Extraits de la correspondance Mihail Kuzmin-Georgij Čičerin - article ; n°1 ; vol.15, pg 147-181
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1974 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 147-181
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 25
Langue Россию
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Satho Tchimichkian
Extraits de la correspondance Mihail Kuzmin-Georgij Čičerin
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 15 N°1-2. pp. 147-181.
Citer ce document / Cite this document :
Tchimichkian Satho. Extraits de la correspondance Mihail Kuzmin-Georgij Čičerin. In: Cahiers du monde russe et soviétique.
Vol. 15 N°1-2. pp. 147-181.
doi : 10.3406/cmr.1974.1202
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1974_num_15_1_1202SATHO TCHIMICHKIAN
EXTRAITS DE LA CORRESPONDANCE
MIHAIL KUZMIN — GEORGIJ CICERIN
Les treize lettres de Mihail Kuzmin à Georgij Čičerin que nous
publions ici sont conservées au département des manuscrits de la Biblio
thèque Saltykov- Ščedrin à Leningrad, au fonds 10301. Les sept lettres
de G. Čičerin à M. Kuzmin proviennent des Archives Centrales d'Art
et de Littérature à Moscou, fonds 2322.
Les textes que nous présentons sont pour la plupart des extraits
(trois lettres seulement sont reproduites en entier)3. D'une part, il ne
nous a pas toujours été possible de déchiffrer le texte dans sa totalité,
d'autre part, devant la longueur de certaines d'entre elles4, nous nous
sommes bornée à recueillir les passages qui nous ont semblé essentiels.
Le seul ouvrage qui, à notre connaissance, ait utilisé des lettres de
M. Kuzmin à G. Čičerin est l'article de Monsieur Genadij Šmakov inti
tulé « Blok i Kuzmin ». L'auteur se réfère souvent à cette correspondance
dans laquelle il a puisé de très précieuses citations6. Les documents que
nous exposons n'y figurent pas et n'ont jamais été édités.
L'amitié entre M. Kuzmin et G. Čičerin date des années d'adoles
cence et de collège6, leur correspondance également. Les jeunes gens
1. Le fonds 1030 est exclusivement composé des lettres adressées par M. Kuzmin
à G. Čičerin de 1889 à 1903, réparties en neuf dossiers ou cartons marqués des
cotes 17, 18, 19, 20, 2i, 22, 52 et 54 (la cote indiquant le nombre de pièces que
contient chaque dossier).
2. Le fonds 232 regroupe la correspondance adressée à M. Kuzmin par de
nombreuses personnalités. Dans la cote 431 sont classées les lettres dont l'auteur
est G. Čičerin ; elles s'échelonnent de 1889 à 1926.
3. M. Kuzmin à G. Čičerin, lettre V du 28 juin 1901, lettre VI du 3 juillet 1901,
lettre VII du 16 juillet 1901.
4. La lettre VI du 27 septembre 1903 de G. Čičerin a 17 pages. D'autre part
tout porte à croire que les lettres IX et X de M. Kuzmin, classées sous des cotes
différentes dans des dossiers différents, ne constituent en fait qu'une seule et même
lettre (jue l'on peut dater de 1902. La première est inachevée, le début manque
dans la deuxième qui se trouve classée avec les lettres de 1895- 1896 ; or elle est
manifestement plus tardive et par ailleurs elle achève de développer les sujets
traités dans la première. La lettre aurait donc à peu près 28 pages.
5. G. G. Šmakov, « Blok i Kuzmin » (Blok et Kuzmin), in Blokovskij sbornik
(Recueil consacré à Blok) , Tartu, 1971, II, pp. 341-364.
6. « A Pétersbourg Kuzmin [...] fit ses études au 8e collège à l'époque où
Innokentij Annenskij et Moor en étaient les directeurs. Au M. A. fit la
Cahiers du Monde russe et soviétique, XV (1-2), janv.-juin 1974, pp. 147-181. I48 SATHO TCHIMICHKIAN
s'adressaient des mots brefs en classe et de longues lettres lorsque l'époque
des vacances venait à les séparer1.
Ensuite en 1891 ils s'engagèrent dans des voies différentes. G. Čičerin,
après avoir terminé ses études à la Faculté d'Histoire et de Philologie
de Saint-Pétersbourg, fut nommé attaché civil au ministère des Affaires
étrangères où il contribua à la rédaction d'un ouvrage commémoratif
à l'occasion du centenaire du ministère2. G. Čičerin ne parle de lui-même
que très rarement dans ses lettres et rien ne nous permet d'anticiper
la brillante carrière politique qui sera la sienne3. En 1904 il rompt
complètement avec sa vie passée, refuse l'immense héritage que son oncle
lui destine, réalise sa modeste fortune et quitte la Russie pour l'All
emagne4. Son départ et le profond changement qui s'accomplit en lui
font que ses lettres deviennent de plus en plus rares.
