Flottage et pollution : la guerre de Troyes milieu XVIIe siècle - milieu XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.16, pg 395-417
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Description

Histoire, économie et société - Année 1997 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 395-417
Abstract The French of Troyes changed the course of its largely dominant textile industry on more than one occasion. The competition put up by the Dutch industry was eliminated during the wars under the reign of Louis XIX, and the French industry at Troyes invested in laundering, the quality of which, according to town councillors, was due to the purity of the water. Although there was little relevance in this argument, it was used from the middle of the 18th Century until the beginning of the 19th Century, against the floating wood merchants. The floating of logs down the river was believed to harm the canals due to the tannin left behind. However, way before this time, bleaching was wood supplies, which was threatened by the extending perimeter that supplied Paris. The War of Troyes was therefore a War of Fire, a war between a metropolis and its capital. Eventually Troyes was to lose the battle, through not being able to out in place the infrastructures necessary fot the stocking of heavy goods.
Résumé La ville de Troyes a plus d'une fois ré-orienté son secteur textile, largement dominant. Ayant profité de l'élimination de la concurrence hollandaise durant les guerres de Louis XIX, elle a investi dans les blanchissages. Leur qualité, d'après les édiles, tiendrait à la pureté des eaux. Il n'en est rien mais l'argument sert du milieu du XVIIIe siècle au début du suivant contre les marchands flotteurs de bois. Le flottage ne souille-t-il pas les canaux en raison du tanin qu'y laissent les bûches? Pourtant, bien avant cette période, le blanchiment est en plein déclin. Les Troyens ne l'évoquent qu'afin de préserver leur zone d'approvisionnement en bois, menacée par l'extension du périmètre fournissant Paris. La guerre de Troyes est donc une guerre du feu, celle d'une métropole contre la capitale. A terme, la cité sera perdante, n'ayant pas su construire à temps les infrastructures nécessaires au stockage des pondéreux.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Andrée Corvol
Flottage et pollution : la guerre de Troyes milieu XVIIe siècle -
milieu XIXe siècle
In: Histoire, économie et société. 1997, 16e année, n°3. pp. 395-417.
Citer ce document / Cite this document :
Corvol Andrée. Flottage et pollution : la guerre de Troyes milieu XVIIe siècle - milieu XIXe siècle. In: Histoire, économie et
société. 1997, 16e année, n°3. pp. 395-417.
doi : 10.3406/hes.1997.1954
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1997_num_16_3_1954Résumé
Résumé La ville de Troyes a plus d'une fois ré-orienté son secteur textile, largement dominant. Ayant
profité de l'élimination de la concurrence hollandaise durant les guerres de Louis XIX, elle a investi dans
les blanchissages. Leur qualité, d'après les édiles, tiendrait à la pureté des eaux. Il n'en est rien mais
l'argument sert du milieu du XVIIIe siècle au début du suivant contre les marchands flotteurs de bois. Le
flottage ne souille-t-il pas les canaux en raison du tanin qu'y laissent les bûches? Pourtant, bien avant
cette période, le blanchiment est en plein déclin. Les Troyens ne l'évoquent qu'afin de préserver leur
zone d'approvisionnement en bois, menacée par l'extension du périmètre fournissant Paris. La guerre
de Troyes est donc une guerre du feu, celle d'une métropole contre la capitale. A terme, la cité sera
perdante, n'ayant pas su construire à temps les infrastructures nécessaires au stockage des pondéreux.
Abstract The French of Troyes changed the course of its largely dominant textile industry on more than
one occasion. The competition put up by the Dutch industry was eliminated during the wars under the
reign of Louis XIX, and the French industry at Troyes invested in laundering, the quality of which,
according to town councillors, was due to the purity of the water. Although there was little relevance in
this argument, it was used from the middle of the 18th Century until the beginning of the 19th Century,
against the floating wood merchants. The floating of logs down the river was believed to harm the
canals due to the tannin left behind. However, way before this time, bleaching was wood supplies,
which was threatened by the extending perimeter that supplied Paris. The War of Troyes was therefore
a War of Fire, a war between a metropolis and its capital. Eventually Troyes was to lose the battle,
through not being able to out in place the infrastructures necessary fot the stocking of heavy goods.FLOTTAGE ET POLLUTION : LA GUERRE DE TROYES
MILIEU XVIIe SIÈCLE - MILIEU XIXe SIÈCLE
par Andrée CORVOL
Résumé
La ville de Troyes a plus d'une fois ré-orienté son secteur textile, largement dominant.
Ayant profité de l'élimination de la concurrence hollandaise durant les guerres de Louis XIX,
elle a investi dans les blanchissages. Leur qualité, d'après les édiles, tiendrait à la pureté des
eaux. Il n'en est rien mais l'argument sert du milieu du XVIIIe siècle au début du suivant contre
les marchands flotteurs de bois. Le flottage ne souille-t-il pas les canaux en raison du tanin qu'y
laissent les bûches? Pourtant, bien avant cette période, le blanchiment est en plein déclin. Les
Troyens ne l'évoquent qu'afin de préserver leur zone d'approvisionnement en bois, menacée
par l'extension du périmètre fournissant Paris. La guerre de Troyes est donc une guerre du feu,
celle d'une métropole contre la capitale. A terme, la cité sera perdante, n'ayant pas su construi
re à temps les infrastructures nécessaires au stockage des pondéreux.
