102-121
The study has three objectives: (i) to reinforce the still fledgling hypothesis of the schematism of tension. This hypothesis proposes to accentuate the orientation of the interval which is considered to be more dynamic than opposition; the sublime according to Longinus' description is characterized by suddenness, hence speed, by which he forces the enunciatee to bridge the semantic gap; (ii) establish that the principal distinctions of rhetoric, in this case restricted if one relates it to the works of Aristotle, are already those that tensive semiotics is labouring to specify; (iii) finally, from the perspective of future generalization, the point of view adopted here is indirect as it is not presented as the ordinary relation of a commenting texte [D2] to a commented text [Dl], but as a commentary [D3] of a commentary [D2], such that the point of view has for its formula: [D3 - D2 - Dl]. The possibility of grammaticality, that is , the constraining recurrence of certain semantic categories , is related to the stabilization of the relation [D3 - D2].
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 63
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Claude Zilberberg
Esquisse d'une grammaire du sublime chez Longin
In: Langages, 34e année, n°137, 2000. pp. 102-121.
Abstract
The study has three objectives:
(i) to reinforce the still fledgling hypothesis of the schematism of tension. This hypothesis proposes to accentuate the orientation
of the interval which is considered to be more dynamic than opposition; the sublime according to Longinus' description is
characterized by suddenness, hence speed, by which he forces the enunciatee to bridge the semantic gap;
(ii) establish that the principal distinctions of rhetoric, in this case restricted if one relates it to the works of Aristotle, are already
those that tensive semiotics is labouring to specify; (iii) finally, from the perspective of future generalization, the point of view
adopted here is indirect as it is not presented as the ordinary relation of a commenting texte [D2] to a commented text [Dl], but as
a commentary [D3] of a commentary [D2], such that the point of view has for its formula: [D3 - D2 - Dl]. The possibility of
grammaticality, that is , the constraining recurrence of certain semantic categories , is related to the stabilization of the relation
[D3 - D2].
Citer ce document / Cite this document :
Zilberberg Claude. Esquisse d'une grammaire du sublime chez Longin. In: Langages, 34e année, n°137, 2000. pp. 102-121.
doi : 10.3406/lgge.2000.1787
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2000_num_34_137_1787Claude ZlLBERBERG
G.D.R. « Sémiotique », C.N.R.S.
ESQUISSE D'UNE GRAMMAIRE DU SUBLIME
CHEZ LONGIN
L'ancienne rhétorique regardait comme des ornements et
des artifices ces figures et ces relations que (...) les progrès
de l'analyse trouveront un jour comme effets de propriét
és profondes, ou de ce qu'on pourrait nommer : sensibil
ité formelle.
P.Valéry
La rhétorique n'en finit pas de mourir... et de renaître. En 1885, elle disparaiss
ait des programmes officiels de l'enseignement en France, mais chacun s'accorde à
reconnaître que la persuasion — le faire persuasif1 — , l'argumentation, la démonst
ration, même si la délimitation de leur extension respective reste délicate, sont des
stratégies discursives qui sont autant de chapitres de la manipulation, donc de la
rhétorique, de sorte qu'elle est probablement inhérente à l'intersubjectivité, mais
également à la subjectivité elle-même puisque ego, nous dit-on, ne serait jamais seul.
Le retour de la rhétorique a pris parfois un tour inattendu : elle a été restreinte aux
figures de rhétorique, puis au couple métaphore-métonymie, parfois à la seule
métaphore2, mais cette restriction s'accompagnait d'une installation des grandeurs
retenues au centre du champ discursif, la théorie elle-même ; bref, il était demandé
à l'une des parties de la rhétorique de la sauver toute, ce qui n'était possible que
parce que la partie choisie valait implicitement pour le tout. C'est ainsi que
R. Jakobson3, suivi par Lévi-Strauss, demandait au couple métaphore-métonymie
de prendre en charge la structure même de la langue.
Comme il nous semble périlleux de substituer une partie au tout dont elle dépend,
notre propos suivra une autre direction, elle-même double, celle de la complément
arité et de l'accentuation : (i) pour ce qui regarde la première, la rhétorique, même
si la tripartition par genres (judiciaire, délibératif, épidictique) a le plus souvent
prévalu, est une théorie du discours — sans doute culturellement située, mais cette
1. A.J. Creimas & J. Courtes, Sémiotique 1, Paris, Hachette, 1979, pp. 274-275.
2. Selon Proust : « Pour des raisons qui seraient trop longues à développer ici, je crois que la
métaphore seule peut donner une sorte d'éternité au style, (...) » (in Contre Sainte-Beuve, Paris,
Gallimard/La Pléiade, 1971, p. 586).
