Hercule funéraire (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.40, pg 19-102
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1923 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 19-102
84 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Bayet
Hercule funéraire (suite et fin)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 40, 1923. pp. 19-102.
Citer ce document / Cite this document :
Bayet Jean. Hercule funéraire (suite et fin). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 40, 1923. pp. 19-102.
doi : 10.3406/mefr.1923.7183
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1923_num_40_1_7183FUNERAIRE HERCULE
(Suite et fin, cf. t. XXXIXe, fase. IV- V)
IV» — Symbolisme Dionysiaque (suite):
Hercule et les Centaures.
Le groupe le plus important des sarcophages héracléens, après
ceux des « Douze Travaux » et du « Repos Dionysiaque », est celui
des « Centauromachies ». Rien de plus étrange, au premier abord,
que de voir une telle représentation choisie comme sujet funéraire,
parmi tous les parerga du héros. Car les Centaures ne sont pas
des hommes, et leur extermination par le héros ne semble pou
voir prêter à aucun symbolisme religieux.
Nous voulons ici chercher à nous rendre compte : 1° à quel
ensemble de légendes et de monuments se rattache cette représen
2° si elle a pris, à un moment donné, un sens funéraire tation;
précis; et sous quelles influences.
Ces questions demeureraient insolubles, si nous n'avions dès main
tenant un guide: le caractère dionysiaque des Centaures.
Leur nature n'a pas au fond varié pendant tout le cours de
l'antiquité classique. Fils d'Ixion et de la Nuée, Nephela, selon
Pindare *, c'est-à-dire, suivant sa propre expression, assimilés aux
«eaux des orages célestes» 2, ils deviennent seulement plus vo
lontiers, semble-t-il, vers la fin du paganisme, les fils des « Hya-
des humides», filles du fleuve Lamos 3 ; c'est-à-dire des formes
1 Pindare, Pyth., II, 66 et 79 sqq.
2 Pind., 01., X, 2 sq.: ιύρανίω-ν υδάτων οαβρίων, παιδιού Νεφί'λα;.
3 Nonnos, Dionys., XIV, 143 sqq. '
HERCULE FUNÉRAIRE 20
des eaux terrestres. Une autre race de Centaures a d'ailleurs
été produite par la semence tombée a terre de Zeus poursuivant
Aphrodite λ : et ce mythe, à défaut d'autre mérite, a celui de
concilier l'origine clithonienne et l'origine celeste attribuées succes
sivement aux Centaures 2. Au surplus, les noms que les Anciens leur
donnent évoquent souvent cette nature aquatique et chthonienne 3.
Il n'est donc pas étonnant qu'ils aient été de très bonne heure liés
à Dionysos, dieu du principe humide et dieu souterrain 4 : traînant
son char, portant même le dieu 5 que leurs mères ont sauvé de
la colère d'Héra s ; sujets à s'enivrer aussi bien que les Satyres dont
ils reproduisent certains traits physiques 7 et parfois même les
1 Nonnos. Dionys., XIV, 193 sqq.; XXXII, 72.
2 Cette légende peut être une création fantaisiste de Nonnos lui-même
(Bethe, Pauly-Wissowa, s. Y.Kentauren, col. 173): elle n'en reste pas
moins expressive, par sa signification voulue.
3 La liste la plus longue dans Ovide, Métam., XII, 210 sqq. Outre
les noms à signification géographique (ex.: Hélimus, Mênalée, Riphée)
ou guerrière (Areus, Antinaaque, Bianor, Démoléon, Dorylas, Stiphelus,
Térée), qui ne nous intéressent pas ici, les plus nombreux ont, un sens
aquatique (Cyllarus ?, Cymelus, Chromis, Creneus, Eurytus, Hélops, Ophio
née, Petreus) ou souterrain (Bromus, Erigdupus ?, Chthonius,Dictys ?, Eu-
rynomusV Dans Nonnos, qui ne donne que douze noms de Centaures, on
trouve: Kéteus, Pétraios, Spargeus (Dionys., XIV, 187 sqq.) de significa
tion aquatique. Sur un Canthare attique de Vulci (Berlin, n. 1737 ; fig.
dans Gerhard, Etr. Camp. Vasenbild., pl. XIII, 1-3), l'un des trois Cen
taures se nomme encore Pétraios.
* Le Centaure Bromus, d'Ovide, rappelle Dionysos Bromios.
5 Nonnos, Dionys., XIV, 264.
6 Les Nymphes fluviales, filles de Lamos, reçoivent Dionysos enfant
(Nonnos, Dionys., IX, 28; XL VII, 678), et en punition sont frappées de
folie pai' Héra (Id.. ib., IX, 38).
7 Les Centaures-Phères de Nonnos (Dion., XIV, 171 sqq.) ont la queue
de cheval comme les Satyres, mais les cornes de taureau, comme Dio
nysos lui-même. — On trouve des Centaures à face de Satyre ou de Si
lène sur des vases grecs importés en Italie, et représentant la lutte d'Hé
raclès contre les Centaures : a) Oenochoé à fig. η. de Bologne (E. Brizio,
Bull.Inst., 1872, p. 83); — b) fetammos à fig. r. de Corneto (W. Helbig,
Bull, Inst., 1869, p. 172). HERCULK FUNÉRAIRE 21
noms '. Tout cela est assez connu pour ne pas exiger de plus amples
développements ?.