En 1891 M. Kuzmin entre au Conservatoire mais il se sent isolé et
étranger dans ce monde nouveau. Il ne partage pas les conceptions de
ses maîtres qu'il quittera quelques années plus tard, renonçant à devenir
compositeur sans toutefois renoncer à la musique5. Il ira ainsi de 1894
à 1904 d'échec en échec, tourmenté par le sentiment de son imperfection
et l'inutilité de son existence. La conscience de sa nature particulière
est certainement à l'origine d'un sentiment de faute et d'insatisfaction
de soi. De plus sa vie privée semble avoir été très profondément ébranlée
par des deuils et des drames familiaux. Ses voyages en Egypte, en Italie
et en Turquie, ses séjours répétés sur la Volga sont à la fois une évasion,
un divertissement et la quête d'un nouveau mode d'existence.
Il est très intéressant d'avoir la preuve de l'existence tourmentée
que mena le poète dans sa jeunesse. Kuzmin adolescent se confie entièr
ement à son ami, mais plus tard, devenu célèbre, il fera rarement allusion
connaissance du neveu du célèbre savant Čičerin qui eut sur lui une très grande
influence et avec lequel il conserva pendant longtemps des relations de pure amitié
entretenues par des goûts et des intérêts littéraires et artistiques communs. Grâce
à Čičerin, Kuzmin apprit l'italien et c'est lui également qui lui fit connaître Scho
penhauer, Nietzche et enfin le modernisme » (E. A. Znosko-Borovskij, « O tvor-
čestve Kuzmina» (De l'œuvre de Kuzmin), Apollon, 4-5, 1917, pp. 30-31).
1. Une lettre du 8 mars 1890 (fonds 1030) est adressée à : « V vosmoj klass,
Juriju Čičerinu ».
2. « As a civil servant George was asked to contribute to the jubilee volume
published by the Ministry of Foreign Affairs, whose centenary was celebrated
in 1902 » (Baron Alexandre Meyendorff, « My cousin, foreign commissar Chiche-
rin », The Russian Review, 30, 2, avr. 1971, pp. 173-178).
3. En 1904 il commence à participer aux mouvements révolutionnaires et
émigré en Allemagne ; il réside en France et en Grande-Bretagne jusqu'en 1917.
Emprisonné à Brixton, il est échangé contre l'ambassadeur britannique Sir George
Buchanan. Le 30 mai 19 18 Čičerin est nommé commissaire du peuple aux Affaires
étrangères. Le 3 mars 1918 il signe le traité de Brest-Litovsk et en 1922-23 il
représente l'Union Soviétique aux conférences de Gênes et de Lausanne.
4. « He lived there [Berlin1,, at first as a patient in a nursing home, (he was
seeking a cure for homosexuality which upset his mother and probably distorted
his own personality) and then as a conscious associate of the political emigres of
the day. Gradually lie was transformed from a sympathiser into an active member
of the Socialist Revolutionary Party » (A. Meyendorff, art. cit.).
5. « C'est entendu, je ne suis rien, je suis un homme oisif, tout me manque,
mais je ne suis pas un compositeur » (M. Kuzmin à G. čičerin, lettre du 11 mai 1902,
fonds 1030-22). CORRESPONDANCE KUZMIN-ČIČERIN I49
à son passé tant et si bien qu'il paraîtra aux yeux de ses contemporains
comme un personnage auréolé de mystère. Lorsqu'il puisera son inspi
ration en Italie ou en Egypte, on parlera de mode, lorsqu'il s'agira de la
Volga et des vieux-croyants, on d'affectation ! Nous constatons,
grâce à ces souvenirs, que les Chants d'Alexandrie ( Aleksandrijskie pesni)1
ne doivent rien à une mode littéraire, mais sont issus au contraire d'une
émotion originale et personnelle. Le créateur de Г « émotionalisme »2
aurait-il pu, d'ailleurs, ne pas être sincère ?
Au climat mondain et élégant qui règne dans les milieux du clergé
italien, M. Kuzmin préfère la simplicité des coutumes et des traditions
des vieux-croyants. Il échappe ainsi à la solitude mais il reste insatisfait
puisqu'il écrit : « Tout cela je le fais en attendant. »3 II compose en effet
de nombreux opéras4 et à partir de 1903 il écrit de plus en plus souvent
les paroles pour sa musique. Les débuts de la cr&

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