3. R. Jakobson, Essais de linguistique générale, Paris, Les Éditions de Minuit, 1963, pp. 45-49.
102 n'est pas à nos yeux absolument dirimante — alors que la linguistique s'en objection
tient à la grammaire, laquelle se donne pour limite « sacrée » la phrase ; dans ces
conditions, la rhétorique s'inscrit comme complément et catalyse à l'égard de la
linguistique, laquelle ressort elle-même comme defective ; la sémiotique dispose
certes d'une théorie du récit, mais il serait étrange d'étendre au discours ce qui vaut
pour le récit, alors même que la sémiotique greimassienne s'efforce désormais de
discerner les limites du schéma narratif canonique ; (ii) pour ce qui regarde l'accen
tuation, nous faisons référence — et hommage — à Cassirer, et à sa détermination
exemplaire de tenir ensemble le sensible et l'intelligible ; en effet, l'accent4 n'est-il
pas, en quelque sorte, l'unité minimale de compte du sensible ? Cette tension entre le
sensible et l'intelligible — tension pour nous, tenant d'une certaine continuité
culturelle, convenance, connivence pour d'autres univers de discours — était pourt
ant inscrite dans les divisions de la rhétorique, notamment entre Yinvention, dirigée
par le docere, et Y elocution, dont l'orientation stylistique était le movere.
1. Le point de vue
Encore balbutiantes, les sciences dites humaines doivent être modestes puisque
la prévision, c'est-à-dire l'efficacité, demeure hors de leur portée. Ce qu'il est
légitime d'attendre de leur part, c'est de déclarer un point de vue, c'est-à-dire une
centralité, de mesurer le champ discursif se déployant à partir de cette centralité,
d'apprécier la circulation entre les catégories discursives ayant trouvé place dans ce
champ discursif, et enfin de montrer une inquiétude pour les grandeurs demeurant
en dehors des réseaux constitués. Le point de vue retenu ici est largement tributaire
de la réflexion épistémologique et linguistique de Hjelmslev ; nous retenons deux
directions : (i) du point de vue épistémologique, l'isomorphisme entre la forme du
contenu et la forme de l'expression ; (ii) du point de vue linguistique, la décision pour
le plan de l'expression de considérer que la structure syllabique canonique [voyelle
vs consonne] prévient la structure phonologique, qui est la marque du structura
lisme pragois des années soixante, et que la structure prosodique [accent vs modul
ation] à son tour prévient la structure syllabique. La fusion de ces demandes nous
conduit donc à recevoir, moyennant bien évidemment une correction d'échelle,
l'accent et la modulation au titre de constituants discursifs élémentaires et à pousser
4. « L'intuition n'est pas étendue, mais concentrée ; elle est en quelque sorte ramenée en un seul point.
C'est seulement dans cette concentration qu'est trouvé et mis en valeur ce moment sur lequel est posé
l'accent de la "signification". » (in E. Cassirer, Langage et mythe, Paris, les Éditions de Minuit, 1989, p.
113). Dès que la prosodie retrouve une place dans la théorie, la schizie (Hjelmslev) entre plan du contenu
et plan de l'expression tend vers son retournement : la prosodie devient le plan du contenu et la
signification le plan de l'expression, ce qui explique déjà au moins en partie la méfiance enveloppant la
prosodie.
103 jusqu'à son point de rupture l'hypothèse d'une prosodisation du contenu. Ce
complexe [accent vs modulation] appelle une double mise au point : paradigmatique
et syntagmatique.
Avec J. Fontanille5, nous avons formulé l'hypothèse que la présence de l'accent
et de la modulation dans les deux plans était — selon l'acception saussurienne du
terme — motivée, dans la mesure où l'objet du sens, considéré comme activité,
praxis ininterrompue, est le commerce de l'intensité et de l'extensité, et ce sous une
double condition : (i) l'intensité devient l'expression analytique du sensible, et
l'extensité remplit la même fonction pour l'intelligible ; (ii) l'accent est la forme
exemplaire de l'intensité, et la modulation, la forme exemplaire de l'extensité.
L'intensité et l'extensité sont appréhendées comme des gradients délivrant —
compte tenu de l'événementialité affectant, par définition, le sujet — des valences
respectivement intensives et extensives ; dès lors, du point de vue paradigmatique,
l'accent et la modulation sont l'un vis-à-vis de l'autre dans un rapport de renverse
ment : l'accent fait pr

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