Honoré Fragonard et le cabinet d anatomie de l École d Alfort pendant la Révolution  - article ; n°2 ; vol.15, pg 141-162
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Honoré Fragonard et le cabinet d'anatomie de l'École d'Alfort pendant la Révolution - article ; n°2 ; vol.15, pg 141-162

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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1962 - Volume 15 - Numéro 2 - Pages 141-162
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yvonne Poulle-Drieux
Honoré Fragonard et le cabinet d'anatomie de l'École d'Alfort
pendant la Révolution
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1962, Tome 15 n°2. pp. 141-162.
Citer ce document / Cite this document :
Poulle-Drieux Yvonne. Honoré Fragonard et le cabinet d'anatomie de l'École d'Alfort pendant la Révolution . In: Revue d'histoire
des sciences et de leurs applications. 1962, Tome 15 n°2. pp. 141-162.
doi : 10.3406/rhs.1962.4417
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1962_num_15_2_4417Honoré Fragonard
et le cabinet d'anatomie de l'Ecole d'Alfort
pendant la Révolution
l'École Fondée vétérinaire par Bourgelat d'Alfort en avait 1766 bénéficié, sous l'impulsion dès son origine, de Bertin, d'un
cabinet d'anatomie dont la réputation devint rapidement grande.
Si grande même que, bien que ses collections très importantes
fussent copiées à l'étranger, le cabinet n'en était pas moins déjà
l'objet de nombreuses critiques : Chaussart prétend, en 1790, que
les pièces d'anatomie « n'ont d'autre utilité que de jeter de la
poussière aux yeux de ceux qui jugent du savoir des gens par
leur bibliothèque » ; et Broussonet insinue que c'est « l'une des
parties les plus dispendieuses de l'École et la plus inutile », que
« le luxe y est poussé si loin qu'on y trouve des os, des pierres
découvertes dans le corps des animaux et conservées dans l'eau
de vie ».
Le luxe ainsi dénoncé ne devait malheureusement pas durer.
Par suite de la réduction des crédits votée par l'Assemblée nationale
le 15 août 1790, la misère s'installe à l'École d'Alfort dès le début
de l'année suivante ; en 1792, les locaux eux-mêmes tombent en
ruine (1).
C'est cependant avec le concours actif d'un de ses fondateurs
que le cabinet d'anatomie de l'École d'Alfort devait subir des coups
définitifs.
Homonyme et sans doute proche parent du peintre célèbre,
Honoré Fragonard avait été démonstrateur d'anatomie à l'École
vétérinaire de Lyon en 1763 (2). Il suivit ensuite Bourgelat à Alfort,
(1) A. Raillet et L. Moulé, Histoire de VÊcole d'Alfort (Paris, 1908), pp. 81, 85, 87.
(2) La notice d'A. Goubaux, dans Bulletin de la Société centrale de méd. vètér., t. 42
(1888), pp. 672-677, est à la base des informations biographiques sur Fragonard qui ont
T. XV. — 1962 10 142 revue d'histoire des sciences
où on le retrouve bientôt « directeur et démonstrateur d'anatomie »,
selon le témoignage d'Abilgaard ; son travail y fut sans doute assez
considérable pour n'être pas étranger à la rapide notoriété du
cabinet d'Alfort. Il semble cependant que son entente avec Bour-
gelat ne dura pas : en 1771, il dut quitter l'École vétérinaire, et les
biographes de Fragonard perdent sa trace jusqu'en 1795, année où
il fut nommé directeur des recherches anatomiques de l'École de
santé de Paris nouvellement créée.
Plusieurs documents, retrouvés notamment aux Archives natio
nales, permettent cependant de jeter quelque lumière sur l'acti
vité de Fragonard pendant les années 1771-1795, ou du moins à la
fin de cette période.
Le premier document est un rapport adressé par Fragonard et
ses collaborateurs, Delzeuzes et Landrieux, à l'Assemblée législative
au moins de juillet 1792 (1). Ses auteurs n'y proposaient rien moins
que la création d'un cabinet d'anatomie national dont ils seraient
respectivement nommés directeur, préparateur et secrétaire, aux
appointements annuels de 2 400 livres chacun. En échange de leur
nomination comme fonctionnaires, ils feraient don à la nation des
quinze mille préparations anatomiques dont ils avaient déjà consti
tué la collection. Quant au local, ils se faisaient forts de transformera
peu de frais le dôme de l'Assomption (2), dont ils demandaient
l'affectation, de façon à y installer un amphithéâtre, le cabinet
lui-même, un laboratoire de préparations anatomiques et le log
ement du personnel.
