Généricité, séquentialité, esthétique télévisuelles - article ; n°81 ; vol.15, pg 33-46
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Réseaux - Année 1997 - Volume 15 - Numéro 81 - Pages 33-46
Dans les domaines de la literature, de la linguistique et du cinéma, les classifications des œuvres en genres peuvent mobiliser tout ou partie de six typologèmes de base qui concernent les niveaux de l'expression, du contenu et de la liaison pragmatique au contexte. Laboratoire de la déclinaison sérielle, lieu d'expérimentation des limites de répétition, renouvellement et usure, la télévision travaille de façon spécifique la généricité. Mêlant les régimes scopiques de la présentation et représentation, ainsi que les grands types d'images - factuelles, fictionnelles, virtuelles -, elle complexifie les configurations génériques héritées ou inventées par elle. De plus, elle développe à présent un mode d'agir communicationnel qui enrichit l'habituel agir téléologique par l'affirmation de formes d'action jadis en germe (agir axiologique, affectuel, spectaculaire). Enfin, elle place toutes les formes de séquentialité connues et de relations logiques entre elles dans des dispositifs labiles au service de l'agir dominant.
In literature, linguistics and the cinema, the classification of work into genres may mobilize all or part of the six basic types pertaining to levels of expression, content and pragmatic relations with the text. As a laboratory of serialization, a place for experimenting with the limits of repetition, renewal and wear, television works on genericity in a specific way. By mixing scopic modes of presentation and representation, as well as the main types of image - factual, fictional and virtual - it complicates the generic configurations inherited or invented by it. Moreover, it develops a mode of communicational acting which enhances the habitual teleological acting by the affirmation of hitherto embryonic forms of action (axiological, affectional, spectacular). Finally, it places all forms of known sequentially and logical relations between them in labile devices in the service of the dominant type of acting.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Noël Nel
Généricité, séquentialité, esthétique télévisuelles
In: Réseaux, 1997, volume 15 n°81. pp. 33-46.
Résumé
Dans les domaines de la literature, de la linguistique et du cinéma, les classifications des œuvres en genres peuvent mobiliser
tout ou partie de six typologèmes de base qui concernent les niveaux de l'expression, du contenu et de la liaison pragmatique au
contexte. Laboratoire de la déclinaison sérielle, lieu d'expérimentation des limites de répétition, renouvellement et usure, la
télévision travaille de façon spécifique la généricité. Mêlant les régimes scopiques de la présentation et représentation, ainsi que
les grands types d'images - factuelles, fictionnelles, virtuelles -, elle complexifie les configurations génériques héritées ou
inventées par elle. De plus, elle développe à présent un mode d'agir communicationnel qui enrichit l'habituel agir téléologique par
l'affirmation de formes d'action jadis en germe (agir axiologique, affectuel, spectaculaire). Enfin, elle place toutes les formes de
séquentialité connues et de relations logiques entre elles dans des dispositifs labiles au service de l'agir dominant.
Abstract
In literature, linguistics and the cinema, the classification of work into genres may mobilize all or part of the six basic types
pertaining to levels of expression, content and pragmatic relations with the text. As a laboratory of serialization, a place for
experimenting with the limits of repetition, renewal and wear, television works on genericity in a specific way. By mixing scopic
modes of presentation and representation, as well as the main types of image - factual, fictional and virtual - it complicates the
generic configurations inherited or invented by it. Moreover, it develops a mode of communicational acting which enhances the
habitual teleological acting by the affirmation of hitherto embryonic forms of action (axiological, affectional, spectacular). Finally, it
places all forms of known sequentially and logical relations between them in labile devices in the service of the dominant type of
acting.
Citer ce document / Cite this document :
Nel Noël. Généricité, séquentialité, esthétique télévisuelles. In: Réseaux, 1997, volume 15 n°81. pp. 33-46.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1997_num_15_81_2884XX XX
GENERICITE, SEQUENTIAUTE,
ESTHÉTIQUE TÉLÉVISUELLES
Noël NEL
Réseaux n° 81 CNET - 1997
33 — repoussé le genre comme taxinomie non
scientifique.
