Essai d analyse structurale d  « Une Saison en Enfer » d Arthur Rimbaud - article ; n°31 ; vol.8, pg 112-126
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Essai d'analyse structurale d' « Une Saison en Enfer » d'Arthur Rimbaud - article ; n°31 ; vol.8, pg 112-126

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Description

Langages - Année 1973 - Volume 8 - Numéro 31 - Pages 112-126
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Anne-Marie Lilti
Essai d'analyse structurale d' « Une Saison en Enfer » d'Arthur
Rimbaud
In: Langages, 8e année, n°31, 1973. pp. 112-126.
Citer ce document / Cite this document :
Lilti Anne-Marie. Essai d'analyse structurale d' « Une Saison en Enfer » d'Arthur Rimbaud. In: Langages, 8e année, n°31, 1973.
pp. 112-126.
doi : 10.3406/lgge.1973.2240
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1973_num_8_31_2240A.-M. LILTI,
Paris
ESSAI D'ANALYSE STRUCTURALE
D' « UNE SAISON EN ENFER » D'ARTHUR RIMBAUD
Le choix d'un texte, dont on se propose la lecture, a toujours un
caractère arbitraire, car « ce qu'on appelle un texte n'est, en définitive,
qu'un fragment prélevé sur une chaîne sans fin 1 ». Mais, devant la nécess
ité, pour des raisons de commodité évidentes, de prélever ainsi un fra
gment qu' Une de saison discours en afin enfer d'en se faire prêtait l'objet relativement de notre analyse, bien à cette il nous démarche, a semblé
par le caractère privilégié que Rimbaud lui-même lui a conféré en la fai
sant publier.
L'autre raison qui a guidé notre choix est la difficulté qu'il y a, pour
le lecteur naïf, à cataloguer ce texte, ni poème ni récit, mais poème et récit
pourtant. Si, avec J.-C. Coquet 2, nous distinguons deux types de dis
cours, l'un fait de « phrases interprétables », tel L'Étranger, et l'autre de
« phrases non interprétables », telles les Illuminations, auquel de ces deux
types appartient Une saison en enfer? Les phrases qui la constituent ne
sont pas toujours plus interprétables que celles des Illuminations, mais il
s'agit toutefois de façon claire d'un récit. Aussi est-ce en tant que récit
que nous en avons tenté la lecture, dans les limites de cet article, mais
cela, sans nous cacher qu'il serait souhaitable dans une étude ultérieure de
le lire « à la fois comme une taxie et comme un récit 3 ».
I. Découpage du texte.
1.1. Une saison en Enfer présente une segmentation en huit parties
dont seule la première est dépourvue de titre. Parmi les autres, certaines
se présentent « d'un seul bloc », et trois (Mauvais Sang, Délires et Adieu)
comportent plusieurs sous-parties séparées par un trait horizontal. A
* L'édition de référence est celle de la Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1972.
1. P. Kubntz, « Lecture d'un fragment de Britannicus », Langue française, n° 7,
Larousse, septembre 1970, p. 21.
2. Combinaison et transformation en poésie, L'Homme, I, 1969, pp. 21 à 41.
3. A.-J. Greimas, « Pour une théorie du discours poétique », Essais de sémiotique
poétique, Larousse, 1972, p. 18. из
l'intérieur même de Délires, on distingue deux parties titrées : Vierge
Folle et Alchimie du Verbe. Mais sous cette segmentation en apparaît une
autre plus hiérarchisée. D'abord, l'opposition / absence de titre / vs /
titre / permet de reconnaître deux grandes séquences, l'une correspondant
à la première partie : « Jadis, si je me souviens bien... » et l'autre à l'e
nsemble des sept parties restantes.
1.2. Cette première séquence : « Jadis, si je me souviens bien... »
semble elle-même être constituée de quatre syntagmes narratifs, s'oppo-
sant selon la présence ou l'absence en leur début de circonstant temporel.
On obtient le tableau suivant :
SYNTAGMES NARRATIFS CIRCONSTANTS
Jadis 1. Jadis... coulaient
2. Un soir... idiot Un soir
3. Or... appétit Tout dernièrement
0 4. La charité... damné
1.3. En ce qui concerne l'ensemble des sept autres parties du texte,
nous pouvons remarquer dans Alchimie du Verbe l'apparition d'une énon-
ciation de type historique. En effet, le passé défini n'est pas employé
