Ingeburge de Danemark, reine de France, 1193-1236. Mémoire de feu Hercule Géraud, couronné par l Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dans sa séance du 11 août 1844. [Première partie.] - article ; n°1 ; vol.6, pg 3-27
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Ingeburge de Danemark, reine de France, 1193-1236. Mémoire de feu Hercule Géraud, couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dans sa séance du 11 août 1844. [Première partie.] - article ; n°1 ; vol.6, pg 3-27

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1845 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 3-27
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1845
Nombre de lectures 1 696
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hercule Géraud
Ingeburge de Danemark, reine de France, 1193-1236. Mémoire
de feu Hercule Géraud, couronné par l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres dans sa séance du 11 août 1844.
[Première partie.]
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 3-27.
Citer ce document / Cite this document :
Géraud Hercule. Ingeburge de Danemark, reine de France, 1193-1236. Mémoire de feu Hercule Géraud, couronné par
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dans sa séance du 11 août 1844. [Première partie.]. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1845, tome 6. pp. 3-27.
doi : 10.3406/bec.1845.451823
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1845_num_6_1_451823INGEBURGE DE DANEMARK
REINE DE FRANCE.
1193-1236.
(Mémoire de feu Hercule Géraud, couronné par l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres dans sa séance du 1 1 août 1844.)
11 y a dans la glorieuse vie de Philippe-Auguste une tache hon »
teuse, que ses plus ardents pane'gyristes n'ont pu dissimuler : je
veux parler de l'indigne conduitede ce monarque envers sa seconde
épouse, Ingeburge de Danemark. Nos principaux historiens,
Mézerai, Daniel, Vély, ne semblent avoir connu qu'une partie des
malheurs de la princesse danoise. Ils ont considéré comme sin
cère et définitive la réconciliation que simula Philippe -Auguste
au concile de Soissons en 1201, et à partir de ce moment, ils
n'ont plus dit un mot delà reine. Cefut pourtant en 1201 qu'In-
géburgeentra dans la tourd'Étampes, où elle vécut encore douze
années dans la misère et dans les larmes, en proie aux plus odieus
es persécutions/Cette royale iniquité fut une des innombrables
affaires qui exercèrent l'activité d'Innocent III, et l'un des prin
cipaux éditeurs des lettres de ce pontife, la Porte du Theil, frappé
du vif intérêt que réveillait l'histoire d'Ingebnrge , composa,
vers la fin du dernier siècle, un mémoire fort étendu sur la vie
et les malheurs de cette princesse. Malheureusement, ce mémoire
n'a jamais été imprimé et j'en ai vainement cherché l'original
dans les papiers de du Theil à la Bibliothèque royale (1). Il m'a
(t) Des recherches qu'avait faites le savant académicien sur ce curieux sujet , il ne
J. semblé utile de réparer, autant que possible, la perte de ce tra
vail, qui aurait rempli une importante lacune dans l'histoire dis
treizième siècle.
I.
Préliminaires. — Portrait d'Ingeburge. — Mariage et divorce d'Ingeburge et de
Philippe-Augnste. — 1 193.
Il existait au douzième siècle, entre la France et le Danemark,
des relations assez suivies que diverses causes avaient fait naître.
Sous Je règne de Louis VII, la renommée de saint Bernard avait
attiré plusieurs fois en France Eskill, d'abord évèque de Roth
schild, ensuite archevêque de Lunden en Danemark, qui désirait
se placer sous la direction de l'illustre fondateur de Clairváux,
et terminer auprès de lui dans la retraite une vie pleine d'agita
tions et de traverses. Eskill ne put réaliser que la moitié de sois
projet ; car lorsque, après avoir renoncé à toutes ses dignités et
résigné tous ses bénéfices, il vint enlin se fixer en France , saint
Bernard était mort depuis longtemps. Avant le départ du prélat
danois, le relâchement et le désordre s'introduisirent dans un mo
nastère qu'il avait fondé sur une petite île voisine de Rothschild
lorsqu'il n'était encore qu'évêque de cette ville. Son successeur^
Àbsalon, confia la réforme de cette maison religieuse à un cha
noine de Sainte-Geneviève de Paris, nommé Guillaume (1), qui
avait été élevé à Saint-Germain des Prés, sous l'abbé Hugue, son
oncle, et s'était lié, avant de quitter la France, avec le fameux
ermite de Vincennesv frère Bernard, dont le crédit était si puissant
auprès de Philippe-Auguste (2). La célébrité des écoles de Paris
reste aujourd'hui qu'un travail sur les relations qui existaient, au douzième siècle 9
entre la France et le Danemark. On le trouve dans ie tome IV des Mémoires de l'Ins
titut , classe de littérature et beaux-arts.
