Formation discursive, dialogisme et sociologie - article ; n°117 ; vol.29, pg 82-95
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Description

Langages - Année 1995 - Volume 29 - Numéro 117 - Pages 82-95
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Achard
Formation discursive, dialogisme et sociologie
In: Langages, 29e année, n°117, 1995. pp. 82-95.
Abstract
S. Bonnafous, M. Tournier
As politics and language are places of confrontation and temporary peaces, theory and methods of discourse analysis seem the
best ways to evaluate strategies and ideologies. Such is the object of research undertaken in the Saint-Cloud laboratory of
Lexicometry and Political Texts, sometimes with informatic and statistical techniques.
Citer ce document / Cite this document :
Achard Pierre. Formation discursive, dialogisme et sociologie. In: Langages, 29e année, n°117, 1995. pp. 82-95.
doi : 10.3406/lgge.1995.1707
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1995_num_29_117_1707Pierre ACHARD
CNRS-INALF
Formation discursive, dialogisme et sociologie
En dépit d'une longue tradition, les usages du terme discours restent multiples.
Cette diversité m'autorise à partir de ma propre « définition » :
Nous appellerons « discours » l'usage du langage en situation pratique , envi
sagé comme acte effectif, et en relation avec l'ensemble des actes (langagiers ou
non) dont il fait partie (Achard, 1993, p. 10).
Le discours dans ce sens n'est pas un objet « naturel », mais un objet de
connaissance, un regard porté sur le langage en acte. Nous ne sommes pas loin de
la position de Pêcheux et Maldidier. Dans Langages 37, Pêcheux définissait son
« cadre épistémologique » comme articulation de trois régions de connaissances
scientifiques (cité par Maldidier in Pêcheux 1990, p. 31) :
— le matérialisme historique comme théorie des formations sociales et de leurs trans
formations y compris la théorie des idéologies
— la linguistique comme à la fois des mécanismes syntaxiques et des processus
d'énonciation
— la théorie du discours comme théorie des processus sémantiques.
Pêcheux envisage l'AD comme analyse (qui suppose un point de vue) de la façon
dont le sens vient aux mots (les processus sémantiques) dans un rapport à établir
entre des formes (la linguistique) et des pratiques (matérialisme historique) dont
la définition (théorie des formations sociales et de leurs transformations) s'appli
que à la sociologie. Le sens n'existe que dans une pratique dont le langage fait
partie (un discours). Pour cette école (du moins jusqu'à Matérialités discursives et
l'ADELA), la référence au matérialisme historique, indépendamment de la prise
de parti qu'elle représentait, présupposait le centrage sur les pratiques politiques
(les appareils idéologiques d'Etat) ; nous envisageons le discours dans le cadre
plus large d'une sociologie générale du langage.
Les « processus sémantiques » ne s'épuisent pas dans un point de vue parti
culier. Pratique interdisciplinaire, l'analyse de discours s'appuie sur la cohérence
des disciplines. Une sociologie du langage qui étudie le rôle du langage dans les
processus sociaux envisage les « actes effectifs » et les « situations pratiques »
sous l'angle de leur structuration sociale : ce qui, dans un acte, est social — plutôt
que « quels actes » sont sociaux. L'acte de langage comporte de multiples aspects,
du fait de la pluralité des séries dans lesquelles il est pris. L'envisager comme acte
social, c'est « filtrer » sa stabilité dans le système régulé des rapports sociaux,
cette composante de son sens que le locuteur partage avec d'autres, dans la série
des actes analogues, en indépendance relative de la singularité du locuteur.
82 1. L'organisation sociale comme organisation discursive
L'objet des « sciences sociales » ne peut être que sémiotique. Un fait n'est
psychologique, historique, social, ou linguistique que pris dans le sens, c'est-à-
dire, de façon directe ou indirecte, dans le langage. L'objet même d'une science
sociale est une signification, et l'activité scientifique ne peut se mener que sur la
base d'une interprétation première, d'ordre herméneutique (Thomson, 1987 ;
Guilhaumou, 1993). Si les théories et les contraintes de validation relèvent d'une
norme commune de scientificité, c'est sur la base de faits élémentaires où le
chercheur joue directement le rôle d'appareil de mesure.
