Gitans de Barcelone à Perpignan : crise et frontières - article ; n°3 ; vol.13, pg 99-119
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Revue européenne de migrations internationales - Année 1997 - Volume 13 - Numéro 3 - Pages 99-119
Gypsies from Barcelona to Perpignan : Crises and Borders.
Alain TARRIUS et Lamia MISSAOUI
When, in the 50's and 60's, the Catalan gypsies on both sides of the border lost the economic complementarity bounding them to local societies thanks to horse dealing and leather work activities, they reduced the community ties created on seminomadism routes to those of strictly clanic networks. These trans-border clanic ties made it possible to develop heroin underground economies from Barcelona from the moment that, pushed by growing misery and local political dependence, they became organized as a mafia. This drug trafficking is grafted onto larger underground ethnic economies controlled by Senegalese, Moroccan and Andalusian gypsies. As for the Catalan gypsies, they keep the heroin they pass for self-consumption; therefore, HIV contamination takes alarming proportions (up to 8 % among men of 25 to 45) and gives way to conservative attempts at a return to old values particularly aiming at women's submission. In actual fact, the « crisis effect » hides a slow but sharp rise in the autonomisation of gypsy women and suggests solutions likely to disrupt the constituent norms of the gypsy community bond.
Gitanas de Barcelona a Perpiñan : crisis y fronteras
Alain TARRIUS, Lamia MISSAOUI
Al perder durante los años cincuenta y sesenta la complementaridad económica que, mediante el chalaneo y el curtido les ligaba a las sociedades locales, los Gitanos catalanes de ambos lados de la frontera franco-española, han reducido la solidaridad comunitaria nacida del seminomadismo a solidaridades de redes basadas en los clanes. Estas solidaridades de tipo clanico y transfronterizo han permitido el desarrollo, desde Barcelona, de economías sumergidas basadas en la heroína, que, empujadas por la creciente miseria y las dependencias políticas locales, han pasado a ser mafiosas. Este tráfico se inserta en unas economías sumergidas mas amplias, dominadas por senegaleses, marroquíes y gitanos andaluces. Los gitanos catalanes autoconsumen la heroína que transportan, con lo que el contagio del SIDA cobra proporciones alarmantes (de hasta 8 % de los hombres entre 25 y 45 anos), y llevan a intentos conservadores de volver a antiguos valores, especialmente aquellos orientados al sometimiento de las mujeres. En realidad, el « efecto crisis » esconde un lento pero claro ascenso de la autonomía de las mujeres gitanas y sugiere consecuencias susceptibles de revolucionar las normas constitutivas del lazo comunitario gitano.
Gitans de Barcelone à Perpignan : crises et frontières.
Alain TARRIUS, Lamia MISSAOUI
En perdant dans les années 50 et 60 la complémentarité économique qui les liait aux sociétés locales grâce aux activités de maquignonnage et de travail du cuir, les Gitans catalans de part et d'autre de la frontière franco - espagnole ont réduit les solidarités communautaires nées dans les parcours de semi-nomadisme à celles de réseaux étroitement claniques. Ces solidarités claniques transfrontalières ont permis le développement, à partir de Barcelone, d'économies souterraines de l'héroïne dès lors que, poussées en cela par la misère grandissante et les dépendances politiques locales, elles devinrent mafieuses. Ces trafics se greffent sur des économies souterraines ethniques de plus grande ampleur, maîtrisées par des Sénégalais, des Marocains et des Gitans andalous. Les Gitans catalans, eux, autoconsomment l'héroïne qu'ils transitent : dès lors la contamination par le VIH prend des proportions alarmantes (jusqu'à 8 % parmi les hommes de 25 à 45 ans), et donne lieu à des tentatives conservatrices de retour à des valeurs anciennes particulièrement orientées vers la soumission des femmes. En réalité, « l'effet crise » dissimule une lente mais nette montée de l'autonomisation des femmes Gitanes, et suggère des résolutions susceptibles de bouleverser les normes constitutives du lien communautaire gitan.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Tarrius
Lamia Missaoui
Gitans de Barcelone à Perpignan : crise et frontières
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 13 N°3. Les catalognes, laboratoire de l'Europe. pp. 99-
119.