dans Mauvais Sang, l'est une fois dans Nuit de l'Enfer : « Ma vie ne fut
que folies douces » (p. 101), et deux fois dans Vierge Folle : « Jamais
homme n'eut pareil vœu »; « Je lui dis quelquefois » (p. 104). Par contre,
dans Alchimie du Verbe, il est, après l'imparfait, le plus souvent employé.
Nous pouvons donc reconnaître Alchimie du Verbe comme une énonciation
historique, à l'exception d'un passage où le discours réapparaît avec
l'emploi de deux passés indéfinis et d'un présent : « Ainsi, j'ai aimé un
porc. Aucun des sophismes de la folie, — la folie qu'on enferme, — n'a été
oublié par moi : je pourrais les redire tous, je tiens le système » (p. 111).
(Tous les autres présents nous semblent être des présents intemporels
ou appartenir à un discours reproduit au cours du récit historique, par
exemple, dans : « Ce monsieur ne sait ce qu'il fait », p. 111 4.) C'est avec la
dernière phrase ď Alchimie du Verbe : « Cela s'est passé. Je sais aujour
d'hui saluer la beauté. », que, nous semble-t-il, l'histoire prend fin pour
laisser à nouveau place au discours : jusqu'à la fin d'Une Saison en Enfer,
en effet, les temps spécifiques du discours (présent, passé indéfini et
futur) sont très fréquemment attestés alors que le passé défini ne l'est que
deux fois, dans Matin (« N'eus-je pas une fois... » « Celui dont le fils de
l'homme ouvrit les portes » p. 115).
4. Sur la répartition des temps selon le type d'énonciation, histoire ou discours,
voir E. Benveniste, « Les relations de temps dans le verbe français », Problèmes de
Linguistique générale, Gallimard, 1966, p. 245.
LANGAGES № 31 8 114
Malgré quelques irruptions du discours dans l'histoire et de l'histoire
dans le discours, il nous semble donc pertinent d'opposer Alchimie du
Verbe au reste de la deuxième séquence selon l'axe sémémique :
/ histoire / vs / discours / 5
La présence en Alchimie du Verbe d'une énonciation de type histo
rique appelle quelques remarques : si le passé défini est « le temps par excellence 6 », l'histoire ne peut être écrite qu'à la troisième per
sonne, la deuxième et la troisième étant spécifiques du discours. Or, dans
Alchimie du Verbe, la grande majorité des verbes au passé défini sont à la
première personne du singulier. Ne pouvons nous alors considérer que le
passage du discours à l'histoire, qui est passage du subjectif à l'objectif 7,
implique une distance prise par le scripteur vis-à-vis de « Je », l'affirma
tion, en quelque sorte, de « Je » comme troisième personne? Alchimie du
Verbe serait alors une paraphrase de la formule célèbre « Je est un autre. »
II. Analyse de la première séquence : « Jadis, si je me souviens. »
II . 1. Les modèles actantiels 8.
L'acteur « Je » correspond dans les trois premiers syntagmes aux
actants Al, A3, et A4, aux actants Al et A4 dans le quatrième où A3
prend la forme de l'acteur « Satan ». Al, qui possède dans le premier
syntagme la qualification / expansion /, possède dans le syn-
tagme la contraire, soit : / contraction. /
« hyène » « festin » |
« s'ouvraient » vs ( « égoïsme
« coulaient »
Dans le troisième syntagme, l'actant objet A2 est présent sous la
forme de l'acteur « festin », que nous pouvons définir par le sème / expans
ion /. Des oppositions lexicales entre le deuxième et le troisième syntagme
(comme celle marquée par « or ») nous conduisent à donner à A2, dans le
deuxième syntagme, une qualification opposée à celle de « festin », soit /
contraction /. Une transformation s'opère donc, telle que :
Q [A2] / contraction / *■ Q [A2] / expansion /
L'adjuvant A5 subit la même transformation. Aux acteurs « bour
reaux », « fléaux », soit / haine /, s'oppose l'acteur « charité », soit /
amour /. Ainsi Q[A5] *Q[A5]. Mais l'opposé de l'adjuvant, c'est
l'actant opposant A6. Donc Q[A5] > Q[A6].
5. Cette opposition apparaît de façon très nette entre : t Je me flattai d'inventer
un verbe poétique... » (Alchimie du Verbe) et : « J'ai essayé d'inventer (...) de nouvelles
langues... » (Adieu).
6. E. Benveniste, op. cit.,

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