Aucune science humaine ne peut s'approfondir sans rencontrer le langage,
préciser ses rapports à la linguistique et se définir comme domaine cohérent de
fonctionnement du sens. Un tel approfondissement rend manifeste la place du
discours dans la cohérence de l'objet. Cette problématique situe la sociologie du
langage dans la sociologie générale.
En tant que fait brut, l'acte de langage trouve sa signification dans le sujet,
mais celui-ci n'existe que comme sommation-limite de toutes les dimensions.
Analyser le discours, c'est abstraire, du point de vue d'une discipline, un
« pseudo-sujet » réduit, sur un plan cohérent. Ce que fait la sociologie en parlant
d'« acteurs sociaux », en désignant le sujet comme occupant une place dans une
organisation « institutionnelle » (lato sensu). Selon la formule althussérienne, le
discours « interpelle l'individu en sujet » : un acte de langage (attesté) fait sens
dans une interdiscursivité de places construites ou préconstruites. Cet acte, dès
lors réellement effectué, ne « réussit » que dans la mesure où les sujets
« interpellés » le prennent en charge en se situant pratiquement par rapport à la
place que le discours leur assigne. Le sens, l'effet d'un discours est la façon
(répartie dans l'espace social) dont il est pris en charge là où il est reçu. Ces
considérations qui s'appliquent sans difficulté au discours de « propagande » sont
tout aussi pertinentes dans l'exécution de tâches pratiques. Que l'on songe à un
comité de rédaction (« il faut écrire à l'auteur »), ou, à un niveau plus él
émentaire, aux multiples balisages de l'espace par des panneaux : « sonnez et
entrez », « A4 -> BP FLUIDE », « SORTIE DE SECOURS (interdit en service
normal) », etc.
L'institution, objet de la sociologie, est la structure synchroniquement stable
des types d'actes, avec les places qui leur sont associées ; les sujets ne peuvent se
« couler » 1 dans ces places que par une construction signifiante. La matérialité
du social, ce sont les matérialités discursives, le type d'acte renvoie à la notion de
registre, et leur organisation « en réseau » aux formations. Ceci sans ré-
1. « Dans le discours qu'aujourd'hui je dois tenir (...), j'aurais voulu pouvoir me glisser subreptice
ment. Plutôt que de prendre la parole, j'aurais voulu être enveloppé par elle, et porté bien au-delà de tout
commencement possible. J'aurais aimé m'apercevoir qu'au moment de parler une voix sans nom me
précédait depuis longtemps : il m'aurait suffi alors d'enchaîner, de poursuivre la phrase, de me loger, sans
qu'on y prenne bien garde, dans ses interstices, comme si elle m'avait fait signe en se tenant, un instant, en
suspens » M. Foucault. L'ordre du discours.
83 ductionnisme linguistique : le discours n'est pas la « face langagière » de l'acte,
mais l'interdépendance de la face langagière et de la face pratique. La face
langagière n'est pas un simple « reflet » de la face pratique. Si un acte discursif
peut parfois comporter une « injonction à faire » (perlocutoire), l'interpellation
des acteurs-locuteurs à des places catégorisées est un acte performatif .
2. L'espace des formes : contrainte, moyen, observatoire
Une formation discursive (Foucault ; Pêcheux) est la structuration de l'espace
social par différenciation des discours. Cette différenciation repose sur des accu
mulations de « textes » dans un même voisinage, ce que j'appellerai registres
discursifs.
Or ces registres fonctionnent sur la base de régularités relativement indé
pendantes de la mise en acte, les formes linguistiques : l'analyse des « jeux de
langage » ne peut aboutir à une « grammaire », elle la présuppose. Au registre
pourra donc être associé un genre 2, c'est-à-dire une répartition inégale des
formes. A la différence du point de vue variationniste (qui vise le système linguis
tique), cette répar

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