On parle habituellement de genre lors
qu'on repère dans les textes et œuvres, au-
delà des changements, un ensemble de sta
bilités, régularités, invariants qui peuvent
relever d'une même conception de l'iden
tité, et qui installent auprès du public
récepteur ce que H.R. Jauss nomme un
« horizon d'attente ». Évidemment, la rela
tivité de ces constats exclut d'imaginer la
présence évidente de systèmes de codifica
tion parfaitement clos ou de fonctionne
ments institutionnels autarciques. De plus,
dans certaines conceptions de l'écriture ou
de l'invention, chères déjà au cœur des
artistes romantiques et privilégiées par
Blanchot, Barthes ou Derrida, le genre se
résumerait à l'orthodoxie qu'il impose et à Dans toutes les cultures, on a tou la stérilité qu'il produit. jours postulé la surdétermination Avec la télévision, le problème se des œuvres artistiques par un cer déplace singulièrement. D'un côté, l'abtain nombre de caractéristiques communes sence - occasionnelle ou permanente - de regroupables sous le terme de genre. Le visée esthétique dont la taxent certains mode d'apparition de ce dernier a fait dire analystes et l'évidence quotidiennement à un observateur comme Pierre Bourdieu : réaffirmée de la répétition sérielle conduir« Tout semble indiquer que, même chez aient à trancher (un peu vite) le débat : le les spécialistes, les critères de pertinence diagnostic de contagion générique serait qui définissent les propriétés stylistiques pertinent. Mais, d'un autre côté, ce média des œuvres-témoins restent le plus souvent qui attrape tout et qui diffuse tout, ce robià l'état implicite et que les taxinomies net à images, cette « image d'images » esthétiques implicitement mises en œuvre pourrait opérer un tel brassage des genres pour distinguer, classer et ordonner les qu'il conviendrait de mieux analyser cette œuvres d'art, n'ont jamais la rigueur que médiation particulière, où le syncrétisme et tentent parfois de leur prêter les théories la multi-généricité brouillent les cartes. artistiques » (1).
Dans cette optique, il faut alors affirmer
du même geste que le genre est un
artefact : « ce terme de genre dénote un
artefact, un objet construit par abstraction
généralisante, à partir des objets empi Les typoloaèmes
riques que sont les textes, qui ne sont de la génericité télévisuelle
jamais que des représentants impurs de tel
ou tel genre » (2). Les critères que l'on va Si l'on se tourne un instant du côté des
alors mobiliser pour fonder l'identité géné recherches entreprises dans les domaines
de la littérature, de la linguistique - anarique ne peuvent être que relatifs. Et l'on
comprend pourquoi certains théoriciens lyse du discours, actes de langage, prag
matique conversationnelle, ethnolinguis- comme A.J. Greimas et J. Courtes ont
(1) BOURDIEU, 54.
(2) KERBRAT-ORECCHIONI, 1980. On trouve des considérations identiques chez T. Todorov, J.-M. Schaeffer,
T. Pavel, ou J.-M. Adam.
35 — tique (3) - et du cinéma (4), on y remarque agissent comme autant de contraintes pr
un certain nombre d'acquis dont le trans ogrammées : fixation de places entre parte
fert au secteur de la télévision pourrait naires de la communication ; proposition
sembler utile. de pactes ou contrats concernant le statut
Il en ressort d'abord que les critères pré vériconditionnel des énoncés (fiction, non-
sentés dans les tentatives de rangements, fiction) et les régimes de croyance ; instal
typologies et taxinomies ne peuvent être lation de rapports d'imitation ou de subver
exclusivement internes ou externes à l'objet. sion entre chaînes, dans le cadre de lignes
J.-M. Schaeffer (5) distinguait déjà deux éditoriales concurrentes et d'une véritable
types de classifications. Les classifications tyrannie de l'audimat.
Au registre de la situation de productendogènes émanant des stratégies instit
utionnelles de production et des pratiques ion, la télévision mêle en permanence les
émissions qui font référence à une contex- professionnelles visent la mise en place
tualisation - émissions d'information et sociale et la légitimité ; émanant des com
pétences de récepteurs, elles garantissent à d'actualité, à base de discours et de repor
tages - et les émissions à repérage nettel'identité générique une marge de labilité.
Plus abstraites et volontiers savantes, des ment plus fermé comme les fictions. Dans
criptives et normatives à la fois, les classif le premier cas, il en découle un travail spé
ications exogènes fonctionnent comme incifique des constructions référentielles
struments de symbolisation. La coexistence portées par le langage, l'image et le son
permanente des deux conduit à n'en mépris pour échafauder les « scénarios du réel ».
er ni à n'en privilégier aucune. Le critère de l'intention de communicat
Qu'elle soit un texte littéraire, un film ou ion pousse à considérer les programmes et
une émission de télévision, toute œuvre émissions, tout spécialement dans les cas
est une réalité sémiotique complexe et de la non-fiction, comme des actes de lan
multidimensionnelle qui combine à diffé gage portés par des intentions illocutoires
rents niveaux les marques ou indices et visant des buts perlocutoires : faire
croire et adhérer dans les émissions militypiques, dont le plus ou moins grand
degré de cohérence conduit à inférer l'exi tantes, faire rire dans les émissions
stence d'une identité générique. L'ensemble comiques de jeux, variétés ou gags, faire
de la littérature savante évoquée ci-dessus pleurer dans certains reality shows, faire
pousse à sélectionner un petit nombre de fré

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