Étude de la sédimentation anthropique. La stratégie des ethnofaciès sédimentaires en milieu de constructions en terre - article ; n°2 ; vol.118, pg 619-645
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1994 - Volume 118 - Numéro 2 - Pages 619-645
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jacques Léopold Brochier
Étude de la sédimentation anthropique. La stratégie des
ethnofaciès sédimentaires en milieu de constructions en terre
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 118, livraison 2, 1994. pp. 619-645.
Citer ce document / Cite this document :
Brochier Jacques Léopold. Étude de la sédimentation anthropique. La stratégie des ethnofaciès sédimentaires en milieu de
constructions en terre. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 118, livraison 2, 1994. pp. 619-645.
doi : 10.3406/bch.1994.6994
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1994_num_118_2_6994ÉTUDE DE LA SÉDIMENTATION ANTHROPIQUE 619 1994]
ETUDE DE LA SEDIMENTATION ANTHROPIQUE.
LA STRATÉGIE DES ETHNOFACIÈS SÉDIMENTAIRES
EN MILIEU DE CONSTRUCTIONS EN TERRE *
par Jacques Léopold Brochier
II n'est plus utile, à l'heure actuelle, de faire de longues analyses pour comprendre que la
sédimentation d'un site est due à la présence de constructions en terre. Les grands mécanismes sont
connus (Miller-Rosen 1986). L'étape suivante est de suivre l'édification des habitations dans l'e
space, leur organisation et les activités qui y furent pratiquées, ainsi que toutes les traces au sol
qu'elles peuvent avoir laissées, de telle sorte qu'on les retrouve fossilisées. Lorsque des structures
évidentes, murs, sols, sont conservées, une fouille méticuleuse permettra de les dégager et d'at
teindre une partie de ce but. Une partie seulement, car, très bon matériel de construction, la terre
crue fossilise mal les utilisations que l'homme en a faites, ou plutôt en laisse souvent une lecture
difficile. À côté de structures aisément repérables à partir desquelles on généralise, il reste beaucoup
d'espaces incompris. Dans les zones climatiques tempérées, les structures de terre se sont encore
moins bien conservées que sous les climats arides du Proche et Moyen Orient par exemple. La
compréhension du terrain requiert alors un certain investissement.
La fouille franco-bulgare du site néolithique ancien de Kovacevo en Bulgarie, sous la direction,
du côté français, de J.-P. Démoule et M. Lichardus-Itten (cf. supra), a été l'occasion de mettre en
place une méthode de lecture des traces laissées par l'habitat de terre. Étendue à 1500 m2, la fouille
s'est heurtée dès les premiers décapages à une grande complexité dans la lecture du sol. En dehors
des structures archéologiques évidentes, fosses, empierrements, murs brûlés, il était clair qu'il
existait une structuration d'un autre ordre, résultant de l'occupation humaine, mais profondément
brouillée. Le sédiment lui-même devait être pris comme document archéologique (Brochier J.L.
1988). Il était nécessaire de mettre en place une stratégie, d'une part pour enregistrer cette informat
ion, et d'autre part pour aboutir, pas à pas, à des interprétations qui puissent faire avancer la
restitution archéologique et dans le même temps guider la fouille.