(1) Le monastère réformé fut transféré sur le continent, et prit le nom de Saint-
Thomas du Paraclet en 1175. Guillaume était arrivé en Danemark vers l'an 1171.
Act. SS. Apr. t. I, p. 624.
(2) Dans le testament que fit ce prince , l'an 1190, en partant pour la terre sainte ,
il recommanda à sa mère Adèle et à son oncle Guillaume , archevêque de Reims ,
auxquels il avait contié, pendant son absence, le gouvernement du rovaume, de
prendre dans toutes les affaires ecclésiastiques les conseils de frère Bernard. Rigord,
Hist, de Fr., t. XVII, p. 30. Sur le frère Bernard, voyez dans le même volume les
notés de la page 8, et la préface de D. Brial, p. xxiv. aussi en France une foule d'étudiants de toutes les parattirait
ties de l'Europe. Les premières familles du Danemark en
voyaient leurs enfants étudier à Paris, et avant la fin du dou
zième siècle, les jeunes Danois qui venaient chercher l'instruction
dans cette capitale, y avaient acquis un établissement qui prit le
nom de Collège de Bace (ou de Danemark) (I).
Enfin, des considérations politiques contribuèrent encore à
opérer un rapprochement entre les deux nations. La maison
royale de Danemark cherchait, vers cette époque, à contracter
des alliances avec les familles puissantes, soit en Allemagne, soit
dans les autres États européens. D'un autre côté, la rivalité d'in
térêts et de gloire quidivisait Eichard-Cœur-de-Lion et Philippe-
Auguste, devait faire désirer au roi de France l'appui des anciens
ennemis de l'Angleterre. Les projets de Philippe n'étaient plus
un mystère pour personne. En 1 192, ayant reçu avis que le vieux
de la Montagne avait envoyé des assassins pour lui ôter la vie,
il s'environna de gardes armés de massues d'airain (2). Ensuite
il réunit à Paris les prélats et les barons de ses domaines, leur
exposa le motif de cette innovation, et attribuant à Richard d'An
gleterre la tentative dirigée contre sa personne aussi bien que l'a
ssassinat de Conrad de Montf errât, dont la nouvelle était récem
ment parvenue en France, il se déclara résolu à tirer de la perfidie
de son vassal une prompte et éclatante vengeance (3). La pru
dence des conseillers de Philippe eut bientôt calmé cette colère
irréfléchie. Cependant, à partir de ce moment, il ne cessa de faire
jouer contre l'Angleterre tous les ressorts de sa politique. 11 semb
lait naturel de songer avant tout à s'emparer des provinces
que les rois anglais possédaient sur Je continent. Mais ce n'eût
été qu'ébranler l'arbre qu'il voulait détruire ; Philippe jugea plus
expéditif et plus sur de le couper à la racine, et une invasion en
Angleterre fut résolue. D'accord avec Jean sans Terre, comte de
Mortain, qui lui avait déjà fait hommage, il réunit à Wissant une
flotte nombreuse et une armée de Flamands , destinée à opérer
une descente en Angleterre vers la fête de Pâques de l'an I i 93 (4).
(1) Hist, de Fr. Pré/, du tome XIX, p. xxxiij. Selon la Porte flu Theil (Mémoire,
p. 295) , ce serait la plus ancienne maison fondée à Paris pour des étudiants étrangers.
(2) Rigord, Hist, de Fr., t. XVII, p. 37.
(3) Adjecit coiili sibi esse de manifesto proditore proprias mature ulcisci injurias.
r;nill. Neubrig. De reb. anglicis, lib. iv, cap. 25.
(4) Gerviis. Dorobern. HhL de Fr., t. XVII, p. 675 d. Pour mieux préparer son succès, Philippe essaya de faire revi
vre les vieilles prétentions des Danois sur le royaume d'Angle
terre ; il eut même la pensée de se faire subroger aux prétendus
droits des princes du Danemark (1).
Knud VI, qui régnait alors, était trop occupé dans ses propres
Etats, pour accepter les chances d'une expédition lointaine, aussi
incertaine que dispendieuse ; mais il dut être flatté des bienveil
lantes dispositions d'un prince aussi puissantque le roi de France.
L'idée d'un mariage entre Philippe-Auguste et une princesse
danoise prit-elle naissance à la cour de Philippe ou dans celle
de Knud? C'est ce qu'i

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