Fermat à Castres - article ; n°4 ; vol.20, pg 337-348
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1967 - Volume 20 - Numéro 4 - Pages 337-348
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

M PIERRE CHABBERT
Fermat à Castres
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1967, Tome 20 n°4. pp. 337-348.
Citer ce document / Cite this document :
CHABBERT PIERRE. Fermat à Castres. In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1967, Tome 20 n°4. pp. 337-
348.
doi : 10.3406/rhs.1967.2541
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1967_num_20_4_2541Fermat à Castres
La carrière de magistrat de Pierre de Fermat s'est déroulée dans
les deux villes de Toulouse et de Castres. Certes, c'est à Toulouse
qu'il a vécu la plus grande partie de sa vie, d'abord comme commiss
aire aux Requêtes puis comme conseiller au Parlement et il a
trouvé dans la capitale du Languedoc un milieu intellectuel actif
d'où émergent Pierre de Carcavi, comme lui conseiller au Parle
ment, le P. Laloubère, professeur au Collège royal de Jésuites, ainsi
que les membres de l'Académie des Lanternistes pour la plupart
recrutés parmi les avocats et les membres du Parlement. Mais il
a siégé également pendant plusieurs années à la Chambre de
l'Édit, alors établie à Castres, et c'est dans cette ville qu'il est
mort (1) le 12 janvier 1665 ; il a également trouvé dans cette petite
ville une activité intellectuelle intense qu'il n'est sans doute pas
inutile de rappeler en soulignant, d'ailleurs, la place qu'il y a tenu.
Castres, au xvne siècle, tire son importance de la présence
dans ses murs de la Chambre de l'Édit de Nantes. Cette chambre
du Parlement de Toulouse, appelée aussi « chambre mi-partie »
(car elle est composée d'un nombre égal de magistrats catholiques
et de magistrats réformés), apporte aux protestants du Langue
doc (2) les garanties judiciaires qu'ils demandent et elle constitue
(1) Le tricentenaire de la mort de Pierre de Fermat a été marqué à Toulouse et à
Beaumont de Lomagne par trois conférences dans le cadre du XXIe Congrès d'Études
régionales : le Dr Huron, professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, a retracé
« L'aventure mathématique de Fermat » ; M. Gilles, professeur à la Faculté de Droit de
Toulouse, a parlé de « Fermat magistrat » et nous-même avons évoqué « La ville où mourut
Fermat : Castres vers 1665 ». Les textes, avec références bibliographiques, ont été publiés
dans le recueil Pierre de Fermat. Toulouse et sa région, Actes du XXIe Congrès d'Études
régionales tenu à Toulouse les 15 et 16 mai 1965, Toulouse, 1966.
(2) L'édit de Nantes dans ses art. XXX et suiv. prévoit l'installation de Chambres
analogues à Paris, Bordeaux et Grenoble. 338 revue d'histoire des sciences
un élément capital de la politique d'apaisement et de tolérance
que souhaitait Henri IV.
Castres devait à son rôle de forteresse de la Réforme en terre
albigeoise, d'abriter cette Chambre dans ses murs. La Chambre
de l'Édit siège à Castres pendant la plus grande partie de son
existence : elle quitte cette ville pendant onze ans après la révolte
du duc de Rohan (1621) ; elle est réinstallée à Castres en 1632 et
son transfert à Castelnaudary en novembre 1670 n'est que l'annonce
de sa suppression qui surviendra neuf ans plus tard.
La Chambre de l'Édit entraîne la présence à Castres d'un
important personnel judiciaire : un président et huit conseillers
protestants, un même nombre de magistrats catholiques mais,
alors que les premiers résident à Castres en permanence (car ils
ne peuvent siéger qu'en la Chambre de l'Édit), les seconds, choisis
parmi les conseillers au Parlement de Toulouse, ne sont nommés
que pour une année judiciaire, à l'exception de deux d'entre eux
dont le mandat est renouvelé pour une seconde année afin d'assurer
la continuité et la stabilité nécessaires. Il faut compter aussi le
personnel du parquet et du greffe : le substitut du procureur
général (catholique), le substitut de l'avocat général (protestant),
les deux conseillers gardes des Sceaux, les deux secrétaires du roi,
les secrétaires référendaires, les greffiers, les huissiers et, outre
les procureurs et autres « praticiens au palais », une quarantaine
d'avocats que les jeunes « précieuses » de Castres ne manquaient
pas d'aller écouter.