Mais voici qui est plus curieux : d'après les documents figurés,
Héraclès se trouve engagé dans une double série parallèle d'aven
tures contradictoires avec les Centaures et les Satyres. D'une part,
ami des Centaures et ami des Satyres ; de l'autre, hostile aux Cen
taures et hostile aux Satyres; enfin engagé dans une lutte précise
contre un Centaure et un Satyre.
1. Alliance d'Héraclès avec les Centaures et les Satyres.
Si, en effet, la tradition littéraire, généralement acceptée sans
nuances par les modernes, voulait que le Centaure Pholos eût reçu
de Dionysos un tonneau (pithos) plein d'un vin délicieux, qu'il de
vait ouvrir pour le seul Héraclès lorsqu'il se présenterait devant
lui 3 ; qu'attirés par le parfum les autres Centaures fussent accourus
et, avec leur ordinaire brutalité, eussent engagé la lutte contre le héros
qui les extermina*, — d'autres traditions représentaient le pithos
comme contenant le vin des Centaures (et ils accouraient donc contre
1 Le Centaure Phlégréon d'Ovide rappelle le Satyre Phlégréos (Nonn.,
Dion., XIV, 107); l'un des Centaures de Nonnos {ib., XIV, 191) s'appelle
Phaunos.
2 Leur parenté originelle est avec les Silènes asiatiques, dieux des
sources et des marécages, que la tradition attique (début du Ve siècle),
puis pan-hellénique, confondit eux-mêmes avec les Satyres. Cfr. L. de Ron-
chaud, Dar.-Saglio, s. v. Centauri, p. 1010; — Nicole, ib., s. v. Satyri-
Sileni, p. 1091 sq.; — Bethe, Pauly- Wissowa, s. y. Kentauren, col. 173 sq.
3 Roscher-Tümpel, Boschers Lex., 2, 1043.
4 C'est le mythe le plus souvent figuré sur les vases. A. Héraclès
amicalement reçu par Pholos : a) Amphore à fig. η. de Vulci {Annali
d. Inst., Ill, 1831, p. 150. n. 373*. Sans doute à Munich, Jahn, 691); b) Pet
it vase à fig. η. de Chiusi (Bull. Inst., 1850, p. 163) ; c) Amphore à fig. n.
de Corneto (Bruschi, Bull. Inst, 1859, p. 132); d) Amphore à fig. η. de
Corneto (Bull. Inst., 1866, p. 234) ; e) Amphore à fig. η. provenant d'E-
trurie (ex-Campana. Musée de Florence. Cfr. Drittes Hallisches WincJcel-
mannsprog., p. 95, n. 47); f) Amphore à fig. η. de Corneto (N. d. Scavi,
1892, p. 157); g) Amphore à fig. n. de Bologne (Heydemann, Mittheil., 22 HERCULE FUNERAIRE
Héraclès pour défendre leur bien légitime), et certains vases figurent en train de boire tranquillement, non plus avec le seul
Pholos, mais en compagnie de deux ou plusieurs Centaures '. D'ail
leurs Pholos n'est pas le seul sympathique de cette race monstrueuse
dans la légende héroïque des Grecs; Chiron, le maître d'Achille, de
Jason et d'Asclépios 2, est un reste de la même conception, qui se pré
cise de façon intéressante par les fresques de Pompei, sûrement imi
tées de modèles alexandrins, où l'on voit Chiron enseigner à Achille
non plus la chasse et les arts virils, mais le jeu de la lyre3.
Les Satyres et Silènes ne manquent pas d'entourer Héraclès des
mêmes prévenances que les Centaures : ils lui servent le vin, l'eni
vrent, enveloppent de leurs danses le héros citharède ou tibicine 4.
Les mêmes thèmes se trouvent repris par la sculpture funéraire ro-
p. 59 = Gerhard, Auserles Vasenb., pi. 119-120, 5-6 = S. Reinach, Eép.
Vases P., II, p. 64); h) Amphore à fig. η. d'Etrurie (ex-Canino. De Witte,
Descr. 1837, n. 76 =zBrit. Mus., Cat. 1851, η. 661); i) Amphore à fig. n.
d'Etrurie (Catal. Campana, IV- VII, A, 446). — Β. Héraclès auprès du pi-
thos, assailli par les Centaures : a) Amphore à fig. n. de Vulci (ex-Can-
delori. Munich, Jahn, 622 = Micali, Storia à. ani. popoli ital., III, p. 159 sq.
et pi. XCIX, 9); b) Amphore à fig. η. de La Tolfa {Bull. Inst., 1866,
p. 229 sq.); c) Vase de Corneto (ex-Bruschi, Bull. Inst., 1869, p. 172);
d) Cratère de Bologne (Arnoaldi Veli, Bull. Inst., 1879

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