Citer ce document / Cite this document :
Tarrius Alain, Missaoui Lamia. Gitans de Barcelone à Perpignan : crise et frontières. In: Revue européenne de migrations
internationales. Vol. 13 N°3. Les catalognes, laboratoire de l'Europe. pp. 99-119.
doi : 10.3406/remi.1997.1568
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1997_num_13_3_1568Abstract
Gypsies from Barcelona to Perpignan : Crises and Borders.
Alain TARRIUS et Lamia MISSAOUI
When, in the 50's and 60's, the Catalan gypsies on both sides of the border lost the economic
complementarity bounding them to local societies thanks to horse dealing and leather work activities,
they reduced the community ties created on seminomadism routes to those of strictly clanic networks.
These trans-border clanic ties made it possible to develop heroin underground economies from
Barcelona from the moment that, pushed by growing misery and local political dependence, they
became organized as a mafia. This drug trafficking is grafted onto larger ethnic economies
controlled by Senegalese, Moroccan and Andalusian gypsies. As for the Catalan gypsies, they keep the
heroin they pass for self-consumption; therefore, HIV contamination takes alarming proportions (up to 8
% among men of 25 to 45) and gives way to conservative attempts at a return to old values particularly
aiming at women's submission. In actual fact, the « crisis effect » hides a slow but sharp rise in the
autonomisation of gypsy women and suggests solutions likely to disrupt the constituent norms of the
gypsy community bond.
Resumen
Gitanas de Barcelona a Perpiñan : crisis y fronteras
Alain TARRIUS, Lamia MISSAOUI
Al perder durante los años cincuenta y sesenta la complementaridad económica que, mediante el
chalaneo y el curtido les ligaba a las sociedades locales, los Gitanos catalanes de ambos lados de la
frontera franco-española, han reducido la solidaridad comunitaria nacida del seminomadismo a
solidaridades de redes basadas en los clanes. Estas solidaridades de tipo clanico y transfronterizo han
permitido el desarrollo, desde Barcelona, de economías sumergidas basadas en la heroína, que,
empujadas por la creciente miseria y las dependencias políticas locales, han pasado a ser mafiosas.
Este tráfico se inserta en unas economías sumergidas mas amplias, dominadas por senegaleses,
marroquíes y gitanos andaluces. Los gitanos catalanes autoconsumen la heroína que transportan, con
lo que el contagio del SIDA cobra proporciones alarmantes (de hasta 8 % de los hombres entre 25 y 45
anos), y llevan a intentos conservadores de volver a antiguos valores, especialmente aquellos
orientados al sometimiento de las mujeres. En realidad, el « efecto crisis » esconde un lento pero claro
ascenso de la autonomía de las mujeres gitanas y sugiere consecuencias susceptibles de revolucionar
las normas constitutivas del lazo comunitario gitano.
Résumé
Gitans de Barcelone à Perpignan : crises et frontières.
