Esquisse d une histoire de l atomisme en biologie (Suite)  - article ; n°1 ; vol.4, pg 41-59
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Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie (Suite) - article ; n°1 ; vol.4, pg 41-59

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1951 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 41-59
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1951
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Jean Rostand
Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie (Suite)
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1951, Tome 4 n°1. pp. 41-59.
Citer ce document / Cite this document :
Rostand Jean. Esquisse d'une histoire de l'atomisme en biologie (Suite) . In: Revue d'histoire des sciences et de leurs
applications. 1951, Tome 4 n°1. pp. 41-59.
doi : 10.3406/rhs.1951.4318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_1_4318Esquisse d'une histoire
de Fatomisme en biologie
(Suite)
III. DU GÈNE MORGANIEN AUX CONCEPTIONS ACTUELLES
C'est aux environs de 1920 que fut élaborée et précisée la
conception du gène, telle qu'elle ressortait des recherches de Thomas
Hunt Morgan et de son école. On la trouve exposée en détail dans
deux ouvrages de l'illustre biologiste : The Physical Basis of Here
dity (1919), et, surtout, The Theory of the Gene (1926).
D'origine strictement expérimentale, cette conception, à la
différence de toutes celles qu'avaient proposées jusqu'ici les
théoriciens , de l'atomisme biologique (et notamment Nâgeli,
Hertwig, Weismann, de Vries), se garde de doter la particule ou
unité héréditaire de propriétés hypothétiques ; elle se borne à lui
attribuer les propriétés qui paraissent indispensables pour rendre
compte des faits constatés. Comme dit Morgan, sa « théorie du
gène » se distingue nettement de toutes les autres théories micro-
méristes « en ce qu'elle s'est édifiée peu à peu,, à partir d'une
démonstration expérimentale soigneusement contrôlée ».
Voici les principales affirmations qu'implique la conception
morganienne du gène :
1° On peut localiser les gènes, ou du moins tous les gènes
présentement connus, dans le noyau cellulaire, et, plus précisément,
dans les chromosomes du noyau (théorie chromosomique de V hérédité).
Ce qui n'exclut nullement, d'ailleurs,T existence d'unités héréditaires
à siège extra-nucléaire (cytoplasmique) ; certains faits, surtout
tirés de la Génétique végétale, parlent clairement en faveur d'un
tel procédé de transmission, et toute théorie complète de l'hérédité
devra les prendre en considération ; 42 revue d'histoire des sciences
2° Les gènes sont distribués sur chaque chromosome suivant
un ordre linéaire ;
3° Les gènes contenus dans des chromosomes différents se
transmettent indépendamment les uns des autres, conformément
au principe, énoncé par Mendel, de l'indépendance des facteurs
héréditaires. Les gènes portés par un même chromosome se mont
rent, au contraire, solidaires dans leur transmission ; ils forment
un « groupe de liaison (linkage) », et le nombre des groupes de
gènes ainsi liés correspond évidemment au des chromosomes
dans la cellule sexuelle. La liaison entre gènes d'un même groupe,
c'est-à-dire d'un même chromosome, n'est généralement que
partielle, car il peut se produire des échanges de gènes entre deux
chromosomes d'une même paire. Ce phénomène a reçu le nom
d'enjambement ou crossing-over ;
4° Dans certaines espèces animales (par exemple, chez la
Drosophile ou Mouche du vinaigre, insecte qui se prête tout
particulièrement aux recherches sur l'hérédité), on peut, non
seulement distribuer tous les gènes identifiés dans les quatre
chromosomes du noyau en tenant compte des faits de liaison
intergénique, mais encore les localiser à un certain niveau (locus)
de chaque chromosome en tenant compte de la fréquence de
désunion des gènes lors du phénomène de crossing over (on admet .
