José Maria de Heredia et l Ecole des chartes - article ; n°1 ; vol.105, pg 215-225
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1944 - Volume 105 - Numéro 1 - Pages 215-225
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1944
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Jacques Guignard
José Maria de Heredia et l'Ecole des chartes
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1944, tome 105. pp. 215-225.
Citer ce document / Cite this document :
Guignard Jacques. José Maria de Heredia et l'Ecole des chartes. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1944, tome 105. pp.
215-225.
doi : 10.3406/bec.1944.449330
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1944_num_105_1_449330215 MELANGES
JOSÉ-МАША DE HEREDIA ET L'ÉCOLE DES CHARTES
En 1862, quand il fut s'inscrire à l'École des chartes, José-Maria de
Heredia venait de publier ses premiers poèmes1. Il les avait donnés à
une revue, que des étudiants épris d'art et de lettres avaient fondée
quelques années plus tôt en marge de la Faculté de droit et qu'ils appel
aient, du nom de leur Société, la Conférence La Bruyère. Ce n'était
point la gloire et sans doute personne n'avait-il lu, au Palais Soubise,
la Mort ď Agamemnon ou la Ballade sentimentale. On ne connaissait
pas davantage à Paris le cousin du jeune poète, ce José-Maria de Here
dia en qui l'Amérique latine saluait déjà un de ses lyriques les plus ar
dents2. Bref, M. Borel d'Hauterive, alors secrétaire de l'École des
chartes, ne songea point à détourner de la voie qu'il croyait être la
sienne ce grand jeune homme aux cheveux sombres et au regard étince-
lant qui arrivait des pays lointains. Il nota l'adresse du candidat, vit
son certificat de bachelier, puis porta sur le registre des élèves pour
l'année 1862-1863, « Heredia (Joseph-Marie), né à Santiago (île de
Cuba), le 22 novembre 1842 3 ».
Ce n'est pas aux Antilles, faut-il le dire, que José-Maria de Heredia
entendit d'abord parler de l'École des chartes et les études qu'il avait
faites en France le préparaient à profiter autant qu'un autre de l'e
nseignement qu'il allait recevoir. Très tôt, il avait perdu son père et dès
lors sa mère n'avait eu qu'un désir : éviter à « son bon Pepillo », comme
elle disait, la rude existence de planteur qui avait usé don Domingo de
Heredia. Elle confia l'enfant, alors âgé de neuf ans, à l'un de leurs
amis, M. Fauvelle, qui avait quitté l'île pour habiter Senlis. C'est dans
cette ville, à l'Institution Saint-Vincent, que José-Maria de Heredia
fit ses humanités. Mme de Heredia voulait pour son fils une instruction
L L'excellent ouvrage de Miodrag Ibrovac, José-Maria de Heredia, sa vie,
son œuvre, Paris, 1923, contient de nombreux renseignements sur la jeunesse
du poète. Grâce aux précisions que lui avait fournies Maurice Prou, l'auteur a
pu donner des indications fort précieuses sur le passage de Heredia à l'École des
chartes. Il ne dit rien, pourtant, du sujet que le poète eut la velléité de traiter
dans sa thèse. Il m'a paru intéressant de publier les deux lettres ci-jointes et de
rappeler les relations de Heredia avec quelques chartistes amis des Parnassiens.
2. Cf. Francisco Gonzalez del Valle, Cronologia herediana, 1803-1839, La
Havane, 1938; M. Ibrovac,, op. cit., p. 9. A la fin du xixe siècle, le Portugal
compte, lui aussi, parmi ses poètes un José-Maria de Heredia. Cf. M. Ibrovac,
op. cit., p. 8-9.
3. Joseph est souligné comme étant le prénom usuel. En 1865, le poète signait
encore de Heredia. Cf. M. Ibrovac, op. cit., p. 49, n. 2. Il est inscrit à la
Faculté de droit sous le nom de Joseph-Marie de Heredia (Ibid., p. 59, n. 1).
M. Ibrovac publie pourtant, op. cit., p. 40, une lettre du jeune poète écrite en
1860 et signée José-Maria de Heredia. MÉLANGES 216
qui le mît en état d'entrer un jour à l'École Polytechnique, à moins
que ce ne fût dans une importante maison de commerce de Bordeaux
ou d'Espagne. Déjà, pourtant, le collégien se montre grand dévoreur de
livres et passionné de discussions littéraires ; aussi, quand il a passé la
première partie du baccalauréat et que sa mère Га rappelé dans l'île
natale, il ne manque pas de suivre des cours de philosophie et de litt
érature. Mais la société cubaine le déçoit bien vite : en avril 1862, il
reprend le bateau pour la France, et cette fois, sa mère l'accompagne.