(*) Remerciements :
J.-P. Démoule et M. Lichardus-Itten, I. Kuloy et M. Grebska-Kulova, responsables de la fouille respec
tivement du côté français et bulgare, ont toujours fait le nécessaire pour qu'une bonne coopération existe entre
la recherche archéologique et géoarchéologique. Le Ministère des Affaires Étrangères, le CNRS et l'Académie
Bulgare des Sciences ont supporté matériellement cette recherche. Les analyses géochimiques ont été réalisées à
Sofia par le laboratoire du Bureau des Mines. P. Guilloré (ERA 12 du CNRS) assure à l'Institut National de la
Recherche Agronomique (Grignon) la fabrication des lames minces. J.-F. Berger, doctorant et allocataire de
recherche, s'est formé sur le site à la pratique de la géoarchéologie et des ethnofaciès. C'est une collaboration
étroite de deux géoarchéologues qui s'est ainsi mise en place, permettant depuis 1992 une présence plus longue
et un meilleur suivi de la fouille. P. Cumasenko, de l'Académie bulgare des Sciences, m'a cordialement reçu à
l'Institut géologique de Sofia. L'étude du sondage de L. Pernièeva a permis d'obtenir dès le départ une vision
globale des principes de sédimentation. Je n'oublierai pas la gentillesse et les moments passés avec Baj Atanas,
au Village de Kovacevo. 620 FOUILLES FRANCO-BULGARES DE KOVACEVO [BCH 118
L'étude géoarchéologique a pris plusieurs directions que nous présentons ici :
— connaître les grandes lignes de l'histoire du site ;
— étudier les modalités de la sédimentation sur toute la séquence anthropique. Le sondage
n° 1 de L. Perniceva, réalisé en 1981 jusqu'au substrat géologique, a permis de définir les premiers
principes généraux de cette sédimentation. Son étude s'est révélée tout de suite très insuffisante ;
— se doter, en parallèle, de repères, sinon d'un modèle ethnoarchéologique des modes de
sédimentation en relation avec des habitats de terre crue, comme le sont encore les maisons du
village actuel de Kovacevo;
— comprendre les raisons pour lesquelles les structures d'habitat restent très difficilement
lisibles ;
— élaborer une stratégie de relevé et d'analyse de l'information sédimentaire qui puisse
prendre en compte les grandes surfaces fouillées.
Les résultats détaillés des analyses géoarchéologiques feront par ailleurs l'objet d'une publica
tion spécialisée. Seuls les 60 cm supérieurs des niveaux du Néolithique ancien fouillés jusqu'à ce
jour sont présentés ici.
1. Les grandes lignes de l'histoire géologique du site
Le site de Kovacevo se trouve au pied des monts du Pirin, massif de roches cristallines où
dominent les granités porphyroïdes. Les piedmonts sont occupés par de vastes épandages détri
tiques de limons, sables et graviers consolidés en conglomérats : la formation néogène dite de
Sandanski. On se trouve climatiquement à la limite des influences méditerranéennes, venant de la
Grèce proche, et des influences climatiques continentales venant du Nord.
L'implantation néolithique s'est développée sur une terrasse alluviale dominant de 12 m le
cours actuel de la Bistrica, petite rivière descendant du Pirin. Elle appartient au bassin versant de
la Struma, fleuve qui s'écoule vers la Méditerranée. Seul le système de terrasses de ce fleuve a fait
plus en aval l'objet de travaux de la part des géomorphologues (Galabov et al. 1962). La formation
fluviatile sous-jacente au site, très torrentielle, où les blocs atteignent la taille du mètre, peut être
rattachée à la fin de la dernière glaciation. Elle est coiffée d'un limon de recouvrement de fin de
cycle d'une soixantaine de centimètres d'épaisseur. Ce limon sablo-argileux brun-jaune porte les
traces de la pédogénèse postglaciaire.
C'est sur ce limon, et en partie à ses dépens, que s'étend l'occupation humaine du Néolithique
ancien. L'habitat produit une construction sédimentaire anthropique de 2 m de puissance. Cette
dernière se réduit à 1,40 m en remontant le versant sur 100 m vers l'Ouest. Deux cents mètres plus
haut affleure le substratum néogène limoneux des formations de Sandanski. L'anthropique repose
donc sur deux substrats (fig. 1) : les alluvions de la Bistrica, et les limons détritiques tertiaires ; les
deux peuvent être mis en œuvre dans les constructions de terre.
Aux seuls endroits connus par les sondages de L. Perniceva, et sur toute la surface de la fouille
actuelle, il n'existe plus de couches conservées des périodes plus récentes. Le Néolithique moyen et
l'Âge du Bronze ne se retrouvent que dans les structures en creux ou les dépôts colluviés. La
période romaine et les temps historiques sont marqués par quelques vestiges dans les pédosédi
ments supérieurs.
À ce stade, il manque des sondages pour reconstituer avec précision l'histoire sédimentaire qui
vient après le Néolithique ancien. Les profils Est-Ouest produits au Nord et au Sud de la fouille
actuelle révèlent que les couches archéologiques sont fortement tronquées, vingt mètres avant ÉTUDE DE LA SÉDIMENTATION ANTHROPIQUE 621 1994]
80
I
W
Fig. 1. — Position géomorphologique des dépôts anthropiques (en gris

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