que cette fréquence est proportionnelle à l'écartement des gènes
sur le chromosome). Ainsi peut-on dresser des cartes chromoso
miques où sont indiqués les emplacements respectifs des différents
gènes ;
5° Le gène est une unilé indépendante, et cela au moins à deux
égards. D'abord, il peut subir une modification de sa constitution
intime (mutation) sans que les autres gènes se trouvent eux-mêmes
le moindrement modifiés : il est donc, comme l'avaient hien vu
de Vries et d'autres, une unilé de variation. En outre, un gène peut
se séparer des autres constituants du patrimoine héréditaire, soit
par ségrégation mendélienne s'il s'agit de gènes portés par des
chromosomes distincts, soit par crossing over s'il s'agit de gènes
portés par un même chromosome ; il est donc une unité de trans
mission ou d'hérédité ;
6° Les gènes vont par paires en ce sens qu'il existe deux gènes
de même type fonctionnel dans les cellules corporelles (somaliques)
de tout individu génétiquement normal ; ils sont portés respect
ivement par les deux chromosomes formant paire. Par suite de la ESQUISSE D'UNE HISTOIRE DE l'aTOMISME EN BIOLOGIE 43
réduction chromatique, les cellules sexuelles, lorsqu'elles mûrissent,
ne reçoivent qu'un seul stock de chromosomes (N chromosomes
au lieu de 2 N), soit un seul chromosome de chaque paire ; et,
partant, elles ne reçoivent qu'un seul gène de chaque paire génique,
un seul gène de chaque type fonctionnel. Les cellules sexuelles,
porteuses d'un lot unique de gènes (et donc pures pour chaque type
de gène), sont dites haploïdes, par opposition aux cellules soma-
tiques, qui, porteuses d'un double lot, sont dites diploïdes ;
• 7° Les gènes, très nombreux (plusieurs milliers chez la Droso-
phile), diffèrent les uns des autres par leurs propriétés physiol'individu"
logiques, qui se manifestent dans le développement de
et dans la transmission des caractères. Sans doute un lot complet
de gènes est-il nécessaire au développement normal ;
8° Quand, par suite d'un accident de division cellulaire, une
cellule sexuelle reçoit un chromosome en plus ou un chromosome
en moins, il en résulte un déséquilibre génique, lequel peut se
traduire, dans l'organisme produit, par des modifications définies
de caractères. Il s'agit là de véritables mutations, mais tliftérentes
des mutations typiques en ce qu'elles tiennent non pas à la modif
ication d'un gène (mutations ponctuelles), mais à un excès ou à
un manque de certains gènes (mutations quantitatives) ;
9° Tous les gènes se trouvent dans toutes les cellules du corps,
auxquelles ils furent, depuis la cellule-œuf, transmis intégralement
par le jeu de la mitose, mécanisme assurant une répartition
équationnelle des chromosomes à chaque division cellulaire. Il n'y
a donc, quant à la composition chromosomique (ou génique),
c'est-à-dire quant à la du matériel héréditaire, aucune
différence entre les différents tissus somatiques de l'organisme, ni
entre ceux-ci et le tissu de la lignée germinale. Comme on voit,
la conception morganienne s'oppose radicalement, sur ce point, à
l'hypothèse de Weismann, qui prétendait que le patrimoine héré
ditaire (plasma germinatif) se différencie, se spécialise en s'appau-
vrissant, à mesure qu'il se distribue aux différentes lignées ou
catégories de cellules somatiques ; l'embryologie expérimentale
avait d'ailleurs, dès cette époque, fait justice de la conception
weismannienne en montrant que les noyaux des premières cellules
embryonnaires (blastomères) sont identiques les uns aux autres,
et, par suite, que le développement ne comporte pas une répartition
différentielle des gènes.
Ayant ainsi dissocié nettement les problèmes de l'hérédité et 44 revue d'histoire des sciences
ceux de l'embryogenèse, Morgan ne prétend, par sa théorie du
gène, apporter aucune lumière sur la différenciation cellulaire, qui
est l'un des problèmes capitaux de la biologie, et qui, même de nos
jours, reste encore .très difficile à interpréter. Dans son livre,
Embryologie et Génétique (1934), il s'efforcera bien de relier le
domaine de la à celui de l'Embryologie, mais sans
dissimuler l'insuffisance de sa tentative et la fragilité de ses hypo
thèses ;
10° La théorie morganienne du gène ne prétend p

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