Franz Cumont homme de terrain - article ; n°2 ; vol.111, pg 647-666
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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 2 - Pages 647-666
Pierre Leriche et Justine Gaborit, Franz Cumont homme de terrain, p. 647-666. De 1900 à 1934, F. Cumont n'a pas hésité à se rendre à plusieurs reprises sur le terrain pour se procurer des matériaux nouveaux dans ses recherches sur l'histoire des régions orientales de l'empire romain. Que ce soit dans le Pont, en Syrie orientale ou à Doura-Europos, sur le bas Euphrate syrien, il a su affronter avec ténacité les plus grandes difficultés, les longues marches à cheval et les contraintes de la fouille archéologique pour ouvrir des champs nouveaux à la connaissance historique. Son sens aiguisé de l'observation du terrain servi par une inépuisable érudition lui a permis de rapporter de ses voyages une exceptionnelle moisson documentaire qu'il a eu à cœur de mettre au plus vite à la disposition de la communauté scientifique. Les publications qu'il en a tirées constituent encore aujourd'hui la base de toute recherche sur les régions qu'il a parcourues.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Leriche
Justine Gaborit
Franz Cumont homme de terrain
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 111, N°2. 1999. pp. 647-666.
Résumé
Pierre Leriche et Justine Gaborit, Franz Cumont homme de terrain, p. 647-666.
De 1900 à 1934, F. Cumont n'a pas hésité à se rendre à plusieurs reprises sur le terrain pour se procurer des matériaux
nouveaux dans ses recherches sur l'histoire des régions orientales de l'empire romain. Que ce soit dans le Pont, en Syrie
orientale ou à Doura-Europos, sur le bas Euphrate syrien, il a su affronter avec ténacité les plus grandes difficultés, les longues
marches à cheval et les contraintes de la fouille archéologique pour ouvrir des champs nouveaux à la connaissance historique.
Son sens aiguisé de l'observation du terrain servi par une inépuisable érudition lui a permis de rapporter de ses voyages une
exceptionnelle moisson documentaire qu'il a eu à cœur de mettre au plus vite à la disposition de la communauté scientifique. Les
publications qu'il en a tirées constituent encore aujourd'hui la base de toute recherche sur les régions qu'il a parcourues.
Citer ce document / Cite this document :
Leriche Pierre, Gaborit Justine. Franz Cumont homme de terrain. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et
Méditerranée T. 111, N°2. 1999. pp. 647-666.
doi : 10.3406/mefr.1999.4662
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1999_num_111_2_4662LERICHE ET JUSTINE GABORIT PIERRE
FRANZ CUMONT HOMME DE TERRAIN
La réputation de Franz Cumont comme l'un des plus remarquables
fondateurs de l'étude des religions orientales de l'Empire romain a quelque
peu éclipsé son activité d'homme de terrain. Pourtant les recherches qu'il a
conduites lui-même en Orient constituent une part importante de son acti
vité. Elles sont indissociables de son œuvre d'érudit, puisqu'elles lui ont
permis de rassembler des matériaux nouveaux et de se familiariser avec les
lieux mêmes où se sont développées les religions à l'étude desquelles il a
consacré son existence. Dans l'éloge funèbre qu'il prononça à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, E. Farai disait de F. Cumont :
II savait qu'en des sujets jusque-là négligés, et pour l'approche desquels
les moyens n'avaient pas encore été préparés, il importait comme condition
première du succès, de se munir du matériel nécessaire : c'est-à-dire de re
chercher tout ce que l'écriture et les arts figurés, sous toutes leurs formes,
pouvaient avoir conservé d'informations utiles et encore ignorées. Aussi l'a-t-
on vu, philologue, archéologue, épigraphiste, non seulement épier les
moindres nouveautés de l'investigation documentaire, mais s'employer lui-
même avec passion à la recherche des pièces1.
C'est cette démarche heuristique, qualifiée de «recherche des pièces»,
qui a conduit le savant à effectuer deux voyages sur le terrain, l'un en Ana-
tolie du Nord-Est dans l'ancien royaume du Pont, l'autre en Syrie du Nord,
entre Antioche et la boucle de l'Euphrate. Dix-sept ans plus tard,
F. Cumont est ramené en Syrie pour y diriger la fouille du site nouvelle
ment découvert de Doura-Europos. Il y effectue deux séjours de durée iné
gale en 1922 et 1923. Chacune de ces expéditions a été extrêmement fruc
tueuse et a fourni la matière de publications figurant parmi les plus import
antes de sa bibliographie2. Enfin, en 1934, c'est-à-dire à l'âge de 66 ans, il
1 Académie des inscriptions et belles lettres. Compte rendu des séances, 1947,
séance du 19 septembre 1947, p. 533.