Abstract
The French of Troyes changed the course of its largely dominant textile industry on more
than one occasion. The competition put up by the Dutch industry was eliminated during the
wars under the reign of Louis XIX, and the French industry at Troyes invested in laundering,
the quality of which, according to town councillors, was due to the purity of the water.
Although there was little relevance in this argument, it was used from the middle of the 18th
Century until the beginning of the 19th Century, against the floating wood merchants. The floa
ting of logs down the river was believed to harm the canals due to the tannin left behind.
However, way before this time, bleaching was wood supplies, which was threatened by the
extending perimeter that supplied Paris. The War of Troyes was therefore a War of Fire, a war
between a metropolis and its capital. Eventually was to lose the battle, through not
being able to out in place the infrastructures necessary fot the stocking of heavy goods.
Paris, à la fin de l'Ancien Régime, consomme grosso modo une tonne de
bois par personne et par an. La capitale draine ainsi d'énormes quantités de : 830000 stères sous la Régence; 1500000 stères sous Louis XVI \ Ces
1. D. Woronoff (éd.), Forges et forêts. Recherches sur la consommation proto-industrielle de bois.
Paris : Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (E.H.E.S.S.), 1990. Voir J. Boissiere
« La consommation parisienne de bois et les sidérurgies périphériques... », p. 29-56.
HES 1997 (16e année, n° 3) 396 Histoire Économie et Société
bois sont standardisés, puisque fournis par des taillis âgés de vingt-cinq ans.
L'homogénéité des bûches, homogénéité due à leur grosseur, résultat de l'édu
cation - six pouces minimum -, et à leur longueur, résultat de l'abattage -
trois pieds et demi -, en facilite le transport par eau. Deux procédés existent.
Un, charger les bûches sur des bateaux : le « bois neuf » brûlera bien mais
coûtera cher. Deux, les lâcher au fil du courant : après immersion, les bûches
dégageront plus de fumées mais seront moins onéreuses.
. Le « bois flotté » dévale les ruisseaux d'amont jusqu'à l'apaisement des
remous. On peut alors grouper les bûches : leur « flot » ne couvre-t-il pas la
rivière? Les ouvriers remédient au désordre en les « crochant », c'est-à-dire
en les menant vers la berge. Là, ils les sortent de l'eau (« tirage »), les trient
selon la marque de leurs propriétaires (« triquage ») et les mettent en pile
(« dressage »). La ventilation, liée à l'espacement des piles et, dans chacune
d'elles, à l'écartement des morceaux, accélère la déshydratation du bois : sa
légèreté relative conditionne la poursuite du voyage. En effet, celui-ci ne sau
rait être d'une traite. Il inclut des phases de repos en fonction du degré ď im
bibition et de la hauteur des eaux.
A chaque arrêt, les ouvriers « travaillent au flot », autrement dit au tirage
puis au lancer des bûches, en vrac ou non. Le prix du bois parvenu à destina
tion sera d'autant plus élevé que le nombre d'interventions aura été plus
grand. L'intérêt du marchand? Les réduire en ménageant le mieux possible la
voie d'eau, quoique le soin apporté à la confection des trains atténuât considé
rablement les risques de dislocation quand ceux-ci heurtent l'arche d'un pont
ou croisent quelques tourbillons [...]. Pour les construire, les ouvriers consti
tuent des armatures à l'aide de brins, droits et résistants, et de « rouettes »,
souples et fines (les rouettes sont des « traînants », rejets poussant à la base
des cépées et gênant la marche en sous-bois).
Ces carcasses reçoivent un certain nombre de bûches qui, ainsi soutenues,
flottent. L'ensemble, contenant et contenu, forme un « coupon ». Il reste en
surface s'il n'y a ni obstacle ni rapide. Lorsqu'il en rencontre, il perd de son
bel équilibre et, avec lui, tout ou partie de ses bûches. En glissant hors du
casier, les bûches, isolées, gonflent. La dilatation des fibres provoque un sur
croît de densité qui entraîne les bûches au fond du lit : les voilà « bois
canards ». La perte est notable pour le marchand. Elle porte rarement sur un
coupon mais sur plusieurs, les uns et les autres étant articulés afin d'épouser
les sinuosités de la rivière. Le train de bois représente donc un volume
notable, parallélépipède étiré sur quelques dizaines de mètres.
Quand on évoque le flottage, à bûches perdues ou par train flotté, on pense
à la division du travail induite par son organisation : « tireurs », « triqueurs »,
« dresseurs », « rouetteurs », « façonniers » vivaient sur place, tandis qu'à

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