Alain TARRIUS, Lamia MISSAOUI
En perdant dans les années 50 et 60 la complémentarité économique qui les liait aux sociétés locales
grâce aux activités de maquignonnage et de travail du cuir, les Gitans catalans de part et d'autre de la
frontière franco - espagnole ont réduit les solidarités communautaires nées dans les parcours de semi-
nomadisme à celles de réseaux étroitement claniques. Ces solidarités claniques transfrontalières ont
permis le développement, à partir de Barcelone, d'économies souterraines de l'héroïne dès lors que,
poussées en cela par la misère grandissante et les dépendances politiques locales, elles devinrent
mafieuses. Ces trafics se greffent sur des économies souterraines ethniques de plus grande ampleur,
maîtrisées par des Sénégalais, des Marocains et des Gitans andalous. Les Gitans catalans, eux,
autoconsomment l'héroïne qu'ils transitent : dès lors la contamination par le VIH prend des proportions
alarmantes (jusqu'à 8 % parmi les hommes de 25 à 45 ans), et donne lieu à des tentatives
conservatrices de retour à des valeurs anciennes particulièrement orientées vers la soumission des
femmes. En réalité, « l'effet crise » dissimule une lente mais nette montée de l'autonomisation des
femmes Gitanes, et suggère des résolutions susceptibles de bouleverser les normes constitutives du
lien communautaire gitan.Revue Européenne des Migrations Internationales, 1997 (13) 3 pp. 99-1 19 99
Gitans de Perpignan à Barcelone
crises et frontières
Alain TARRIUS* et Lamia MISSAOUI
Les Gitans catalans de Perpignan sont, depuis le XVe siècle, « des étrangers de
l'intérieur ». Leur destin collectif, malgré de fortes analogies dans de rudes périodes de
xénophobie, n'a pas suivi celui des Juifs, étrangers de l'intérieur de plus grande
antériorité qui ont su, soit par périodes avec les princes, soit de façon plus structurelle
après la Révolution française, négocier leur statut de communautaires dans notre
République. Communautaires, de sang, de voisinage et d'esprit, les Gitans le sont
demeurés jusqu'à nos jours. Au début du siècle les « hommes libres », puisque c'est
ainsi qu'ils se désignent en opposition aux paies, les paysans, les sociétaires, ceux
attachés ou asservis aux lieux, accentuèrent leur spécialisation dans les métiers du
cheval : soins, maquignonnage, travaux du cuir pour la sellerie, les bottes ou les
vêtements, entretien et réparation, voire construction, de charrettes, permirent quelques
réussites affirmées. De plein pied dans les technicités du déplacement, ces professions
accentuèrent la pratique des autres métiers traditionnels, tels que ventes ambulantes,
réparations diverses à domicile, brocantes. L'aire d'influence n'était pas très importante
pour cette petite communauté nord catalane : de Narbonne à Carcassonne au Nord, et
de Figuères à Gérone au Sud. Les Gitans catalans de Perpignan étaient donc, du fait
même de la modestie de leurs déplacements, des semi-nomades. Les pèlerinages
tenaient lieu de grands déplacements et justifiaient souvent davantage le maintien des
roulottes et de leurs attelages que les activités professionnelles.
Dépendants de diverses aides sociales, depuis la perte de leurs métiers
traditionnels et donc de leur autonomie économique dans les années 1950-1960, ils
forment désormais une population sédentaire. Depuis le début des années 1980, la
* Professeur de sociologie. Universités de Perpignan et de Toulouse II - CIREJED,
MIGRINTER Unité Mixte de recherche CNRS - Université de Poitiers, Institut Catalan de
Recherches en Sciences Humaines, 2, rue du Figuier 66000 Perpignan, France.
** Allocataire de recherche (Programme CNRS Europe). CIREJED, Upres A, Maison de la
Recherche, Université de Toulouse le Mirail, 31058. Toulouse cedex, France. 1 00 Alain TARRIUS et Lamia MISS AOU1
drogue, héroïne en premier lieu, est devenue d'usage courant, chez les jeunes d'abord,
puis dans l'ensemble de la population masculine. Il en est résulté un taux élevé de
contaminations par le VIH. Aux anciennes mobilités qui mêlaient les divers clans le
long des parcours professionnels se sont substitués des réseaux claniques étendus de
part et d'autre de la frontière franco-espagnole qui permettent la constitution de
« familles » au sens mafieux du terme : ces formations sont particulièrement efficaces
dans les initiatives des économies souterraines de psychotropes.
Lors d'une recherche menée de 1993 à 19971 nous avons tenté de comprendre
non seulement les modalités de socialisation de ces trafics parmi les familles gitanes de
Perpignan à Barcelone, mais encore quels processus de résolution étaient en acte
derrière cette situation paroxystique de crise sociale, économique et sanitaire.
HABITAT ET DEPENDANCE DES GITANS CATALANS DE
PERPIGNAN
La ville de Perpignan compte actuellement environ 105 000 habitants et son
agglomération 190 000. Cinq mille Gitans catalans et huit cents Andalous y
demeurent ; il s'agit donc d'une sous population significative, mais très minoritaire.
Elle est pourtant au cœur des préoccupations sociales, sanitaires, économiques et
politiques des élus et des divers représentants des services publics. Il n'est que signaler
le taux de chômage dans le quartier centre urbain de Saint Jacques, territoire
communautaire gita

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