Castres connaît alors une intense activité intellectuelle qui n'est
pas seulement juridique et qui trouve sa consécration dans l'Aca
démie de Castres. Ce cénacle littéraire, fondé en 1648, recrute ses
membres presque uniquement parmi les réformés, pour la plupart
avocats ou conseillers à la Chambre de l'Édit. On a souvent parlé
avec quelque ironie des travaux de l'Académie de Castres ; certes,
à côté de nombreux poèmes, stances ou épigrammes dont nul ne
regrette la disparition, on trouve la mention de discours sur des
sujets dont la futilité nous étonne et qui ne sont que la pâle imi
tation des discussions des salons parisiens ; mais les procès-verbaux
des séances permettent de voir des hommes s'interrogeant sur les
problèmes qui se posent à leur conscience de juriste, des hommes
qui correspondent avec les chefs de file de la littérature précieuse
et qui se révèlent sensibles à tous les courants philosophiques et
scientifiques de leur temps. FERMAT A CASTRES 339
Plusieurs des 47 membres qui la composent vont connaître la
consécration des salons parisiens : Samuel Isarn, Hercule de
Lacger et surtout Pellisson. Pour lui l'Académie de Castres est
l'antichambre de l'Académie Française. On sait son amitié avec
Mlle de Scudéry, sa collaboration avec le surintendant Fouquet
qui l'entraîne dans sa disgrâce. On sait aussi qu'il correspond avec
Fermat et qu'il lui envoie, pour le distraire de ses travaux de
juriste et de mathématicien « le mercure burlesque » de Furetière (1).
Plus tard, converti au catholicisme, Pellisson devient l'histori
ographe du roi puis l'administrateur de la Caisse de Conversion.
Deux autres de ses membres méritent, en raison de leurs travaux
scientifiques, d'être brièvement évoqués : « la Correspondance d'Ol-
denburg » (2) a fait connaître le nom de Pierre Saporta. Ce petit-
neveu d'Antoine Saporta, doyen puis chancelier de l'Université
de Médecine de Montpellier, est né à Montpellier le 15 août 1613 ;
docteur et avocat, il plaide d'abord à puis, à partir
de 1657, à la Chambre de l'Édit de Castres. L'activité scientifique
de Saporta ne se limite pas à sa participation aux travaux de
l'Académie de Castres (où il est élu le 8 janvier 1658) et à sa brève
correspondance avec Oldenburg, il publie, en effet, à Castres
en 1664 sa traduction du Traité de la mesure des eaux courantes
de Benedetto Castelli et celle du Traité du mouvement des eaux
d'Evangelista Toricelli et il en donne l'année suivante à Paris une
nouvelle édition.
C'est une très curieuse figure que celle de Pierre Borel, docteur
en médecine, quelque temps régent du Collège de Castres, membre
lui aussi de l'Académie de Castres mais non point comme on Га dit
trop souvent de royale des Sciences (3). La partie la plus
connue de son œuvre (au moins en Languedoc) est représentée par
Les antiquités de Castres où il se révèle un historien souvent naïf
et par son Trésor des recherches et antiquités gauloises et franques,
dictionnaire philologique encore utile à consulter. Son œuvre
scientifique a un intérêt beaucoup plus grand : sa Bibliotheca
Chimica est la première bibliographie imprimée d'ouvrages de
(1) Marcou, Pellisson, Paris, 1859, p. 73.
(2) Cf. The Correspondence of Henry Oldenburg, edited and translated by A. R. Hall
and M. Boas/Hall, vol. I : 1641-1662. The University of Wisconsin Presse, 1965 (spec.
p. 224, 228, 231-32, 259, 285, 293, 321, 341, 353).
(3) Nous publierons prochainement dans cette même revue une notice biographique
sur Pierre Borel. 340 revue d'histoire des sciences
chimie et d'alchimie ; sa Centurio. Observationum Micros со picarum
publiée en 1655 est l'un des premiers recueils d'observations au
microscope. Ses Centuriae observationum medico physicarum contien
nent des observations médicales intéressantes. Philosophe, il a
écri

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