Au mois de juillet, tous deux s'installent à Paris, 21, rue de Tournon,
et, dès le mois de novembre, Heredia s'inscrit à l'Université. Le 7 août,
il est reçu au premier examen du baccalauréat en droit. Son ambition
n'est pourtant point d'obtenir des diplômes. « II a chaque jour, écrit
sa mère, quelque nouvelle soif de science. Je commence à croire que
nous aurons un savant réel en lui1. ».■
A l'automne, le voilà donc élève à l'École des chartes, dans une pro
motion qui compte, entre autres, Alexandre Bruel, Marius Sepefc, Jules
Doinel. Pendant trois ans, il suivra les cours que donnent aux Archives
de l'Empire, dans le fameux salon Ovale, le directeur, Lacabane, et
des professeurs éminents, qui s'appellent Bourquelot, Guessard, Mas-
Latrie, Jules Quicherat, Tardif, Vallet de Viriviile. Heredia se montre
élève studieux, prend des notes sur de beaux cahiers2 ; il lui est même
arrivé d'aller, aux Archives, demander communication des recueils
qui servent encore de nos jours aux élèves pour leurs exercices de
paléographie3. Et, si, comme le veut l'usage pour les étrangers admis à
l'École, il est classé hors rang aux examens de fin d'année, il obtient
chaque fois un nombre de points qui le place parmi les meilleurs : tro
isième après la première année, quatrième après la seconde, troisième
encore à l'examen de sortie4.
Mais l'enseignement des maîtres de l'École des chartes ne saurait
suffire à ce poète. De même qu'il a cherché, à travers les textes, à
prendre directement contact avec le passé, il lui faut voir de ses yeux
le spectacle du monde. Et, puisque les difficultés matérielles lui sont
épargnées, pourquoi tarderait-il? A l'automne de 1864, un peu avant le
début de l'année scolaire — la dernière qu'il passe à l'École des chartes
— il prend le chemin de l'Italie. Comble de bonheur, il part avec
1. M. Ibrovac, op. cit., p. 50.
2. Mmes René Doumic et Henri de Régnier ont légué récemment à la biblio
thèque de l'Arsenal, parmi d'autres papiers, un cahier noir petit in-4°, conte
nant des notes prises par leur père au cours que professait Guessard à l'École
des chartes et d'autres notes prises à la Faculté de droit.
3. Le « bulletin de recherches » de José- Maria de Heredia aux Archives natio
nales ne mentionne d'ailleurs que cette demande. C'est ce qu'a bien voulu me
dire mon confrère P. Géraudel, que je remercie vivement de son obligeance.
4. M. Ibrovac, op. cit., p. 54, n. 1. MÉLANGES 217
Georges Lafenestre, son camarade à la Conférence La Bruyère, qui est
grand amateur d'art (il deviendra conservateur du département des
peintures au musée du Louvre et membre de l'Institut) et qui est aussi
poète. Tous deux font dans l'Italie du Nord un voyage riche en impress
ions, non moins riche d'enseignements. Heredia étudie l'italien, visite
l'Ambrosienne, bourre ses carnets de notes et l'ait déjà preuve d'esprit
critique ; s'agit-il de peinture, du Mariage de la Vierge et de Raphaël,
qu'il entend ne pas admirer sur commande. Mais le temps presse et, à
Florence, les deux amis se séparent : Heredia doit regagner Paris et
l'École des chartes ; il n'y rentre que dans les derniers jours de dé
cembre, se jurant bien d'ailleurs de visiter Rome l'année suivante.
A l'approche du printemps, il n'y tient plus et s'en va passer à Rome
le congé de Pâques1. Quelque temps après, comme il vient d'être admis
à soutenir sa thèse, il entreprend un voyage en Espagne. Mais, cette
fois, il est plus sage : il met à profit ses vacances et ce sont deux cama
rades de l'École des chartes qui l'accompagnent : Joseph de Laborde —
le fils du directeur général des Archives de l'Empire — qui organisera
plus tard la section étrangère au musée du Palais Soubise, et Jules
Guiffrey, qui devait étudier toute sa vie l'histoire de l'art. Les deux
jeunes hommes, qui venaient d'être n

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