Europe carolingienne et Europe méridionale : le point de vue d Adriaan Verhulst - article ; n°21 ; vol.10, pg 55-61
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Europe carolingienne et Europe méridionale : le point de vue d'Adriaan Verhulst - article ; n°21 ; vol.10, pg 55-61

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Description

Médiévales - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 21 - Pages 55-61
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Madame Monique Bourin
Europe carolingienne et Europe méridionale : le point de vue
d'Adriaan Verhulst
In: Médiévales, N°21, 1991. pp. 55-61.
Citer ce document / Cite this document :
Bourin Monique. Europe carolingienne et Europe méridionale : le point de vue d'Adriaan Verhulst. In: Médiévales, N°21, 1991.
pp. 55-61.
doi : 10.3406/medi.1991.1220
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1991_num_10_21_1220Médiévales 21, automne 1991, pp. 55-61
EUROPE CAROLINGIENNE ET EUROPE MERIDIONALE
LE POINT DE VUE D'ADRIAAN VERHULST
Propos recueillis par Monique BOURIN
Pour les raisons que j'ai déjà indiquées en avant-propos, nous
souhaitions très vivement qu'Adriaan Verhulst confie à ce numéro de
Médiévales ses points de vue sur la « mutation de l'an Mil ». Diver
ses revues ont eu la même idée que nous, notamment Past and Pre
sent et les Annales ! Et Adriaan Verhulst a aussi consacré au régime
domanial à l'époque carolingienne un rapport paru dans le volume 10
des colloques de Flaran. Il y rejoint naturellement le thème des for
mes et des rythmes de la croissance avant l'an Mil. Aussi ne souhaitait-
il pas exposer lui-même une nouvelle fois ses arguments.
En revanche, il a accepté de nous confier ses réactions d'histo
rien des pays carolingiens devant les thèses proposées récemment pour
des régions méridionales par Chris Wickham, Pierre Bonnassie et Guy
Bois et de les confronter à sa propre expérience des régions septent
rionales. Nous publions donc avec son accord une synthèse de ses
points de vue.
Adriaan Verhulst introduit sa réflexion critique sur les travaux
de Wickham, Bonnassie et Bois en remarquant qu'ils se situent tous
les trois dans la tradition marxiste qui définit le féodalisme comme
le mode de production où des paysans dépendants, semi-libres mais
non plus esclaves, doivent au seigneur une rente en travail, en pres
tations en nature et en argent pour les terres qu'ils tiennent de lui.
Et il remarque l'intérêt que l'historiographie marxiste a toujours porté
au problème de la transition d'un mode de production à un autre,
en l'occurrence de l'esclavagisme au féodalisme. Il lui semble que
jusqu'à ces travaux, ce problème a été abordé plutôt par des écono
mistes travaillant de seconde main que par des historiens médiévistes.
Selon Verhulst, c'est l'un des points communs à ces recherches histo
riques proprement dites que d'offrir pour la première fois des
réflexions sur le Haut Moyen Age se réclamant du marxisme.
Au-delà de cette perspective théorique, globalement commune,
Chris Wickham, Pierre Bonnassie et Guy Bois offrent pourtant trois 56
visions très différentes du passage de l'Antiquité au féodalisme, notam
ment dans leur chronologie.
D'emblée, apparaît la spécificité de la périodisation adoptée par
Wickham, à la fois très haute puisque l'évolution est engagée dès avant
la fin de l'Empire romain, les esclaves devenant très tôt des tenanc
iers payant impôts et loyers ; et accélérée à l'époque carolingienne
lorsque sont exigées ces nouveautés, les corvées de travail.
En revanche, pour Guy Bois, il n'est pas légitime d'employer le
terme de Moyen Age avant la mutation de l'an mil. Jusqu'alors les
permanences antiques sont dominantes, notamment dans la réparti
tion de la propriété, constituée de petites exploitations alleutières et
de domaines, majoritairement de petite taille ; permanences surtout
dans le mode d'exploitation de ces petits domaines, exploitation par
tout assurée par des esclaves non chasés.
Des travaux de Pierre Bonnassie sur l'esclavage, il faut retenir
le concept de restauration carolingienne et l'idée que la seigneurie
banale est issue d'une réaction aristocratique contre l'extinction, tar
dive, de l'esclavage.