Le projet, renvoyé par l'Assemblée à son Comité d'instruction
publique le 22 juillet, ne paraît pas avoir eu de suites (3) ; mais il
été réunies par L.-G. Neumann, Biographies vétérinaires (Paris, 1896), pp. 124-125 et
par C. Bressou et P. Huard, Honoré Fragonard (Grasse, 1732 ?-Paris, 1799), dans
Histoire de la médecine, communications présentées à Paris à la Société française d'Histoire
de la Médecine, numéro spécial, pp. 81-87. Tous ces auteurs constatent une absence
complète d'informations entre 1771 et 1795.
(1) Arch, nat., F 17 1318, dossier 4 ; cf. document 1.
(2) Église de l'Assomption, rue Saint-Honoré, actuellement sur la place Maurice-Barres.
Utilisé comme dépôt de subsistances, l'édifice attendit, pendant toute la Révolution, une
affectation définitive ; Chappe avait envisagé d'installer sur le dôme une ligne de
télégraphe, mais y renonça devant les difficultés techniques ; en 1803, on pensa en faire
un dépôt de décors de théâtre ; en 1806, elle fut affectée au curé de la Madeleine pour
lui servir de presbytère (cf. L. Lazard, Repertoire alphabétique du fonds des domaines
[des Archive* de la Seine], 1904, p. 12).
(3) On ne trouve pas d'allusion à ce projet dans les Procès-verbaux du Comité d'instruc
tion publique de la Législative. FRAGONARD ET LE CABINET d'aNATOMIE d'ALFORT 143
formule déjà les idées qui justifieront, en 1795, la création du
cabinet d'anatomie de l'École de santé. Quoi qu'il en soit, l'activité
de Fragonard, depuis son départ d'Alfort (1), apparaît nettement
dans ce rapport : il a contribué, dans une mesure peut-être import
ante, à la diffusion et à l'enrichissement des cabinets particuliers
d'anatomie dont le grand nombre, à la veille de la Révolution, est
une caractéristique essentielle de l'histoire des sciences naturelles ;
il envisageait, d'autre part, à l'en croire, d'ouvrir, à son compte,
une institution d'anatomie pour laquelle il avait déjà réalisé préc
isément plusieurs centaines de préparations que les événements
l'amenaient à proposer à la nation.
Ces informations et ces perspectives ont leur intérêt. Des détails
techniques sur les procédés de préparation en auraient bien davant
age, mais Fragonard garde sur ce sujet un silence jaloux; il fait
état seulement des secrets qu'il détient pour affirmer la qualité,
bien sûr, de ses réalisations, mais surtout leur très bas prix de
revient.
La publication du projet d'organisation de l'instruction publique
de Condorcet incita Fragonard à adresser à l'Assemblée un complé
ment de son rapport, où il essayait de montrer combien le cabinet
national d'anatomie projeté correspondait bien aux vues du
législateur ; ce lui était l'occasion d'y développer ses conceptions
personnelles sur les rôles, et les mérites, respectifs du professeur et
du chercheur, qui ne sont pas la partie la moins intéressante de ce
document. '
Anatomiste réputé, Fragonard fut nommé, le 25 brumaire an II
(15 novembre 1793), membre du jury des arts (2) ; parmi les
cinquante-cinq personnalités réunies pour décerner les prix de
peinture, sculpture et architecture, il figurait, sur la liste dressée
par David, en quatrième position, derrière le peintre son parent.
Trois mois plus tard, le 18 pluviôse an II (6 février 1794), il était
compris parmi les membres de la nouvelle Commission temporaire
des arts. La Commission des monuments, qu'elle remplaçait, avait
(1) Dans un état des employés, artistes, etc. proposés par l'assemblée des professeurs
de l'École de santé de Paris à la nomination du Comité d'instruction publique (Arch, nat.,
F " 2881, n° 264), où Fragonard figure au titre de « chargé de diriger les recherches et
préparations anatomiques », il est spécifié, en face de son nom, dans la colonne où sont
portées les < professions avant d'être atta

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