2 F. Cumont, Voyage d'exploration archéologique dans le Pont et en Petite Armén
ie, Bruxelles, 1906 {Studia pontica, II) [cité désormais Cumont, Voyage]; Id., Études
syriennes, Paris, 1917; Id., Fouilles de Doura-Europos, Paris, 1926 [cité désormais
Cumont, Fouilles].
MEFRIM - 111 - 1999 - 2, p. 647-666. PIERRE LERICHE ET JUSTINE GABORIT 648
se rend une dernière fois à Doura-Europos pour y étudier le mithraeum
nouvellement découvert et séjourne sur le site une quinzaine de jours. Ce
fut là sa dernière mission sur le terrain.
Franz Cumont en Anatolie
Objectifs du voyage
Au printemps 1900, à l'âge de 32 ans, F. Cumont part pour sa première
expédition sur le terrain en Asie Mineure en compagnie de son frère Eu
gène, capitaine et professeur à l'École de guerre. Cette équipée de plus de
deux mois conduit les frères Cumont de Samsun, l'antique Amisos, capitale
de Mithridate et de Pharnace, à Trabzon, l'ancienne Trapézonte. En 1906,
paraît la publication des informations recueillies, dont certaines avaient
d'ailleurs déjà fait l'objet d'études particulières3. Lieu d'intense colonisa
tion grecque et romaine, marge de l'Empire romain et byzantin aux fron
tières de l'Arménie, sillonnée de routes antiques au tracé non encore r
econnu, dont celle de l'expédition des Dix Mille, la province du Pont s'était
déjà révélée particulièrement riche en monuments et en inscriptions. Les
régions parcourues par les frères Cumont avaient, en effet, été déjà en part
ie décrites par Hamilton ou G. Perrot4. En 1896 et 1899, le savant anglais
J. G. C. Anderson, secondé par J. A. R. Munro et F. B. Welch, y avait en
trepris une série de prospections. F. Cumont avait eu l'occasion de partici
per à l'étude du matériel épigraphique que ces derniers en avaient rapport
é5. Visiblement, le voyage de F. Cumont, même si celui-ci omet d'en révé
ler explicitement le but, s'inscrit dans le prolongement direct de celui
d'Anderson.
L'objectif de l'expédition anglaise avait été de procéder à une contribu
tion à notre «inadequate knowledge of an interesting land» (p. 2) et de dé-
3 Cumont, Voyage; Id., Recueil des inscriptions grecques et latines du Pont et de
l'Arménie [en collaboration avec J. G. C. Anderson et H. Grégoire], Bruxelles, 1910
(Studia pontica, III). Il existe également à la Bibliothèque nationale de France, sous
le nom de F. Cumont, un Rapport à Monsieur le Ministre de l'intérieur et de l'instruc
tion publique sur une mission archéologique en Asie Mineure, Bruxelles, 1900 (non v
idimus).
4 W. J. Hamilton, Researches in Asia Minor, Pontus and Armenia, with some ac
count of their antiquities and geology, Londres, 1836; G. Perrot, E. Guillaume et
J. Delbet, Exploration archéologique de la Galatie et de la Bithynie, d'une partie de la
Mysie, de la Phrygie, de la Cappadoce et du Pont, exécutée en 1861, Paris, 1862-1892.
5 J. G. C. Anderson, A Journey of Exploration in Pontus, Bruxelles, 1903 (Studia
pontica, I), p. 2 et 7. CUMONT HOMME DE TERRAIN 649 FRANZ
terminer les frontières et les caractéristiques du royaume du Pont (p. 5 et
η. 3)6. Pour sa part, F. Cumont choisit de compléter l'exploration de son
prédécesseur en étendant l'enquête aux régions méridionales montag
neuses de l'ancien royaume de Mithridate, sur lequel T. Reinach venait de
publier son célèbre Mithridate Eupator. Dans l'introduction à son Voyage,
F. Cumont précise qu'il a suivi des itinéraires tout à fait différents de ceux
de ses prédécesseurs, afin de retrouver les voies antiques, en particulier les
routes romaines dont il recherche les bornes milliaires, et présente l'Armé
nie comme le principal centre d'intérêt de ces contrées dans l'Antiquité
(fig. 1). S'y ajoutait le fait que cette région était un lieu de fermentation re
ligieuse pontique, grecque et, surtout, iranienne. F. Cumont espérait y re
trouver des traces du culte de Zeus Stratios7 et, surtout, d'Ahoura-Mazda
(p. 182) auquel il venait de consacrer un ouvrage.
Depuis les deux dernières décennies du XIXe siècle, plusieurs savants
européens, historiens, épigraphistes, numismates ou conservateurs de mus
ée, avaient suivi les routes ouvertes par Tournefort, Pococke ou de Vogue8
afin de constituer l'inventaire archéologique des régions du Proche et
Moyen-Orient. F. Cumont apporte donc naturellement sa contribution à
cette vaste entreprise en cherchant à enrichir le recueil épigraphique de l'A
sie Mineure9 mais aussi à compléter la connaissance géographique des
contrées visitée

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