Avant de discuter ces interprétations, Adriaan Verhulst exprime
un premier ensemble de critiques à propos d'affirmations qu'il lit, sous
la plume des trois auteurs, concernant les régions septentrionales.
Il ne peut faire sienne l'idée de Chris Wickham, que le système
des corvées se serait d'abord établi en Italie où il aurait été organisé
dès le milieu du VIe siècle, pour gagner ensuite l'Allemagne méridio
nale au début du vme siècle et le Nord de la France à la fin du VIIIe
et au début du IXe siècle. Cette hypothèse n'est nullement compatib
le avec les données des textes d'entre Loire et Rhin. La chronologie
de l'apparition des corvées — l'époque carolingienne — est celle que
reprend A. Verhulst, mais pas sa géographie.
L'hypothèse de Pierre Bonnassie selon laquelle les esclaves seraient
nombreux en Germanie orientale au IXe siècle parce que l'esclavage
y serait plus récent qu'ailleurs est fortement nuancée par Verhulst.
S'il confirme ce nombre important, il y voit des raisons toutes diffé
rentes. En revanche, il s'accorde avec Bonnassie sur la persistance de
l'esclavage pendant la « restauration carolingienne ».
Les caractéristiques des petits domaines maçonnais rappellent trop
celles de l'Est du Rhin à la même époque pour accepter l'idée, pro
posée par Guy Bois, que ce domaine maçonnais du Xe siècle est une
survivance de l'Antiquité. S'ils sont juridiquement esclaves, ces hom
mes et femmes qui le cultivent, mariés, chasés même très médiocre
ment, n'ont pas le statut social des esclaves de l'Antiquité.
Si Verhulst ne partage pas les vues de Guy Bois concernant la
permanence, à l'identique ou presque, de l'esclavage antique au Xe siè
cle, il discute également la chronologie de l'extinction de l'esclavage 57
proposée par C. Wickham : comment concevoir la création du
domaine biparti si l'esclavage a déjà disparu ?
Les remarques les plus fondamentales portent sur les mécanismes
de la croissance agricole à l'époque « franque », sur laquelle actuel
lement presque tout le monde s'accorde, même si cette période est
définie plus ou moins précisément et s'étend plus ou moins suivant
les auteurs.
En premier lieu, toute l'interprétation, présentée par Guy Bois
comme exemplaire, de l'évolution de la société mâconnaise aux appro
ches de l'an mil dans les environs de Cluny paraît tout à fait incomp
atible avec les résultats des recherches de Barbara Rosenwein : la
constitution d'une seigneurie de grande dimension perturbe trop pro
fondément les mécanismes « normaux » de l'évolution économique et
sociale.
Si l'on met à part cette critique méthodologique concernant
l'exemplarité du cas « Lournand », P. Bonnassie est sans doute celui
dont les thèses sont les plus opposées, dans l'analyse des formes et
des moteurs de la croissance, à celles d'A. Verhulst. P. Bonnassie sti
gmatise la rigidité du grand domaine, obstacle aux défrichements, l'iner
tie des corvées, responsables de la faiblesse des rendements et du man
que d'innovation technique alors qu'il faut en faire le lieu même de
la croissance.
Mais Chris Wickham et Guy Bois aussi mettent l'accent sur un
développement né au sein de la petite paysannerie allodiale, fait d'ini
tiatives individuelles, de solidarités et de division du travail. Certes,
Guy Bois ne nie pas, pour les régions où il existe — pas le Maçonn
ais — la participation des grands domaines à l'accroissement de la
production agricole, notamment par le biais de la création des petites
tenures pour les paysans libres et non-libres, mais il n'en fait le méca
nisme moteur ni de la croissance ni de l'évolution sociale.
Verhulst ne souscrit donc pas à l'interprétation, donnée par ces
trois auteurs, de la persistance de l'esclavage dans les régions septen
trionales ; il y relève également une insuffisante attention au rôle du
système domanial dans les transformations et la disparition finale de
l'esclavage. En effet, c'est au sein du grand domaine et par la créa
tion du régime domanial qu'il faut comprendre et la disparition de
l'esclavage et la croissance de la production. Les domaines des Carol
ingiens et de l'Église, entre la Seine et le Rhin ont eu les moyens
polit

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